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31/12/2012

La taxe ratée...

 

Il y a beaucoup de choses à reprocher à la République et à ses dirigeants, et tout particulièrement l’hypocrisie, qui est sans doute la pire des choses en politique, au même titre que le manque de courage et l’indécision. Ainsi, le rejet par le Conseil constitutionnel de la fameuse taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros : qui peut croire que M. Hollande ne savait pas qu’elle serait annulée par ce Conseil, alors même que son principal conseiller, le secrétaire général de l’Elysée Emmanuel Macron, évoquait cette taxe provisoire comme celle d’un Etat comparable à un « Cuba sans le soleil » ? Qui peut croire qu’un Président de la République est un « amateur » en matière fiscale ou qu’il n’a pas des spécialistes sur la question capables de lui dire que sa proposition serait, au regard du Droit français, invalidée ? En fait, et sans doute dès le début, M. Hollande savait que cette taxe était condamnée, et cela avant même d’arriver au faîte de l’Etat, mais il s’agissait pour lui de mordre sur l’électorat d’une Gauche qui semblait, au printemps 2012, sensible aux sirènes mélenchonistes, et, pour cela, toutes les démagogies étaient autorisées, la fin présidentielle justifiant tous les moyens électoraux puisque la France a le malheur d’être en République

 

Sinistre farce mais à laquelle, d’ailleurs, peu de gens ont cru : je me souviens d’une conversation entendue dans un café de Saint-Briac en pleine effervescence électorale, conversation durant laquelle une jeune femme visiblement issue des classes aisées et attachée, selon ses termes, à la « mondialisation obligatoire et forcément bénéfique (sic !) », expliquait qu’elle voterait « évidemment » pour François Hollande mais tout en affirmant à son interlocuteur encore hésitant que le candidat socialiste serait, de toute façon, « raisonnable » et que cette taxe, pourtant présentée comme fondamentale dans sa stratégie de candidat (mais qui dit stratégie ne dit pas forcément « mise en pratique »…), ne serait pas vraiment « utile » ni même « souhaitable », et qu’il y renoncerait sans doute après quelques mois et quelques conseils… Cette même jeune femme arguait de la nécessité pour François Hollande de « convaincre le peuple » qui « malheureusement » votait… Je n’invente rien, j’ai bien entendu cela !

 

Et ce qui devait être, est effectivement ! Cette fameuse taxe symbolique a joué son rôle dans l’élection, même si elle ne devait, disait-on dans les milieux économiques, rapporter que des sommes relativement dérisoires (quoique, au point où en sont les caisses de l’Etat…) : elle est désormais invalidée et disparaît des dispositions du budget 2013 en attendant de disparaître définitivement dans les placards des promesses électorales, comme tant d’autres après chaque élection… Avant cette taxe à 75 %, il y a eu la fameuse « taxe carbone », censurée par ce même Conseil constitutionnel en 2009 et, malgré les promesses du lendemain de la reformater, totalement enterrée ensuite, dans une indifférence générale…

 

Ce gouvernement est d’une hypocrisie totale quand il essaye de faire croire qu’il va chercher à relancer cette taxe en la formulant différemment ou en l’amendant « légèrement (sic !) » ! Les beaux discours de M. Hollande lorsqu’il était candidat sont, les uns après les autres, défaits par les réalités ou, bien plutôt, par cette sorte de fatalisme qui aujourd’hui gangrène le monde politique et le persuade qu’il ne peut, en définitive, rien faire si ce n’est suivre le cours de la mondialisation économique : cette morale impolitique de « la feuille morte au fil de l’eau » m’agace au plus haut point, et je refuse cette désertion de l’Etat face aux difficultés, cette propension à rendre les armes avant même d’avoir combattu, que cela soit à Florange face au prédateur Mittal ou à Bruxelles face à la chancelière allemande !

 

Après tout, cette affaire de taxe refusée n’est pas la plus grave, même si elle est hautement révélatrice (et que cette taxe, personnellement, ne me choquait pas outre mesure, bien au contraire, comme je l’ai déjà écrit ici) : ce qui est inquiétant, c’est cette impression donnée par la République et son gouvernement actuel, certes forcément « provisoire », que l’Etat a renoncé à réfléchir et à agir, à décider et à s’imposer ! A contrario, donc, voici encore quelques raisons supplémentaires d’être royaliste !

 

 

27/06/2012

Ebauche d'une stratégie royaliste : quelques pistes...

 

Samedi 30 juin se tiendra, à Versailles, la première Journée d’études du Groupe d’Action Royaliste, journée que j’animerai avec mon ami Frédéric Winckler et qui, l’après-midi, portera sur la stratégie politique des royalistes et sur les moyens de faire progresser les idées monarchistes dans notre pays. Cela annonce sans doute quelques débats intéressants, peut-être vifs, mais en tout cas nécessaires, à mon sens, à l’heure même où nombre de nos compatriotes se sentent perdus dans une mondialisation de moins en moins lisible et dans une société de plus en plus étouffante en même temps que trop fluide, trop « nomade »…

 

Il y a quelques semaines, « La Toile », revue de la communauté monarchiste SYLM (Support your local monarch), a publié un article que j’avais écrit sur mes propositions stratégiques pour un royalisme en période d’élection présidentielle : je le publie aujourd’hui à nouveau, désormais sur ce site, en espérant qu’il suscitera chez les royalistes de toutes les tendances quelques réflexions, propositions ou critiques constructives…

 

 

 


 


Etre royaliste en temps de présidentielle : ébauche et essai d’une stratégie individuelle en l’espérant, pour l’avenir, collective…

 


 

 

Il ne doit en rester qu'un... et il n'en reste qu'un au soir du second tour : l'élection présidentielle, « reine des élections » en France (hommage du vice à la vertu, diraient certains...), est un moment fort, sans doute le plus fort, de la vie politique française, et il serait dommage que les royalistes qui parlent tant de politique tout au long de l'année se réfugient dans une sorte d'exil intérieur en ce moment-là... Au contraire ! C'est l'occasion de réfléchir, de discuter, de proposer en tant que royalistes, et il n'est pas inintéressant de chercher les meilleurs moyens de parvenir à faire entendre la parole monarchiste au cœur de l'arène politique.

 

Il y a plusieurs manières de faire du royalisme en période de présidentielle : présenter un candidat sous les couleurs du royalisme ou avec le soutien d'une organisation monarchiste pour évoquer quelques thèmes qui nous sont chers. Mais la difficulté actuelle pour récolter les 500 signatures de maires obligatoires pour avoir droit de concourir a empêché toute candidature d'aboutir à la présentation effective devant le corps électoral depuis 1974 et la candidature de Bertrand Renouvin. Les vaines tentatives, justement parce qu’elles furent vaines, de M. Renouvin en 1981 puis de MM. Adeline et Villenoisy en 2007 et 2012, si elles n'ont pas été complètement inutiles, ont néanmoins, dans le cadre d'une République qui accorde tant d'importance à l'élection de son magistrat suprême, « invisibilisé » la famille monarchiste, désormais cantonnée, aux yeux des médias, aux commémorations et au folklore et, pour le pire, à des attitudes et à des expressions qui apparaissent bien fâcheuses pour l'Opinion publique...

 

Autre moyen de faire du royalisme : s’allier ou, plutôt au regard des forces actuelles des mouvements royalistes, se rallier à une candidature républicaine, de Droite ou de Gauche. L’inconvénient majeur est que, du coup, l’intérêt qu’autrui pourrait avoir pour le message monarchiste disparaît devant le simple choix fait du candidat et que les questions posées alors aux royalistes n’auront plus grand-chose à voir avec la singularité royaliste, ses idées ou ses propositions : triste sort des « ralliés » que de devoir défendre, du coup, des positions qui ne sont pas exactement « leurs »… La chose serait bien évidemment différente si les effectifs royalistes étaient assez important pour que ce ralliement apparaisse comme une alliance susceptible de quelque utilité pour le candidat choisi ou pour sa candidature.

 

Alors, en attendant mieux, le plus urgent lors d’une campagne présidentielle, c’est de… faire du royalisme, tout simplement ! Cela signifie assumer ses couleurs et son originalité politique : d’abord en abordant des sujets éminemment politiques et qui permettent, en définitive, de démontrer aussi les insuffisances de l’actuelle « Républiquarchie », trop républicaine pour ce qu’elle a de monarchique, trop monarchique pour ce qu’elle a de républicain

 

Justement, ce qui a été marquant dans la campagne présidentielle qui vient de s’achever, c’est l’absence de certains thèmes et le manque de visibilité de certains autres, alors que les drapeaux et les slogans, eux, flottaient au vent dans un tourbillon de couleurs destiné à occulter, sans doute, les douleurs actuelles et à venir… Or, il y aurait eu tant à dire sur les différentes formes de pauvreté et les moyens de les combattre ou d’en atténuer les effets ; sur la possibilité et la nécessité d’une « révolution doublement verte » en agriculture pour, à la fois, nourrir tout le monde et au plus proche en priorité, et pour trouver les moyens d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la diversité végétale comme animale ; sur l’aménagement du territoire, les questions de l’artificialisation intensive et dévastatrice des terres, et le télétravail susceptible de permettre le maintien dans les zones rurales de familles obligées aujourd’hui de s’entasser en périphérie des zones urbaines ; sur la dramatique émigration des « jeunes pousses » françaises, formées dans nos lycées et grandes écoles (entre autres) qui coûte des dizaines de milliards à la France chaque année ; sur le développement énergétique des littoraux français, entre énergie houlomotrice, marémotrice ou hydrolienne, et la fabrication des carburants à base d’algues, véritables « mines d’or » qui peuvent permettre à notre pays de résoudre sa question énergétique en moins d’une décennie si l’on veut bien se donner la peine de « lancer » les choses ; sur les questions ultramarines et la nécessité d’une vaste réforme des institutions d’Outre-mer ; tout cela sans négliger les questions européennes et les moyens de répondre aux défis de la globalisation et de cette « grande transition » aujourd’hui profitable aux nouvelles puissances émergées, et bien sûr à la difficulté du désendettement public…

 

En parlant de cela, en discutant et en travaillant sur des pistes concrètes et prospectives aussi, les royalistes montrent leur utilité et leur motivation à ne pas attendre la prochaine catastrophe ou le prochain millénaire pour intervenir en politique, dans le débat comme dans l’action. De plus, par l’inventivité (je n’ai pas dit l’utopie ou le délire…) ; par la volonté de trouver des solutions aux problèmes d’aujourd’hui et de demain (qui se prépare aujourd’hui, d’ailleurs : ne jamais suivre les trains, mais les précéder, ou les annoncer…) ; par le sérieux de notre travail intellectuel et la crédibilité de nos propositions, par leur capacité à répondre aux inquiétudes et aux souhaits (s’ils sont pertinents, car nous ne visons pas la seule popularité ou reconnaissance populaire, mais le Bien commun…) de nos compatriotes : nous serons à mêmes de crédibiliser et de banaliser le cœur de notre message, la question institutionnelle politique.

 

Car il n’y a pas à mettre notre drapeau fleurdelysé dans la poche, au contraire, mais à montrer combien ce que nous proposons aurait les meilleures chances de se réaliser dans de bonnes conditions avec un régime politique qui s’inscrirait, par son histoire et surtout par sa nature « transgénérationnelle » (du fait de la transmission héréditaire et successible) dans la durée nécessaire, comme le rappelait il y a quelques temps, le philosophe Michel Serres, à la réalisation des grandes politiques qui déterminent le cours d’une nation et d’un Etat. La démonstration monarchiste, qu’il n’est pas le lieu ici de reprendre à nouveau, trouve aussi et sans doute d’abord son meilleur carburant dans la proposition plutôt que dans l’opposition sans fond et la dispersion partisane

 

Etre royaliste est une chance, sans doute, mais ne doit pas se limiter à se regarder au matin dans la glace en murmurant « vive le roi », puis en se fondant dans la criaillerie anonyme de la société de consommation et de distraction… Le commentaire journalier de l’information, à l’oral comme à l’écrit, par l’imprimé comme par la toile ; la discussion quotidienne et parfois impromptue sur son lieu de travail, au café ou dans la rue, ou encore dans le métro et le magasin ; etc. sont des actes qui prennent d’autant plus de valeur et de force que nos concitoyens sont sensibilisés à la période électorale et, au-delà, à la vie sociale quotidienne qui inclut aussi la politique. Ne négligeons pas non plus la colère et la protestation lors des plans sociaux qui frappent parfois non loin de nous : celui qui resterait dans l’éther des idées et se contenterait d’avoir raison ne sera jamais entendu et sa cause sera perdue ! De la parole à l’action, de l’idée à la réalisation, voici la logique d’un royalisme vivant, et efficace…

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

28/05/2012

Des plans sociaux à la monarchie.

La vague des plans sociaux post-présidentielles que j'évoquais dans mes conférences et sur ce blogue bien avant l'élection elle-même a commencé à dérouler ses annonces et ses effets, au point d'alarmer la presse parisienne, bien après la presse économique et celle des provinces, cette dernière plus réactive car plus directement au contact d'un « pays réel » des travailleurs qui n'est pas négligeable même s'il est moins valorisé par les médias que les classes moyennes issues du secteur tertiaire. Il faut bien avouer que le réveil, après le temps des promesses et des espérances (ces dernières qu'il ne faut jamais moquer, au risque de les voir se muer en monstres de désespérance dont on ne connaît jamais à l'avance le destin...), est rude ! A en croire Le Figaro de ce lundi, ce sont 45.000 emplois qui sont directement menacés pour les semaines à venir, que cela soit dans le secteur automobile, dans la métallurgie et la sidérurgie, dans l'agro-alimentaire, etc.

 

Dans son édition du vendredi 25 mai, Libération consacre plusieurs pages à ce qui risque vite de devenir un incendie social dévastateur si l'Etat (entre autres) n'y prête garde ou ne sait comment arrêter la contagion des plans sociaux. Nicolas Demorand, dans son éditorial, trouve les mots justes pour résumer une situation complexe et, à terme, explosive : tout son article serait à citer, qui oscille entre dégoût et colère, mais surtout qui, à défaut de donner quelque réponse institutionnelle qui soit, pose quelques bonnes questions et remarques...

 

« Ils existaient donc bien, ces plans sociaux mis sous le tapis le temps de la présidentielle. Notons juste le cynisme des entreprises concernées, effrayées à l'idée d'affronter la polémique publique en plein chaudron électoral. Reste aujourd'hui, pour les salariés sur le carreau, une immense souffrance. » Il faut bien dire que la souffrance ouvrière n'est pas ce qui empêche de dormir la plupart des dirigeants des grands groupes ou de ces économistes qui parlent de la « nécessaire adaptation à la mondialisation » sans voir le coût humain de celle-ci... Si tel était le cas, ils placeraient l'équité sociale et humaine au coeur de leurs discours, ce qui n'est guère leur habitude, malgré quelques efforts de... communication !

 

« Pour la gauche, nouvellement au pouvoir, [reste] un défi d'ampleur : sauver, dans l'urgence, ce et ceux qui peuvent l'être ; faire que chacun assume ses responsabilités, à commencer par les « grands » patrons qui le plus souvent échappent au sort qu'ils infligent à leurs salariés » : il est vrai qu'il est particulièrement choquant de voir quelques uns de ces grands entrepreneurs s'augmenter leur propre salaire au motif qu'il faudrait « rattraper » les rémunérations de leurs homologues anglo-saxons, au moment même où les salaires des fonctionnaires sont gelés pour deux ans et que les multinationales se livrent de plus en plus à un chantage sur leurs ouvriers en menaçant de délocaliser si les salariés n'acceptent pas une réduction de leur paye...

 

Pour arriver à sauver les emplois et à responsabiliser les patrons, entre autres, Nicolas Demorand souligne qu'il faut donc « un Etat stratège, inventif, capable de s'abstraire de l'actualité pour identifier les futurs gisements de richesse et planifier, au sens le plus fort du terme, les moyens de les conquérir. Longtemps la puissance publique  fut ainsi à l'initiative de ce qui déboucherait sur les fusées Ariane, les avions d'Airbus, les TGV, pour ne citer que les exemples les plus visibles. Avec, en amont, une vraie politique de recherche, fondamentale et appliquée » Oui, il faut bien cela pour sortir de l'ornière dans laquelle un libéralisme excessif a mis la France, au nom, parfois, de règles européennes de non-concurrence et du fantasme d'une « mondialisation heureuse » (sic !)... Il est intéressant de noter, au passage, que M. Demorand égratigne l'argument habituel des européistes sur les « réalisations européennes » en rappelant que les grands projets dont se targue l'Union européenne doivent d'avoir leur existence et leur réussite à la puissance publique, c'est-à-dire à l'Etat de notre pays !

 

Nicolas Demorand poursuit, dans une sorte de « révélation gaulliste » (certains diraient « coming out » en langue globale...) : « Et, en parallèle, un consensus qui considérait ces sujets comme relevant de la continuité de l'Etat et de son intérêt supérieur. Toute cette mécanique s'est profondément déréglée. Il faudra du temps pour la reconstruire. Or l'incapacité à se projeter dans le temps est aussi ce qui caractérise la politique moderne. » La politique moderne ? Peut-être, mais surtout le principe d'une République qui fait reposer la légitimité de sa magistrature suprême sur le jeu des partis et des politiciens, et de leur course quinquennale au pouvoir, cette « présidentielle permanente » qui empêche souvent de voir au-delà des prochaines échéances électorales... Oui, c'est bien la question du temps qui est centrale dans cette refondation d'un Etat stratège, efficace et décidé, voire, par moments si nécessaire, volontariste ! Un Etat qui peut penser en termes de générations, et non du seul calendrier électoral !

 

Encore un effort, M. Demorand, pour conclure ! Sans doute vous faudra-t-il du temps, à vous aussi, pour reconnaître que l'Etat que vous appelez de vos voeux porte ce nom, souvent tabou en France, de Monarchie... Mais si vous voulez que la question sociale ne soit plus, comme en ce moment, cette longue litanie d'ouvriers sacrifiés, il faudra bien vous y résoudre, et ne pas hésiter à le faire savoir...