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24/04/2008

Présidentialisation ou régence ?

La Constitution de la Vème République n’en finit plus d’être modifiée, triturée, et aujourd’hui « sarkozysée » : il n’y a plus une année sans Congrès à Versailles pour un nouvel arrangement constitutionnel, au point que l’esprit des institutions voulues par le général de Gaulle semble bien mal en point. Notre pays à la liberté retrouvée à l’époque gaullienne, dans une certaine tradition capétienne, est devenu une simple province touristique de cette « Europe » qui, elle non plus, n’est plus libre de ses mouvements, prisonnière de la politique états-unienne, pour le meilleur et pour le pire, dans le cadre de l’Otan, véritable bras armé de la diplomatie de Washington. Ce ne sont pas les piètres arguments de M. Hervé Morin, ministricule de la Défense, qui pourront me démentir, à l’heure où celui vante cette « alliance emprisonnante » tout en rechignant à faire construire un second porte-avions, cela au moment même où la Chine et d’autres pays, pourtant beaucoup plus « pacifistes », s’en procurent, et que nous n’avons plus AUCUN porte-avions sur les mers actuellement (le Charles-de-Gaulle est immobilisé à quai encore un an…). Comment peut-on alors peser sur une scène internationale de plus en plus mouvante et sur laquelle montrer sa force (sans avoir à s’en servir toujours, heureusement !) est le meilleur moyen d’être crédible et d’être, simplement, écouté ? En tout cas, les modifications constitutionnelles, nouvelle « habitude institutionnelle » comme on pourrait ironiser, vident la Vème de sa substance et, tout royaliste que je suis, je n’en suis pas satisfait car, dans l’époque actuelle, c’est affaiblir ce qui pouvait rester de « capétien » dans une Constitution que de Gaulle envisageait peut-être comme une forme de « régence », en attente d’une vraie Monarchie… Ainsi, la volonté du Président Sarkozy de se présenter pour promouvoir et défendre sa politique devant les parlementaires (ce qui aujourd’hui le rôle du premier ministre) ne me semble rien d’autre qu’une forme de présidentialisation qui, loin de rapprocher d’une logique monarchique traditionnelle française, rapproche d’une véritable formule « monocratique » de la République et qui, en même temps, risque, au contraire de ce qui est évoqué par ses partisans, de transformer le Parlement en simple chambre d’enregistrement bavarde et « spectaculaire »… Etant plutôt méfiant à l’égard de la Chambre des députés (vieux reste d’antiparlementarisme hérité de 1934 et de 1958 ?), je suis partisan d’une forme de bicaméralisme dans laquelle le Sénat serait une Chambre des provinces, des communes et des métiers, et la Chambre des députés, une assemblée représentative des grandes (mais aussi des petites, qui ont aussi des choses à dire, parfois fort intéressantes) mouvances politiques partisanes, chargée de débattre et de proposer plutôt que de décider pour tous les aspects de la vie du pays, souvent en n’étant d’ailleurs depuis des années que la chambre de retranscription des directives européennes en lois françaises… Je suis plutôt partisan d’une décentralisation législative qui redonne une partie des compétences actuelles des assemblées parisiennes aux assemblées régionales et aux conseils municipaux, avec un  Etat arbitral qui puisse garantir un certain équilibre entre les instances décentralisées et une meilleure redistribution des ressources disponibles, un Etat qui donne la direction générale et représente la nation à l’extérieur… En somme, un Etat dégraissé mais « musclé » ; un Etat fort mais juste, qui soit capable de rester ferme face aux groupes financiers et économiques et qui ne laisse pas ceux-ci décider à la place du Politique ; un Etat libre et libérateur qui rende la parole aux citoyens et à leurs corps civiques, et évite l’omniprésence administrative tout comme l’abstention et l’absence politique (cas de notre actuelle République…) ; etc. Si la Vème République a perdu beaucoup de son sens et intérêt premiers, elle reste tout de même une référence importante qu’il serait dommage de sacrifier sur l’autel d’un « changement pour le changement », souvent démagogique et vain par essence. Je ne suis pas un nostalgique de la République gaullienne mais je reconnais facilement qu’elle a restauré le sens de l’Etat et de sa liberté, et ce sont des éléments forts pour une France qui ne s’ignore pas. Cette « régence du nationalisme », si elle reste incomplète (comme toute régence…), mérite d’être préservée et améliorée, en attendant mieux…

22/04/2008

Petites censures ordinaires...

Il est souvent question de censure en ce moment à propos des prochains Jeux olympiques de Pékin, et il est vrai que celle qui sévit en Chine n’est guère sympathique, voire assez frustre et brutale. Mais nos Démocraties, qui s’en offusquent à juste raison au regard de leurs principes, sont-elles si « claires » en ce domaine ? Les multiples lois qui sont censées nous protéger des mille maux possibles de notre monde (tabagisme, alcoolisme, malnutrition, etc. mais aussi toutes les « phobies » possibles…) créent un drôle d’état d’esprit qui force les gens à se méfier de ce qu’ils peuvent dire et faire, et non à exprimer librement leurs idées, leurs réactions, leurs colères : la polémique est, du coup, un art qui se perd, même si la diffamation se porte, elle, plutôt bien, en particulier quand elle est dans le sens du « politiquement correct » et que les tribunaux sont des lieux de plus en plus fréquentés par ceux qui écrivent et parlent en public… Bien sûr, un mot ne vous envoie plus à la guillotine comme à l’époque de la 1ère République qui, souvenons-nous, commença la longue liste des suppliciés pour crimes de « mal-pensance » par un journaliste contre-révolutionnaire (Suleau, je crois). Bien sûr, aussi, la Toile permet à toutes les opinions de s’exprimer et les vidéos de kamikazes islamistes interrogés par leurs comparses avant de se faire exploser sont disponibles sur dailymotion… Ce n’est pas le meilleur côté de la liberté d’expression…

 

Mais au moment même où ce genre de vidéos circulent, accompagnées de commentaires qui sont autant de cris de haine contre une communauté décidément mal-aimée (cf les commentaires parfois violemment antisémites qui s’en prennent au comique Jamel Debbouze pour la simple raison qu’il file le parfait amour avec une journaliste de confession juive…), d’autres propos qui peuvent sembler bien anodins sont impitoyablement traqués et n’ont pas droit de cité sur les sites « officiels » ou les forums de discussion de journaux ou d’institutions qui clament pourtant leur attachement à la « libre expression de chacun ». Bien sûr, il reste les blogues personnels pour dire ce que l’on a à dire mais il faut bien avouer que le retentissement est largement moindre, à moins de profiter d’un « buzz », version contemporaine de la rumeur.

 

Je ne suis pas de ceux qui se croient persécutés parce que leur « géniale pensée » n’a pas été relayée par les grands médias, et je n’ai pas la prétention de dire toujours des choses intéressantes ou intelligentes. Mais je suis toujours agacé lorsque je suis, à plusieurs reprises et dans un laps de temps relativement court, « censuré » sur des forums de discussion sans avoir eu l’impression de dire des choses forcément provocatrices. Cela vient de m’arriver ces dernières semaines sur les sites de grands journaux (et de moins connus, aussi…) à propos de la Chine et du « choc alimentaire » mondial actuel. Au regard des réactions acceptées sur ces forums, j’en suis d’autant plus surpris et un peu vexé (mais je m’en remettrai vite).

 

Quels types de propos ont-ils été censurés ? En voici juste quelques exemples pour que l’on puisse en juger : dans un commentaire, je faisais la remarque que ceux qui manifestent ces jours-ci contre la Chine auraient été bien inspirés de le faire aussi et surtout à l’époque de la dictature de Mao mais, qu’en ce temps-là, la Gauche (et pas seulement l’extrême-gauche ») y voyait une expérience de « socialisme réel » et que les « maos » étaient magnifiés par Godard et Sartre, par ce que la Gauche comptait d’intellectuels brillants et aveugles… Propos qui n’eut pas l’heur de plaire aux « modérateurs » des sites…

 

Dans d’autres commentaires, j’évoquais les batailles rangées du début des années 70 entre maoïstes de la Gauche Prolétarienne et les monarchistes d’Action Française à Nanterre-Droit, ces derniers étant à l’époque (et parmi les premiers…) fort critiques à l’égard du communisme chinois. Je concluais en remarquant ironiquement qu’il était toujours malvenu, en France, d’avoir eu raison trop tôt… Là encore, malgré mes phrases sans violence et mes tentatives pour éviter les fautes d’orthographe, ces propos ont été considérés comme « impropres » à la publication sur les sites de ces honorables quotidiens et hebdomadaires…

 

Bien sûr, je le répète, je ne cherche pas à en conclure que nous serions en dictature prompte à étouffer toute velléité de pensée non-conforme ou que ces journaux sont acharnés à étouffer la voix des pauvres royalistes, mais je m’agace un peu de l’hypocrisie qui consiste à dire que « on peut tout dire » et qui, dans le silence des coulisses de la Toile, s’évertue à gommer quelques opinions « différentes » et jugées « politiquement incorrectes ». Je suis d’autant plus conscient que nous ne sommes pas dans une société totalitaire « abrupte » que je peux, ici, évoquer ce que d’autres ne veulent pas entendre ou laisser publier ailleurs, en l’occurrence « chez eux ».

 

Mais ces comportements de ceux-là mêmes qui donnent des leçons de morale et de « démocratie » aux autorités chinoises démontrent une difficulté de leur part à accepter le débat dès qu’il dérange un certain confort intellectuel et, peut-être, certaines mémoires…

 

De plus, je tiens à rappeler que je ne cache pas, sur ces sites politiques ou journalistiques, mon identité propre ; je ne me réfugie pas derrière des pseudos plus ou moins explicites : j’assume tous mes propos (sauf ceux que l’on m’attribue et que je n’ai jamais prononcés, comme cela arrive parfois…) et je signe de ce nom que mes parents m’ont légué et dont je suis fier, cherchant à l’honorer de mon mieux.

 

20/04/2008

Le bonheur de ne pas être républicain...

La République donne aujourd’hui l’impression d’être un bateau ivre : polémiques entre ministres, décisions hâtives et maladroites, rappels à l’ordre présidentiels peu suivis d’effets, etc. Au moment même où il faudrait à notre pays une direction ferme pour affronter les courants et les tumultes d’une mondialisation qui n’est même plus heureuse, il n’y a plus d’Etat, juste un « semble-Etat » (selon l’expression de Pierre Boutang) qui parade et communique à défaut de gouverner.

 

La salle des profs et les cafés, ces deux lieux dans lesquels je passe la majeure partie de mes temps de « loisirs », bruissent des inquiétudes d’une population de plus en plus désemparée devant les atermoiements et les maladresses (voire pire… ; les mots employés par mes collègues sont plus rudes…) gouvernementaux : pataquès autour des réductions « familles nombreuses » à la SNCF ; allocations familiales dévaluées ; vote d’une loi OGM controversée ; etc. Lors d’une discussion autour de la cafetière, juste avant de retrouver mes élèves, je lâche : « Tout compte fait, je suis heureux de ne pas être républicain : cela m’évite sûrement de désespérer… ». Quelques sourires las accueillent cette déclaration matinale et des hochements de tête discrets justifient mes propos. Cela suffit-il pour faire de ces Français qui désespèrent, ou se résignent à la République, des monarchistes ? Bien sûr que non, et j’en suis conscient. Mais je peux constater que la République, « si belle sous l’Empire », n’a plus la côte, qu’elle n’inspire guère de compassion et que nombre de mes collègues s’agacent de la voir invoquée rituellement à tout propos par ceux-là même qui ne cherchent à conquérir l’Etat que pour en tirer gloire et prébendes avant que de trahir ceux qui se sont enflammés pour eux, le temps d’une élection.

 

Ce qui énerve aussi, c’est le décalage entre les discours officiels du « pays légal » et la situation vécue du « pays réel », et les tentatives gouvernementales pour éviter toute remise en cause de ce credo européen et libéral qui sert à tout justifier, y compris ce qui n’est ni logique ni juste. C’est une colère, pour l’instant sourde, qui traverse la société et dont il n’est pas certain qu’elle éclate de façon seulement contrôlée… Certaines de ses raisons ne sont pas justifiées, sans doute, mais elles se retrouvent toutes mélangées dans un malaise grandissant, sans toujours laisser la place à une réflexion constructive.

 

De mon côté, j’essaye aussi de proposer plutôt que de me contenter d’une critique facile et si populaire qu’elle en devient une carte de visite obligatoire. La force du royalisme contemporain est de poser la double question du politique et de l’Etat, et de l’inscrire dans un rapport, non pas à l’Opinion ou à la « dictature de l’instant », mais à la longue durée nécessaire à toute fondation et à tout renouvellement ordonné. Au lieu des atermoiements actuels, cela permet de poser les bases d’une politique « durable » et qui ne se contente pas de détruire ce qui est en laissant faire le « Marché » ou les « événements », comme c’est le cas aujourd’hui : c’est la reconquête par le politique de la « décision » et non le « fatalisme » du « qu’y peut-on ? ».

 

Cela ouvre des perspectives plus larges que celles que la République, empêtrées dans ses contradictions et dans une logique seulement comptable, peut proposer et mettre en place.

 

Je vais profiter des vacances qui commencent pour essayer de le prouver en présentant quelques pistes de réflexion sur différents débats institutionnels et sociaux. En somme, une ébauche de « plate-forme royaliste de propositions »…

 

 

 

(à suivre).