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06/01/2010

Le principe de nationalité dans la monarchie française.

Le principe de nationalité, s’il n’apparaît pas sous ce vocable dans les lois fondamentales du royaume, est en fait consubstantiel à l’histoire et à l’essence même de l’Etat en France, et cela depuis les origines de celui-ci, au moins depuis l’élection du robertien Hugues Capet en 987 : cela tient à la volonté de ce dernier d’écarter les prétentions des derniers carolingiens encore hantés par l’idée impériale et de placer le domaine public hors des liens de vassalité. Désormais, le roi ne se pense pas comme « suzerain » mais comme « souverain », sur un territoire d’ailleurs plus réduit que celui sur lequel il a autorité sur des vassaux, mais qui est le point de départ de la construction de l’unité française.

 

Il est d’ailleurs significatif et révélateur que, sous le règne de Philippe Auguste, le « rex francorum » devient réellement et titulairement « roi de France », changement qui n’est pas anodin car il n’est plus de caractère « ethno-culturel » (les Francs) mais « stato-territorial » (la France).

 

Dans les siècles qui suivirent, le recours à la loi salique pour écarter les femmes du trône n’a comme véritable motivation que d’empêcher des « étrangers » à la France territoriale de monter sur ce trône « national » français : la « geste héroïque » de Jeanne d’Arc est la manifestation concrète de l’assimilation populaire de cette « nécessité d’appartenance nationale » du souverain à la terre et à la continuité du royaume de France, ce qui réduit à néant les prétentions anglaises, de nature encore féodales.

 

De plus, si le roi, traditionnellement, doit être « de la terre de France », cela lui permet d’épouser (c’est presque une obligation politique ou diplomatique…) une femme d’origine étrangère qui se « nationalise » par son mariage avec le monarque, même si elle peut être en butte à une certaine défiance populaire (voire une certaine xénophobie…) à l’égard de ses origines, comme ce fut le cas pour Marie-Antoinette née Autrichienne…

 

« Terre et roi ne font qu’un », formule valorisée par le film Excalibur de John Boorman, résume, d’une certaine manière, ce principe de nationalité que les légistes médiévaux n’ont pas jugé utile (car naturel à leurs yeux) de théoriser plus avant : il est vrai aussi que la « Nation » n’est pas encore devenue une théorie mais est alors vécue par les rois à travers leur propre histoire dynastique et l’incarnation par leur propre personne de l’Etat, et ressentie par les peuples eux-mêmes à travers leurs communautés et traditions.

05/01/2010

L'indécence des fonctionnaires européens.

Les institutions de l’Union européenne comptent environ 50.000 fonctionnaires pour les servir : ceux-ci font aujourd’hui pression et menacent de faire grève pour obtenir 3,7 % d’augmentation de salaire alors que les Etats (qui les payent…) invoquent la crise pour limiter cette augmentation à environ 1,8 % ce qui, en soi, n’est pas illogique ni scandaleux.

 

Mais rien n’y fait et les 50.000 eurocrates ne veulent rien entendre : plutôt paradoxal et même agaçant alors que ce sont ceux-là mêmes qui sont chargés de faire appliquer les règles de réduction des déficits des comptes publics des Etats membres ! Ce sont ceux-là mêmes qui font appliquer des règles parfois absurdes dont les salariés de la fonction publique (française, entre autres) sont les victimes… Ceux-là mêmes qui condamnent les « privilèges » des fonctionnaires nationaux…

 

Leur attitude est d’autant plus choquante que tous les appels à la raison et même à la simple décence ont été traités par le mépris, comme si ces eurocrates formaient désormais une « caste » oublieuse de ses devoirs et plus prompte à réclamer qu’à servir… Si ces fonctionnaires-là, qui devraient être exemplaires, se comportent ainsi, n’est-il pas permis aux Etats de réagir et de faire reconnaître que, en définitive, ces eurocrates ne seraient rien sans ces Etats qui les payent, qui les entretiennent ?

 

Ce qui est certain, c’est que si les Etats cédaient aux eurocrates sur la question salariale, il leur serait difficile, ne serait-ce que pour des raisons d’équité, de ne pas entendre les revendications des fonctionnaires nationaux, qu’elles soient ou non justifiées… De quoi aggraver encore les déficits publics, les mêmes que les fonctionnaires européens aujourd’hui revendicatifs sont chargés de traquer !

 

Le serpent se mord la queue…

02/01/2010

De Mao à Maurras ? (partie 2)

« Mao ou Maurras ? » : cette interrogation, ce dilemme pourrait-on dire, donna lieu au début des années 70 à un livre-débat entre le maoïste Philippe Hamel et le royaliste Patrice Sicard, et l’on pouvait alors constater que, au-delà des oppositions visibles et des bagarres de rue (ou plutôt de campus…) entre étudiants d’AF et jeunes maos, le débat était effectivement possible et que quelques similitudes entre les diagnostics et les espérances des uns et des autres se faisaient jour… Il y eut d’ailleurs, dans ce même temps, des passages d’un camp à l’autre, et, quelques années après, des « retours » à la « maison mère » pour ceux qui avaient, un temps, préféré la lecture du « petit livre rouge » à « l’enquête sur la monarchie » : Jean Birnbaum, dans son livre « Les maoccidents », évoque le cas de Guy Lardreau qui, en 1961, demandait à ses camarades de lycée d’arborer une cravate noire à la date anniversaire de la mort de Louis XVI avant de devenir un des plus virulents militants maoïstes de la « Gauche Prolétarienne »…

 

C’est la rencontre avec le philosophe Maurice Clavel, catholique fervent et, selon Birnbaum, « ancien maurrassien et désormais ange gardien des maoïstes », qui semble déterminante pour expliquer l’évolution ou le retour (pour Lardreau, par exemple) vers Maurras et la « Contre-révolution » : « Jugeant que les uns et les autres étaient porteurs d’un même élan, il avait présenté les naufragés de la Gauche prolétarienne, qu’il qualifiait de « Chouans », à quelques jeunes royalistes qui lui apparaissaient comme des « gauchistes de droite ». ». Il est vrai que le refus de la société de consommation et de l’individualisme pouvait rapprocher les partisans de Mao et ceux du royalisme, encore fortement marqués par la figure tutélaire de Maurras, celui-là même qui avait fourni aux monarchistes du XXe siècle une véritable doctrine et fondé une école de pensée qui se voulait l’héritière critique et moderne des Joseph de Maistre et Louis de Bonald.

 

Maurice Clavel, célèbre pour son fameux cri « Messieurs les censeurs, bonsoir ! » un soir de débat télévisuel, avait entamé, dès les années 60, un débat prometteur avec Pierre Boutang, « fils spirituel » (mais « dissident » ou « prodigue », selon les interprétations) de Maurras, débat qu’il avait poursuivi avec les jeunes monarchistes « post-maurrassiens » de la Nouvelle Action Française dans les années 70. C’est ce même Clavel qui demandait aux maoïstes de ne pas négliger l’œuvre de Maurras et qui leur conseillait de rencontrer Boutang !

 

Les conseils de Clavel ont sans doute permis de lancer des ponts entre Mao et Maurras, au point de voir certains anciens maoïstes regretter la place si minime laissée à ce dernier dans la réflexion contemporaine : ainsi, Christian Jambet, aujourd’hui spécialiste reconnu de l’islam, et le philosophe Jean-Claude Milner… Sans doute est-ce le fait que Maurras remette en cause les fondements mêmes de la société issue de la Révolution de 1789, son « droit-de-l’hommisme » négateur des diversités provinciales ou communautaires, la « mort du Père » qu’elle entraîne (concrétisée politiquement par l’exécution du roi en janvier 1793), etc. qui attire des maoïstes qui n’avaient épousé la cause de Mao que par la volonté de rompre avec une société figée dans son individualisme consumériste, oublieuse de l’histoire de ceux qui l’avaient précédée et devenue ce monde marchand où la pensée devient un « détail » presque superflu, ce monde « a-révolutionnaire » qui singe la révolution pour mieux la stériliser

 

Pierre Chaunu disait que Maurras en finissait, par sa doctrine et la pratique de sa polémique, avec les « salamalecs » à l’égard de « 1789 » et de la « politique de la table rase », et qu’il rompait  avec les fondements mêmes du « grand déclassement » : c’est sans doute cette rupture-là qui a pu attirer des maoïstes désireux de rompre, eux aussi, avec « L’Occident des Lumières » : « La cible ultime s’appelle Occident moderne. A cet Occident-là, issu des Lumières, qui prétend débarrasser l’individu des contraintes de la tradition, ils en opposent un autre, respectueux de son héritage, et qui affirme le primat de la communauté culturelle. Etre d’Occident, ici, ce n’est pas appartenir à une même ethnie, encore moins à une même « race », c’est partager des symboles, incarner une langue, reconnaître les événements spirituels par quoi cette civilisation s’est construite : miracle grec, droit romain, éthique biblique, révolution chrétienne, voire pensée libérale. (…)

C’est donc admettre qu’on n’échappe pas à son héritage, accepter la toute-puissance de l’origine, l’absolue suprématie du naître : « Notre société natale nous est imposée. […] Nous avons seulement la faculté de l’accepter, de nous révolter contre elle, peut-être de la fuir sans pouvoir nous en passer essentiellement », écrivait Maurras. « Vous aurez beau devenir sociologue, révolutionnaire, Juif réformé, vous ne changerez rien à ce fait foncier, fondamental, initialement et destinalement : vous êtes nés, du début jusqu’à la fin », prévenait de son côté Benny Lévy, dont les textes sont maintenant lus avec une bienveillante attention par certains héritiers de l’Action française, et en particulier par les élèves de Pierre Boutang. »

 

 

(à suivre)