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30/01/2022

La première manifestation publique contre la retraite à 67 ans était... royaliste ! (février 2011)

 

En février 2011, Une douzaine de militants royalistes du Groupe d’Action Royaliste organisèrent à Paris, à côté de l’église Saint-Germain-des-Prés, la première manifestation publique et politique « contre la retraite à 67 ans », dans une indifférence quasi-générale, accueillis par des haussements d’épaules et une incrédulité qui, aujourd’hui, peut justement faire sourire au regard des propositions et des débats actuels qui évoquent des mesures similaires (mais est-ce vraiment un hasard ?) à celles que nous dénoncions alors de la part de la Commission européenne. Malheureusement, nous avions eu raison trop tôt, et je me souviens encore de ces syndicalistes enseignants avec lesquels je devisais au lycée et qui, eux, m’affirmaient que cela n’arriverait jamais, que leurs mobilisations seraient « à la hauteur de la provocation » si cette proposition venait à passer les portes de l’Assemblée nationale : que diraient-ils aujourd’hui, en fait ? Que pourraient-ils me dire, d’ailleurs ?

Voici, ci-dessous, l’article publié après cette manifestation royaliste et diffusé sur quelques sites monarchistes alors encore peu nombreux. Pour mémoire, comme l’on dit, mais pas seulement, en fait : malgré le rouleau-compresseur libéral et bien-pensant, le combat social royaliste, lui, continue, envers et contre le pire et l’injuste !

 

 

« Crier dans le désert ? »

 

J’étais samedi midi dans les rues de Paris pour protester contre le risque (fort, et désormais avéré) de relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans, tracts du Groupe d’Action Royaliste en mains et paroles fortes dans la bouche pour alerter nos concitoyens. Je n’étais évidemment pas seul et quelques autres militants participaient à cette protestation de rue, bien décidés à se faire entendre, les jeunes femmes n’étant pas moins décidées que les « vieux » Camelots du Roi aux rides désormais bien prononcées… Si les uns sont plus proches de la cinquantaine que les autres, les inquiétudes sur les retraites futures sont pour tous ! Le sujet que nous évoquions n’est tout de même pas anodin, et il a de quoi inquiéter, au-delà même des royalistes !

 

Or, ce samedi-là, nous avons pu constater une certaine indifférence fataliste de la part des badauds qui jetaient un regard furtif sur nos affiches « Retraite à 67 ans ? Non ! », comme si tout était déjà fait, que l'on ne pouvait rien y faire, que ça ne servait à rien de se battre pour éviter cela...

 

D'autres, incrédules, haussaient les épaules : « Mais où êtes-vous aller chercher tout cela ? », et je leur montrais le titre de l'article du « Figaro », celui du 19 janvier dernier (2011), si explicite : « Zone euro : Berlin souhaiterait généraliser la retraite à 67 ans ».

 

Il est vrai que cet article se trouvait dans les pages saumon du « Figaro économie » qui ne sont pas les plus lues du quotidien libéral, et qu'il a fallu attendre un deuxième article de Jean Quatremer, journaliste de « Libération », repris par le site de « Marianne », pour entendre enfin quelques réactions, encore bien timides au regard de l'enjeu... Mais les syndicats sont toujours muets, absents, comme tétanisés par leur défaite de l'automne dernier. Quant aux socialistes, ils sont plutôt gênés aux entournures, leur lointain candidat potentiel (ndlr : à l’époque, les espoirs socialistes étaient incarnés par M. Dominique Strauss-Kahn, qui devait « tomber » en mai suivant, dans une sordide affaire de mœurs…) n'étant guère moins libéral que les députés socialistes allemands ou que les hiérarques de l'UMP. Et il est vrai aussi que le premier ministre socialiste espagnol a lui-même fait voter par ses parlementaires, ces derniers jours, le relèvement de l'âge légal de la retraite à... 67 ans, le même âge que celui que veut imposer le gouvernement allemand à toute la zone euro...

 

En attendant que les réactions se fassent plus vives et plus massives, plus « institutionnelles », c'est-à-dire plus politiciennes, je continue à dénoncer cette retraite à 67 ans que l'Allemagne nous promet par le biais de la « gouvernance européenne », au nom de « l'harmonisation européenne » et de la sauvegarde de la monnaie unique qui tourne à la « monnaie inique », au regard de l'injustice sociale qu'elle renforce scandaleusement, avec les meilleurs arguments économiques du monde, les pires au plan social...

 

Bien sûr, lorsque les colères syndicales, si longues à se réveiller en ce moment, éclateront, sans doute oubliera-t-on que les premiers à avoir crié dans la rue (et le désert...) contre la retraite à 67 ans étaient des royalistes, de ceux pour qui l'économie doit être au service des hommes plutôt que le contraire. Mais qu'importe ! Notre rôle n'est d'ailleurs pas seulement de chercher à réveiller, mais aussi de susciter, au-delà de la seule contestation, une forme nouvelle de chouannerie, éminemment sociale et profondément royale... Tâche difficile, mais pas forcément impossible : si les royalistes ne sont pas nombreux, ils n'en sont pas moins volontaires, sérieux et décidés à exister, à se faire entendre, à « oser rendre possible ce qui apparaît impossible »... Les « minorités énergiques » qu'appelait de ses vœux Maurras, en ses premières ardeurs royal-révolutionnaires des années 1900, restent à construire : elles ne suffiront pas forcément à faire l'histoire, mais elles peuvent jouer un rôle de déclencheur des changements et les orienter dans le sens d'une plus grande justice sociale, ce qui ne serait tout de même pas si mal...

 

En somme, de quoi ne pas regretter d’avoir crié quelques vingtaines de minutes à la sortie d’une bouche de métro parisienne…

 

 

 

 

(article rédigé et publié le 8 février 2011)

 

 

28/12/2020

De la crise sanitaire au combat royaliste...

 

La crise sanitaire n’en finit pas, et elle occupe tous les médias, au risque d’occulter nombre de sujets qui, pourtant, méritent attention aujourd’hui pour penser demain. Mais, au-delà, elle a changé aussi les rapports sociaux et les activités, autant socio-professionnelles que familiales et conviviales. Il n’est pas certain que la sociabilité y ait gagné, loin de là, et, contrairement à ce qui aurait pu être espéré, l’esprit de solidarité n’a pas progressé, mais bien plutôt un « individualisme sanitaire » qui se mue, parfois, en peur de l’autre, sous le couvert (le terme « alibi » serait plus exact) d’un altruisme « protecteur des autres » qui, malheureusement, n’est pas toujours très franc. Le discours des uns est souvent l’alibi des autres pour se replier dans une forme de cocon individuel et fort peu solidaire. J’ai pu le constater dans nombre de débats initiés depuis le printemps et, plus encore, depuis l’automne et le retour des mesures de confinement et de fermeture des commerces et des lieux de restauration, toujours fermés en ces temps de fêtes de la Nativité et de la Nouvelle Année. Mais ce que je dis là peut être heureusement complété et nuancé par le fait que les dons aux associations caritatives ne baissent pas, voire augmentent, ce qui est une très bonne chose en ces temps de poussée de nouvelles précarités et misères sociales. D’autre part, les mécanismes de solidarité nationale mis en place pour les professions et établissements fermés, pour insuffisants qu’ils puissent paraître, ont au moins le mérite d’exister, et cela même s’ils ne sont qu’un pis-aller et qu’ils aggravent une dette publique et des dettes privées qu’il faudra, sans doute, rembourser d’une manière ou d’une autre, à défaut d’une seisachtheia (1) que la mondialisation, par son principe même, empêche ou limite très fortement (2).

 

Cette crise sanitaire, dans laquelle nous sommes et qui semble sans fin (n’est-ce qu’une impression ?), doit nous inciter à la réflexion et, au-delà, à la réfection d’une société dont les liens anthropiques « naturels » et conviviaux sont aujourd’hui largement distendus ou réduits à des interactions numériques (télétravail, commerce électronique, réseaux « sociaux »…) qui ne sont pas vraiment satisfaisantes pour qui considère la société comme un ensemble de personnes reconnues pour ce qu’elles sont dans un cadre spatio-culturel et historique, et non comme une nuée d’individus interchangeables et déracinés. Car, au-delà de la crise du coronavirus, c’est bien d’une crise de civilisation dont il s’agit, et le méconnaître serait, non plus une erreur, mais une faute qui engagerait les générations futures et les siècles prochains. Mais, s’il faut penser en termes de civilisation, il ne sera pas pour autant possible de négliger le politique et la question de l’Etat, car, s’il n’est pas le tout d’une civilisation (les maoïstes des années 70 se sont trompés : non, tout n’est pas politique !), il est le moyen d’agir sur les grandes orientations civilisationnelles : les civilisations grecques ou romaines auraient-elles pu s’imposer avant de perdurer au-delà de la disparition de leur puissance si la force politique et militaire de leurs cités respectives n’avaient pas d’abord été victorieuses et institutionnellement construites et incarnées ? En ce sens, le « Politique d’abord » de Maurras est plus que jamais d’actualité, et la question institutionnelle tout aussi urgente : méconnaître ses aspects-là serait s’empêcher de penser efficacement et concrètement le combat civilisationnel.

 

Dans cette perspective, il nous faut comprendre que le combat civilisationnel porté par un Bernanos se combine utilement avec le combat institutionnel de Maurras : que, malgré leurs profondes divergences sur « l’ordre et la liberté » et leurs polémiques terribles des années 1930-1940, tous les deux se retrouvent sur la nécessité de la Monarchie royale n’est pas vraiment un hasard. Leur « concordance monarchiste » doit nous faire réfléchir aux formes multiples du combat royaliste qui, en définitive, se conjugue bien plutôt au pluriel qu’en un réducteur singulier…

 

 

(à suivre)

 

 

 

 

Notes : (1) : La seisachtheia est un terme issu de l’histoire de l’antiquité grecque et qui signifie « la remise du fardeau », c’est-à-dire l’abolition des dettes, telle que celle effectuée par Solon au Ve siècle avant Jésus-Christ et qui a permis, en fait, de préparer le développement et la prospérité économique d’Athènes…

 

(2) ce qui ne signifie pas qu’une certaine seisachtheia, bien travaillée et préparée de façon à être efficace et productive (sans oublier d’être socialement juste) soit impossible ou néfaste : la réflexion sur ce sujet mérite aussi d’être posée.