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14/03/2010

Routes et rurbanisation.

Dois-je, une fois de plus, clamer mon désespoir devant un mouvement qui semble inéluctable et que j’ai déjà maintes et maintes fois évoqué à travers les notes de ce blogue, je veux parler de la construction de nouvelles routes et autoroutes un peu partout en France ? Il y a quelques mois, en me rendant à Chartres, un peu après Rambouillet, j’ai longé un immense chantier qui bouleversait la campagne sur une bonne dizaine de kilomètres et mobilisait une véritable noria de bulldozers et de camions. Bien sûr, ce chantier était prévu de longue date mais est-il vraiment une bonne chose à l’heure où il serait plus judicieux de développer les transports ferroviaires ou les liaisons intercommunales par l’autobus, par exemple, ne serait-ce que pour désembouteiller les routes ou pour diminuer les effets des circulations humaines sur l’environnement (ne serait-ce qu’atmosphérique…) ? Car on sait que, contrairement à ce que beaucoup croient, la circulation automobile ne diminue pas lorsque l’on rajoute des kilomètres de macadam au réseau routier mais augmente parce qu’elle nourrit et se nourrit de la rurbanisation qu’elle favorise…

Or, l’un des problèmes évoqué lors du récent Salon de l’Agriculture est justement le grignotage inexorable des terres agricoles par cette même rurbanisation et son cortège de nouvelles grandes routes, de bétonnage des paysages ou, encore, d’artificialisation des terres au moment où l’on aurait besoin de mieux valoriser les terres arables tout en renonçant au productivisme dont on connaît les tristes conséquences environnementales et sociales.

Cette question ne doit pas rester sans réponse politique et l’Etat, entre autres, doit s’engager dans une nouvelle politique d’Aménagement du Territoire (des territoires, plus exactement) qui cherche à freiner et à réorienter la rurbanisation et à favoriser la « fluidité des communications », non par la seule Route, mais par le Rail et le Fleuve. Vaste chantier, dans lequel les Régions ont un rôle à jouer mais pour lequel l’Etat doit arbitrer et valider les principaux axes de réflexion et d’organisation.

 


20/04/2009

Service de l'Etat.

La monarchie n'est pas la caricature qu'on en donne parfois et, au contraire, elle peut répondre à quelques inquiétudes de nos contemporains... Car ce dont nous souffrons en république c'est, entre autres, la perte de repères face à un Pouvoir qui se fait de plus en plus diffus et tyrannique (administrativement ou réglementairement parlant, en particulier, comme on peut le constater avec la censure dont est victime la pipe de Tati dans le métro parisien depuis quelques jours... Absurdité du "politiquement et hygiéniquement corrects" !), alors qu'il est de moins en moins politique.


Le roi c'est un Etat à visage humain, renouvelé de génération en génération, par le simple fait de la transmission héréditaire : un roi ne choisit pas de l'être mais il assume cette charge, y compris jusqu'au sacrifice suprême, alors qu'en république, un président se moque bien de ce qu'il laissera après lui (sauf ceux, comme de Gaulle, qui ont la notion capétienne du service du pays et d'autrui et qui pensent en termes d'histoire et de durée). L’actuel locataire de l’Elysée est l’exemple même d’un homme qui n’a pas le sens de l’Etat car il se comporte d’abord en propriétaire de l’Etat quand il ne devrait en être que le serviteur…

28/01/2009

Révolution ?

La colère monte, dit-on et constate-t-on un peu partout en France, et l’arrogance des puissants, de la finance comme de la République sarkozienne, exacerbe cette montée de la fièvre contestatrice. Le succès annoncé de la manifestation du jeudi 29 janvier tient beaucoup à ce sentiment diffus et confus, et c’est sans doute ce qui est le plus dangereux, car les syndicats eux-mêmes ne savent pas comment gérer la colère des masses, parfois versatiles et violentes lorsque les cadres sociaux sont fragilisés ou brisés et que l’énergie de la fureur se libère brutalement, en explosion dévastatrice, que cela soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons d’ailleurs.

Peut-on, aujourd’hui, passer de la révolte à la révolution, comme le titrait jadis le quotidien « Combat », imité en cela par toutes les feuilles contestatrices, maoïstes, anarchistes ou, même, monarchistes à la suite du philosophe Maurice Clavel, « révolutionnaire chrétien » qui, à la veille de sa mort, avait reconnu dans les royalistes post-maurrassiens de la Nouvelle Action Française ses « héritiers » ? Si l’on voit bien ce que peut recouvrir le terme de révolte, que peut vouloir signifier celui de révolution à l’heure où l’histoire nous rappelle que celle-ci fut souvent sanglante et cruelle dans ses diverses déclinaisons et qu’elle devient tout aussi terrifiante, dans l’imaginaire des populations occidentales, que les guerres et les totalitarismes ?

Maurras, qui ne passait pas particulièrement pour un gauchiste, affirmait qu’était nécessaire une « révolution rédemptrice » qu’il qualifiait, plus loin, de « conservatrice » (sans, évidemment, les connotations actuelles que lui donnent les libéraux et leurs contempteurs), et se proclamait « traditionaliste révolutionnaire ». Le plus intéressant était son idée qu’il est de bonnes révolutions et qu’elles se font principalement « par le haut », par l’action même de l’Etat et, particulièrement, de sa magistrature suprême.

Les exemples contemporains les plus fameux sont, entre autres, celle accomplie par le général de Gaulle par son action réformatrice à la tête de l’Etat et qui a donné naissance à cette « monarchie inachevée » qu’est la Cinquième République, et celle menée, du haut de sa position « d’héritier libre du franquisme » (et libéré par son essence même de cet héritage encombrant), par le roi Juan Carlos d’Espagne entre 1975 et 1981 et qui a permis une transition en douceur de la dictature à la démocratie, souvent qualifiée de « révolution tranquille », formule d’ailleurs reprise par les partisans de François Mitterrand en 1981-1983…

C’est bien « par le haut » que peut, en France, se faire la véritable révolution politique, condition nécessaire d’une justice sociale retrouvée : il est possible que, comme en 1958, les événements de la rue servent de détonateur à cette révolution souhaitable. Mais c’est bien la magistrature suprême ainsi instaurée qui peut agir et remettre les puissants à leur place qui ne doit pas être la première, comme le soulignaient tout autant Louis XI que Louis XIV ou de Gaulle… « La politique de la France ne se fait pas à la Corbeille » (à la Bourse, dirait-on aujourd’hui), formule gaullienne qui fait écho à la mise au pas d’un Fouquet (l’homme le plus riche du royaume, véritable oligarque de son temps !) par le roi-soleil, résume bien la nécessaire révolution qu’il s’agit de mener, à la fois éminemment politique à la tête de l’Etat et, en même temps, dans les esprits et les mœurs des pouvoirs publics.

M. Sarkozy n’est pas l’homme de cette révolution car il incarne le Pouvoir du Seigneur Argent, celui qui tient la République quand elle-même tient sa légalité du jeu des influences et des clientèles, des partis et des factions : la véritable révolution, qui n’est pas non plus celle d’un Besancenot ou des nihilistes, est bien celle de l’Etat et de sa magistrature suprême. Reste, pour les monarchistes qui attendent et espèrent cette révolution, à trouver les moyens de la faire advenir…

Recherche Talleyrand, pour instauration royale, nécessaire et urgente