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31/03/2008

L'Action Française, résumé du numéro 2744, du 20 mars au 2 avril 2008.

Il y a un siècle, au détour d’une rue de Paris, l’écrivain Maurice Barrès, s’étonna de lire une affiche de promotion pour un nouveau journal quotidien, intitulé « L’Action Française » : il haussa les épaules, persuadé que ce titre ne passerait pas l’année, celle de 1908. Pourtant, en ce mois de mars 2008, si Barrès est presque oublié (sans doute de façon injuste, d’ailleurs), le titre dont il se gaussait existe encore : le journal, désormais bimensuel, a d’ailleurs profité de cet anniversaire hautement symbolique pour afficher en couverture une fleur de lys dessinée spécialement par le peintre Georges Matthieu auquel il est d’ailleurs rendu hommage quelques pages plus loin. En tout cas, un siècle après sa naissance, le journal monarchiste est toujours fidèle à sa ligne de défense de la nation française, comme le prouvent à l’envi ses pages et, en particulier, celle dédiée à « la politique » et dans laquelle Charles Moussay dénonce « le parti de l’étranger, nouvelle manière » en des termes qui rappellent que l’AF cultive la longue mémoire française sans céder aux sirènes de la facilité dialectique ou de la mode, qu’elle soit « européiste » ou « communautariste » : « Pour nous, qui connaissons la politique parce que nous connaissons l’histoire, c’est un étonnement et un chagrin permanents que de voir notre pays non seulement travaillé de l’intérieur par des puissances étrangères aux multiples figures, qu’ont décryptées Maurras puis De Gaulle, mais si bien trompé par ces machinations qu’il en perdit souvent jusqu’à la conscience de ses traditions propres, de ses principes propres, de ses intérêts propres. » Et de rappeler les formes et les commanditaires anciens de ces pratiques qui ont tant coûté à notre pays durant l’histoire, que cela soit l’Angleterre médiévale, l’Espagne de Philippe II ou, plus proche de nous, les Etats-Unis ou de « l’Europe » idéologique… « Une chose est neuve pourtant : depuis une année, non seulement le parti de l’étranger est partout parmi les classes possédantes (conséquemment parmi les faiseurs d’opinion, conséquemment dans les partis et finalement l’Etat) mais, plus grave encore, la tête de l’Etat n’appartient pas simplement au parti de l’étranger : elle est tout simplement étrangère à la France. » Face à cette situation inédite, Charles Moussay regrette, à juste titre, la division et la marginalisation du parti de l’indépendance nationale qui semble n’avoir plus ni voix ni homme pour l’incarner, et souligne l’importance d’avoir un journal pour défendre cette cause aujourd’hui malmenée par ce que Pierre Boutang aurait sûrement appelé « le semble-Etat ». Philippe Champion répond d’une certaine manière aux inquiétudes de Moussay par un bel entretien qu’il accorde au journal dont il est désormais le directeur depuis le décès de Pierre Pujo, en évoquant la situation actuelle et les projets de l’AF, presse comme mouvement. Et il en appelle à la mobilisation des lecteurs, anciens comme nouveaux : « A la suite des quelques modifications formelles du journal et du renouvellement des rédacteurs, les retombées sont favorables, mais il faut que cela se traduise par un surcroît d’abonnements et d’achats au numéro. Le seul moyen de prolonger le journal est de renouveler son lectorat, particulièrement en le rajeunissant, et pour cela, rejoindre, dans la fidélité à nos principes des préoccupations différentes de celles des gens de mon âge. (…) Je ne suis pas un taxidermiste. Notre propos est de tirer tous les enseignements possibles de notre école de pensée pour apporter des réponses à des situations inédites. (…) J’appelle tous nos amis à jeter toute leur énergie pour refaire de L’AF le journal qu’elle mérite d’être. » Un appel qu’il est bon et nécessaire d’entendre. Déjà, des groupes de vendeurs de l’AF, dans la tradition des Camelots du Roi, proposent le journal aux portes des principales gares parisiennes avec un certain succès… Pour conquérir de nouvelles énergies et intelligences dans notre pays, Arnaud Naudin propose une voie : « il faut « royaliser » les abstentionnistes » ! Dans un article précis et fort juste, il décrypte ce que les grands médias ont, la plupart du temps, négligé de souligner : « En premier lieu, la vigueur de l’extrême gauche et plus particulièrement de la LCR qui réalise des scores non négligeables. Un vague retour de Mai 68 ? Ou nouvel aspect du vote protestataire ? Plus important, le score de l’abstention. Les élections municipales n’ont attiré que 60 % des électeurs. A comparer avec les 83 % de participation à la dernière élection présidentielle. Electeurs patriotes du FN déçus, défenseurs des valeurs traditionnelles, hostiles au style bling-bling, Français ne voyant aucun intérêt à la mascarade républicaine, tous doivent être le terreau de recrutement et de propagande des militants d’Action française. Et auparavant, montrer que l’abstention n’est pas indifférence à la chose publique, mais une mesure de salut nécessaire contre un régime qui ne vit que des votants. » En somme, un véritable vivier de futurs royalistes qu’il faut convaincre d’agir pour changer les choses dans le bon sens ! Pour convaincre, encore faut-il analyser les situations, proposer des pistes de réflexion et approcher des alliés potentiels : de nombreux articles de ce numéro répondent à ces critères éminemment politiques, comme, par exemple, celui sur « la politique industrielle » écrit par Nicolas Vey, qu’il faut lire, relire et faire connaître. Après une analyse claire des problèmes industriels de notre pays et des stratégies mises en place par l’actuelle République, il rappelle les conditions d’un réveil de l’industrie nationale : « conduire une véritable politique industrielle exigerait de sortir des cadres définis par le libéralisme actuel. La première des choses est de refuser la marche forcée vers la « globalisation », qui n’a rien d’une fatalité mais est le fruit des vagues successives de déréglementation voulues par la plupart des gouvernements depuis les années soixante-dix. Il s’agit ainsi de rejeter la nouvelle division internationale du travail que l’on nous propose. Cette organisation du monde fait des pays émergents et de la Chine en particulier le grand atelier de la planète, fabriquant à bas coût les innombrables produits de consommation dont se gavent les pays riches. Pays riches qui le sont de moins en moins à force de cumuler les déficits commerciaux – 39 milliards d’euros pour la France en 2007 -, mais qui se rassurent en écoutant les lieux communs à la mode sur « l’économie de la connaissance ». (…) L’enjeu est donc de se donner les moyens de mettre en œuvre un néo-protectionnisme qu’il serait absurde de vouloir systématique, mais qui doit permettre de protéger, selon les circonstances, différents secteurs de l’économie française, qu’ils soient fragiles, innovants, ou de nature stratégique. (…) Enfin, un progrès considérable devra être effectué dans le domaine de la recherche et du développement grâce notamment à une meilleure articulation entre secteurs public et privé. Tout ceci demande cohérence et vision à long terme, deux choses bien difficiles à concevoir pour l’homme de coups médiatiques qu’est Nicolas Sarkozy. » L’industrie n’est qu’un moyen de notre politique et la diplomatie en est un autre, que les capétiens ont développé avec « mesure et prescience ». Si Bainville a su retrouver la veine capétienne dans la première partie du XXe siècle, c’est sans nul doute l’un de ses fils spirituels, l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui a pris le relais, ce que n’oublie pas de signaler François Roberday, à la suite de Pierre Pujo, par un article titré « C’est Védrine qu’il nous faut ! ». Il est vrai que son ouvrage récent, « Continuer l’histoire », conforte ceux qui ont compris Bainville et s’attachent à la place de la France dans le monde : « En relisant le bref essai de politique étrangère qu’Hubert Védrine a publié au début de l’année 2007 (…) on se dit qu’avec son auteur, la France pourrait bénéficier des services d’un véritable homme d’Etat pour tout ce qui concerne les Affaires étrangères. Et ce ne serait pas un luxe dans l’obscurité des temps où nous sommes. (…) Dans la grande tradition capétienne et, sous certains aspects, gaulliste, ce diplomate d’exception ne se place nulle part ailleurs que du côté des rapports de force et des possibilités concrètes. Indifférent aux modes et aux intérêts du temps, il sait que l’invocation d’une « moralité supérieure » cache souvent des égoïsmes féroces.» Des accents qui résonnent évidemment familièrement à des oreilles habituées aux leçons maurrassiennes de « Kiel et Tanger »… : « Partisan d’un retour à une « conception classique de la politique étrangère », Hubert Védrine voit des possibilités de manœuvrer et de grandir entre les empires pour une « nation moyenne » comme la France. Il observe que l’Angleterre et l’Allemagne ne s’en privent pas et se demande pourquoi nous devrions le faire au nom de l’Europe. Persuadé que la France a pour vocation d’être un « pays occidental fidèle à ses alliés dans les crises graves mais autonome et libre de ses mouvements dans tous les autres cas », il aimerait que son peuple et ses élites renoncent à la fois à leur vision angélique du monde et à leur tentation de se laisser netraîner dans « une politique américaine de « bloc » occidental. » » Ces articles d’actualité sont utilement complétés par des réflexions politiques sur notre histoire et ses leçons, en particulier celles signées par le rédacteur en chef Michel Fromentoux qui, depuis presque quarante ans, ordonnent les colonnes du journal et met les plumes en ordre de bataille. Ainsi, voici, dans la rubrique « cette année-là », l’heureuse date de 1638, celle de la naissance d’un enfant qui allait faire briller la Monarchie française au firmament, Louis-Dieudonné, plus connu sous son nom de règne : Louis XIV. Dans ce même numéro, Michel Fromentoux rend un bel hommage au dernier poilu français, Lazare Ponticelli, véritable modèle pour ceux qui n’oublient que, pour vivre, une nation doit savoir se défendre. C’est aussi une double page consacrée au dernier livre de Xavier Martin (Régénérer l’espèce humaine – Utopie médicale et Lumières, 1750-1850.) que signe le rédacteur en chef sous le titre « De la « Révolution guillotinière » à la philanthropie eugéniste » et qui montre combien les idées issues des Lumières ont entraîné une véritable « chosification » des êtres humains, sous le couvert de médecine et de progrès, et qu’elles sont à la base d’une attitude en définitive « épuratrice », voire exterminatrice des difformes ou des « impurs », y compris idéologiques… : « Rien n’est innocent dans le langage : assimiler la nation à un organisme revient évidemment à parler de ses imperfections comme de maladies qu’il faut neutraliser, voire extraire, afin de ragaillardir le corps, de le « régénérer. Là est le maître-mot de la décennie [révolutionnaire]. (…) Qui dit régénération ne sous-entend évidemment pas médecine douce. Mais la Révolution alla plus loin : c’est « ontologiquement » qu’elle se fit « guillotinière », selon l’expression du conventionnel (et médecin !) Baudot, lequel se déclarait prêt à faire guillotiner le quart de la population alsacienne, dont un bon contingent de juifs…  ». L’évocation du docteur Cabanis (1757-1808) attaché à la « perfectibilité de l’homme » : « L’hygiène et l’éveil des sens, autant que l’éducation et les techniques de manipulation, fêtes civiques et uniformes, devaient rapprocher toujours plus l’homme d’un « type parfait ». Mais cet homme était appelé à s’épanouir au sein de masses, de collections, d’agglomérats donc d’abstractions, seules pouvant exister dans un monde qui condamnait les communautés naturelles comme non naturelles. (…) Vouloir créer un type parfait d’homme (les « hommes supérieurs » rêvés par Helvétius) et en même temps ne parler que d’hommes en troupeaux, cela peut sembler contradictoire. La solution de Cabanis est éclairante sur les futures réformes de l’enseignement en France jusqu’à nos jours. Il s’agissait en fait, explique M. Martin, d’un « parfait type moyen » réunissant en lui la meilleure « intelligibilité » (savoir en somme exceller dans la moyenne, se comporter, selon Cabanis, « de manière optimale » dans la moyenne…) et la meilleure « gouvernabilité », autrement dit la docilité. Il était bien entendu qu’il n’y aurait nulle place pour la fantaisie dans cet univers de remodelage, tout juste bon pour des « robots supérieurement téléguidables » - les hommes aujourd’hui sans visage de la « pensée unique »… Ce que les utopistes de la Révolution et du Consulat n’ont pas su créer parce qu’ils finirent par faire peur, les idéologues de notre temps, capables de la manière soft, ne sont-ils pas en train de le réaliser ? » Un article passionnant qui donne envie d’en savoir plus long et de se précipiter sur ce livre de Xavier Martin. En feuilletant ce journal au titre désormais centenaire, de nombreux autres articles retiennent l’attention et montrent combien l’AF reste une école politique tout à la fois de raison (et de « raisons »…) et de passion, celle pour la France qui jamais ne doit s’éteindre au risque d’entrer dans le monde glacé des apparences et des hypocrisies. Barrès peut bien hausser les épaules mais, s’il revenait, il constaterait que la fidélité des monarchistes pour la France reste l’une de ses dernières chances « d’être et de durer »…

Banderole anti-ch'tis.

Une rencontre de balle-au-pied est souvent l’occasion de débordements, et c’est aussi un révélateur des problèmes de notre société, de ses conflits internes, de ses errements parfois : ainsi la finale de la coupe de la ligue, samedi 29 mars, qui opposaient l’équipe du Paris Saint-Germain à celle de Lens. Une immense banderole salement injurieuse pour les Nordistes, plus connus aujourd’hui sous le nom de Ch’tis  grâce au film de Dany Boon, a été déployée dans les travées du stade par des partisans du PSG, provoquant une saine colère des responsables sportifs et politiques présents et une poussée de fièvre du maire de Lens et de ses collègues du Nord.

 

Cela faisait suite aux très violents incidents survenus dans un cadre qui n’avait rien de sportif sur l’île de Mayotte, dans l’archipel des Comores, île qui est française et a refusé, dans les années 70 et par référendum, une indépendance que les autres îles des Comores ont approuvée et dont elles ne cessent, depuis, de se mordre les doigts. Là-bas, jeudi dernier, des manifestants d’origine anjouanaise (selon les autorités locales mahoraises) se sont livrées à une véritable « chasse aux Blancs » qui visait les Français de métropole, au motif que le gouvernement français avait exfiltré le président de l’île voisine d’Anjouan renversé la veille par des troupes venues de la Grande Comore. Plusieurs métropolitains ont été blessés, certains grièvement, et l’ambiance sur cette île pourtant calme d’ordinaire est désormais lourde de menaces.

 

Dans ces deux événements, c’est la France qui est visée et touchée, et en particulier son unité et son caractère de « composé » souligné par Jacques Bainville il y a presque un siècle dans sa magistrale « Histoire de France ». Si la réponse peut être la répression, ce n’est qu’une réponse insatisfaisante et à court terme. La vraie réponse est politique et c’est l’Etat qui doit reprendre l’initiative en rappelant que la France est plurielle et qu’elle est, en même temps, une unité au-delà des différences, qu’elles soient ethniques, linguistiques ou religieuses. C’est parce que l’Etat ne sait plus incarner la parole et l’unité du pays que de tels actes « séparatistes », de haine et de bêtise, sont possibles. Et, à force de vanter à tout crin « l’Europe, l’Europe, l’Europe », on a oublié ce qui constitue encore la meilleure médiation entre les hommes de l’hexagone et de son outre-mer, leurs appartenances familières et « identitaires » et l’universel : la nation française, son histoire, son être éminemment politique…

 

Les « séparatistes » parisiens comme les clandestins anjouanais (ces derniers qui confondent la France et « les Blancs ») méritent une réponse politique ferme qui ne soit pas que « théorique » : mais on ne reconstituera pas le rideau déchiré de notre unité par quelques paroles, il y faut aussi une forte volonté politique et, surtout, beaucoup d’amour, voire de la passion, celle que Bernanos éprouve quand il parle de la France, notre pays, celui qui est riche de ses diversités et fort de son unité particulière, celle que l’histoire a forgée au fil d’un millénaire… Sans amour, la France n’est plus…

 

30/03/2008

Financer l'école.

Depuis quelques jours, plusieurs lycées de la région parisienne sont régulièrement bloqués par des élèves et, parfois, des professeurs, comme au lycée Jean-Monnet de La-Queue-lez-Yvelines ou au lycée Condorcet de Limay. Cet accès de fièvre s’explique par les suppressions nombreuses de postes d’enseignants, mais aussi parfois d’assistants d’éducation et de CPE, décidées pour des raisons budgétaires par le Ministère de l’éducation nationale. Mais ces mesures s’inscrivent souvent dans une logique plus comptable que pédagogique, et signifient, pour ce qui est des classes de langue, des effectifs d’une trentaine d’élèves là où ils étaient une vingtaine auparavant : pas facile dans ces conditions de faire progresser le niveau linguistique dans notre pays dont les « décideurs » ne cessent pourtant de moquer le « retard » en ce domaine.

 

Dans cette affaire, on se heurte à plusieurs difficultés, en particulier financières : comment continuer à payer pour l’enseignement public dans un Etat qui avoue un déficit de plus de 1.000 milliards d’euros ? Ainsi le problème du financement est-il le plus déterminant dans la prise de décision du Ministère et dans ses arbitrages, souvent cruels et, plus grave encore, injustes. Que proposer ? Un impôt nouveau et circonstanciel pour financer l’école des prochaines années, comme il a existé un « impôt sécheresse » certaines années de canicule ? Après tout, pourquoi ne pas faire appel à la solidarité nationale pour cette cause d’importance ? Mais la contestation risque d’être vive dans une population qui, aujourd’hui, peine à amortir le choc de l’inflation et à surmonter le sentiment (qui rejoint d’ailleurs la réalité…) d’une érosion du pouvoir d’achat. D’autre part, j’ai pu constater que, en de maints endroits, les professeurs ne sont guère populaires, accusés parfois des pires maux et de tous les défauts de l’Education nationale. Aussi, un tel impôt risquerait bien de « plomber » un peu plus les relations entre les citoyens et les enseignants…

 

Une autre proposition (je préfère employer ce terme à celui de « solution », peut-être trop présomptueux) serait de taxer les « stocks option » des grandes entreprises ou les bénéfices boursiers pour aider au financement de l’école, mais certains évoqueraient alors « l’inquisition fiscale » et le risque de « fuite des capitaux » pourtant nécessaires à l’économie française : doit-on, peut-on en prendre le risque ? Au risque de passer, à tort, pour un odieux « collectiviste », ma réponse est clairement positive. Mais je l’accompagne d’une nuance ou, plutôt, d’un complément, d’une condition : une telle taxe doit être expliquée et être aussi l’occasion de repenser les rapports du monde de l’entreprise et de la finance avec l’école. Pourquoi ne pas penser une plus grande implication des acteurs économiques dans les structures mêmes de l’Education nationale, par le biais de partenariats et de financements d’origine privée de certaines activités scolaires, comme les « classes à projets » ou les voyages scolaires ?

 

Bien sûr, certains qui veulent plus d’argent pour l’école mais se crispent sur l’idée, aujourd’hui peu crédible, d’un financement uniquement « public », vont hurler à la mort contre cette dernière proposition (j’en ai d’autres, encore plus « choquantes », et je n’en suis pas désolé…) en évoquant l’entrée du loup dans la bergerie. Dois-je leur rappeler que la principale exigence des parents d’élèves à l’égard de l’école est d’assurer à leurs enfants une insertion la plus profitable possible dans le monde professionnel, celui-là même dont je demande l’intervention, ou l’implication dans le financement des établissements et activités scolaires ? Il ne s’agit pas de faire des collèges et lycées des annexes des entreprises mais de trouver un moyen réaliste et pérenne de financer leur fonctionnement et leur développement, sous le double contrôle des conseils d’administration et de l’Etat. J’ai là aussi quelques idées sur l’organisation des structures à mettre en place dans ce cadre.

 

Cette proposition n’en est qu’une parmi beaucoup d’autres que je pourrai faire, ayant (depuis quelques années) beaucoup réfléchi sur ce sujet et, surtout, ne voulant pas critiquer sans proposer, attitude qui me semble contre-productive et stérile. Mais je constate que cette proposition de plurifinancement de l’école, idée que je défends depuis près de 25 ans (de l’Université à l’enseignement, mes tracts depuis 1982 en faisant foi…), avec des aménagements selon les cadres envisagés et les conditions contemporaines, a encore du mal à être acceptée par certains syndicats ou partis qui voudraient, semble-t-il, « le beurre et l’argent du beurre » en oubliant que l’argent ne tombe pas du ciel et qu’il nous faut penser au meilleur moyen de concilier l’intérêt public et les fonds publics…

 

Cela étant, dans l’urgence actuelle, il me semble nécessaire de rappeler au Ministère et à l’Etat actuels que l’éducation justifie des moyens importants et que l’on se batte intelligemment pour elle sans rogner tout le temps sur ce qui est la condition d’avenir de notre pays : la principale richesse de la France c’est la « matière grise » et la négliger serait criminel. En détruisant des postes et en « désarmant l’école » au lieu de la dégraisser et de la muscler, la République sarkozienne (qui reste bien la République, quoiqu’en disent certains qui semblent oublier le sens des mots) étouffe l’enseignement. Desserrer cette mortelle étreinte s’impose : mais, soyons prudents, car s’agiter dans le désordre et la panique risque d’étrangler un peu plus ce qu’il s’agit de sauver…