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02/11/2007

Quelques réponses à des objections sur la Monarchie.

Réponses à quelques objections… Sur la Toile se déroulent de nombreux débats, y compris autour de la Monarchie : voici quelques bribes de discussions, extraites de mon ancien blog, qui peuvent éclairer nos positions sur notre vision du régime monarchique :

A propos de la monarchie et de l’unité nationale : Un intervenant s’appuie sur le cas de la Belgique pour contester l’idée que le roi puisse être un arbitre et le symbole de l’unité nationale : Dans le même temps, plus près de chez nous, nous sommes en train d'assister à un déchirement de la Belgique entre les Flamands (dans la partie nord la plus riche et la plus dynamique de Belgique) et au sud les Wallons francophones. Déjà la Wallonie et la Flandre ont leur propre parlement.
Si les Wallons sont très royalistes et attachés à l'unité du pays, les Flamands sont quant à eux de plus en plus favorables (regardons les résultats en hausse du parti nationaliste flamand, le Vlaams Belang) à une république flamande.
Dans ce cas précis, le roi ne joue pas le rôle d'arbitre et semble au contraire cristalliser les oppositions entre ces deux peuples.
On voit bien que la monarchie en elle même ne résout pas les problèmes des sociétés mais comme en République, il faut une véritable volonté (et une vision) politique que Raman IX, le roi de Thaïlande,  possède mais que la dynastie belge ne semble plus avoir.

 

Notre réponse : Le cas de la Monarchie belge est intéressant car elle doit faire face à la poussée de certains ethno-nationalismes, en particulier flamand, et elle est effectivement en première ligne car "supprimer la monarchie, c'est supprimer la Belgique" comme le dit le Vlaams Belang. En fait, le roi Albert II et sa famille sont plus actifs qu'on le croit généralement mais ils sont gênés par un certain esprit du temps qui pousse en avant les communautarismes au risque de défaire l'unité de la Belgique. Les discours récents du roi sont d'ailleurs fort explicites contre les dérives racistes de certains Flamands qui se veulent républicains car ceux-ci savent bien que, de par son essence, la monarchie dépasse les barrières communautaires et joue le rôle d'un trait d'union nécessaire. A lire, à ce propos, le livre de Paul Vaute, "Voie royale", qui fait la description la plus fine qui soit de la monarchie belge, de sa nature et de son fonctionnement.
En tout cas, cela rappelle que la monarchie, si elle doit sublimer par nature les différences et diversités d'opinion d'une nation, n'est pas pour autant un facteur "neutre" de l'unité de ce pays mais la « condition active de l’unité nationale » : si celle-ci vient à disparaître, le pays ne dispose plus de sa colonne vertébrale, à moins d’en imposer une, fondue dans l’acier de l’autoritarisme, voire du totalitarisme… L’histoire des nations d’Europe est pleine de ces drames causés par l’élimination des monarchies, le plus souvent au nom d’un funeste « principe des nationalités » hérité des idées de la Révolution française.
Dans le cas français, il est marquant de constater que la République n’a pu s’imposer que par la destruction de tout ce qui lui était opposé et des libertés provinciales, communales comme professionnelles. Maurras, à la suite des royalistes du XIXe siècle, a repris le combat contre « l’uniformisation jacobine » en lui opposant la notion de « monarchie fédérative » évoquée, en particulier, dans son ouvrage « L’étang de Berre », tout comme il avait défendu l’idée, reprise de son ami provençal Albert Arnavielle, du « roi des Provinces-Unies », du roi trait d’union et principe actif de l’unité des diversités, de ce roi qui sublime les différences pour mieux assurer la vie de l’ensemble national sans pour autant opprimer les « libertés du pays réel » : c’est parce que l’Etat royal est indépendant des factions, qu’il ne leur doit rien, et qu’il est fort de cette liberté première, qu’il rend possible, y compris dans les tempêtes, une véritable décentralisation et non une simple déconcentration qui ne pourrait qu’attiser les séparatismes et les identitarismes… Un de nos amis royalistes (du blogue Royal-Artillerie ) intervient à son tour : On néglige trop souvent l'influence des familles royales dans nos monarchies people.
Outre le facteur de cohésion nationale, ces familles servent de repères et de modèle quand les temps l'exigent. Le roi de Siam est dans ce rôle. Le roi des Belges est intervenu efficacement contre les désordres des institutions dans les affaires de moeurs. Dans les vieilles monarchies nordiques (Pays-Bas compris) l'attitude de la famille royale en temps de guerre a été d'un grand secours moral aux affligés et au Danemark efficace tout court - le roi y fut un héros. Par contre celle du père d'Albert II fut mal acceptée, ce qui prouve en creux son influence.

Et plus récemment en Espagne, c'est bien le côté évènementiel de la famille royale qui a "décalé" les fermentations fascisantes en les ringardisant. Mais on aurait pu attendre de la reine Sophie le mot de trop qu'on lui aurait aussitôt pardonné, sur les lois décadentes du gouvernement Zapatero. En revanche l'implication (toujours indirecte) du roi dans le paysage basque est positive. Il est aussi leur roi, puisque titré "Roi de toutes les Espagnes". Dès qu'ils en seront vraiment convaincus les Basques se calmeront. (…)

 Il n'est pas impossible qu'on puisse substituer un jour prochain au président quinquennal actuel dont l'élection provoque un tumulte dévalorisant pour la fonction de chef d'Etat et un drainage d'énergie insupportable, une sorte de secrétaire perpétuel de la Nation qui ne s'userait pas dans la politique du quotidien, mais représenterait plus dignement le pays et serait son point fixe par rapport auquel les communautés diverses se parleraient. (…)
 

 

A propos de l’histoire de France : Un contradicteur reproche à la monarchie de reposer sur l’irrationnel : "Notre histoire est aujourd'hui plus marquée par les 5 républiques que par les années de monarchies. C'est d'ailleurs tout naturel: notre culture ne peut qu'être plus fondée sur des idées (républicaines) que sur un sentiment irrationnel et irréfléchi caractéristique des esprits faibles: le besoin de rester béat d'admiration devant un homme qui "en impose" plus par son statut que par sa personnalité".

 

Notre réponse : Premier point: L'Histoire de France ne commence pas en 1792 avec la 1ère République. Il n'est pas inutile de rappeler qu'il n'y a, tout simplement, de France que parce que les rois depuis Hugues Capet, tout imparfaits soient-ils, l'ont construite, agrandie, fortifiée en même temps qu'ils forgeaient l'Etat, au risque de l'Histoire et de l'adversité. Lorsque la République s'installe à la tête de notre pays, la métropole française est quasiment celle que nous connaissons aujourd'hui, moins la Savoie et Nice. Cela marque l'Histoire, me semble-t-il... Deuxième point: L'Histoire récente, celle des deux derniers siècles écoulés, a donné la plus grande place à l'"idée" républicaine et aux différentes formes qu'elle a prise, de celle de la "Terreur" de 1793-94 à celle de "monarchie élective" depuis la Constitution de la Ve République. Cela a évidemment marqué les esprits et "éloigné" la Monarchie des préoccupations ou des réflexions politiques de nos concitoyens: mais cela n'enlève rien à sa pertinence ou à sa nécessité, même si sa possibilité, sa "faisabilité", paraît certes lointaine, dans le temps comme dans les esprits. Troisième point: Il ne faut pas confondre "Monarchie" et "idolâtrie", cette dernière étant l'un des éléments des Pouvoirs totalitaires (d'où le culte de la personnalité, le dictateur étant considéré comme l'incarnation suprême du Peuple, à travers le plébiscite, dont raffolent les totalitarismes, et du Parti, censé traduire la volonté générale chère à Rousseau...) mais aussi des Démocraties "productrices et consommatrices d'images" et qui reposent sur cette même volonté générale qui survalorisent l'image au détriment du Politique. Il n'est pas inintéressant de constater, d'ailleurs, que l'idolâtrie s'est souvent marquée, y compris dans les stratégies électorales et partisanes, par ce qu'on appelle "l'homme (ou la femme, si l'on pense à la nouvelle "idole" socialiste) providentiel". Cela étant, le roi (ou la reine) a aussi une image et un prestige, souvent plus attachés à sa fonction et à sa situation institutionnelle qu'à des "postures idéologiques", qu'il lui appartient d'entretenir ou de modifier. Mais il en appelle plus au coeur qu'aux "tripes", d'une certaine façon. La Monarchie n'est pas l'idolâtrie (même "people"...) mais bien plutôt la "fidélité créatrice". Alexandre Dumas, d'ailleurs, s'en fait l'écho dans son roman "Les trois mousquetaires".

 

 

30/10/2007

Tchad : la politique des otages.

La triste histoire de « l’arche de Zoé » n’est pas qu’une affaire humanitaire mais bien une affaire politique qui dépasse largement les amateurs de cette association de « bons sentiments ». Bien sûr, elle est emblématique des dérives de notre société persuadée que l’on peut s’émanciper des Etats et des règles de la diplomatie au nom d’un humanitarisme universaliste, celui-là même qui est vanté jour après jour à travers les médias dominants : que de simples quidams sans expérience et peu au fait des réalités politiques et géopolitiques aient cru à ce que la télévision leur racontait, voilà qui n’est pas très surprenant et qui montre toute l’hypocrisie d’un système médiatique occidental qui se donne bonne conscience à peu de frais avant de lyncher ceux qui furent assez crédules pour prendre le discours « humanitariste » au premier degré.

Personnellement, tout en étant fort critique à l’égard de cette association de « pieds nickelés », je me refuse à hurler avec les loups et je considère comme scandaleuse l’attitude des autorités françaises qui, au lieu d’affirmer une solidarité au moins diplomatique avec ses propres ressortissants (n’est-ce pas le devoir de chaque Etat, ce qui n’enlève rien à l’exercice de la justice ?), préfèrent leur cracher dessus sans même leur accorder le bénéfice du doute ou de la bonne foi ni respecter le principe de la présomption d’innocence. Bien sûr, cette attitude est sans doute dictée par des nécessités diplomatiques mais il me semble qu’il y a « l’art et la manière » à respecter, et présenter une telle attitude risque de décrédibiliser notre diplomatie et notre pays, en particulier au regard des autres Etats qui n’ont pas l’habitude de « laisser tomber » leurs concitoyens en pays étranger, quitte à régler ensuite les comptes après le retour au bercail… D’autre part, comment les citoyens français qui travaillent et vivent en « expatriés » dans de nombreux pays d’Afrique vont-ils réagir au spectacle d’un Etat désormais peu enclin à les défendre ou, même, à les protéger ?

Quant au président tchadien, dont les « qualités humanistes » sont bien connues, ses propos accusant les humanitaires d’être des pourvoyeurs de réseaux pédophiles ou de trafic d’organes humains montrent bien que la vieille politique des otages et de la « rançon » fonctionne encore… Au-delà des bénévoles de « l’arche de Zoé », c’est la France qui se retrouve piégée (et Cécilia n’est même plus là pour les faire libérer…) et qui semble ne plus avoir les moyens de peser sur l’Etat tchadien, courtisé par d’autres puissances beaucoup moins regardantes que la France sur les « principes »…

Quand la France va-t-elle prendre la mesure de la situation et, au lieu de se réfugier dans une Union Européenne sans ambition ni grandeur, « faire de la force » (je n’ai pas dit « faire usage de la force », que l’on soit bien clair et que l’on ne me prête pas des propos que je ne tiens pas !), c’est-à-dire prendre les moyens de sa politique, de celle que les Capétiens ont forgé au fil des siècles et que de Gaulle a, un temps, poursuivi, fidèle à sa ligne directrice : « La France n’est rien sans la grandeur », phrase qui résonne étrangement aujourd’hui et qui sonne comme un rappel à l’ordre à nos dirigeants actuels. Au fait, et l’Union Européenne, dans cette affaire ? Après tout, il y a aussi des ressortissants espagnols dans le groupe des prisonniers (des otages ?), et des journalistes (la liberté d’information n’est-elle pas un des principes majeurs de l’Union ?) : mais l’UE me semble fort silencieuse, ou gênée…

Certains, à me lire, croiront peut-être que je suis en colère : ils ne se trompent pas, c’est bien le cas. Car, si je peux accepter le cynisme en politique pour raison d’Etat (c’est ma tendance « Richelieu »…), je ne supporte pas l’hypocrisie et la lâcheté, surtout quand elles règnent à la tête de l’Etat pour cinq ans renouvelables… Décidément, je ne serai jamais républicain !

28/10/2007

Royalisme à Rennes.

Samedi 27 octobre se tenait une petite réunion à Rennes où j’ai présenté, rapidement (moins d’une demi-heure…), quelques arguments politiques pour la Monarchie tandis que mon ami Henry Le Bal, écrivain et dramaturge, rappelait l’historique de cette Fédération Royaliste de Bretagne (Kevredad roueelour breizh, en langue bretonne) fondée en 1987 sous la présidence d’un authentique résistant (au sein du réseau Hector, de l’Organisation Résistance Armée), camelot du roi et ancien maire royaliste de Poullan-sur-Mer, Luc Robet, aujourd’hui décédé. Henry a aussi complété mon exposé par une argumentation philosophique originale et en évoquant, au cœur de son discours, la place éminente du Prince Jean, duc de Vendôme, Dauphin de France. Ce faisant, il rappelait qu’un royalisme sans prince est une fidélité sans objet, vaine ou nostalgique. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque idolâtrie qui s’appliquerait à un « homme sans lendemain » tel que le sont les politiciens actuels, plus férus de communication que de service, ou, pire, les dictateurs, eux aussi attachés à un culte de la personnalité qui est, sinon la forme de leur légitimité illusoire première, au moins l’alibi de leur Pouvoir du jour…

A cette petite réunion, organisée par Tudry, participaient quelques amis de longue date comme Jean-Luc, ou Philippe Castelluccio, fidèle d’entre les fidèles d’Action Française et qui m’avait accompagné dans ce périple breton… En fait, elle me rappelait les premières réunions que nous tenions au début des années 80 dans des cafés enfumés et dans lesquelles nous refaisions le monde, pleins d’espoir et d’idées : peu à peu nous avions réussi à faire du royalisme une force politique locale qui n’a pas, malheureusement, trouvée une formulation (ou un enracinement) institutionnelle et a décliné à la fin des années 90 pour devenir une simple ombre dans le paysage rennais, subsistant par quelques autocollants apposés et quelques journaux diffusés chez les commerçants locaux. La réunion de ce samedi est sans doute un nouveau départ pour le royalisme local et je dois avouer que cela me réjouit, après les désillusions et les échecs cruels des dernières années.

Cela montre aussi que le royalisme, malgré sa lisibilité et sa visibilité encore réduites, n’est pas mort, 160 ans après le départ précipité du roi Louis-Philippe, et c’est sans doute la conjonction de la permanence de fidélités anciennes et d’une « épaisseur idéologique » qui est propre au royalisme français, plus précoce (du fait de l’histoire même de notre pays et du tremblement de terre politique de la Révolution française) que la plupart des autres monarchismes du monde, pas toujours recommandables d’ailleurs…

Je n’oublie pas la devise qui était devenue mienne dans les années 80 et que je dois à Bertrand Renouvin : « il ne s’agit pas de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie »… Je vois, peu à peu, peut-être encore trop peu à mon goût et au regard de l’enjeu, se lever de nouvelles espérances monarchistes. Bien sûr, le chemin est (très) long mais ce n’est pas une impasse si ce n’est pas une autoroute… Je reprends la route…