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20/03/2009

Je n'ai pas fait grève, mais...

Ce jeudi, je n’ai pas fait grève et j’ai travaillé comme d'habitude : 7 heures de cours ; 2 heures de préparation de cours ; 2 heures de conseil de classe...
Mais, lorsque j'entends certains privilégiés du CAC 40 (je ne parle pas des petits actionnaires ou des patrons de PME) parler de "solidarité" aux ouvriers et fonctionnaires alors que, dans le même temps, ils menacent de s'exiler, fiscalement parlant, pour échapper à leurs devoirs sociaux, je m'indigne : l'égoïsme des grands est un vrai scandale et ce chantage au départ me navre et m'encolère. J’en ai déjà parlé dans ma précédente note, je n’y reviens pas.


Dans son histoire, ce que l’on appelle la Droite sociale (née dans les rangs des monarchistes légitimistes comme Albert de Mun, Villeneuve-Bargemont, Mgr Freppel, ou La Tour du Pin...) n'a cessé de dénoncer ces injustices qui, aujourd'hui, sont d'autant plus scandaleuses qu'elles condamnent les plus faibles au chômage et à la désespérance sociale. Or, la Droite actuelle semble avoir oublié cet héritage social dans lequel le mot de "justice" avait une grande part...


D'autre part, Mme Parisot a-t-elle conscience que ses propos peu amènes, voire indignes (parce que trop manichéens) contre les syndicats et les grévistes (coupables, selon elle, de fragiliser un peu plus l’économie du pays, ce qui est largement exagéré au regard du système économique et de sa crise présente…) ont révolté jusqu'aux plus modérés, croyant y percevoir (à raison ?) une attaque directe contre le droit même de grève ?

 

En tout cas, cette manifestation de colère du jeudi 19 mars, peut-être vaine, a été l'occasion pour beaucoup de salariés de faire entendre au "pays légal" les inquiétudes et le ras-le-bol du "pays réel" (selon la distinction de Charles Maurras). Néanmoins, il ne faut pas se tromper : qu’on le regrette ou non, cette manifestation tient plus du défoulement collectif que de la proposition constructive. Mais n’est-il pas du devoir des politiques de fonder des réponses concrètes aux angoisses du monde du travail ou, au moins, de savoir écouter les colères qui montent au sein des salariés aujourd’hui désorientés ? Cela ne veut pas dire céder à la démagogie et oublier de responsabiliser les uns et les autres, mais cela signifie rappeler aux forces économiques qu’il ne peut y avoir de bonne économie sans le souci de la justice sociale et le respect des équilibres environnementaux.

 

17/03/2009

La République des égoïstes...

Le jour même où rebondit le débat sur le fameux « bouclier fiscal » et où les nouvelles sociales sont mauvaises, avec de nombreux emplois qui disparaissent (aujourd’hui, des dizaines de licenciements annoncés chez Nokia-France), Bernard Tapie touche un chèque de 101 millions d’euros, 3ème chèque depuis l’été… Bien sûr, les impôts, le remboursement des dettes, les honoraires des avocats, etc., vont ramener les gains de M. Tapie à des proportions moins importantes mais pas moins scandaleuses sur le fond comme sur la forme. J’ai déjà évoqué sur ce blogue ce qui me paraît un véritable scandale d’Etat (signalé aussi comme tel par un article estival du « Nouvel Observateur ») : je n’y reviens pas. Mais la collision des annonces de licenciements et de ces millions versés à ce monsieur Tapie, véritable aigrefin financier comme politique, me semble fort symbolique et révélatrice d’une République dans laquelle les émules de Georges Danton, celui-là même qui aimait trop l’argent au point d’en abandonner le Pouvoir pour mieux en jouir, dominent et paradent.

 

Toujours ce mardi, « La Croix » titre, en page 11 : « l’UMP récuse l’idée de taxer les « très hauts revenus » ». Ainsi, à peine évoquée par Pierre Méhaignerie (que j’ai jadis affronté lors d’une élection partielle à Rennes-Est-Vitré : souvenirs, souvenirs…), la proposition de la création d’une « contribution exceptionnelle portant sur les revenus supérieurs à 300.000 euros par an », pourtant intéressante à défaut d’être originale, a été balayée d’un revers de main par Frédéric Lefebvre, porte-parole du parti sarkoziste, comme son maître allait ce même mardi récuser toute idée de suspendre, même provisoirement, ce « bouclier fiscal » pourtant si mal compris et si malvenu en ces temps de crise. L’argument utilisé par le président et ses vassaux m’agace au plus haut point : il est de dire que les plus riches risquent de quitter la France avec leur précieux magot et donc de priver le fisc français de quelques revenus…

 

Mais de qui se moque-t-on ? Si ces fortunes françaises partent de France, se refusant à toute solidarité avec leurs concitoyens, cela prouve l’égoïsme de ces hauts revenus mais aussi la perte du sens national, pourtant première solidarité des Français entre eux. Il est vrai qu’à force de vanter les mérites du libre-échange à tout vent et à tout va, c’est la solidarité elle-même qui a disparu, chacun préférant profiter sans entraves… Ce qui m’énerve le plus, c’est d’entendre ceux qui donnent des leçons d’économie du haut de leur suffisance et demandent aux ouvriers de faire des efforts, pousser des cris d’orfraie dès que l’Etat se propose de « moraliser le capitalisme » ou qu’il réclame un peu plus de considération pour les travailleurs ou, même, lorsque ce même Etat demande aux entreprises de ne pas délocaliser, prétention alors qualifiée de « protectionniste » (nouveau chiffon rouge des libéraux…) !

 

Dans l’économie, il faudrait un peu plus de morale, sans doute : mais, aujourd’hui, faute de voir cette morale éclore naturellement au sein du monde des grands patrons et, surtout, des grands actionnaires, il est nécessaire que l’Etat prenne ses responsabilités, au risque de se mettre à dos quelques hauts revenus qui, de toute façon, ne feront jamais aucun effort de solidarité par eux-mêmes, ce que soulignait déjà dans les années 1880 le royaliste La Tour du Pin… Et priver de leurs droits civiques quelques récalcitrants à l’impôt, cela est tout à fait possible à un Etat digne de ce nom. Le problème, c’est que la République est aujourd’hui (comme hier, d’ailleurs) le règne des Fouquet, des Danton ou des Tapie

 

Décidément, au regard de l’actualité et relisant actuellement les discours d’Albert de Mun sur « la question sociale », je suis de plus en plus confirmé dans mon royalisme face à cette République des puissants et des féodaux, ce régime des égoïsmes financiers et cette religion du Seigneur Argent. Et ce n’est pas l’aveuglement et l’arrogance d’un président qui a perdu tout sens commun qui va me faire changer d’avis, au contraire !

15/03/2009

Ne plus subir la crise, mais la dépasser.

Alors que je dînais ce dimanche soir dans un petit restaurant de Versailles, j’ai surpris la conversation de mes voisins de tablée qui portait sur leur avenir professionnel : à les entendre, celui-ci était bien sombre… Mais l’ironie du sort voulait qu’ils soient amenés à travailler pour former ceux qui allaient les remplacer, non pas en France mais en… Inde ! En fait, ils n’avaient pas le choix : ils étaient payés tant qu’ils travaillaient et c’était leur dernier travail au sein de l’entreprise (une multinationale), travail qui devait durer encore quelques mois avant que leur boîte ne délocalise ses activités de dessin industriel…

 

Terrible logique d’un capitalisme toujours à la recherche du moindre coût et du meilleur profit, sans beaucoup d’égards pour ceux qui, pourtant, sont à l’origine de la création de valeurs, de richesses : il y a de quoi se révolter !

 

Je pense que cette histoire malheureusement vraie (on aimerait que ce soit juste un scénario de film…) n’est pas unique : cela marque aussi, au-delà du drame social, combien un libéralisme « sans frontières » profite surtout à cette « fortune anonyme et vagabonde » qui ne s’embarrasse guère des personnes, considérées comme de simples pions interchangeables ou de petites variables d’ajustement. Ce qui est le plus agaçant, c’est que les mêmes qui tiennent de grands discours moraux sur l’économie et sur la nécessaire « sagesse des salariés » s’en viennent dénoncer les « réactions protectionnistes » beaucoup plus vertement que les licenciements spéculatifs, en définitive acceptés pour ne pas « gêner la relance » comme l’affirmait un « expert » il y a quelques jours sur une chaîne de radio économique… Il y a des coups de pieds au derrière qui se perdent, me semble-t-il !

 

Cela étant, après ces remarques, que faire, que proposer ? Sans doute faut-il favoriser le renforcement et la création de petites et moyennes entreprises qui reprennent en leur sein ces techniciens, ingénieurs, chercheurs, etc. qui sont notre capital économique en définitive le plus précieux, cette matière grise qui reste notre meilleur atout dans les tempêtes qui s’annoncent et, déjà, soufflent fort sur notre société. Il serait dommage de ne pas utiliser toutes ces compétences rendues disponibles par la spéculation des grands groupes et qui, aujourd’hui, cherchent à s’employer.

 

Le statut de « l’auto-entrepreneur » est aussi un moyen à exploiter, une chance supplémentaire à saisir : c’est même une des rares initiatives intéressantes mises en place par l’actuel gouvernement.

 

Ainsi, la crise, qui revêt souvent les habits sombres et sanglants de la tragédie sociale, peut permettre, a contrario, un renouveau de l’initiative privée mais aussi collective : le rôle de l’Etat, mais aussi des Régions et des Communes, c’est de promouvoir cette réaction des volontés et des compétences, de les soutenir, éventuellement de les coordonner sans pour autant tomber dans l’étatisme stérile et paralysant. En somme, remettre la France au travail, non plus en attendant des indemnités, mais en suscitant « le désir de faire », la reprise en main de leur destin par tous ceux qui ne veulent plus subir les oukases des actionnaires ou des multinationales. Pour que les travailleurs redeviennent propriétaires de leur métier !

 

Les chantiers possibles sont immenses : ouvrons-les, maintenant !