Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/04/2017

Les lendemains tristes de l'élection présidentielle.

L'élection présidentielle a montré, une fois de plus, la grande division des Français : « la France écartelée », titrait Politique Magazine il y a quelques semaines, et ce titre résume tout, en définitive, d'une situation politique qui n'est jamais rien d'autre que la conséquence d'un système électoral mais plus encore, d'un régime qui livre la « première place », la magistrature suprême de l’État, aux jeux électoraux et de clientèles. Ainsi, à chaque soirée électorale, l'on assiste aux mêmes scènes, l'allégresse des uns nourrissant le désespoir des autres, voire la colère. Hier, les libéraux de Droite se trouvaient dans la pire des situations, et il leur fallut boire un breuvage bien amer, avant que la coupe de ciguë du « ralliement » ne vienne achever leurs dernières espérances d'une cohabitation qui, pourtant (si elle a lieu, ce que rien ne laisse présager en ce moment), aggravera plus encore l'affaiblissement d'un État déjà bien amoindri dans son autorité par quelques décennies de renoncement et d'indécision. Mais les antilibéraux de Gauche n'étaient guère à la fête non plus, ayant cru en une élection dont ils condamnaient pourtant le système et la finalité mis en place par le fondateur de la Cinquième République, et se trouvant réduits désormais à ne devoir plus être considérés que comme une force d'appoint pour un candidat qui représente l'exact inverse de ce pour quoi ils se battent depuis tant d'années... On peut comprendre que ce rôle écrit d'avance et imposé par une oligarchie plus européenne que spécifiquement française ne leur convienne pas et qu'ils rechignent, à la suite de leur candidat, à se rallier au « candidat de l'Europe » comme le nomment, pour mieux le louer et le vendre à l'électorat, les grands médias du pays et de l'Occident, de New-York à Bruxelles, de Berlin à Francfort.

 

Cette élection, quoiqu'il arrive le 7 mai et lors des législatives suivantes, fera plus de mécontents que d'heureux, et la « démocratie des satisfaits » entraînera plus de frustrations et de colères encore qu'auparavant : les réactions au soir du vote du 23 avril le démontrent à l'envi, en particulier si l'on prend le temps d'écouter la parole des cafetiers et de leurs clients, travailleurs du matin, commis voyageurs ou retraités, celle de ce « pays réel » dont certains se moquent ou, même, nient l'existence...

 

L'élu du 7 mai prochain, quel qu'il soit, ne connaîtra sans doute pas d'état de grâce, et c'est bien l'instabilité et la colère permanente qui risquent de dominer le prochain quinquennat, avec une Union européenne qui, déjà, réclame des réformes « adaptées à l'intégration européenne » (selon les termes des membres de la Commission européenne et de la BCE) encore plus libérales, toujours au nom de la réduction des déficits, de cette immense dette publique dont notre pays ne sait comment se débarrasser, faute d'une stratégie économique et sociale de long terme. « L'Europe intrusive » ne pense désormais plus que les pays qui la composent, dont de vieilles nations historiques comme la France, puissent s'émanciper, et elle insiste, d'ailleurs, pour que cela ne soit plus possible, y compris à rebours de l'opinion des peuples et de la simple liberté des États pourtant nécessaire à toute harmonie politique et géopolitique. Or, cette forme de suzeraineté européenne, qui va à l'encontre des souverainetés, qu'elles soient dites nationales ou populaires, n'est pas satisfaisante ni saine, et elle est grosse de conflits, sociaux comme politiques, qui pourraient bien même remettre en cause l'Union européenne, ses pratiques comme ses formes, voire sa « légitimité » (mais existe-t-elle vraiment ?) et son existence. « Tout empire périra », nous rappelle l'histoire, et cette construction qui se fait (ou se veut) impériale (M. Dominique Strauss-Kahn parlait, en 2005, de « l'empire européen ») risque bien de connaître le sort de ses prédécesseurs, de l'empire romain au COMECON, cette « autre construction européenne » qui a disparu en même temps que l'Union soviétique...

 

Je ne me satisferai pas du résultat du 7 mai, et je ne peux être satisfait de cette République qui, aujourd'hui comme depuis si longtemps, sacrifie les intérêts de notre pays et de ses citoyens pour des chimères et des causes qui ne sont pas nôtres ni, même, proprement européennes au sens politique du terme. L'alternance qui nous a été tant vantée ces dernières années n'aura pas lieu mais sans doute aussi n'était-elle pas l'alternative à cette politique qui ne fonctionne plus depuis des décennies...

 

Il faudra bien, un jour, repenser la politique et préparer une alternative qui ne soit pas le simple négatif de ce qui est aujourd'hui : en ce sens aussi, la Monarchie active pour laquelle je milite me semble la seule alternative crédible et efficace, pour « le moins mauvais des régimes », alternative royale à laquelle je travaille avec d'autant plus d'ardeur qu'elle me paraît nécessaire, mais aussi urgente...

 

 

 

 

20/04/2017

Quand M. Fillon néglige le monde ouvrier...

La question ouvrière en France retrouve une certaine visibilité en ces temps de présidentielle, et l'affaire Whirlpool n'y est pas pour rien, bien sûr, même si c'est la présence d'un ouvrier d'extrême-gauche, Philippe Poutou et les discours « ouvriéristes » de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon qui lui donnent le plus de relief. Ce sont d'ailleurs ces candidats qui, ensemble, récupèrent la plus grande partie d'un vote des ouvriers qui n'est pas à négliger, la candidate obtenant, selon les enquêtes d'opinion, près de 45 % des intentions de vote à elle seule : MM. Macron et Fillon n'obtiennent pas, à eux deux, la moitié de ce score annoncé, le candidat de la Droite libérale n'attirant qu'environ 8 % des voix du monde ouvrier, ce qui, au regard de son indifférence avérée à la question ouvrière et de son ralliement à une mondialisation fort peu sociale, se comprend aisément.

 

Je dois avouer que j'ai été particulièrement choqué par le refus de M. Fillon de condamner la délocalisation de la dernière usine française Whirlpool lorsque, au petit matin d'un jour de mars, le journaliste économique François Lenglet interrogeait le candidat sur cette question sensible (1). M. Xavier Bertrand, pourtant soutien du candidat libéral-conservateur, a des mots plus durs pour l'entreprise « qui ne joue pas le jeu » (2) et qui risque de laisser sur le carreau « 300 salariés et 250 intérimaires », mais il apparaît plutôt impuissant à faire revenir la multinationale à de meilleurs sentiments. Ainsi s'applique la rude loi de la jungle libérale qui, comme le rappelait le chant de l'Action Française « La Royale », fait des travailleurs des « esclaves » avant que de les transformer en « forçats » (« Du prolétariat au précariat », en somme) : décidément, ce libéralisme ne m'est pas sympathique, ni ceux qui le vantent ou s'en contentent !

 

M. Fillon se dit catholique, mais il n'est ni René de La Tour du Pin ni Albert de Mun, et il semble négliger d'écouter le pape François qui, dans la ligne d'un Léon XIII de l'encyclique Rerum Novarum ou d'un Jean-Paul II de l'encyclique Laborem Exercens, accorde une grande importance au sort des travailleurs et n'hésite pas à dénoncer le règne des puissants quand ceux-ci oublient leurs devoirs sociaux. Ce fut encore le cas en mars dernier quand, à l'occasion d'une audience générale sur la place Saint-Pierre (3), le pape a rappelé, de façon ferme et bienvenue, quelques vérités sociales simples : « Le travail vous donne de la dignité, les responsables politiques ont l'obligation de tout faire pour que chaque homme et chaque femme puissent travailler et ainsi garder la tête haute, regarder les autres en face avec dignité. Celui qui, pour des manœuvres économiques, pour réaliser des affaires pas complètement claires, ferme des usines, ferme des entreprises et supprime le travail de personnes, celui-ci commet un péché très grave.»

 

Il est fort dommage que M. Fillon ne veuille pas renouer avec la tradition catholique sociale qui, certes, s'accorde mal avec l'esprit de la République depuis les origines de celle-ci... Le royaliste que je ne suis n'a, lui, aucune hésitation : d'ailleurs, comme le proclamèrent La Tour du Pin, Firmin Bacconnier et Thierry Maulnier, la Monarchie se devra d'être sociale si elle veut retisser le nécessaire lien fort que, jadis, la Royauté (et, à travers elle, la France toute entière) a entretenu avec le monde du Travail. (4)

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : entretien sur RTL, 30 mars 2017.

 

(2) : entretien sur RTL, 13 avril 2017.

 

(3) : mercredi 15 mars 2017.

 

(4) : il faut, à cet égard, relire avec attention l'ouvrage « Le Prolétariat », écrit par feu le Comte de Paris à la fin des années 1930, mais aussi la fameuse « Lettre sur les ouvriers » du Comte de Chambord, publiée en 1865.

 

 

 

18/04/2017

L'environnement négligé par la présidentielle 2017.

La question environnementale n'a pas été beaucoup évoquée durant cette campagne, encore moins peut-être qu'il y a cinq ans et beaucoup moins, bien sûr, qu'en 2007, apogée de la préoccupation écologique en France grâce à l'activisme de Nicolas Hulot et à son Pacte pour l'environnement qu'il avait fait signer aux principaux candidats. Certes, quelques prétendants à l'Elysée revendiquent une part d'écologie dans leurs programmes mais les grands médias n'ont guère insisté sur ce thème, et la question fut proprement éludée lors des débats majeurs de la présidentielle, hormis, peut-être, sur le sujet du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et sur ceux de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables.

 

Ainsi, l'artificialisation des terres et des littoraux peut continuer dans la plus grande indifférence, les candidats prônant une « croissance » qui, par nature, ne peut que poursuivre son grignotage rapide des terres arables et des espaces sauvages au nom de l'emploi ou de la « nécessaire attractivité des territoires » censée être un moteur de l'économie du pays dans la mondialisation, alors qu'elle n'en est plus que l'alibi facile à l'efficacité pas exactement démontrée... C'est bien le piège de cette mondialisation qui enlaidit le local au nom d'un global dont on peut légitimement s'inquiéter des tenants et des aboutissants, et qui sert des intérêts privés, « capitalistiques », formes contemporaines du nouvel âge féodal qui profitent de l'affaiblissement des États, de leurs moyens d'action et de leur autorité politique. Même chose pour la question des semences et des OGM, rappelée dans un livre récent cosigné par Pierre Rabhi et Juliette Duquesne (1), et qui devrait être un véritable thème de campagne si nos candidats voyaient plus loin que le simple quinquennat à venir : il s'agit là du nécessaire maintien de la biodiversité végétale et agricole face à la standardisation et à la privatisation du vivant par de grandes sociétés multinationales qui produisent des semences à l'obsolescence programmée, dégénérant dès la deuxième génération et obligeant les agriculteurs à les racheter chaque année. Mais non, nos « grands candidats » ne s'en soucient guère, et la grande presse, celle qui désormais décide (y compris électroniquement et sur la toile, par le biais d'une nouvelle censure peu sympathique) de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas, au risque d'étouffer certaines informations dérangeantes et quelques contestations naissantes, n'a pas l'intention de soulever le problème. « Dis-moi qui te paye, et je saurai ce que tu penses », pourrait-on ironiser...

 

Ces quelques exemples prouvent à l'envi que le souci environnemental ne trouve pas vraiment sa place dans le choc de la présidentielle qui agite notre pays, et il nous faut le regretter. Mais la République peut-elle vraiment être « écologiste » ? En fait, le temps court du quinquennat n'est pas adapté aux enjeux ni aux stratégies à mettre en place qui, dans le domaine de l'environnement, nécessitent le temps long d'une ou de plusieurs générations : en somme, c'est la continuité (qui n'est pas l'immobilisme) d'une dynastie qui n'a pas à se soucier des lendemains électoraux, qui apparaît la mieux à même d'enraciner le souci environnemental dans la durée et dans l’État lui-même.

 

Si nous sommes royalistes, c'est aussi parce que nous sommes logiques en politique et que nous considérons que l'écologie ne peut être intégrale que par son inscription dans une politique qui n'est pas celle du simple « moment » mais de « l'éternité » humaine : pour que les générations qui nous suivent puissent respirer librement et vivre sur une planète encore vivable, tout simplement.

 

La France, si elle veut agir chez elle et donner l'exemple d'une écologie efficace au monde, a tout intérêt à renouer avec la tradition monarchique : qu'une fleur, le lys, soit son symbole historique, n'est-ce pas, en définitive, révélateur et, surtout, prometteur ?

 

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) Pierre Rabhi, Juliette Duquesne, « Les semences, un patrimoine vital en voie de disparition », Presses du Châtelet, 2017.

 

13:08 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, environnement.