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29/05/2008

La Chine et sa nouvelle diplomatie.

La Chine est l’objet de multiples interrogations, de quelques espoirs et de certaines inquiétudes : les événements du Tibet, survalorisés en France, et les réactions au passage de la flamme olympique à Paris en ont dévoilé quelques aspects mais ont souvent empêché de regarder lucidement et, surtout, politiquement et géopolitiquement, les mutations de la diplomatie chinoise et de sa présence au monde, dans le monde plus exactement. Il me faudra y revenir, en particulier après les Jeux olympiques qui marquent une étape importante dans la reconnaissance de la Chine comme puissance, mais pas seulement économique…

 

Une information est passée presque inaperçue en France, c’est celle que « La Croix » évoque en première page de son édition du jeudi 29 mai, sous le titre évocateur : « La Chine révise sa diplomatie ». En fait, l’article rapporte ce qui peut être qualifié de « moment historique » selon l’éditorialiste François Ernenwein, c’est-à-dire la rencontre entre Hu Jintao, président de la Chine populaire, et Wu Poh-hsiung, président du Kuomintang, le parti au pouvoir à Taïwan (la « Chine nationaliste » qui avait été battue par Mao en 1949), sur la place Tien An Men de Pékin : « Cette rencontre, à forte portée symbolique, indique une rupture. Elle confirme que les responsables de Pékin ont entamé une révision diplomatique visant à mieux inscrire la Chine dans le jeu mondial en en intégrant les usages. Cette normalisation en direction de Taïwan en prépare sans doute d’autres, en direction des Etats-Unis, de la Russie, de l’Europe, voire de l’Afrique. (…)

 

Mais cette rencontre, presque précipitée, n’aurait pas été possible rapidement si les responsables de Pékin n’avaient pas gagné du poids sur la scène internationale. Mieux assurés de leur puissance, ils ont désormais changé de tactique. Plus pragmatiques, ils normalisent leurs pratiques en politique étrangère. Ils montrent un peu moins leurs muscles et discutent un peu plus. Il est vrai que la conquête des territoires renvoie au passé. Celle des marchés prépare l’avenir. »

 

En somme, l’économie a permis, durant deux décennies, à la Chine de remplir ses caisses en se servant des appétits de profit des grandes entreprises occidentales, avides de faire des affaires, pas seulement avec les Chinois mais aussi avec les populations de la Triade soucieuses de consommer à moindre frais. Mais, désormais, cette manne accumulée permet d’envisager l’accession au statut de grande puissance diplomatique pouvant peser sur les affaires du monde, et la Chine ne manquera pas à cette « mission », comme il sera loisible de l’observer dans les années prochaines, et pas seulement en Afrique…

 

Reste à savoir comment la France va se positionner par rapport à cette nouvelle donne, et quels moyens elle mettra en œuvre pour sauvegarder sa liberté de manœuvre sur une scène internationale en mutation. La relecture du fameux chapitre «  Que la France pourrait manœuvrer et grandir », dans « Kiel et Tanger », ouvrage majeur de Maurras qu’il faudra bien rééditer (et commenter, voire expliquer), n’est plus seulement d’actualité, elle est d’urgence !

 

 

 

 

28/05/2008

Langues régionales.

Dans le cadre du site du quotidien Le Figaro, je me suis permis d’intervenir dans le débat sur la question des langues régionales reconnues, presque en catimini, par l’assemblée nationale la semaine dernière, dans une indifférence presque totale : il semble bien que les jacobins soient désormais dépassés et qu’ils ne mènent plus que des combats de retardement sur de multiples sujets, même s’il peut advenir que leur « nationalisme », quand il s’adresse à la question de l’existence de la France « malgré » l’Union européenne, peut se croiser avec celui des monarchistes attachés à la liberté de parole et de manœuvre de notre « cher et vieux pays », pour reprendre l’expression célèbre du général de Gaulle.

 

Né en Bretagne en pays gallo (à Rennes), je suis toujours agacé des falsifications historiques et des reconstructions « a posteriori », plus idéologiques qu’autre chose, et je dénonce le bilinguisme français-breton dans ma ville natale de Rennes où on n’a jamais parlé breton, ni au Moyen-Âge ni à une autre époque, à part, depuis les années 60, dans quelques cercles d’intellectuels et d’universitaires, mais sûrement pas dans le peuple local qui, dans les faubourgs et les campagnes avoisinantes, s’exprimaient en gallo, parler local qui n’a rien à voir avec la langue bretonne ! Mais, cette mise au point étant faite, je suis tout à fait favorable à la reconnaissance des langues provinciales et locales, ne serait-ce qu’à titre patrimonial et culturel, sans méconnaître que le français doit rester, non pas la seule langue officielle, mais la langue commune de tous les Français, patrimoine de civilisation de notre nation et reconnaissance de son unité au-delà des différences et des diversités.

 

Voici, ci-dessous, le texte de ma courte intervention dans ce débat (sur la Toile) évoqué sur le site figaresque la semaine dernière :

 

 

« Sous les rois de France, ceux-ci s'adressaient au pays en évoquant "les peuples de France" : la République, elle, s'est voulue "une et indivisible" et a détruit les parlers locaux car elle avait peur de la diversité et des traditions. La République est incapable d'accepter les libertés provinciales sans menacer l'unité du pays. La France avait, pourtant, développé un modèle original d'incorporation des provinces et des communautés au sein de la nation, par l'oeuvre patiente de ses rois : en somme, la monarchie fédérative est moins frileuse que cette République encore marquée par des relents de jacobinisme... »

 

27/05/2008

Poubelle littéraire...

Les poubelles sont pleines de gens irremplaçables, pourrait-on dire au regard de ce que l’on y trouve parfois : ainsi, ce soir, en ouvrant le local aux susdites poubelles de mon immeuble, j’ai eu la surprise d’y découvrir une bonne quinzaine de livres et de manuels de littérature publiés dans les années 60-70, dans des collections du type « Lagarde et Michard ». Ainsi, Ronsard côtoyait Molière et Villon au milieu des cartons de chaussures et des briques vides de lait, et Frison-Roche terminait sa cordée dans les odeurs de salade pourrie et au milieu des factures déchirées, tandis que la littérature médiévale surnageait au milieu d’un océan de publicité d’électroménager…

 

Spectacle navrant, révélateur d’une société et d’un état d’esprit qui consomme sans compter et élimine sans penser. Peut-il en être autrement dans ce monde et cette République dont l’élu quinquennal moque la pauvre princesse de Clèves au motif qu’elle serait incompréhensible aux jeunes générations ? Dans une société du spectacle qui communique à défaut de transmettre ? Dans une « démocratie économique » qui ne pense plus qu’en terme de nombre et d’efficacité, et pour laquelle la culture littéraire « ne sert à rien » ?

 

Je suis un sentimental : j’ai récupéré tous ces livres promis à une fin indigne et je les ai ramenés chez moi, leur trouvant une petite place sur les nombreuses piles qui encombrent déjà mon studio. Demain, j’en emmènerai quelques uns au lycée, au CDI ou au « bar des professeurs » : une nouvelle vie pour ces ouvrages bafoués qu’il me plaît d’avoir « sauvés »…