Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/07/2019

La grande question des retraites en France. Partie 1 : Travail et retraites.

Il n’est pas possible de penser la question des retraites sans poser celle du travail, de ses finalités, de ses aspects et de ses possibilités. Or, trop souvent, les retraites ne sont évoquées que sous l’angle financier ou social, en oubliant que la retraite en elle-même est d’abord la sortie, plus ou moins ordonnée, du monde du travail et de la condition de travailleur, dernier terme que l’on limite trop aux seules classes populaires productrices dans l’idéologie marxiste en oubliant ces classes moyennes, voire supérieures, qui elles aussi sont engagées dans le processus de production de biens et de services, plus dans le secteur tertiaire et dans celui des échanges que dans les usines ou les champs. En fait, c’est le travail qui doit ou devrait déterminer les retraites (ce qui n’est le cas qu’en partie, paradoxalement), leur financement comme leur gestion sur le long terme, et cela nécessite aussi d’en examiner les conditions, autant d’accès que d’exercice et cela sans en oublier à la fois la nécessité et la motivation dans le champ économique comme social.

 

Aujourd’hui, le travail « professionnel » recouvre un temps qui paraît bien moins long qu’il y a une quarantaine d’années, mais il apparaît aussi moins bien distribué, le nombre de chômeurs ou de travailleurs à temps partiel ayant fortement progressé quand, dans le même mouvement, l’accès à l’emploi salarié est devenu plus tardif et, souvent, moins assuré. Cela entraîne donc une fragilisation des modes de financement des retraites, sans oublier que l’espérance de vie s’est aussi élevée et que le nombre de retraités a, lui aussi, augmenté mécaniquement et, disons-le, heureusement ! Désormais, la charge des retraites est devenue « trop » lourde pour un monde de l’emploi qui, en comparaison et en proportion, s’est rétréci de façon fort embarrassante pour leur financement : de quatre cotisants pour un retraité au milieu des années 1940, nous sommes passés à moins de deux, ce qui, évidemment, change la donne initiale de la retraite par répartition. Cela est évidemment lié à la quantité horaire de travail fourni, mais aussi à la situation démographique moins favorable et qui « se retourne » avec l’arrivée des classes d’âge nombreuses à l’âge de la retraite quand la natalité, elle, s’essouffle. Tout cela est connu et évoqué à raison souvent, mais aussi à tort et à travers parfois. L’erreur serait de se contenter de ces données, importantes mais pas toujours suffisantes pour saisir tous les enjeux de la question et tracer des perspectives qui satisfassent autant l’économique que le social.

 

Un des premiers leviers dans la résolution de la question des financements est celui de l’emploi : faire baisser le nombre de chômeurs, réellement et non artificiellement par des entourloupes comptables ou des radiations exagérées, est un premier moyen de répondre efficacement à cet enjeu du financement, et c’est là-dessus qu’il faudrait insister. Mais il semble qu’il y ait, qu’on le veuille ou non, un certain renoncement en France sur ce sujet, et cela depuis la fameuse phrase du président Mitterrand qui affirmait que « contre le chômage, on a tout essayé », phrase du fatalisme étatique par excellence et véritable scandale économique autant que social. Or, il reste beaucoup à faire, et le fatalisme est anti-politique quand il faudrait que, justement, le politique (à travers l’Etat souverain) reprenne la main, non par étatisme mais pour garantir son rôle de justice sociale et de protection de ses nationaux et citoyens-contribuables. De nombreuses pistes restent à creuser, en particulier à travers le redéploiement rural et la reconstruction d’un véritable tissu d’activités de productions et de services dans des zones aujourd’hui déclassées par la mondialisation et la métropolisation mais qui constituent ce que l’on pourrait nommer, sur le plan de la conquête démographique, économique et sociale, « le far-west français » (mais sans l’aspect destructeur des origines et des traditions locales que l’original états-unien a pu représenter). Là encore, au lieu de fermer des écoles de campagne (près de 400 cette année encore), il faudrait en ouvrir et en rouvrir, y compris avec un nombre d’élèves inférieur aux obligations administratives, et cela serait le meilleur moyen d'attirer de jeunes familles et de pérenniser leur installation, sachant qu’une école ouverte dans ces conditions particulières, c’est aussi le maintien ou la création de trois emplois en moyenne, pour l’enseignement proprement dit et pour l’entretien de l’établissement, autant ménager que technique et informatique. Ce n’est qu’un exemple de ce qui pourrait être fait, parmi mille d’entre eux et initiatives possibles en ce domaine.

 

Un autre élément du travail à prendre en compte est son « temps long » et sa distribution avant de pouvoir accéder à la retraite professionnelle. Si les générations présentes travaillent moins que les précédentes, c’est aussi parce que leur productivité est plus élevée et qu’elles « rapportent » plus, mais souvent plus par leur consommation elle-même (et par les charges fiscales…) que par leur seule production. Mais la demande des générations actuelles s’est adaptée aux possibilités, jusque là assumées et garanties (mais cela est de moins en moins vrai, semble-t-il), de l’Etat-providence, devenu un « Etat-nounou » qui a fortement déresponsabilisé les populations tout en les aliénant de plus en plus à une société de consommation exigeante et addictive… Cette évolution a constitué un piège qui, désormais, paraît se refermer complètement sur ceux qui ont cru en les promesses d’un « bonheur si je veux », fondé sur l’individualisme et le « consommationnisme », devenu « consommatorisme » : ainsi, les retraités peuvent mal vivre, parfois, leur situation financière qui paraît les déchoir de ce statut confortable de consommateur et d’assuré social (qu’ils restent pourtant et malgré tout) de salarié (ou indépendant) cotisant. D’autre part, le travail n’a pas la même valeur ni le même statut selon les professions et les secteurs d’activité, et les hiérarchies des uns et des autres, sans oublier les fortes disparités dans les conditions mêmes du travail effectué : cela se ressent dans l’espérance de vie elle-même, et encore plus dans celle « sans incapacité », qui correspond à la « bonne santé », qui sont toutes deux très différentes selon que l’on est cadre, professeur ou ouvrier métallurgiste ou du bâtiment, et qui montrent un écart pouvant atteindre treize ans entre un travailleur « manuel » et un travailleur « intellectuel ».

 

Sans doute ne faut-il pas oublier aussi la nature du travail effectué, qui peut être fort différent selon les étapes de la vie des cotisants, et l’évaluer ainsi à l’aune des différents aspects reconnus de pénibilité, ce qui renvoie également à la question de l’âge effectif de l’accès à la retraite qui, si l’on y réfléchit bien, ne peut être tout à fait le même selon les professions considérées. N’est-ce pas une erreur de vouloir imposer un âge légal de départ à la retraite et un nombre minimal d’années travaillées et cotisées ou, du moins, une certaine « injustesse » sociale qui pourrait bien être ressentie comme une véritable injustice ? Ces questions méritent au moins d’être posées, à défaut de trouver des réponses totalement satisfaisantes aujourd’hui.

 

 

 

(à suivre : Le travail au-delà de l’âge légal de la retraite ; des propositions pour de nouvelles formes de financement ; la Monarchie royale et la question des retraites : quelles possibilités ? ; etc.)

 

 

 

16/07/2017

Les royalistes et la préservation de l'environnement dans les années 1970. Partie 3 : les racines du mal et la réponse monarchique.

Quels sont les présupposés idéologiques de ce progressisme qui, aujourd'hui, conjugue les sciences et le règne de l'Argent, de cette maximisation de la possession individuelle plutôt que de la recherche du Bien commun ? Il y a, bien sûr, la fameuse formule de Benjamin Franklin : « Time is money » (1), qui explique, par elle-même, tant de choses, et pas des meilleures, et signale le véritable renversement (2) de la compréhension, ou plutôt de l'appréhension humaine du temps, désormais ramené à la valeur monétaire de ce qu'il peut « rapporter » : une désacralisation du temps conjuguée à une valorisation exclusive de l'Argent, qui devient la véritable aune du monde et du temps, de son « utilité » matérielle. C'est le triomphe de l'utilitarisme, rapporté au « profit » individuel et matériel, dans un sens de plus en plus financier, l'argent devenant le vecteur privilégié des relations sociales et celui de la nouvelle hiérarchisation des classes sociales et des personnes : le « gagneur » est alors privilégié au dépens du « meilleur », Bernard Tapie ou Rockfeller au dépens de saint François d'Assise ou des bénévoles...

 

La nature est aussi victime de ce nouvel état d'esprit, dont Benjamin Franklin n'est que l'interprète et qu'il puise dans une culture anglo-saxonne et protestante qui fût, au XVIIIe siècle, « l'idéologie dominante » du monde ouest-européen et qui se confond avec les fameuses « Lumières » dont il n'est pas certain que nombre d'écologistes actuels aient bien mesuré les effets logiques sur la gestion de l'environnement et l'état d'esprit des populations consommatrices.

 

Le Bulletin d'AF Reims de janvier 1971 dont les lignes suivantes sont extraites revient sur les racines de la situation déplorable faite à la nature par la société de consommation, et, en deux paragraphes, développe l'état d'esprit qui, en ces temps contemporains, explique les attitudes capitalistiques, si néfastes pour l'environnement, attitudes qui rompent avec l'esprit d'un Moyen âge qui, à travers les faits et idées de saint François d'Assise, respecte plus la nature donnée (ou « confiée aux hommes ») par le Créateur (selon la tradition catholique) ,dont ses créatures animales et végétales, que l'esprit né de la Réforme. En effet, sans rentrer dans un débat théologique, ce dernier semble assujettir la nature aux hommes sans contreparties ou simple respect de celle-ci, esprit qui survalorise les humains au détriment d'une humilité pourtant nécessaire à l'équilibre des sociétés et à leurs bons rapports avec la nature environnante... Cela n'empêche pas nombre de protestants, à l'image de Jacques Ellul (3), de faire une critique tout aussi virulente d'une société capitaliste de consommation oublieuse de la juste mesure et du cadre environnemental. Mais, désormais, le capitalisme lui-même s'est largement émancipé de sa matrice « réformée » et ce n'est plus l'homme en lui-même qui est valorisé, mais bien plutôt l'individu consommateur et « quantifiable »...

 

« D'où viennent ces attitudes ? Comment s'explique cette situation ?

 

Pour répondre, il nous faut élargir le débat.

 

« La nature est faite pour l'homme » : tel est l'esprit de la Réforme et du capitalisme. La richesse matérielle acquise sur terre est le seul moyen pour l'homme de se persuader qu'il possède la Grâce. Pour y parvenir, tous les moyens que nous donne Dieu sont bons. La destruction de la nature est un droit inaliénable ; l'extermination des Indiens et des bisons s'est faire Bible en poche. On peut fort bien inonder le monde de gaz toxiques si l'argent que procure cette noble activité de libre entreprise permet l'achat d'une installation privée d'air conditionnée.

 

Et la lutte elle-même, entreprise actuellement contre les nuisances, s'effectue dans le même esprit ; il s'agit de vaincre une bonne fois ce genre de déséconomies externes pour gagner encore plus d'argent ensuite. Plus qu'une lutte du système pour sa survie, c'est un moyen pour lui d'augmenter sa puissance, d'exploiter toujours davantage (4).

 

A l'Action Française, nous considérons [ndlr : au contraire des lignes précédentes, représentatives du nouvel esprit capitaliste] que le milieu naturel n'est pas à notre disposition, n'est pas un citron à presser. C'est un élément de notre héritage, un élément essentiel de notre patrimoine. Nous savons qu'il est vain et dangereux de vouloir lutter contre les lois de la nature mais qu'il faut, au contraire, s'y plier pour pouvoir réellement progresser, non de la manière factice propre aux libéraux. L'environnement est une des composantes de la politique naturelle. Il nous faut le défendre par tous les moyens, et prévenir sa récupération par le système. L’État républicain, esclave des groupes de pression, incapable de mener une politique cohérente à long terme, ne pourra agir que quand cela sera trop tard. L'héritage en sera amputé d'autant. Pour éviter cela, à nous de ramener l'héritier. »

 

Le combat royaliste est ainsi le corollaire indispensable du combat écologiste : en cela, la Monarchie est le moyen institutionnel de l'écologie intégrale en France ; elle est, en somme, « l'écologisme intégral ». La République, elle et malgré les louables efforts d'un Nicolas Hulot aujourd'hui à la tête d'un ministère d’État, reste trop sensible aux pressions des grands groupes financiers et industriels pour pouvoir, en définitive, assumer et assurer, sur le long terme, ce « souci environnemental » qui est, malgré les idéologies « progressistes » et consuméristes, le fondement de toute « mesure » (au sens grec du terme, comme la traduction de pan metron :  « de la mesure en tout ; jamais trop, toujours assez ») nécessaire à la vie et à l'équilibre des sociétés humaines, à la justice sociale elle-même.

 

Que l'on ne s'étonne donc pas que le lys puisse être le meilleur symbole, aujourd'hui, de ce combat écologique qui s'avère désormais une cause politique d'urgence, non de la précipitation et de l'éphémère mais de l'enracinement et du temps long...

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : « Le temps c'est de l'argent », formule qui donne son sens même au capitalisme désinhibé qui rompt avec ce vieux « capitalisme » (le terme est-il exact, d'ailleurs ? La question mériterait d'être posée) encore familial et traditionnel qui se reconnaissait quelques limites et pouvait accepter un certain partage des fruits de l'économie, tout en valorisant le travail des producteurs et pas seulement « la » seule production, sans limites, ni sociales ni environnementales...

 

(2) : un renversement dont les conséquences se verront dès le XVIIIe, siècle dit « des Lumières », et encore plus dans les siècles suivants avec les révolutions industrielles et économiques d'une part, et « l'imposition douce » de la société de consommation d'autre part.

 

(3) : Jacques Ellul (1912-1994), historien et sociologue, contempteur de la société technicienne et l'un des précurseurs du courant de la décroissance.

 

(4) : N'est-ce pas là la définition même du « capitalisme vert », aujourd'hui qualifié de « développement durable » ? Car il s'agit de « faire des affaires » en réparant les dommages du « développement » et d'une société de consommation que celui-ci, pourtant, tend à atteindre « pour tous » et à donner « à tous », non selon leurs besoins véritables mais selon leurs désirs suscités par cette même société séductrice de consommation, si tentatrice par le biais de la publicité et du crédit, autre nom sympathique de l'endettement...

 

 

 

 

26/09/2016

La vertu du prince.

Que devra être et faire « le monarque inaugurateur », expression que j’emprunte à l’un de mes récents interlocuteurs, et qui me semble une formule heureuse mais qu’il faut préciser ? C’est la question la plus délicate, peut-être, et dont la réponse ne nous appartient pas complètement, puisque nous ne sommes pas « le roi », que nous ne pouvons nous substituer à sa personne et à sa conscience, et que nous ne savons ni le lieu ni l’heure de l’événement « inaugural ». Mais nous pouvons néanmoins y réfléchir et poser quelques éléments de réponse, que certains interpréteront comme des conseils au futur monarque, comme, en leur temps, les « mémoires » de Louis XIV « pour servir à l’instruction du Dauphin ».

 

Mon interlocuteur posait qu’il devait être, selon lui, « vertueux, fin et très populaire », si ce moment inaugural précédait la construction d’une véritable démocratie, mais que si, à l’inverse, les murs de la démocratie précédaient la monarchie, le roi pourrait en apparaître et en être une clé de voûte tout à fait acceptable et surtout logique aux yeux des citoyens, sans que cela nécessite des qualités extraordinaires pour le monarque : c’est fort possible et il est intéressant d’étudier les deux options, et de s’y préparer, dans l’un ou l’autre des cas.

 

Premier cas, qui peut apparaître comme le plus complexe mais qui ne me semble pourtant pas forcément le plus problématique : la monarchie inaugurée avant le renouvellement de la démocratie ou, plus largement, de la Res Publica (la Chose publique). Il y faudra certes « l’homme et l’événement », comme le soulignait de Gaulle, et les qualités personnelles du monarque compteront sans doute fortement, mais pas seulement, et il me faudra y revenir ultérieurement.

 

« Vertueux » ? Si cela signifie que le roi doit être d’une grande probité et qu’il se doit d’être un saint en cette période inaugurale de la nouvelle monarchie, pourquoi pas ? Cela peut aider à sa reconnaissance publique et inspirer à la classe politique (animatrice des jeux démocratiques, pour le meilleur moins souvent, malheureusement, que pour le pire, au regard des mœurs politiciennes actuelles) un « monarchisme de fidélité » à défaut de l’être de conviction, mais cela n’est qu’un moyen, pas une fin en soi.

 

L’exemple relativement récent du roi Juan Carlos, au milieu des années 1970, en est un cas d’école, et a montré comment un roi, non pas méconnu mais mal connu de ses contemporains espagnols (et des autres), pouvait « manœuvrer et grandir », et instaurer une démocratie qui, jusque là, n’avait jamais trouvé le temps ni le terreau pour s’enraciner durablement en terre ibérique. Bien sûr, l’on peut considérer que cette démocratie parlementaire suscitée par le roi Juan Carlos est bien imparfaite et qu’elle a entraîné un retour malheureux des démagogies dans les jeux politiques, au détriment de l’Espagne et des Espagnols, mais la faute en incombe à ceux qui n’ont saisi que leur intérêt particulier quand il aurait fallu penser, encore et d’abord, en termes de Bien commun. Sans le roi et Juan Carlos comme roi, l’Espagne n’aurait sans doute pas connu cette période de paix civile sans dictature qui a permis à ce pays de retrouver une part de sa place historique sur la scène internationale, en particulier au sein de l’Europe et dans le monde américain : ce n’est pas rien, tout de même !

 

Dans ce cas, la vertu du roi n’est pas « morale » et d’ordre privé, elle est politique et publique : peu importe que le souverain ait une vie privée chaotique et parfois répréhensible aux yeux des principes familiaux, car ce qui compte, c’est sa vertu politique et sa « colonne vertébrale », sa capacité à « être le roi » et à mener la barque de l’Etat sans faiblir et sans faillir. Là encore, Juan Carlos a été « vertueux », politiquement parlant, quand, au même moment, ses frasques sentimentales avaient déjà éloigné la reine Sophie du lit conjugal…

 

Si l’on considère le cas de la France, notre royaume, peut-on évoquer cette notion de « prince vertueux » ? En relisant les écrits du dauphin de France actuel issu de la lignée des Orléans, le prince Jean, ou en l’écoutant, il est aisé de constater que celui-ci a une haute idée de ce que sont et doivent être les devoirs d’un roi, et les principes qui guident sa pensée et son action publiques trouvent leurs sources dans sa foi catholique, au point qu’il apparaît comme « un prince chrétien » beaucoup plus que ses prédécesseurs (sans, d’ailleurs, que cela préjuge de leur foi respective) : sans doute cela préfigure-t-il une attitude politique qui prenne en compte la nécessaire justice sociale et le respect des libertés fondamentales plus que tous les discours politiques des candidats à l’élection présidentielle qui, eux, s’inscrivent dans une immédiateté qui néglige le « temps long » pour se concentrer sur l’approbation « immédiate », élections obligent, un quinquennat n’étant guère plus long, désormais, qu’une campagne présidentielle… Quand la République pense en termes « d’état d’urgence », le monarque aurait tendance naturelle à penser en termes « d’urgence, l’Etat », c’est-à-dire l’inscription d’un exercice de l’Etat dans le temps qui ne confonde pas vitesse et précipitation et ne soit pas prisonnier d’un calendrier électoral qui pousse plus aux promesses intenables qu’aux réalisations pérennes.

 

Il n’en reste pas moins que la vertu du prince, vertu qui se doit d’être qualité politique et non idéologie comme celle de la Terreur de Robespierre (l’une n’allant pas sans l’autre en République, si l’on suit la pensée de « l’Incorruptible »), ne sera totalement prouvée que par l’épreuve même du Pouvoir, épreuve qu’il faudra considérer sur la longueur du règne et non sur le seul temps électoral de la démocratie parlementaire. Ce sera un enjeu majeur pour le monarque inaugurateur du règne inaugural

 

 

 

 

 

(à suivre)