Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/02/2015

L'iconoclasme de "l'Etat islamique".

Lorsque j'étais enfant, j'étais passionné par l'archéologie et les civilisations anciennes, et je trouvais dans la bibliothèque familiale de quoi assouvir ma saine curiosité, en particulier dans les anciens manuels scolaires de 6ème que mes parents avaient reçus en « spécimen » lorsqu'ils étaient professeurs de lycée : il y était fait large étalage des pharaons de l’Égypte ancienne, des Hébreux et de leurs aventures bibliques, des Perses et de leurs « Immortels », mais aussi des civilisations et empires qui s'étaient succédé en Mésopotamie il y a plusieurs millénaires... Dans mon livre préféré de cette époque heureuse de mon enfance, intitulé « Aventure et découverte de l'archéologie » et richement illustré de dessins colorés, un livre que j'ai encore près de moi et que je feuillette tout en rédigeant cette note, je peux admirer « Nébo, l'une des quatre divinités assyriennes, la seule qui ait une figure humaine », comme le signale la légende de l'image : je reconnais là l'une des statues que les partisans de « l’État islamique » ont détruit à coup de masse et de marteau-piqueur ces jours derniers, devant leurs caméras et pour leurs clips de propagande !

 

Le sentiment que j'éprouve face à ces destructions est un mélange de tristesse et de colère : tristesse devant la disparition brutale d'un patrimoine (re)découvert au XIXème siècle (en particulier par l'explorateur anglais Austen Henry Layard) et dont, heureusement, une large part se trouve dans les musées européens, en particulier londonien et parisien ; colère devant cet iconoclasme qui peut aussi nous rappeler les pires heures de la Révolution française quand le marteau vengeur et républicain s'abattait sur les rois de Juda de la façade de Notre-Dame ou sur les tombeaux des rois de France à Saint-Denis, sur les statues des saints de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, au nom d'une « table rase » qui devait permettre à la République de s'établir et de se pérenniser...

 

Mais il faut aller au-delà de ce premier sentiment et saisir de quoi il retourne vraiment : en détruisant ces merveilles archéologiques d'un temps lointain et, surtout, anté-islamique, les islamistes poursuivent plusieurs objectifs : d'abord, détruire tout ce qui n'est pas « eux » et leurs conceptions religieuses, et déraciner toute autre forme de civilisation et de rapport au monde, ce qui est, en somme, classique au regard des enjeux idéologiques et de la volonté de créer un « ordre nouveau » et de l'imposer aux populations tombées sous leur coupe ; ensuite, prouver aux historiens et archéologues qu'ils n'hésitent pas à s'en prendre à « la mémoire des peuples » symbolisée par des statues ou des monuments anciens parfois uniques, pour imposer leur « seule histoire » en effaçant toute trace d'un « avant », impie selon eux : c'est aussi un moyen de chantage et de marchandage, car ils savent que, du coup, ces œuvres anciennes prennent une valeur d'autant plus importante aux yeux de ceux qui voudraient les sauver, de quoi les négocier au prix fort sur le marché des œuvres d'art, en particulier en son secteur clandestin, mais aussi sur le plan politique... De plus, les islamistes de Daech, qui tiennent le devant de la scène ce vendredi soir encore sur les médias, savent aussi que nos sociétés ont besoin d'un « spectacle quotidien » et toujours renouvelé et que la Terreur, fût-elle artistique ou archéologique, est le meilleur moyen pour eux d'effrayer leurs adversaires, surtout lointains, et de leur imposer une forme de dépendance en les plaçant sur le terrain que ces islamistes occupent déjà. D'ailleurs, au regard du nombre d'expositions de dessins de presse supprimées en Europe (en Belgique, en France, etc.), la dernière au Mémorial de Caen, toujours « au nom de la sécurité » ou du « risque de provocation », mais aussi des séances de présentation annulées (parfois sur « conseils » de la DCRI...) du film « l'Apôtre » (qui raconte l'histoire d'un jeune musulman qui se convertit au christianisme), on pourrait bien en conclure que les terroristes ont déjà remporté, sinon la guerre, au moins quelques batailles... Rien de très rassurant, en somme !

 

Cela nous rappelle que, pour vaincre, il faut être sûr de soi et de ses raisons, et que nos sociétés, en se transformant  en sociétés de consommation motivées par le « Time is money » de Benjamin Franklin, en ont oublié leurs racines, celles qui leur permettaient de résister aux tempêtes du monde et du temps... Il n'est pas trop tard pour les retrouver et refaire de notre mémoire, non un carcan de vieilleries, mais un moteur de notre volonté de vivre tels que nous sommes, héritiers d'un temps long et des générations qui nous ont précédées, non pour les imiter, mais pour suivre notre voie au fil de cette « étoile du nord » que l'on appelle la civilisation française, avec ses multiples formes sentimentales et ses diversités provinciales...

 

« L'avenir dure longtemps », disaient à leur tour le général de Gaulle et le comte de Paris : en être conscient, dans tous ses aspects, et le faire savoir, c'est encore le meilleur moyen intellectuel de combattre cet « État islamique » qui vit de nos faiblesses spirituelles et s'en nourrit pour grandir. Mais il faudra aussi le moyen du politique pour incarner au mieux cette formule et la rendre fatale à ceux qui haïssent ce que nous sommes, intimement, c'est-à-dire des « insoumis » à leur ordre maudit, des hommes de cette France qui signifie, depuis que le nom existe, « la terre des hommes libres », ou « la liberté » tout simplement...

 

 

 

 

18/02/2015

49-3, socialistes et frondeurs...

 

« La France a besoin d'autorité », déclare M. Valls au soir du jour où il décide d'en appeler à l'article 49-3 pour faire passer la loi Macron et dépasser les oppositions de son propre camp, dont quelques uns des députés grognent devant une politique libérale pour laquelle ils n'avaient pas été élus en 2012, si l'on se rappelle les professions de foi de l'époque... Les journalistes et les « frondeurs » du P.S. ont beau s'amuser du reniement d'un président Hollande qui, quand il était premier secrétaire du Parti Socialiste, parlait de « déni de démocratie » pour qualifier le recours au 49-3 par le gouvernement de M. de Villepin, cela n'a guère d'importance et montre, au contraire, la force des institutions tout en décrédibilisant, dans le même temps, la parole politique et la confiance que les citoyens peuvent avoir en celle-ci : contradiction éminemment démocratique, certes, mais qui ne doit plus surprendre ceux qui, à étudier l'histoire parlementaire de notre pays, savent que « les promesses n'engagent que ceux qui y croient », selon la formule célèbre attribuée à l'ancien président Jacques Chirac.

 

Certains diront que ce genre de contradiction nourrit les populismes, terme utilisé par ceux qui ont depuis longtemps oublié le « peuple », ne voyant en lui qu'un spectateur et redoutant de le voir se rebeller ou de vouloir devenir, pour un temps au moins, acteur. D'autres y verront la condition même du fonctionnement de la démocratie et de son gouvernement, qui ne doivent pas être bloqués par des « oppositions forcément stériles » (à en croire les Le Roux et Le Guen, véritables godillots du président et de son premier ministre, dont les quelques ressemblances pourraient faire penser aux Dupont et Dupond du socialisme « notabiliaire »...)...

 

Ce qui est certain, c'est que le gouvernement de M. Valls peut désormais gouverner sans sa majorité, en s'appuyant sur quelques sondages qui semblent le conforter dans ses ambitions réformatrices et sur un Parti parlementaire qui cherche à conserver son apparence de pouvoir quelques temps encore, attendant que l'élection présidentielle de 2017 lui redonne quelques couleurs si l'actuel président, dans le cadre d'un « front républicain » (sic!) de second tour, était reconduit dans ses fonctions... Quant aux « frondeurs » socialistes, ils se trouvent réduits à l'impuissance, ne pouvant voter une motion de censure qui signerait leur propre exclusion d'un parti autoritariste à défaut de pouvoir faire preuve de cette autorité qui est aussi la confirmation de la force et du respect que l'on suscite : désormais, que peuvent-ils faire, si ce n'est attendre le grand règlement de comptes du congrès socialiste de juin prochain et espérer y jouer un rôle ? Et si ce congrès les marginalise et les prive de possibilité de parole efficace au sein de ce parti, que feront-ils ? Abandonneront-ils la politique comme Arnaud Montebourg ? Fonderont-ils un nouveau parti comme leurs prédécesseurs Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, avec le risque, en choisissant la fidélité à leurs convictions, de ne plus rien peser dans la vie politique et de laisser la place au social-libéralisme qu'ils exècrent ? Car le P.S. n'est pas le PASOK grec, et la gauche de la Gauche (en France) n'est pas en passe de devenir un nouveau Siriza...

 

En fait, la partitocratie républicaine est un piège (et d'abord pour les électeurs...) dont le général de Gaulle avait voulu sortir la France en fondant les institutions de la Cinquième République, dont cet article 49-3 était une pièce maîtresse pour passer au-dessus de la démagogie partisane : mais, en se « républicanisant » de plus en plus et, en vérité, assez vite après la fin de l'ère gaullienne, la Cinquième est retombée dans les manœuvres politiciennes oublieuses des intérêts de l’État et de la parole populaire, le référendum étant relégué aux oubliettes depuis 2005 et ce désaveu électoral français de toute une classe politique trop européiste pour être vraiment honnête... En somme, le 49-3 est devenu pour une République Hollande-Valls (issue du Parti Socialiste) aux abois un moyen de contourner une opposition interne qui a, parfois, quelques bonnes raisons d'être et de se battre...

 

Alors, pour sortir de cette contradiction démocratique et rendre à l'autorité une légitimité qu'elle ne peut avoir en République (ce pouvoir des éternels Créon), tout en permettant aux citoyens, à ce « pays réel » souvent frustré, de retrouver quelques pouvoirs concrets sans remettre en cause la nécessité de l’État, il faut repenser et reposer la question politique et institutionnelle : certains, frondeurs ou populistes, pourraient bien y réfléchir...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14/02/2015

Le coût de la République et celui des monarchies.

 

Depuis toujours (ou presque) j'entends l'argument qui se veut définitif et qui a largement imprégné les opinions publiques et les générations successives des XXe et XXIe siècles en France et dans la plupart des pays européens : « la Monarchie coûte cher », sous-entendant, par le même mouvement, que la République serait moins dispendieuse, si ce n'est frugale à suivre le modèle d'un Robespierre et de son régime austère (voire austéritaire...) ! Un argument qui, pourtant, ne tient pas vraiment au regard de notre histoire nationale et de l'actualité européenne, comme Stéphane Bern a eu de nombreuses occasions de le rappeler depuis les années 1980, et comme un récent article paru sur le site du quotidien Le Figaro (11 février 2015) le souligne à propos de la monarchie espagnole : « Lors de son intronisation en juin dernier, il avait promis d'avoir une conduite « honnête et transparente ». Felipe VI d'Espagne a fait mardi un nouveau geste en ce sens en dévoilant un budget gelé et en diminuant son salaire de 20 %. Le souverain recevra cette année 234.204 euros. » Le budget global du fonctionnement de la Maison royale atteint la somme de 7,7 millions d'euros pour 2015, soit « seize centimes par habitant, le plus faible d'Europe », comme le résume Le Figaro !

 

Autre exemple : la monarchie britannique : selon Jérôme Szczepanski dans un article paru sur le site de l'Alliance Royale du Nord-Pas-de-Calais, « celle-ci a coûté à ses contribuables 49,5 millions d'euros en 2014. Cela représente environ un coût de 75 centimes par personne au Royaume-Uni. » Pas vraiment excessif si l'on considère que cela couvre les dépenses de représentation de l’État assurée par la reine et sa famille, véritables « incarnations » du Royaume-Uni et, au-delà de son présent, d'une histoire et d'un destin nationaux : rappelons-nous, par exemple, combien la souveraine anglaise a su incarner, plus que tout autre, le souvenir de la résistance au nazisme lors de la commémoration du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Elle n'était, d'ailleurs, pas seulement l'ancienne ambulancière des années 1940, fille du roi George, et la reine en exercice : elle était aussi le roi son père lui-même, ce George VI qui permit à Churchill d'être ce Richelieu qui manqua tant à la République française du printemps 1940. Elle était ceux qui avaient été, et elle annonçait, par son principe même, ceux qui seront : Charles, William, George...

 

La République, qui n'a pas le même pouvoir d'incarnation, si ce n'est de façon (trop) éphémère et le plus souvent dans des moments de grand désarroi, et qui se veut « la » démocratie en oubliant qu'elle ne l'a ni créée, ni respectée durant les heures sombres des années 1792 et suivantes, n'est pas gratuite, bien sûr, mais, surtout, elle coûte beaucoup plus cher qu'une monarchie sans que l'on soit bien sûr d'y gagner, ni politiquement ni économiquement ni socialement. Les chiffres parlent mieux qu'une longue démonstration et il suffit de consulter le site de la Présidence de la République et de les compléter par les analyses serrées du député socialiste de l'Aisne René Dosière pour le constater par soi-même et sans être taxé de « partialité » monarchique (que j'assume néanmoins sans souci...).

 

Ainsi, le budget de l’Élysée et de son fonctionnement de « Maison » de la République s'élève-t-il à 100 millions d'euros pour 2015 (en baisse depuis 2012), soit environ 1,55 euros par habitant, presque 10 fois ce que coûte la monarchie espagnole en sa magistrature suprême, et le double de celle d'Outre-Manche. Mais les comptes de la République ne s'arrêtent pas là : il faut y rajouter le coût des anciens locataires de l'ancien palais de la marquise de Pompadour, soit environ 6,2 millions d'euros à la charge de l’État (2,5 millions pour M. Giscard d'Estaing ; 2,2 millions pour M. Sarkozy ; 1,5 millions pour M. Chirac). Est-ce tout ? Mais non, car il ne faudrait pas oublier le coût des campagnes électorales présidentielles qui, si l'on en croit l'ancien membre du Conseil constitutionnel Roland Dumas, ont parfois crevé les plafonds autorisés en 1995 et, à suivre les déboires de l'ancien candidat Nicolas Sarkozy l'an dernier, ont largement dépassé les sommes annoncées officiellement, ce qui a valu à son parti UMP un véritable Trafalgar financier... Si l'on suit les instructions officielles actuelles, un candidat ne peut dépasser pour ses frais de campagne la somme de... 16,851 millions pour le premier tour et 21,509 millions pour le second : sachant qu'il y a deux candidats pour le second et un peu plus pour le premier ; que, évidemment, tous n'ont pas les mêmes disponibilités financières mais que deux au moins peuvent les assumer ; que cet argent peut être en partie remboursé, et cela sur les caisses de l’État selon les résultats obtenus (pour les candidats ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés en 2012 au premier tour : 8 millions environ ; pour les candidats du second tour : près de 10,7 millions d'euros...)... Au bout du compte, ce n'est pas vraiment négligeable ! Et il n'est pas certain que les contribuables électeurs en aient pour leur argent ! Et cela recommence tous les 5 ans... A vos calculettes !

 

Au regard de tous ces chiffres, il me semble que, décidément, la Monarchie a quelques avantages sur la République, et qu'elle est, définitivement, beaucoup plus économique que le régime de Marianne :il serait bienheureux d'en tirer quelques conséquences, non seulement financières mais aussi politiques...