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09/11/2009

Un mur peut en cacher un autre...

La question est aujourd’hui à la mode : « Que faisiez-vous le jour de la chute du Mur de Berlin ? ». Pour ma part et au risque de surprendre, je n’en ai aucun souvenir particulier et il me faudrait sans doute rouvrir mes cartons d’archives politiques pour y retrouver quelques traces d’éventuelles réactions à cet événement… Par contre, je me souviens très clairement de nombreux autres faits marquants de cette riche année 1989 : au-delà des débats et incidents liés à la commémoration du bicentenaire de la Révolution française, l’écrasement du « printemps de Pékin », survenu le même jour que la mort de l’ayatollah Khomeiny, en juin, et la fuite et la capture de Nicolae Ceaucescu, dirigeant communiste de Roumanie, au plus près de Noël, m’ont plus marqué que les événements de Berlin… Je pourrai, bien sûr, m’inventer des souvenirs et me donner une bonne conscience : il est facile, vingt ans après, de prendre des postures de « grand résistant au totalitarisme » et de se reconstituer une virginité, voire un rôle de visionnaire et d’acteur (« j’y étais ! »), comme le font de nombreux politiques de notre République, y compris au plus degré de l’échelle institutionnelle… Mais la réalité ne colle pas toujours, en définitive, à la « reconstitution » a posteriori !

 

Sans doute la fin du Mur de Berlin ne m’a pas, le jour même, marqué autant que cela aurait du le faire. Mais sans doute aussi parce que je pensais (et je le pense toujours, d’ailleurs !) que « la partie n’était pas finie » : la forte répression en Chine des manifestations de juin 89 m’avertissait sur les risques d’une euphorie trop rapide, d’une chute finale d’un système (au-delà même de son caractère idéologique) qui, s’il connaissait des déclinaisons différentes en Europe et en Asie, n’en continuait pas moins à exister et à menacer. Et si les événements de Berlin puis la chute, dans les mois qui suivirent, de l’Union soviétique n’avaient, en fait, été que le passage de témoin d’une superpuissance agonisante à une autre, toute fraîche et avide de conquêtes, cette fois-ci plus économiques que militaires ou idéologiques ? Il me semble que la question mérite d’être posée…

 

La grande illusion de ce 9 novembre 1989 fut de croire que cette journée heureuse pour les Allemands et pleine d’espoir pour une grande partie des populations européennes marquait le début de « la fin de l’Histoire » : non, c’était juste « le début d’une autre Histoire », tout simplement…

 

D’ailleurs, il nous faut toujours avoir une certaine humilité devant l’Histoire, comme le laisse entendre régulièrement Hubert Védrine, héritier putatif de Jacques Bainville… Ce même Védrine qui, dimanche soir sur les antennes de BFM-Dailymotion, rappelait que le Mur de Berlin n’était pas tombé mais qu’il s’était ouvert et, même plus exactement, que c’était le régime communiste lui-même, dans une dernière tentative pour se sauver, qui en avait ordonné l’ouverture… Ce rappel apparemment anodin de ce que certains croient être un détail montre bien qu’il nous faut être prudent et ne pas croire qu’il y a une sorte de « fatalité démocratique » qui tirerait l’humanité dans le sens d’un monde toujours plus beau, toujours meilleur et plus pacifique…

 

C’est parce que Cassandre s’est refusé à Apollon que, malgré ses sûres divinations, elle n’était ni écoutée ni crue : le fait de se refuser au jeu de la société médiatique de « l’optimisme obligatoire » et du « bonheur inéluctable » n’empêche pas de mettre en garde nos contemporains contre les risques d’une illusion qui, si elle peut être douce et agréable, n’en est pas moins mortelle

 

11/08/2009

10 août 1792 et conséquences...

Le 10 août 1792, la monarchie capétienne française, vieille de 800 ans, s’effondrait devant le coup d’Etat républicain : la Révolution prenait un nouveau cours et rompait avec le régime monarchique qui l’avait, bon gré mal gré, accompagnée jusque là, par la personne du roi Louis XVI, le seul, au regard des événements de ce 10 août, à croire encore en la Loi et la Constitution… Les républicains, eux, n’en avaient que faire et ils allaient, dès leur insurrection réussie et le massacre des défenseurs des Tuileries accompli, permettre l’établissement d’une véritable dictature qui, au nom de la République (proclamée le 21 septembre suivant), « terroriserait » les oppositions par tous les moyens, y compris les plus atroces…

 

Cette Première République ne laissera pas vraiment de bons souvenirs aux contemporains : massacres de septembre (y compris à Versailles, dans ce qui est aujourd’hui un bar de nuit réputé, « les caves du roi » : 13 personnes trucidées sur ordre de Fournier l’Américain, de sinistre mémoire) ; guerres extérieures et réquisition des jeunes Français, souvent peu désireux de livrer bataille loin de chez eux ; guerres civiles et exterminations de masse, en Vendée ou à Lyon, dans les années 1793-94 ; Terreur « à l’ordre du jour » sous le contrôle de Robespierre et de Saint-Just ; règne, à partir de Thermidor, de la Bourgeoisie affairiste et de l’Argent-Seigneur ; coups d’Etat à répétition, de 1794 à 1799, le dernier étant celui du général Bonaparte qui établira alors un Etat dictatorial avant que d’être impérial ; etc.

 

Bien sûr, il y aura Valmy, qui marquera les esprits et l’Histoire comme la première grande victoire militaire de la Révolution, la veille même de la proclamation de la République : mais, à part cela, le tableau de cette période n’est guère réjouissant et montre plutôt jusqu’où le fanatisme idéologique peut mener. Certains y verront même la préfiguration des totalitarismes du XXe siècle, sans vraiment exagérer… La lecture du livre de Jean Artarit intitulé sobrement Robespierre confirme cette impression désastreuse donnée par les débuts de la République, et il me faudra y revenir dans une prochaine note car cet ouvrage édité par le CNRS est fondamental pour comprendre la personnalité de celui qui est souvent considéré comme « la figure maîtresse de la Terreur », voire son incarnation.

 

Pouvait-il en être autrement ? Une République née dans le sang (« impur » selon une formule dont on commence à mesurer les périls et les conséquences), née aussi dans l’illégalité et, beaucoup plus grave encore, dans l’illégitimité, n’avait d’autre choix que de trancher les fils (en attendant les têtes…) qui reliaient la Monarchie à l’histoire de France et de « faire table rase du passé », formule majeure de tous les totalitarismes que n’ont pas manqué de remarquer Orwell et Mac Gohan dans leurs œuvres respectives sur ce thème.

 

Certes, la Cinquième République n’est heureusement pas la Première : mais la tache originelle n’est pas complètement effacée, comme peuvent le constater les historiens contemporains bien en peine d’excuser les crimes de la République née du coup d’Etat de 1792… « Les faits sont têtus », dit-on, et l’Histoire cruelle pour les idéologues…

 

12/12/2008

La Monarchie ne réécrit pas l'histoire, elle l'assume.

L'Histoire est pleine de surprises et d'imprévus. Certes, la possibilité d'une instauration monarchique en France paraît fort lointaine et, surtout, difficile. Mais rien n'est impossible: l'exemple espagnol est la preuve que ce qui paraît improbable peut arriver. Pour la France, il y a le fort attachement des Français à 1789 et ses suites: c'est moins vrai aujourd'hui qu'il y a 20 ans. D'autre part, hormis le fait que la part "positive" de la Révolution selon l'opinion (qui n'a pas forcément raison au demeurant) est antérieure à l'établissement même de la République en 1792, une monarchie nouvelle n'aurait pas à rentrer en conflit avec l'Histoire, fût-elle désagréable pour les rois et les royalistes, mais à l'assumer (ce qui ne signifie pas pour autant s'y "rallier"..) et à la dépasser. Le regret n'est pas une politique et la monarchie nouvelle, qui sera évidemment attendue sur ce point, devra veiller à ne pas être une nostalgie romantique. La monarchie devra être habile et faire ses preuves dans un délai fort court, mais l'impulsion d'une vaste décentralisation et d'une politique régalienne audacieuse peut lui permettre de s'ancrer dans le pays, comme cela s'est fait en Espagne en quelques années. Le point d'inconnu c'est évidemment l'"événement" fondateur de cette nouvelle monarchie. Encore faut-il aujourd'hui, en attendant ce moment, "dédramatiser" la monarchie, la rendre plus "lisible" aux Français en faisant tomber les préjugés. J'essaie, pour ma part, de le faire autour de moi et par mes écrits, et je prône une monarchie qui ne soit pas la caricature que nous apercevons trop souvent à travers les récits de la presse pipol ou par les hagiographies d’un certain royalisme irréel...
Quant au roi, qui serait-il? Un prince de la famille d'Orléans, le comte de Paris aujourd’hui, le prince Jean, son fils, demain, qui, discrètement, sillonnent la France et le monde pour écouter et proposer: ils sont formés à la politique depuis leur plus jeune âge et ils la considèrent comme un métier et un devoir. Ont-ils une chance? Ce n'est pas impossible...