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19/11/2007

Pôle Nord.

Il y a quelques temps que j’évoque à mes élèves la prochaine disparition sur un large espace de la banquise et les conséquences que cela ne manquera pas d’avoir, autant sur le plan écologique que sur le plan géopolitique. Un article d’Yves La Marck dans le périodique « Royaliste » (12-25 novembre 2007) précise les enjeux de cette fonte des glaces au Pôle Nord qui risque de transformer la configuration de la région et d’en faire aussi un lieu d’affrontement entre les puissances riveraines, c’est-à-dire les Etats-Unis, le Canada et la Russie, sans oublier le Danemark. Pour ce dernier pays, il n’est pas inutile de rappeler qu’il fait partie depuis le 1er janvier 1973 de l’Union Européenne mais que le Groenland danois a quitté, par référendum, la Communauté européenne (preuve que cette procédure était, et reste, possible, ce qu’il n’est pas totalement négligeable de le savoir pour comprendre les années futures…), ce qui fait que, là encore, l’UE est absente de la scène. D’après La Marck, « si guerre froide il devait y avoir c’est, bien sûr, sur ce terrain qu’elle aurait lieu dans tous les sens du terme ».

« Tout se complique avec le réchauffement climatique qui fait fondre la calotte glaciaire et la précipite dans l’Océan arctique. Cet univers jusque là hostile va devenir navigable, exploitable et habitable. La Russie voit ainsi la possibilité d’ouvrir enfin la circulation entre la Russie d’Europe et celle d’Extrême-Orient, qui se faisait précédemment à travers l’immense Sibérie, et désormais par le passage du Nord-Est, ce qui devrait modifier les équilibres géopolitiques internes et externes. Ce qui est regardé par le monde entier comme une catastrophe planétaire est, pour les Russes, la libération d’un handicap fondamental qui les a obligés dans toute l’histoire à rechercher un accès aux mers du Sud, à contrôler les détroits. Il ne sera plus nécessaire de faire passer la flotte de Mourmansk au Pacifique en faisant un quasi-tour du monde comme lors de la guerre de 1905 avec le Japon. C’est une révolution copernicienne qui devrait avantager considérablement la puissance russe. On comprend que ni Moscou ni les trois ou quatre autres acteurs ne veuillent rien partager, alors que les conséquences sont universelles. Les Etats-Unis quant à eux n’ont jamais signé la convention sur le droit de la Mer (Montego Bay 1982). Or que se passe-t-il quand désormais la terre se fait mer ? » Ainsi, la zone évoquée est possiblement appelée à devenir un nœud de communication et de passage d’une grande partie des flux de la mondialisation, au risque d’ailleurs de menacer un peu plus les équilibres écologiques des lieux (n’est-il pas suggéré par certains de transformer les cités des Inuits en véritables petits « Hong Kong » de l’Extrême-Nord ?) et d’attiser les appétits des grandes puissances économiques comme politiques ?

Dans la bataille qui s’annonce, la France doit-elle attendre pour prendre déjà des assurances en cette région, en particulier pour préserver ses approvisionnements et ses intérêts ? Au lieu de se regarder le nombril en psalmodiant « Europe, Europe, Europe », n’est-il pas temps pour elle de « penser demain » et de développer des liens serrés et privilégiés avec cette grande puissance eurasiatique qu’est la Russie, tout en s’investissant dans l’organisation des futures conférences circumpolaires ? Comme le fait remarquer La Marck, « la France bénéficie (…) d’une expertise scientifique de très haut niveau qui va certainement mise à profit lors de la 4e Année polaire internationale (mars 2007-mars 2009) » : il serait dommage de le négliger. Là comme ailleurs, « le monde a besoin de la France », comme nous le rappelle Georges Bernanos : un devoir de présence et d’action…

18/11/2007

Epargne environnementale...

La semaine qui vient de s’écouler ne m’a guère laissé de repos, au regard de l’actualité politique comme de mes activités professionnelles et personnelles : alors que le pays s’enfonçait dans la grève des transports et dans les rigueurs d’un automne froid, j’étais, pour la première fois depuis 6 ans, inspecté au lycée lors d’une séance d’éducation civique, juridique et sociale (ECJS), au jour et à l’heure même des obsèques de Pierre Pujo. J’avais choisi comme thème « Citoyenneté et environnement » et, au-delà de l’état des lieux de la planète, j’avais demandé aux élèves de calculer leur empreinte écologique et de réfléchir à des moyens de diminuer leur impact sur l’environnement, en tenant compte du « rétrécissement de la planète » provoqué logiquement par la poussée démographique des pays du Sud, pourtant en décélération de croissance des populations.

 

En faisant ce calcul, les élèves ont pu constater que notre mode de vie consumériste n’était plus adapté aux enjeux environnementaux et que si tous les habitants du monde vivaient comme eux, il faudrait au moins prévoir deux planètes supplémentaires, ce qui n’est évidemment pas possible.

 

Les propositions faites pour diminuer leur impact sur l’environnement, si elles étaient fort intéressantes et parfois très astucieuses, suffiront-elles ? Sans doute non si elles ne sont mises en pratique que par nos quelques dizaines d’élèves qui ont suivi ces séances d’ECJS. Mais il n’est pas interdit d’imaginer que l’Etat français, grand ordonnateur et organisateur du « Grenelle de l’environnement », va donner l’exemple aux citoyens comme à d’autres pays pour faire du « souci environnemental » une préoccupation de chacun, non pas dans une optique d’ « écologie punitive », mais dans une pensée de durabilité et de prévention, de préparation de l’avenir que chacun souhaite à ses descendants. Le souci environnemental ne doit pas être une mode mais une politique et une pratique de vie, non pas axées sur la gêne ou la seule contrainte (il faudra sans doute en passer par quelques mesures peu populaires dans l’Opinion), mais sur la prise de conscience qu’il n’y a d’avenir que pour les sociétés qui « épargnent » (au sens de l’écureuil…) intelligemment les ressources de notre planète, renouvelables ou non.

 

16/11/2007

Produit en France.

En économie comme en politique, il n’y a pas de fatalité et l’actualité nous en donne encore des exemples récents : le fabricant Vuarnet, contrairement à de nombreuses marques, a décidé de rester en France pour fabriquer ses lunettes de sport et il a même ouvert la semaine dernière une nouvelle usine à Arbent, dans l’Ain. Comme le signale « La Croix » dans son édition du 8 octobre, « ce choix (…) mérite d’être salué. Bien des marques de luxe n’ont aucun scrupule à faire fabriquer à très bas coût en Extrême-Orient pour vendre à prix d’or dans des boutiques très cossues. Vuarnet cependant n’agit pas seulement par sens moral ou civique. Fabriquer en France est l’assurance d’une grande qualité des produits, d’économies sur les coûts de transport et de protection contre les risques de pillage des secrets de fabrication ».

En quelques mots sont évoquées les qualités d’une fabrication et d’une vente « au plus près », en France : il faut aussi, en ces temps de « Grenelle de l’environnement », souligner l’intérêt d’une proximité entre le lieu de production et celui de consommation, car c’est tout autant de CO2 en moins rejeté dans l’atmosphère, et cela devrait engager à ouvrir d’autres chantiers comme, par exemple et sans tomber dans ce seul paradigme mais en l’exploitant intelligemment, celui de la « relocalisation » de certaines activités industrielles ou, même, agroalimentaires. En effet, est-il normal de délocaliser des entreprises au risque d’entraîner des mises au chômage dans notre pays et la perte de savoirs faire parfois ancestraux, tout cela pour le bénéfice de quelques rentiers actionnaires ou des retraités états-uniens ?

Comme on le voit, produire au maximum ce que l’on consomme en France, loin d’être une simple maxime « nationaliste », est aussi un devoir écologique tout comme il est une garantie de voir respectées des règles sociales « oubliées » dans de nombreux pays du Sud qui ne s’embarrassent pas de considérations morales sur la condition ouvrière. Certains rétorqueront que cette pratique économique nous fermerait les marchés étrangers : mais cela est moins certain si la qualité française reste une référence (et une obligation) et si nous en faisons un point fort de notre « carte de visite ». D’autre part, il est des productions, en particulier agroalimentaires, qui sont attachées à nos terroirs et qu’il s’agit de promouvoir auprès de consommateurs français aujourd’hui plus sensibles à une nourriture de qualité et plus « naturelle ».

Bien sûr, cela remet en cause certaines habitudes prises depuis quelques décennies, mais notre pays comme ses citoyens y ont tout à gagner.