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28/10/2007

Royalisme à Rennes.

Samedi 27 octobre se tenait une petite réunion à Rennes où j’ai présenté, rapidement (moins d’une demi-heure…), quelques arguments politiques pour la Monarchie tandis que mon ami Henry Le Bal, écrivain et dramaturge, rappelait l’historique de cette Fédération Royaliste de Bretagne (Kevredad roueelour breizh, en langue bretonne) fondée en 1987 sous la présidence d’un authentique résistant (au sein du réseau Hector, de l’Organisation Résistance Armée), camelot du roi et ancien maire royaliste de Poullan-sur-Mer, Luc Robet, aujourd’hui décédé. Henry a aussi complété mon exposé par une argumentation philosophique originale et en évoquant, au cœur de son discours, la place éminente du Prince Jean, duc de Vendôme, Dauphin de France. Ce faisant, il rappelait qu’un royalisme sans prince est une fidélité sans objet, vaine ou nostalgique. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque idolâtrie qui s’appliquerait à un « homme sans lendemain » tel que le sont les politiciens actuels, plus férus de communication que de service, ou, pire, les dictateurs, eux aussi attachés à un culte de la personnalité qui est, sinon la forme de leur légitimité illusoire première, au moins l’alibi de leur Pouvoir du jour…

A cette petite réunion, organisée par Tudry, participaient quelques amis de longue date comme Jean-Luc, ou Philippe Castelluccio, fidèle d’entre les fidèles d’Action Française et qui m’avait accompagné dans ce périple breton… En fait, elle me rappelait les premières réunions que nous tenions au début des années 80 dans des cafés enfumés et dans lesquelles nous refaisions le monde, pleins d’espoir et d’idées : peu à peu nous avions réussi à faire du royalisme une force politique locale qui n’a pas, malheureusement, trouvée une formulation (ou un enracinement) institutionnelle et a décliné à la fin des années 90 pour devenir une simple ombre dans le paysage rennais, subsistant par quelques autocollants apposés et quelques journaux diffusés chez les commerçants locaux. La réunion de ce samedi est sans doute un nouveau départ pour le royalisme local et je dois avouer que cela me réjouit, après les désillusions et les échecs cruels des dernières années.

Cela montre aussi que le royalisme, malgré sa lisibilité et sa visibilité encore réduites, n’est pas mort, 160 ans après le départ précipité du roi Louis-Philippe, et c’est sans doute la conjonction de la permanence de fidélités anciennes et d’une « épaisseur idéologique » qui est propre au royalisme français, plus précoce (du fait de l’histoire même de notre pays et du tremblement de terre politique de la Révolution française) que la plupart des autres monarchismes du monde, pas toujours recommandables d’ailleurs…

Je n’oublie pas la devise qui était devenue mienne dans les années 80 et que je dois à Bertrand Renouvin : « il ne s’agit pas de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie »… Je vois, peu à peu, peut-être encore trop peu à mon goût et au regard de l’enjeu, se lever de nouvelles espérances monarchistes. Bien sûr, le chemin est (très) long mais ce n’est pas une impasse si ce n’est pas une autoroute… Je reprends la route…

Le coût de la Monarchie.

L’un des arguments souvent opposés à la Monarchie est son coût qui serait forcément dispendieux… Dans un article publié par « Le Figaro » (vendredi 30 juin 2006), Stéphane Bern remet quelques pendules à l’heure : « La reine et sa nombreuse famille coûtent à chaque contribuable britannique 62 pence par an, soit 90 centimes d’euros, un montant en légère augmentation dû au renforcement des mesures de sécurité autour des Windsor.

 

(…) A y regarder de plus près, le coût de la monarchie a augmenté l’an passé de 4,7 % pour un montant global de 37,4 millions de livres sterling (54,2 millions d’euros), soit une répercussion d’un penny par an et par citoyen.

 

« Pour 62 pence, on peut s’acheter un billet pour voir une minute du match Angleterre-Portugal samedi en quarts de finale », a plaisanté Alan Reid. Il aurait pu donner d’autres exemples pour illustrer le coût de la famille royale à une époque où chaque institution doit justifier son existence par une rentabilité forcenée (…).

 

Combien de temps faudra-t-il encore que la reine d’Angleterre justifie le fait d’être une icône vivante pour un milliard de sujets à travers le Commonwealth ?

 

Après tout, elle rapporte dix fois ce qu’elle coûte à nos voisins dans la balance des paiements ! Quel touriste japonais irait faire le pied de grue devant Buckingham Palace sous une pluie cinglante si la reine ne justifiait pas une relève de la garde colorée ? sans compter l’abondance de palais royaux à visiter dont la couronne peine à financer l’entretien sur ces 62 pence par an.

 

« La famille royale est, dans ce pays, la seule chose qui vaut ce qu’elle nous coûte » avait dit un jour ministre travailliste. De fait, loin de toute polémique, la maison de Windsor est une valeur sûre, comparée à l’argent public gaspillé par certains membres du cabinet de Tony Blair. (…)

 

D’autant que, chaque année, toujours pimpante à 80 printemps, la reine effectue quatre cents engagements, reçoit des centaines de dignitaires internationaux, régale des dizaines de milliers de convives, représente la Couronne dans le monde entier et entretient une famille nombreuse qu’elle utilise comme des agents publicitaires et touristiques. (…)

 

A titre de comparaison, le coût de la présidence de la République française est de 82,5 millions d’euros, soit 1,30 euro par an et par habitant. »

 

Stéphane Bern pourrait y rajouter le coût d’une élection présidentielle, plus élevée à chaque fois, du fait des frais de « communication »…

 

D’autre part, il n’est pas certain que l’actuel locataire de l’Elysée soit aussi populaire, sur le long terme, que la famille royale anglaise dans son pays.

 

Certains rétorqueront que le poids d’un président français est plus important que celui de la reine d’Angleterre ; sans doute, et cela tient aussi à l’histoire constitutionnelle et politique propre à la France, en particulier dans le cadre de la Ve République fondée par un véritable homme d’Etat conscient de son rôle et de ses devoirs, même si la pratique de celui-ci peut susciter des critiques en certains domaines. Mais, et sans même évoquer ce que serait cette Monarchie active « à la française » que j’appelle de mes vœux et qui serait forcément différente de la Monarchie britannique, il n’est pas inutile de rappeler la fameuse phrase de Régis Debray, ancien conseiller de François Mitterrand : « Il manque à la République une famille royale »… Et il ajoutait que celle du Royaume-Uni jouait un rôle important dans la pérennité du Commonwealth en la comparant au rêve pas vraiment réalisé d’une Union francophone mondiale qui jouerait le même rôle d’influence…

 

Voici quelques petites remarques sur lesquelles il me faudra sans doute revenir. Mais, si l’on veut diminuer le train de vie de l’Etat, encore serait-il bon que sa magistrature suprême donne l’exemple : sans doute, par économie aussi, faudrait-il faire appel à ce qui n’est pas le Pouvoir d’un homme mais celui d’une famille. Le cas britannique peut y faire réfléchir…

 

27/10/2007

La Monarchie et le temps.

Je suis en vacances samedi 27 octobre à midi, après mes cours de la matinée, et je repars immédiatement pour Rennes où je dois donner une petite conférence sur ce qui fait de la Monarchie une solution nécessaire et crédible à la question institutionnelle française. Au moment où la commission Balladur commence à énoncer quelques unes de ses propositions, il n’est pas inutile de poser, non plus seulement la seule problématique de l’alternance mais celle de l’alternative politique que peut représenter la Monarchie.

Dans un monde globalisé dominé par la logique franklinienne du « time is money », la question du temps politique mérite d’être reposée : préserver la nécessaire indépendance du politique et de l’Etat passe par une distinction du temps économique et de ce temps politique que la démocratie a tendance à raccourcir comme pour l’affaiblir. Par la suite des générations que symbolise la transmission renouvelée de père à fils à la magistrature suprême de l’Etat, la Monarchie, si elle ne commande pas le temps (nul ne sait ni le jour ni l’heure…), permet de l’accompagner et, d’une certaine manière, d’inscrire l’Etat dans la longue durée : celle-ci, représentée par un monarque qui symbolise, incarne même au sens fort du terme, la « mémoire de l’Etat » (qu’il ait été Monarchie, ou même République ou Empire), est le moyen d’engager et de garantir la pérennité du travail politique. Or, les défis que la France doit aujourd’hui relever nécessitent d’engager de grands et longs chantiers de structure, tant sur le plan économique, social que politique : prise entre deux élections, la République n’a pas le privilège ni la force d’un Etat libre de tout clientélisme électoral.

Voici l’un des éléments que je développerai samedi, avec quelques autres. Mais j’essayerai aussi, durant les vacances, de creuser d’autres pistes de « raisons monarchistes » par la lecture de quelques numéros du journal de Pierre Boutang, « La Nation française », en particulier le débat avec le philosophe Maurice Clavel ; d’autres lectures suivront, comme celle du récent livre de Benjamin Barber sur « comment le capitalisme nous infantilise », fort intéressant à plus d’un titre… Ce modeste blog y fera sûrement écho dans les prochaines semaines.