13/05/2009
Elections européennes parasitées ?
Je reviens d’un long ouiquende de campagne électorale, avec son cortège de distributions de tracts, de la main à la main ou sous les vitrines des commerces (de Rennes à Lorient), d’affichages et de collages d’autocollants, de discussions parfois passionnées, de rencontres improbables ou de retrouvailles… Cela ne me laisse pas beaucoup de temps pour entretenir ce blogue !
L’intérêt d’une campagne électorale monarchiste n’est pas exactement dans le décompte final des voix, pour l’heure peu nombreuses, mais dans l’obligation faite aux royalistes de sortir de leur « réserve » (au double sens du terme…) et du seul monde des idées. Car une campagne oblige à « convaincre », ou, au moins, à tout faire pour cela et, donc, à préciser le message et les analyses politiques, les propositions, le discours, mais aussi, surtout, à « aller au contact » des populations, et pas seulement des électeurs potentiels : cela oblige, pour ceux qui s’en seraient trop éloignés pour des raisons diverses, à retrouver le terrain, parfois rude, des réalités humaines, sociologiques, économiques, politiques. Il ne s’agit pas d’avoir des réponses à tout, bien sûr, mais d’être sérieux, rigoureux dans le traitement des questions posées (mon Dieu, voilà que je me remets à parler comme un prof !), et de savoir aussi écouter, réfléchir, discuter.
Je trouve d’ailleurs que ces campagnes électorales, au-delà de la course perpétuelle après le temps et de la fatigue qu’elles procurent, sont néanmoins une respiration politique nécessaire et pas seulement pour le royaliste que je suis, mais pour tous les mouvements qui se soumettent à ce rituel démocratique : bien sûr, ce sont aussi des moments de tension, de compétition, parfois de rage, et le tissu national peut s’en trouver, en particulier dans notre République fondée sur la « grande brisure révolutionnaire », déchiré, ne serait-ce que (dans le meilleur des cas) momentanément. Mais n’est-il pas déjà une véritable « marqueterie » de tissus différents et multicolores, aux coutures parfois grossières ?
Ce risque de déchirement national alimente le discours monarchiste depuis ses origines et les royalistes s’en servent pour prôner, logiquement, l’établissement d’un Etat dégagé de ces conflits épisodiques et capable d’assumer et d’incarner l’unité nationale et l’arbitrage entre les différentes forces concurrentes, voire antagoniques.
En effet, la Monarchie ne supprime ni les partis ni leurs luttes incessantes, mais en préserve la tête, la magistrature suprême de l’Etat, et c’est là le plus important. De plus, dans la tradition politique française, cela ne fait pas du Roi un simple spectateur, mais bien plutôt un véritable arbitre, capable de prendre et de rendre des décisions, mais aussi d’impulser de véritables politiques publiques et de les garantir dans la durée, par la continuité dynastique.
La République, avec sa présidence remise aux enchères électorales tous les 5 ans, n’offre pas le même apaisement, et le fait que la campagne électorale des européennes se déroule sur des thèmes finalement très franco-français et éminemment républicains (« pour ou contre Sarkozy ? ») le prouve à l’envi ! C’est d’ailleurs aussi ce dont se désolaient certains participants à la « journée de l’Europe » rennaise de samedi dernier à laquelle je me suis rendu en tant que candidat royaliste, tête de liste « Alliance Royale » dans l’Ouest.
Ainsi, au cœur même de la campagne européenne, le message royaliste, même s’il ne trouve pas toujours son public électoral, a de nombreuses et fortes raisons à développer. Au fil des discussions, les arguments que j’utilise s’affinent, se précisent, et, de plus en plus, je suis amené à insister sur le fait que la Monarchie libérerait les élections du seul objectif des partis et de quelques politiciens, celui de « conquérir le Pouvoir ». Lorsque l’Etat est royal, qu’il se transmet par le simple fait naturel de la suite des générations, les élections sont alors d’autant plus libres que « la première place est prise ». Ainsi, la Monarchie en finirait, si elle régnait en France, avec cette « arrière-pensée présidentielle » qui, aujourd’hui, parasite la campagne actuelle, comme elle parasitera, l’an prochain, les élections régionales, et les autres… Cela permettrait d’aborder les débats politiques et les campagnes électorales sans se tromper sur leur sens et leur portée véritables !
00:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections européennes, monarchie, campagne électorale, royalistes, sarkozy, république.
11/05/2009
Lendemains de finale à Rennes.
J’étais samedi 9 mai à Rennes pour poursuivre la campagne électorale monarchiste : en cette « journée de l’Europe », il faut bien avouer que c’était plutôt la finale de la coupe de France de balle-au-pied entre deux clubs bretons qui passionnait les passants… Ainsi, entre le gros titre sportif du quotidien « Ouest-France » qui éclipsait largement les autres, et en particulier celui sur l’Europe, et la décoration des commerces et des rues aux couleurs noires et rouges (celles du Stade rennais), sans oublier les groupes de jeunes gens qui, bière à la main, chantaient (parfois horriblement faux…) la gloire et la victoire espérée de l’équipe rennaise, donnée favorite, tout rappelait la rencontre du soir et les espérances du public rennais, apparemment fondées si l’on en croyait la « logique sportive » et l’opinion commune : mais, là encore, « sondage n’est pas suffrage », et l’on connaît la suite et la victoire de Guingamp, petite ville de moins de 8.000 âmes, ancrée dans le monde rural. Certains ont d’ailleurs voulu voir dans cette finale entre Bretons une sorte d’affrontement entre monde urbain et monde rural, ce qui me semble un peu exagéré, même si les propos de certains Rennais, au soir de la défaite, s’en prenaient aux « ploucs » de Guingamp, renvoyé alors à son statut de petite ville « de campagne »…
Autant la journée avait été belle et l’ambiance sympathique dans les rues de la capitale de Bretagne, autant la nuit, elle, ressembla à une mauvaise fête : ainsi, en parcourant le centre-ville dimanche matin, j’ai constaté les dégâts, et ils étaient impressionnants… De la place des Lices à la place Sainte-Anne, il n’y avait pas un centimètre carré sans débris de verre, de cannettes, voire de fusées et de plastique brûlé, vestiges des désordres de la nuit. Les éboueurs, fatalistes, regardaient la scène sans beaucoup d’étonnement mais avec un certain agacement, et le ballet des camions de nettoyage semblait presque impuissant devant le gâchis.
En fait, ce qui est le plus gênant, c’est que cette scène n’est pas inédite à Rennes et, qu’au bout du compte, cela ne donne pas de la ville une image très positive ni, parfois, très rassurante… Cela gâche la fête et l’on sait trop bien que les attitudes de « quelques uns » (parfois nombreux…) peuvent avoir des conséquences tragiques, voire mortelles. J’y vois aussi la marque d’un certain ennui d’une partie de la jeunesse, pourtant culturellement éduquée et susceptible de réflexion, mais qui est livrée à elle-même, à une forme d’individualisme (mais « de masse ») qui, poussé à l’extrême, confine à un nihilisme dangereux, même s’il est, sans doute, passager : est-ce là un des aspects de « la société distractionnaire » que moquait Philippe Muray ? Ce n’est pas impossible. Ce n’est pas forcément rassurant…
Que l’on ne se méprenne pas sur mes propos : je ne dis pas que la fête mène forcément aux excès et, d’ailleurs, les excès ne sont pas tous de même nature, ni même forcément condamnables. Je me méfie de ceux qui voudraient tout encadrer de la vie humaine ! La liberté, après tout, ne se renifle pas, elle se respire, comme j’ai coutume de le dire. Mais l’individualisme, s’il est désormais une donnée fondamentale de notre société (ce que l’on peut regretter et que l’on peut combattre, mais c’est un fait qu’il est délicat de nier), doit être, pour ne pas devenir destructeur, surplombé par une autorité légitime, susceptible d’incarner, non « le premier des individualistes », mais « le bien commun », c’est-à-dire ce qui est la possibilité et l’équilibre des sociétés humaines, ce qui permet de ne pas oublier les autres et d’activer les solidarités concrètes. En somme, il n’y a de libertés pratiques et publiques que si la « loi de la jungle » ne domine pas les rapports humains : il est toujours temps de le rappeler…
02:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rennes, individualisme, autorité, balle au pied, fête.
06/05/2009
Que veulent les royalistes ?
Malgré leurs différences et leur diversité, on peut évoquer quelques idées dans lesquelles peuvent se reconnaître la plupart des royalistes :
- L’attachement à la nation française et à son indépendance diplomatique, c’est-à-dire au refus de l’alignement systématique sur les Etats-Unis, alignement qui caractérise trop fréquemment les autres Etats d’Europe. Cela entraîne une certaine méfiance à l’égard de « l’Europe légale », celle de la Commission de Bruxelles et des eurocrates. Les royalistes sont, avec des nuances diverses, pour une Europe qui prenne en compte les nations, soit dans le cadre d’une Confédération (refus du « fédéralisme européen » ou de « l’Europe fédérale ») des Etats d’Europe, soit dans le cadre d’une Europe des cercles concentriques (un noyau dur constitué par quelques Etats-moteurs et une organisation de l’UE organisée en cercles concentriques selon le degré d’intégration des Etats dans les politiques communes de l’UE).
- La volonté d’une instauration royale pour rendre à la France sa « tête » et sa « liberté d’Etat », sa souveraineté : c’est le cœur même de l’idéal royaliste, la monarchie royale « à la française » n’étant que le moyen institutionnel politique pour permettre au pays et à ses citoyens (et non-citoyens, ou citoyens en devenir) « d’être et de durer au monde ». L’instauration d’une Nouvelle Monarchie doit être, dans les années qui suivent l’acte d’instauration, légitimée par trois principes majeurs : 1 : unité nationale sur le plan intérieur comme en diplomatie, et fédératrice des « provinces unies de France »; 2 : souci environnemental ; 3 : justice sociale.
- Une large décentralisation pour permettre une meilleure « respiration des communautés » (famille, commune, région, entreprise, etc.) et rendre leurs « pouvoirs » (libertés concrètes d’agir sur leur environnement social et politique proche) aux corps sociaux et aux personnes : c’est l’une des bases du combat royaliste qui peut se résumer selon la vieille formule : « L’autorité au sommet, les libertés à la base » ou « Sub rege, rei publicae » (Sous le roi, les libertés publiques). C’est aussi l’application politique du principe de subsidiarité. Le roi est juste le trait d’union entre les provinces, il est l’incarnation de l’unité nationale par delà les différences communautaires, provinciales ou religieuses : Louis XVI, d’ailleurs, s’adressait aux peuples de France (au pluriel)…
- Une politique d’écologie durable qui n’est possible que par l’existence d’un « Etat durable », c’est-à-dire inscrit dans la durée et la permanence, la continuité, Etat qui ne peut être que la Monarchie à transmission héréditaire.
17:37 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : royalistes, monarchie, europe, nation, confédération, écologie, état.