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01/04/2014

Quand les Verts se trompent lourdement.

Les Verts ont sans doute perdu ce mardi soir une occasion historique de jouer enfin un rôle politique et écologique reconnu, au-delà des idéologies et des querelles personnelles : mais Cécile Duflot a préféré jouer une carte politicienne, en espérant tirer profit de l’échec possible (mais pas forcément inéluctable ni même souhaitable, en particulier pour la France !) du nouveau gouvernement auquel elle a refusé de participer et empêché les siens d’aller y siéger. Erreur stratégique et éminemment politique, sans doute, car M. Valls, en quête d’une légitimité par la réussite et, en tout cas, par le symbolique, et soucieux apparemment de créer un grand ministère de l’écologie, de l’énergie, des transports et du logement digne de ce nom, susceptible de mener une politique environnementale « globale » et moins désordonnée que ce qui a existé jusque là, ouvrait là une perspective nouvelle et, pourquoi pas, plus favorable à l’écologie que la pratique du gouvernement précédent. L’occasion se représentera-t-elle de sitôt, ou le nouveau premier ministre va-t-il confier ce ministère (s’il voit le jour…) à une personnalité susceptible d’incarner, d’une façon ou d’une autre, une certaine légitimité et crédibilité écologistes sans appartenir au parti des Verts ?

 

Bien sûr, certains noms viennent à l’esprit, dont celui de Nicolas Hulot, aujourd’hui « envoyé spécial pour la protection de la planète », nommé par le président Hollande à la fin de l’année 2012, ou celui de Ségolène Royal, dont le bilan environnemental en Poitou-Charentes n’est pas totalement négatif, même s’il reste encore fort modeste au regard des enjeux. A l’heure qu’il est, je ne sais qui représentera le souci environnemental dans le gouvernement Valls et, au regard de la bouderie des Verts qui pourrait, en fait, être contre-productive pour la cause écologique (ce qui ne serait pas la première fois, les Verts ayant pris la mauvaise habitude de sacrifier l’écologie à leurs caprices…), il n’est pas impossible que, du coup, l’ancien ministre de l’Intérieur, renonce à toute velléité de « faire de l’écologie », préférant alors la facilité de céder aux promoteurs des gaz de schiste (dont Arnaud Montebourg) ou des OGM (dont Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture dans le gouvernement Ayrault), voire de passer en force sur certains dossiers « chauds » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ! Il n’est d’ailleurs pas certain que, en ce mardi soir, M. Valls sache vraiment ce qu’il veut faire de la politique écologique française… Nous en saurons plus dans quelques jours, même si les annonces et effets d’annonce ne doivent pas nous empêcher, dans quelque cas que ce soit, de rester prudent, voire sceptique, la République n’ayant jamais montré un grand empressement à poser et résoudre les questions environnementales.

 

 

 

 

(à suivre : - Quel bilan environnemental du gouvernement Ayrault ? – Quelle politique environnementale peut-on promouvoir en France dans les années et décennies prochaines ? Notes à paraître d’ici le 6 avril, si tout va bien…)

 

 

 

 

 

 

28/10/2013

Contre l'écotaxe : la colère bretonne !

 

Les cafés rennais résonnaient dimanche et encore ce lundi matin des échos de la colère des agriculteurs bretons et de la bataille autour du portique de Pont-de-Buis destiné au prélèvement automatique de la fameuse écotaxe : les télévisions d’information passaient en boucle les mêmes images des fumées, des bonnets rouges défiant les gardes casqués ou des manifestants blessés, à terre… Et cela discutait sec en lisant « Le journal du Dimanche » ou « Ouest-France-dimanche » qui faisaient chacun leur couverture sur « Les révoltés de l’écotaxe » ou « Vent de fronde en Bretagne ». Sur le comptoir d’un bistrot, comme une sorte d’intersigne, il y avait aussi le numéro « hors-série histoire » du magazine « Bretons » qui titrait, insolemment, « La Bretagne contre la Révolution ? », un chouan montant la garde en couverture…

 

Ce qui a mis le feu aux poudres en Bretagne, c’est cette taxe supplémentaire qui doit entrer en application au 1er janvier prochain, au moment même où la Bretagne affronte une de ses plus graves crises de l’emploi, entre les licenciements dans l’industrie automobile (usine PSA de Rennes-La Janais), dans celle des télécommunications (Alcatel-Lucent, là encore à Rennes mais aussi à Lannion), et, surtout, dans ce qui constitue encore l’un des principaux réservoirs de métiers et d’emplois de la province, le secteur agroalimentaire, avec la fermeture de nombreux abattoirs et d’entreprises de transformation de la viande et du poisson, en particulier dans le Finistère, là où la tension sociale est désormais la plus palpable et la plus explosive comme les jours derniers l’ont bien montré.

 

Cette écotaxe est donc bien mal venue : ce n’est ni le moment ni le lieu, si l’on peut dire, de l’appliquer, alors que la Bretagne subit de plein fouet les effets délétères d’une mondialisation qui respecte si peu (voire pas du tout…) les règles d’équité économique, de justice sociale et de souci environnemental ! Quelques exemples de cette folle et terrible mondialisation sans freins ni entraves : la concurrence déloyale des abattoirs allemands qui exploitent une population d’ouvriers misérables venus de l’Europe orientale et centrale, certains d’entre eux étant payés moins de 400 euros mensuels (!), et cela dans la première puissance économique de l’Union européenne, au cœur de celle-ci, sans que cela émeuve beaucoup la Commission européenne ; les multiples violations par les grandes multinationales de l’agroalimentaire des milieux naturels (destruction des forêts brésilienne ou africaine pour produire de l’huile de palme ou des agrocarburants, saccage des littoraux ou des fonds marins pour en tirer à moindre frais le maximum de ressources monnayables, etc.) et l’indifférence totale de celles-ci pour le bien-être animal ou la diversité des espèces végétales, etc.

 

Soyons clair : le système agroalimentaire dominant breton n’est pas exempt de reproches, loin de là, qui a, au nom de la modernisation (depuis les années 50-60 en particulier) et de la compétitivité, trop souvent pris les traits d’un productivisme agroindustriel polluant et de moins en moins « paysan »… Les mises en garde de quelques paysans traditionalistes de l’époque, comme ceux de la revue « Le Paysan biologiste », n’ont pas été entendues. D’ailleurs, comment auraient-elles pu l’être quand l’heure était dans les milieux économiques, les médias, mais aussi à travers les manuels scolaires de géographie par exemple, à vanter « l’adaptation de l’agriculture bretonne à la mondialisation », et se félicitant, au nom de la nécessaire modernité et « pour sortir de l’archaïsme » (termes mille fois entendus et lus depuis mes années de lycée et d’université), de la mise en place d’un système de production vu sous le seul angle économique et oublieux des conditions mêmes de production : il fallait produire, disait-on, coûte que coûte, pour exporter hors de Bretagne et « nourrir le pays », et les arguments développés par les milieux économiques dominants étaient les mêmes que ceux aujourd’hui utilisés pour pousser à la rapide modernisation des agricultures de l’Europe centrale et orientale, avec la bénédiction d’une Commission européenne là encore aveuglée par les seules finalités financières et économiques, mais aussi pour, dit-on, permettre le développement des pays d’Asie et d’Afrique ! Il suffit de parcourir la presse économique mais aussi et surtout les manuels de géographie de Seconde par exemple (les pages sur la question alimentaire…) pour s’en rendre compte ! Belle hypocrisie de ceux qui, de Paris ou de Bruxelles, des quartiers bobos ou des milieux « Verts », viennent désormais faire la leçon à des Bretons qui auraient, sans doute par facilité plus que par discernement, mais aussi souvent de bonne foi (qui n’est pas toujours la vérité…), adopté ce modèle agroindustriel hier vanté et aujourd’hui décrié en France mais toujours prôné pour les pays en développement, au nom de ce même « développement »…

 

Dans cette affaire, quoi qu’il en soit, les Bretons sont les principales victimes, certes parfois consentantes hier, mais aujourd’hui sacrifiées sur l’autel des grands principes et des petites vertus qui fondent la République centrale. Et, au lieu d’impulser en Bretagne (et ailleurs !) une politique nouvelle de redéploiement agricole plus respectueuse de l’environnement, la République fiscalise un peu plus une province fragilisée par la mondialisation et un secteur agricole menacé dans sa survie même : politique de Gribouille quand on pourrait espérer de l’Etat une véritable stratégie sur le long terme pour « réparer et préparer » ! Mais nous sommes en République, malheureusement, et le seul horizon semble être celui des élections : un horizon bien étroit, en somme, quand il faudrait regarder au loin, au-delà du calendrier électoral, et penser en terme de générations et de transmission…

 

Cette écotaxe, de plus, n’a rien de très écologiste : elle est d’abord une taxe qui profitera, entre autres, au consortium privé Ecomouv qui gère les fameux portiques et la perception de la taxe, consortium qui touchera, sur 1,2 milliard d’euros prévus par an, environ 250 millions (soit, pour l’ensemble de la France, plus de 8 fois ce qui sera prélevé par les portiques en Bretagne !). On aurait pu attendre, au moins, que la République évite de rétablir ce qui a, d’ailleurs, coûté si cher à la Monarchie d’Ancien Régime, c’est-à-dire le système des « fermiers généraux » chargés de récupérer taxes et impôts dans la royaume.

 

De plus, cette taxe si mal nommée « éco » doit, paraît-il, financer des projets d’aménagements ferroviaires, en particulier de ferroutage, alors même que la SNCF, elle, semble négliger dans sa propre stratégie le secteur fret, et qu’elle ne prévoit pas vraiment de recréer des voies de chemin de fer là où elles seraient bienvenues et nécessaires pour le transport de marchandises agricoles à moindre coût environnemental… De qui se moque-t-on, alors ?

 

Doit-on rappeler, aussi, que cette écotaxe ne sera pas perçue là où elle aurait pu avoir le plus de sens et de rapport, c’est-à-dire sur les autoroutes, aujourd’hui privatisées (à déraison, d’ailleurs) ? Du coup, les multinationales du Transport routier comme de l’agroalimentaire seront indéniablement favorisées, favorisant en retour les principes si peu vertueux sur le plan écologique d’une mondialisation « carbonée » à grande échelle ! Où est l’écologie là-dedans ?

 

La colère de la Bretagne, cette chouannerie agricole et industrielle, est donc plus que légitime : mais elle ne doit pas être qu’une colère, elle doit penser les sources de la crise et remonter à celles-ci, dans un exercice de « tradition critique », autant sur le plan économique, environnemental aussi, que politique… « Les Bretons contre la Révolution ? » : oui, deux siècles après, contre les conséquences de ses principes républicains, ceux d’un libéralisme économique mêlé de centralisme administratif et politique, et contre les attitudes d’un « pays légal et central », contre cette arrogance des maîtres de Bercy et des chantres d’une mondialisation qui pensent en chiffres et oublient les femmes et les hommes de chair et de sang !

 

Il est encore des portiques de l’injustice fiscale à faire tomber…

 

 

 

 

28/11/2012

Les énergies marines.

 

Jeudi 29 novembre débute le grand débat national sur la transition énergétique : il n’est pas sûr qu’il soit aussi intéressant que le sujet pourrait le laisser entendre, ne serait-ce que parce que le gouvernement actuel n’est guère motivé par les préoccupations environnementales, et cela malgré la présence (provisoire ?) de deux ministres issus du mouvement des Verts… En tout cas, ce débat peut être une occasion de faire connaître quelques idées et propositions, évidemment éminemment royalistes, pour une révolution énergétique qui s’appuie en priorité sur les énergies « éternellement » renouvelables qui devraient venir, aussi rapidement que possible, remplacer les énergies d’origine fossile, trop souvent polluantes et surexploitées sans respect pour les générations suivantes.

 

Voici, ci-dessous, la première partie d’un article que j’ai publié dans le dernier numéro de « L’Action sociale corporative » consacré aux énergies renouvelables.

 

 

 

Le défi énergétique pour la France d’aujourd’hui et de demain (partie 1).

 

 

 

La France possède un vaste territoire terrestre mais aussi maritime, et elle dispose de la 2ème Zone économique exclusive : ce sont des atouts importants pour une stratégie énergétique du XXIe siècle mais pas suffisants si la volonté et l’intelligence politiques n’ordonnent pas ces atouts et ses possibilités, comme le soulignent MM. Philippe Folliot et Xavier Louy dans leur ouvrage intitulé « France-sur-Mer, un empire oublié », véritable mine de renseignements sur les potentialités françaises. Au-delà des énergies d’origine fossile comme le pétrole dont la France pourrait devenir grande productrice si les forages au large de la Guyane, à plus de 6.000 mètres de profondeur mais avec des risques environnementaux sérieux, s’avèrent aussi fructueux que certains le pensent, ou comme les gaz de schiste dont est riche le sous-sol français, au-delà d’une énergie nucléaire qui dépend largement des réserves d’uranium étrangères (la France n’extrait plus d’uranium sur son territoire depuis une dizaine d’années), ce sont les énergies d’origine renouvelable qui apparaissent comme l’avenir possible, voire nécessaire, de la stratégie énergétique française.

 

La mer est une chance pour la France, mais que la République a trop souvent négligée : c’est pourtant de là que pourrait venir la principale réponse à la forte demande énergétique de notre société, comme le rappelle avec justesse les deux auteurs cités plus haut. Au-delà des hydroliennes qui utilisent les courants marins et sont aujourd’hui en passe de trouver leur place dans le réseau énergétique, et des éoliennes « offshore » flottantes placées en mer qui suppléent les éoliennes terrestres parfois décriées pour leur impact sur les paysages, de nombreuses autres possibilités sont offertes par la mer : l’énergie houlomotrice, c’est-à-dire l’énergie des vagues, qui pourrait être l’une des plus prometteuses à long terme des énergies renouvelables maritimes, et dont la France pourrait, avec ses littoraux métropolitains comme ultramarins, tirer le maximum d’énergie électrique possible ; l’énergie marémotrice, dont la France maîtrise la technologie mais qui pose néanmoins aujourd’hui des problèmes d’installation ; l’énergie maréthermique (ou énergie thermique des mers, ETM), qui est produite en utilisant la différence de température entre les eaux superficielles et les eaux profondes des océans (une idée que Jules Verne avait d’ailleurs lui-même émise dans « Vingt mille lieux sous les mers », dès 1869…) ; l’énergie osmotique qui consiste à exploiter le gradient de salinité entre l’eau de mer et l’eau douce, sur les estuaires des grands fleuves ; etc.

 

Mais il y a aussi les carburants d’origine renouvelable que peut produire la mer, à travers l’exploitation et la transformation des algues : cela, d’ailleurs, éviterait le principal inconvénient des agrocarburants (pourtant utiles et parfois très prometteurs) qui est d’occuper trop de terres au détriment des productions nourricières. Dans « France-sur-Mer », les auteurs expliquent que « selon les experts, le phytoplancton pourrait parfaitement prendre la relève des céréales comme biocarburants et combler la totalité des besoins énergétiques de la France, en couvrant une surface infime du territoire, sur le littoral. Produites par photosynthèse, les micro-algues, riches en lipides – donc en huile – auraient un rendement à l’hectare trente fois supérieur à celui du colza ou du tournesol. Elles transforment ainsi l’énergie solaire en énergie chimique et se cultivent facilement dans l’eau de mer, ce qui évite de puiser dans les réserves d’eau douce. Or, les 7.000 km de littoral français représentent un atout considérable pour développer ce genre de culture, qui prolifère rapidement et peut fournir des récoltes en continu. Si les bassins d’algues étaient déployés sur 400.000 hectares, ils pourraient produire la consommation annuelle mondiale de carburant ! » En lisant ces quelques lignes, on mesure mieux les potentialités énergétiques de notre pays, et on a quelques raisons de plus d’être furieux contre une République qui ne saisit pas toutes ces chances pour la France ! Ce qui est certain, c’est que la mer doit avoir une place beaucoup plus importante dans la stratégie énergétique de notre pays qu’elle ne l’a aujourd’hui, et qu’il faut faire vite pour ne pas « louper le coche » ! En fait, à bien y regarder, la mer offre actuellement de plus grandes possibilités que la terre, ne serait-ce que parce que cette dernière doit déjà répondre aux demandes de la production nourricière et à celles de l’habitat et des communications. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas prêter attention aux énergies renouvelables produites sur nos territoires terrestres, bien sûr…