18/06/2013
La place de la République : pour une grande gare internationale !
A Paris, la place de la République a fait peau neuve et est devenue une vaste esplanade dévolue au premier chef aux piétons, même s’il reste évidemment une partie toujours dédiée à l’automobile. L’inauguration a eu lieu dimanche, et tout le monde s’extasie sur cette reconquête de la ville par le piéton, sans doute à juste titre même s’il reste encore beaucoup à faire pour qu’elle soit effective et pour diminuer les flux automobiles intra-muros sans, pour autant, pénaliser les habitants des périphéries parisiennes qui viennent travailler au cœur de la capitale : une équation délicate qui n’est pas encore résolue, semble-t-il, à voir les encombrements des débuts et fins de journée.
Lors de l’inauguration, les passants étaient invités à apposer des messages sur la place, comme le rapporte « Le Figaro » : « Elle est belle ! Vive Répu ! » qui me fait penser spontanément à Béru, le héros de Frédéric Dard, plus qu’à Marianne ; l’optimiste et un brin démagogique « Paris aux piétons enfin ! » (pas à tous, visiblement, à voir l’indélicate répression des piétons de « la Manif pour tous » sur les Champs-Elysées ou au Quartier latin…) ; « Pour une République apaisée », message qui tient plus du slogan politique et du vœu pieux que de la promotion d’une place piétonne… Pendant ce temps, M. Delanoë paradait avec son adjointe et candidate à la prochaine élection municipale de 2014, cherchant peut-être à faire oublier son accès d’humeur contre l’humoriste Canteloup, accusé par l’édile parisien de pratiquer un humour « homophobe » (sic !) parce que moqueur à l’égard du maire et de ses manies.
En regardant les images de l’inauguration et en lisant les articles s’y rapportant, j’éprouve une certaine gêne et une impression d’inachevé ou d’occasion manquée : car, si la place en ses nouveaux atours est belle, et j’espère qu’elle le restera aussi longtemps que possible, elle ne peut me faire oublier un projet aujourd’hui abandonné (mais est-il fatal que cela soit définitif ?), projet immense et ambitieux que je défends depuis le milieu des années 2000, sans malheureusement beaucoup de succès… Ce projet, qui dort d’un sommeil profond dans les cartons de la SNCF, c’est celui de la Grande Gare internationale de Paris qu’il était prévu de construire sous la place de la République même.
Paris a cette particularité de n’avoir en son sein que des gares qui sont autant de « terminus », sans lien ferroviaire intra-muros entre elles : ainsi, impossible de traverser Paris dans le même train alors même que la plupart des relations entre, par exemple, la Bretagne et le Nord passent par la capitale… A chaque fois, et j’en ai quelques souvenirs épuisants, il faut débarquer avec ses valises encombrantes à Montparnasse, descendre dans le métro, éviter d’oublier un bagage (dont il est dit qu’en cas d’abandon –souvent une distraction, en fait- il sera automatiquement détruit…), courir parfois pour ne pas louper sa correspondance, s’essouffler dans des escaliers roulants glissants, etc. Et si, par « malheur » (sic !), vous possédez un gros chien, interdit de prendre le métro et difficile d’être accepté par un taxi !
Tout l’intérêt de cette Grande Gare projetée et espérée réside justement dans la possibilité de traverser Paris sans avoir besoin de descendre du train : gain de temps, économie d’énergie personnelle, compétitivité renforcée face à l’aéronef, et rôle de véritable carrefour et plaque tournante ferroviaire qui pourrait renforcer l’attractivité de Paris ! De plus, cette Grande Gare pourrait être l’occasion de montrer l’excellence française dans la construction d’un ensemble architectural et technologique original souterrain, comme le viaduc de Millau l’a été en d’autres lieux et d’autre manière. Cela romprait aussi avec l’idée de plus en plus répandue d’une capitale muséifiée et qui semble de plus en plus vivre sur ses acquis anciens (et évidemment à sauvegarder et entretenir) et sur quelques « gadgets pour Bobos » (pas toujours nécessaires au rayonnement à long terme de la ville…) !
Cela pourrait être « le » chantier ferroviaire du siècle à Paris et créer de multiples emplois mais aussi de multiples activités de maintenance et de services, tout en étant appelé, une fois la gare terminée, à devenir à son tour une « gare symbole » comme a pu l’être (et encore aujourd’hui…) la prouesse technique (esthétique, c’est moins sûr…) de la Tour Eiffel.
La France, dans son histoire, a su innover et faire preuve d’une imagination parfois fort bénéfique (parfois moins, aussi…) pour le pays et sa place dans le monde : il serait dommage que, obnubilée par ses comptes sans pour autant agir pour les redresser (la faute à une République qui n’a comme horizon que les prochaines élections !), elle en oublie ce qui fait aussi son identité dans l’histoire : l’audace, et la grandeur !
Cette Grande Gare pourrait en être le révélateur et la plus belle des illustrations contemporaines : voilà un vrai et beau projet pour les années prochaines ! Mais qui, dans notre classe politique actuelle, si peu créative et si peu courageuse, osera le porter ?
00:34 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare de paris, place de la république, maire, projet, grand chantier.
12/06/2013
La République sans politique extérieure ?
Les voyages de M. Hollande sont-ils inutiles ? En tout cas, ils n’ont pas encore assuré au président de la République la stature internationale dont la France pourrait tirer profit et ils ont souvent laissé la drôle d’impression d’un certain amateurisme aux interlocuteurs du président ou aux observateurs et commentateurs, ce qui n’était évidemment pas le but recherché… D’autant plus que, dans la tradition de la Cinquième République, la politique étrangère est l’une des prérogatives les plus importantes du Chef de l’Etat ! Mais il est certain que la République française, en semblant aujourd’hui indécise sur le plan diplomatique, affaiblit ses positions et prête le flanc à la critique : « où est la France ? », demandent certaines capitales, déçues de l’absence apparente de stratégie française et d’un certain « dilettantisme » de la magistrature suprême sur quelques sujets brûlants comme la francophonie ou « la politique des mers ». M. Hollande, à rebours d’un de Gaulle ou d’un Mitterrand, voire de leurs successeurs (souvenons-nous du discours de M. de Villepin devant l’assemblée générale de l’ONU en 2003 face aux velléités bellicistes des Etats-Unis), semble bien « ne pas avoir de plan », là aussi, en politique étrangère : c’est regrettable, même si la réalité est sans doute moins simple. On peut murmurer la fameuse phrase d’Anatole France mise dans la bouche d’un de ses personnages de roman, à propos de la République et que Maurras avait mis en couverture de son essai « Kiel et Tanger », comme un avertissement à qui se ferait encore des illusions : « Ne sois pas de mauvaise foi : tu sais que nous n’en avons pas, de politique extérieure, et que nous ne pouvons pas en avoir. » La République hollandiste semble le confirmer, au grand dam des diplomates français eux-mêmes !
Ce constat d’Anatole France renouvelé en 2013 est l’occasion, a contrario, de rappeler que la France, née de la fondation et de l’action des Capétiens et de leurs successeurs Valois et Bourbon, trouverait plus d’avantage, en ce domaine, en la Monarchie « à la française » qu’en cette « absence de prince », définition que donnait ce même Anatole France de la République.
De plus, l'intérêt d'une monarchie politique pour la France est, par une présence diplomatique forte, de limiter les abus de l'économie sauvage en pesant lors des négociations internationales : en renforçant l'Etat à l'intérieur, vous lui donnez plus de poids à l'extérieur.
Enraciner un Etat politique dans la durée par une magistrature suprême qui ne doive rien aux forces économiques et aux promesses des puissants (puisqu'elle est héréditaire et que la naissance, contrairement aux élections, ne s'achète pas...), c'est le meilleur moyen de jouer un rôle de médiation efficace et de ne pas être soumis aux oukases des multinationales qui font tout, aujourd'hui, pour déposséder les Etats de leurs pouvoirs, parfois même en prônant l’idée d’une « gouvernance mondiale », véritable piège pour les Etats et leurs peuples...
14:23 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monarchie, république, politique extérieure, anatole france, gouvernance.
11/06/2013
Quand Mme Marisol Touraine oublie deux ou trois choses...
La question des retraites va sans doute très largement animer les débats des mois prochains et cette semaine voit le début d’une vaste préparation d’artillerie médiatique et politique de la part d’un gouvernement et d’un Parti socialiste « godillot » oublieux de ses discours d’il y a trois ans, quand le Pouvoir de MM. Sarkozy et Fillon cherchait à réformer le système et reculait l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.
Dimanche, c’est le ministre des Affaires sociales et de la Santé, Mme Marisol Touraine, qui tirait la première salve dans « Le Parisien » en expliquant doctement que « quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps », sans un mot sur le recul de l’espérance de vie en bonne santé observé depuis quelques années en France et développé de façon claire et complète dans le dernier numéro de « Science & Vie » (juin 2013). Il est tout de même surprenant que ce ministre, officiellement chargé de la Santé, « oublie » cet élément qui remet en cause quelques discours simplistes sur l’évolution de l’espérance de vie qui ne peut être limitée à une simple question quantitative (le nombre d’années de vie « espéré », toujours en progression) et qui doit, évidemment, être pensée aussi en termes qualitatifs (le nombre d’années de vie en bonne santé, désormais en repli) !
Il y a autre chose que semble oublier ce ministre, c’est qu’une partie de la résolution de la question des retraites passe par la baisse du chômage, en particulier par celui des actifs les plus âgés, aujourd’hui de plus en plus délaissés par un marché de l’emploi qui semble vouloir, d’une façon un peu triviale, de « la chair fraîche » ou, en tout cas, plus malléable et moins marquée par le passé « revendicatif » des générations du « baby boom ». Or, aujourd’hui, la mondialisation, qui prend en France le double aspect des délocalisations spéculatives et de la désindustrialisation accélérée, entraîne la destruction de nombreux emplois, considérés comme « trop coûteux » en France, pas tant à cause des charges sociales (effectivement trop lourdes pour de nombreuses entreprises, en particulier petites et moyennes) qu’à cause des salaires des travailleurs et cadres eux-mêmes, évidemment et heureusement plus élevés qu’au Bengladesh ou qu’en Chine…
Pour régler, autant que faire se peut, la question des retraites, ce n’est pas un simple discours sur l’âge de départ ou sur la durée de cotisations qu’il faudra mais une véritable réflexion, argumentée et constructive, imaginative surtout et consolidée par une véritable pensée sociale et politique sur ce que l’on veut pour notre pays et sa société : il est à craindre que le gouvernement, dans cette urgence qu’il théâtralise pour mieux faire passer ce que ses membres actuels refusaient quand ils étaient dans l’Opposition, ne commette le péché d’injustice et de forfaiture sociale !
En tout cas, avant de faire quelques propositions réalistes dans les temps qui viennent, je m’emploierai à développer les éléments évoqués plus haut pour montrer que la question des retraites est plus complexe que notre ministre n’essaye de le faire croire et qu’il ne sera pas possible de négliger la réflexion de fond sur la question sociale en France et sur les moyens politiques et institutionnels de la maîtriser, sinon de la résoudre…
01:12 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraites, âge, espérance de vie, réforme, santé.