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08/04/2009

Cryptocratie européenne.

Dans deux mois tout juste auront lieu les élections européennes qui, pour l’heure, n’intéressent pas grand monde, semble-t-il : les journalistes eux-mêmes avouent que ce thème n’est guère porteur et qu’ils en parleront au dernier moment, en somme un mois avant, ce qui ne laisse guère de place à la réflexion et aux débats, au contraire de la campagne référendaire de 2005 sur la Constitution européenne…

 

Pourtant, les thèmes de l’Union européenne, de sa définition, de sa construction, de ses ambitions, de sa place sur la scène internationale et aussi dans nos vies quotidiennes, etc., ne sont pas anodins et méritent d’être sérieusement étudiés, débattus, critiqués parfois.

 

Or, à entendre les commentateurs politiques, ces élections vont se jouer une fois de plus sur des thèmes plus politiciens et nationaux que sur les thèmes qui pourraient sembler naturels au regard de l’assemblée qu’il s’agit de remplir… Et pourtant ! Cette campagne électorale des européennes doit être l’occasion de poser les « bonnes » questions sur « l’Europe » et, dans le cas des royalistes français, d’évoquer la dichotomie entre cette Europe légale, symbolisée au plus haut point par la Commission européenne, technocratique et éloignée des citoyens, et l’Europe réelle, celle des Etats, des souverainetés, des « proximités ».

 

L’Europe légale est actuellement cette « machinerie » aux mécanismes complexes, si complexes même qu’ils entretiennent un trouble permanent quant à la compétence des institutions les unes par rapport aux autres et surtout par rapport aux institutions propres des Etats et aux citoyens eux-mêmes. D’ailleurs, le principe de subsidiarité, mis en avant dans le débat référendaire de 1992 sur le traité de Maëstricht, est aujourd’hui complètement oublié et, en tout cas, si peu évoqué que l’on pourrait croire qu’il n’a rien été d’autre que l’argument électoral d’un moment à défaut d’être une réalité concrète ! Or, ce principe, cher aux monarchistes qui l’ont souvent utilisé jadis dans leurs argumentaires sur la décentralisation politique en France, aurait mérité un autre sort : mais son abandon, au moins dans la pratique et les débats européens, montre bien l’hypocrisie d’un système qui, par le biais d’une démocratie représentative qui n’admet pas (ou de très mauvaise grâce…) la démocratie directe (symbolisée par le référendum) ou, même, la démocratie des terroirs et des quartiers, tend à confisquer, non pas tellement ou seulement la parole politique, mais la décision politique (y compris celle des Etats) au profit d’une forme de « cryptocratie » informelle.

 

Le terme « cryptocratie » (qui désigne d’ordinaire un « Pouvoir caché aux yeux d’autrui ») peut sembler excessif si l’on considère que les décisions de la Commission européenne ou les directives européennes sont évidemment rendues publiques et lisibles sur quelques sites institutionnels. Mais pourtant, au regard de l’opacité des motifs de décisions et des procédures de débats et de vote au Parlement européen, ainsi que le peu de publicité accordée par les médias aux travaux des institutions européennes, le terme semble s’imposer naturellement aux citoyens et aux observateurs, mais aussi à quelques politiques qui constatent de plus en plus la réduction de leur rôle à une simple gestion d’un système qui « décide pour eux » et soumis de plus en plus au contrôle de la Cour de Justice européenne ou de celle des Droits de l’Homme. Ces institutions judiciaires européennes apparaissent d’ailleurs comme les « arbitres » des débats et des décisions politiques, au risque de mettre en place une sorte d’ « Europe des juges » qui serait, par ses arrêts, au-dessus même de ceux qui sont les législateurs désignés par le vote quinquennal à l’Assemblée bruxello-strasbourgeoise et des Etats rassemblés dans l’UE.

 

L’Europe légale réalise ce que les Etats rêvent parfois de faire alors que les décennies passées leur ont imposé, sinon une transparence totale (qui, d’ailleurs, serait tout aussi dangereuse que l’opacité, à ne pas confondre avec le secret ou la discrétion…), du moins une large publicité et une soumission apparente aux désirs versatiles des Opinions publiques. La Commission européenne échappe aux regards trop appuyés, sans doute parce qu’elle est trop « lointaine » ou se présente comme « la gouvernance » de L’Europe, et non comme un gouvernement, ce dernier terme impliquant évidemment, dans nos régimes contemporains, une certaine forme de contrôle exercé par les électeurs ou par les citoyens (je ne confonds pas les deux termes car ils recouvrent deux réalités politiques différentes). Cet « éloignement » de la Commission n’est pas une simple stratégie de sa part, il est constitutif même de la Construction européenne comme le confirment les écrits de Jean Monnet et ce que l’on a appelé la « méthode Monnet » : il suffit pour s’en convaincre de se souvenir de la genèse de cette fameuse déclaration Schuman du 9 mai 1950 dont certains veulent faire l’acte de naissance de « l’Europe », ce qui n’en est que plus logique… et révélateur !

 

02/04/2009

Europe, Europe...

Je suis d’une oreille distraite les nouvelles du moment, préférant me concentrer sur les questions européennes et régionales, à l’occasion de cette campagne qui commence malgré une grande indifférence des médias et, même, du secteur éditorial : ainsi, hier, passant par la Fnac de Parly-2, j’ai voulu voir quels étaient les nouveaux livres portant sur l’Europe et, plus précisément, l’Union européenne, et je n’ai quasiment rien trouvé sur le sujet… Cela peut paraître surprenant alors que s’approchent (neuf semaines et demi…) les élections européennes et que l’Union européenne est vantée par toutes les institutions de notre République, de l’Education nationale à France-Inter.

 

En fait, l’Europe serait-elle le « grand impensé » de notre époque ? Sauf sur les marges du paysage politique ou parmi les adversaires de « cette » Construction européenne, je ne vois ni n’entend de véritable pensée sur l’Europe : Monnet et Schuman n’auraient-ils pas de successeurs, seulement des « suiveurs » ou des imitateurs ?

 

Ainsi, les débats sur l’Europe sont-ils inexistants ou insipides, au risque d’accroître le sentiment d’une « Europe légale » qui se bâtit ou agit en dehors des réalités vécues par les populations. Lointaine, technocratique, administrative, déracinée… : cette Europe-là ne soulève pas vraiment les passions en sa faveur, et semble plus subie qu’aimée. Et la période de crise n’arrange pas vraiment les choses malgré le discours conformiste qui consiste à faire croire à une « Europe de la raison » qui sauverait nos pays du « pire » dans la tourmente : ce discours ne trouve guère d’échos, en fait, parmi des populations qui se plaignent des délocalisations ou des déclarations de principe qui, répétées à l’envi, ne réussissent guère à convaincre.

 

D’autre part, les grands principes de cette Europe « forcément libérale » (comme le dénonçait il y a quelques années Georges Sarre dans son livre « L’Europe contre la Gauche ») ne paraissent guère résister aux appétits des commissaires et des hauts fonctionnaires de l’UE, comme l’a montré cette semaine l’affaire des « parachutes dorés » des commissaires européens, privilèges peu appréciés des citoyens au moment où les mêmes responsables européens en appellent à la « modération salariale » (pas pour les patrons, non, mais pour les fonctionnaires nationaux et pour les salariés des secteurs en difficulté…). Cette affaire, à considérer avec le pantouflage des anciens commissaires de Bruxelles, n’a rien de très moral ni de très sain : cette confusion des genres peut même apparaître, dans certains cas, comme touchant au « délit d’initié » comme le faisait remarquer récemment un journaliste économique. Tout cela nuit forcément à la crédibilité de cette « Europe légale » et la distancie de plus en plus de « l’Europe réelle » qui, à bien y regarder, pense en termes plus enracinés, plus concrets et, souvent, plus historiques, politiques et nationaux, ou confédéraux.

 

J’aurai l’occasion, dans le cadre de ma campagne électorale, d’approfondir ce point qui me semble véritablement fondamental : cela permettra aussi de poser les bases de réflexion sur l’Europe et sur ce qu’elle est amenée à être, Union européenne ou Alliance confédérale des Etats d’Europe, et sur le rôle que peut y jouer la France. Cela, d’ailleurs, ne doit pas amener, loin de là, à borner l’avenir français à la seule Europe : ce serait méconnaître la vocation propre, et toujours actuelle, de notre nation française dans le concert international des puissances politiques et économiques.

17/03/2008

Rééquilibrage.

Ecoutant d’une oreille distraite les résultats des élections municipales, il m’est quand même assez facile de comprendre que la Droite libérale vient de subir une défaite cinglante, à peine dix mois après la triomphale élection de son candidat M. Sarkozy. Ce qui m’agace c’est le discours de ses partisans, discours qui tient de la langue de bois lorsqu’ils parlent, à tous les micros, de « rééquilibrage » : si cela n’est pas entièrement faux, le fait de se raccrocher à ce seul argument risque de leur cacher de plus prosaïques réalités politiques, comme cette colère de nombreux électeurs devant le cinéma sarkozien des derniers mois et sa valse trop voyante avec l’Argent qui ne peut qu’irriter ceux qui, de plus en plus, ont du mal (pour de bonnes ou mauvaises raisons, d’ailleurs…) à boucler leur budget.

 

Il y a aussi une autre raison, peu évoquée, du désaveu ou de l’indifférence d’un certain nombre d’électeurs classés parfois (et de plus en plus à tort) « à droite » à l’égard des listes de Droite, voire du scrutin lui-même : c’est le fait que voter semble ne plus avoir beaucoup d’importance dans une démocratie qui, lorsque les oligarques sont mécontents du résultat, n’hésite plus à contourner le suffrage universel pour imposer leur point de vue, en se référant à la seule « légalité » du vote parlementaire… La comédie de la ratification du traité de Lisbonne, par le Congrès réuni à Versailles et par l’assemblée nationale quelques jours après, en a découragé plus d’un et a fait perdre quelques illusions sur la démocratie représentative à de nombreux « nonistes » de mai 2005. Ce désabusement d’une part de l’électorat « souverainiste » ou « contestataire » (de droite comme de gauche) n’a pas été mesuré par les instituts de sondage ni même signalé par les analystes électoraux, ce qui me semble une erreur ou plutôt, sans doute, une omission regrettable.

 

Je dois avouer que, sans diviniser le suffrage universel ou le recours au référendum populaire dont la légitimité ne me semble pas toujours bien établie ni même acceptable dans certains cas, je suis dans ce cas de figure de ne plus voir, pour l’instant, l’intérêt qu’il y a à se déplacer un dimanche matin pour glisser un morceau de papier dans une urne transparente, en fait un « chiffon de papier » si l’on en croit le sort réservé à la décision référendaire de mai 2005, quelles que soient là encore les raisons, bonnes ou mauvaises, de celle-ci et de son contournement parlementaire moins de trois ans après.

 

Et pourtant, je ne me désintéresse évidemment pas de la politique, locale comme nationale (même si mon cœur bat plus pour ma ville natale de Rennes que pour Le Chesnay…), mais j’accorde de moins en moins d’importance à ces épisodes électoraux, persuadé que les vrais enjeux et débats sont ailleurs que dans le sort des urnes, même si je ne les méconnais pas pour autant.

 

Peut-on, néanmoins, se passer de ces modes de désignation des édiles locaux et nationaux ? Au risque de paraître contradictoire (mais relisez bien ce que j’ai écrit précédemment et vous verrez que ce n’est pas le cas, c’est plutôt complémentaire), je ne le pense pas. Mais je crois fortement qu’il faut repenser leur place dans le système de la « décision politique », tout comme il faut repenser les institutions politiques dans le cadre d’une subsidiarité bien comprise et d’une souveraineté nationale assumant l’unité de l’ensemble français. En somme, redéployer le politique sur la base simple de « républiques locales » et d’un Etat central souverain, dynastique qui « libère » la magistrature suprême de l’Etat des querelles politiciennes et des féodalités financières ou communautaristes.

 

Pour que voter ne soit pas, là où il est légitime et utile de le faire, vain ou démotivé…