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29/12/2009

De Mao à Maurras ? (partie 1)

En 1975, quelque part dans Paris, un événement politique plutôt insolite eut lieu qui devait marquer les esprits de quelques uns de ses participants : une réunion publique favorable à l’indépendance nationale du pays fédéra gaullistes de gauche, royalistes néomaurrassiens de la Nouvelle Action Française et… maoïstes ! Cette rencontre n’eut pas de lendemain, mais elle avait aussi donné lieu à des retrouvailles entre des militants de la NAF et certains ex-monarchistes passés chez les « Chinois » comme on appelait parfois les « maos » : ainsi, l’animateur de la feuille « Lys rouge » des années 70-71, Christian M., qui, de la monarchie populaire et de la révolution royaliste avait abouti à la révolution prolétarienne et au culte du président Mao, côtoyait-il à nouveau, un peu confus, ses anciens camarades fleurdelysés…

 

Aujourd’hui, à part Alain Badiou, les maoïstes ont disparu, au moins politiquement, mais leurs parcours personnels continuent de passionner chercheurs et curieux de la chose politique. Ainsi est-ce le thème d’un petit livre fort intéressant écrit par Jean Birnbaum et intitulé « les Maoccidents » : il est d’autant plus intéressant qu’il évoque à maintes reprises les royalistes et surtout la figure majeure de l’Action Française, Charles Maurras ! Gérard Leclerc y a d’ailleurs déjà consacré deux articles dans « Royaliste », le bimensuel de la Nouvelle Action Royaliste, héritière critique de la Nouvelle Action Française. Et il faut bien constater que le véritable titre aurait pu être « Vers Israël et Maurras, le chemin de paradis des maoïstes français »…

 

Le parcours de Benny Lévy, dirigeant charismatique de la Gauche Prolétarienne (« le » mouvement maoïste des intellectuels des années 70), est bien connu : devenu secrétaire de Sartre, il va bientôt devenir un des plus grands penseurs contemporains (sinon le plus grand) du judaïsme. La redécouverte de l’héritage juif, de sa richesse, de sa profondeur, marque une rupture avec ce maoïsme propalestinien des débuts qui s’est figé d’horreur avec la tragédie des Jeux olympiques de Munich, en 1972, qui entraîne la mort de plusieurs athlètes israéliens. Elle marque un retour à la Tradition et aux racines d’un peuple, de nature à la fois religieuses et historiques : n’est-ce pas là, toutes proportions gardées, un parcours que Maurras a, lui aussi, entrepris, comme nombre de ses disciples, au point de faire écrire à André Malraux : « Aller de l’anarchie à l’ « Action française » n’est pas se contredire, mais se construire. » ?

 

 

(à suivre)

25/12/2009

Noël à la maison de France.

La Monarchie royale n’est pas qu’une théorie, elle est aussi vivante, humaine, profondément humaine par son principe même, celui d’un Pouvoir, d’un Ordre (au sens le plus noble et mystérieux du terme) qui s’incarne véritablement en une famille, en une suite de pères et de fils, de mères et d’enfants. Elle est la vie, au risque des drames comme à celui des joies simples et des grands bonheurs…

 

Un très bel article de l’avocat Trémolet de Villers, paru dans « Présent » mercredi 23 décembre 2009 nous le rappelle à bon escient et rend à la Monarchie royale ce sens particulier que l’on oublie trop souvent dans cette société qui consomme et consume, cette société dans laquelle « paraître » est devenu un verbe péjoratif quand il était, jadis, lié à la naissance et à sa magie…

 

« J’ai vécu, l’autre jour, une expérience politique toute nouvelle, absolument insolite, et dont je pense sincèrement que peu de théoriciens de la chose publique, docteurs en sciences politiques ou professeurs de droit constitutionnel peuvent se vanter de l’avoir connue, comme ce fut mon cas.

 

Ecoutez plutôt. Je me trouvai, conduit par le jeu combiné d’un heureux hasard et d’une douce nécessité, de façon impromptue et sans aucune préparation psychologique, dans l’intimité familiale du Prince Jean, de son épouse Philomena et de leur enfant, le petit prince Gaston d’Orléans. Lorsque j’entrai chez eux, la princesse donnait le sein à son enfant et le tableau, si connu mais toujours émouvant, de la mère nourrissant son enfant emplissait la pièce d’une douceur familiale. Avec le naturel que ses amis lui connaissent, la princesse, m’ayant demandé si je voulais un café, me confia son précieux fardeau, pour aller chercher ce qu’elle m’avait proposé.

 

Je reçus ce bébé, qui comme tous les bébés, se blottit dans mes bras, et que je berçais pour qu’il oubliât qu’il n’était plus au sein de sa maman. Pendant que ses parents s’affairaient ailleurs, je promenais dans le salon ce petit bonhomme, (…) et je songeai que je tenais au creux de l’épaule l’héritier vivant, sous la forme d’un bébé, des quarante rois qui, en mille ans, firent la France. (…)

 

Pour prendre la tasse de café qui m’était servie, je rendis l’enfant à sa mère. Il s’en trouva manifestement mieux, car il n’avait pas fini son repas.

 

Quelques instants plus tard, le jeune monseigneur étant repu, sa mère, à nouveau, me proposa de le tenir. Ce que j’acceptai volontiers.

 

Etais-je une sorte de vieillard Siméon ? Etais-je simplement le grand-père que je suis ? Devais-je dire « Nunc dimittis. Domine » car mes yeux ont vu et mes bras ont tenu le salut temporel de mon peuple ? (…)

 

Sur le chemin du retour, je songeai à ces quelques instants si simples et, pourtant, si pleins de sens. Le royaume de France, le style français, la façon d’être, notre art politique, c’est cette simple, douce et chaleureuse beauté. Une jeune maman et son enfant, pendu à son sein. Tableau de toutes les familles. Image de toutes les tendresses. Plus qu’un symbole pourtant, puisque ce petit bébé, normalement, est appelé à devenir un Roi.

 

J’ai tenu dans mes bras, non pas le crâne découvert d’un très ancien roi de mon pays, mais le petit corps tout chaud de celui qui est appelé à être le roi de demain. L’avenir dont on parle tant pour n’en faire que des discours de mensonge, le seul avenir sérieux, celui qui ne ment pas parce qu’il nous dépassera, et, sauf accident, sera quand je ne serai plus, est là. La France qui continue, le Royaume de France qui se moque du temps et de la mort, c’est ce petit bébé, au creux de mon épaule.

 

Il n’y a aucune sentimentalité dans ce propos, qui est pure, chaleureuse et exacte réalité. Et il y a une infinie douceur… en même temps qu’une très respectueuse crainte. Car, qu’y a-t-il de plus fragile, de plus vulnérable, qu’un bébé ? Fragile et fort comme l’espérance. Démuni, abandonné au soin de ses parents, sans qui il meurt, et invincible dans sa force qui plie tout à ses besoins. Insigne faiblesse et autorité sans réplique, à la seule condition qu’on l’aime.

 

Autour d’un bébé, la vie n’est qu’amour, ou il n’y a plus de vie.

 

Telle est l’origine, tel est le rythme, tel est le sens de l’art politique royal, à la française. Ailleurs, je ne sais pas. Peut-être est-ce ainsi ? Je ne l’ai pas vu. Je n’y étais pas. Mais ce soir-là, à Paris, à deux pas du dôme des Invalides, dans la chaleur de ce jeune foyer, dans sa noble et douce simplicité, j’y étais. J’ai vu. J’ai senti. J’ai touché. Mes bras ont tenu, mes lèvres ont embrassé, mes yeux ont contemplé celui que sa naissance – et toute notre histoire – appelle à être le royaume de demain. (…)

 

Amour, famille, avenir, tradition, héritage, promesse, force, douceur, combien, souvent, ces belles réalités sont-elles devenues de pauvres mots ? Que n’a-t-on pas caché derrière ces abstractions ? « Lorsque l’enfant paraît… », les vanités s’estompent. Je ne parle même pas de liberté, égalité, fraternité, et, encore moins, de ce plus froid des monstres froids, la République. Je parle du lait, du sein, et du sourire attendri de la maman, du regard attentif et très doux de son père, de la paix que rayonnent ces trois êtres qui ne sont qu’un. (…)

 

La vie en vrai est là. Le Royaume de France est là. L’Etat, celui qui porte, assume, incarne notre destinée et notre avenir, notre promesse, en ce Noël de l’an de grâce 2009, c’est le tout petit prince enfoui dans la tendresse de sa maman et que contemple, attendri et vigilant, le prince de la France, son papa. C’est le tableau de nos familles, de chacune d’entre elles, riche ou pauvre, du Nord, du Centre, de l’Est, de l’Ouest ou du Midi. C’est le vrai visage de l’espérance, et, beaucoup plus qu’une égalité, une réelle communion. »

 

Noël à la Maison de France, Noël pour la France…

 

 

23/12/2009

Panne d'électricité.

Lundi après-midi, une partie de la Provence a été privée d’électricité durant plus d’une heure, suffisamment longtemps pour désorganiser la vie locale et surtout commerciale au-delà de ce temps de coupure électrique : il est vrai qu’aujourd’hui, tout est électrique, des balances aux distributeurs de monnaie, des réfrigérateurs aux « cartes bleues », des ordinateurs aux moyens de chauffage… Cette dépendance extrême de notre société à l’électricité peut s’avérer problématique, en particulier en ces temps de grand froid ou de « disette énergétique », au moment aussi où l’on cherche à diminuer l’impact des activités humaines sur l’environnement. Notre société est énergivore, voire « énergivorace », mais sait-elle encore exploiter les énergies naturelles, animales ou humaines, autres que fossiles ? Poser la question c’est déjà, en partie, y répondre…

 

Ce n’était pas, ce lundi, une panne mais bien un délestage volontaire pour éviter de « faire sauter le système » de tout le sud de la France : car la Provence, comme la Bretagne, ne produit pas l’électricité qu’elle consomme, et constitue ce que les spécialistes appellent une « péninsule électrique », presque totalement dépendante de l’extérieur pour ses besoins en électricité. Si l’on prend le cas de la Bretagne, celle-ci produit seulement 7 à 8 % de son électricité consommée, ce qui est évidemment problématique et peu viable à terme, un terme d’ailleurs de plus en plus proche…

 

Devant cette situation, que faire ? Là encore, il n’est pas de réponse unique mais un faisceau de réponses qui, par leur conjonction et soutien mutuel, peuvent permettre d’améliorer la situation et d’envisager l’avenir plus sereinement.

 

Tout d’abord, et tout simplement, économiser l’électricité : les appels du RTE (Réseau de transport d’électricité) de la semaine passée à destination des Bretons ont permis de faire baisser la consommation de 1 à 1,5 % aux heures de pointe et d’éviter la mésaventure provençale de lundi dernier. Cela étant, cela reste encore bien modeste et il semble utile de repenser le rapport des sociétés et des consommateurs à l’électricité : une attitude plus sobre s’avère nécessaire et peut d’ailleurs permettre de dégager un peu plus de pouvoir d’achat pour les foyers économes en allégeant la facture électrique. De multiples conseils pour parvenir à cette sobriété (qui n’est pas la privation !) sont aujourd’hui fournis par les organismes étatiques et les associations environnementales sans qu’il soit besoin ici d’y revenir maintenant.

 

Mais, au-delà, il faut mettre en place de nouveaux moyens de permettre l’indépendance énergétique (ou « la moindre dépendance ») des régions de Bretagne et de Provence.

 

S’il semble aujourd’hui délicat de construire une nouvelle centrale marémotrice en Bretagne (celle de la Rance, près de Saint-Malo, permet à elle seule de produire 3 % de la consommation électrique bretonne, ce qui n’est pas rien !), utiliser les mouvements des vagues pour produire de l’électricité peut être une piste (déjà exploitée par l’Ecosse, me semble-t-il), tout comme l’installation d’éoliennes au large des côtes ou d’hydroliennes sous l’eau, entre autres ! La Bretagne, comme la Provence, sont des régions côtières ou les énergies du vent comme des courants marins peuvent être utilement exploitées, des énergies qui ont l’avantage d’être éternellement renouvelables même si, à l’heure actuelle, elles nécessitent des équipements encore lourds et que ceux-ci doivent s’intégrer dans les paysages et non les défigurer comme c’est trop souvent le cas pour les immenses pylônes des éoliennes, si peu esthétiques ! On peut aussi évoquer l’énergie solaire, en particulier pour la Provence…

 

Ce qui est certain, c’est que l’occasion est offerte par l’actualité (et par la nécessité !) d’entamer une véritable mutation des modes de production électrique, vers une production plus propre d’une part, plus renouvelable d’autre part. C’est aussi le moment de repenser nos propres modes de consommation et nos capacités d’indépendance et de proximité énergétiques, pour préparer un avenir moins « fossile »…

 

Cette occasion sera-t-elle prise ? Il faut le souhaiter mais cela remet en cause quelques habitudes et quelques intérêts… Là encore, le Politique a le devoir d’intervenir, non par un étatisme étouffant, mais par l’impulsion et l’encouragement : or, la République, piégée par un système électoraliste qui empêche le long terme et corrompt le présent, peut-elle mener cette « révolution énergétique » ? Ne risque-t-elle pas de céder aux sirènes de la démagogie et de « l’immédiateté » qui lui font oublier d’imposer les intérêts des générations futures aux égoïsmes consuméristes du présent ? Il ne s’agit pas de tomber dans le piège d’une « écologie punitive » mais de permettre l’inscription dans la durée du Bien commun. Là encore, la République souffre de ses propres principes…

 

Si l’on veut une politique énergétique et écologique intelligente, raisonnée et durable, il paraît nécessaire d’inscrire le Politique lui-même dans la durée et, donc, l’Etat (ou sa représentation symbolique et active, c’est-à-dire sa magistrature suprême) dans la continuité pour éviter qu’une majorité gouvernementale défasse ce qu’a fait la précédente…

 

Et, d’ailleurs, qu’y a-t-il de plus naturel, de plus écologique, que la transmission d’un père à son fils du Bien qu’il a lui-même reçu en héritage avec le devoir de le préserver et de l’enrichir ? Dans la tradition capétienne, le Roi est aussi considéré comme « le jardinier de France »…