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08/09/2016

Contre les féodalités économiques, la Monarchie.

Il y a parfois un côté désespérant à répéter mille fois les mêmes choses, d’une année à l’autre, comme si rien ne changeait jamais : ainsi sur la question de l’avidité de quelques grands groupes financiers ou industriels, et sur celle de leur morgue à l’égard des salariés comme des pouvoirs publics. Deux cas parmi tant d’autres, en ce jour, peuvent illustrer ces règles non-écrites du capitalisme contemporain, plus spéculateur que créateur ou industriel, et l’apparente impuissance des Etats et des autorités politiques : Alstom et Apple.

 

Dans le premier cas, qui nous intéresse d’abord en tant que Français et parce qu’il s’agit d’une entreprise française, la direction de ce groupe, sauvé jadis par l’intervention de l’Etat et du ministre de l’économie de l’époque (un certain Nicolas Sarkozy, plutôt bien inspiré sur ce coup-là, comme quoi tout est possible, même l’improbable), a décidé de cesser la production des trains à Belfort à partir de 2018, pour des raisons avancées de compétitivité et de coûts, au moment même (cruelle ironie, ou pur cynisme ?) où la SNCF annonce qu’Alstom a été choisie pour fabriquer « le TGV du futur » et que l’entreprise industrielle ne cesse d’obtenir de nouveaux contrats, aux Etats-Unis comme en Europe (Belgique, Pays-Bas, Italie). Or, la stratégie de la direction est, dans la logique terrifiante et implacable de la mondialisation, « d’adapter l’outil industriel en France pour l’adapter aux conditions de marché », ce qui signifie sacrifier l’emploi (et les conditions de travail et de vie des ouvriers locaux) pour alléger les coûts de production dans le cadre d’une concurrence internationale sans fin et sans frein. Les promesses du ministre de l’économie d’il y a quelques mois, M. Macron, ne semblent rien devoir y faire et le comble du cynisme (ou de l’impuissance ?) semble être atteint par le Chef de l’Etat lui-même qui, ayant emmené le patron d’Alstom dans son voyage au Vietnam, aura du mal à faire croire qu’il n’a pas été prévenu par celui-ci du sort réservé à l’usine de Belfort

 

Dans le second cas, le refus de la direction d’Apple de se plier aux conditions fiscales qui ont cours dans la plupart des pays d’Europe et de l’Union et de rembourser plus de 13 milliards d’euros d’arriérés fiscaux, sanction que vient de lui infliger la Commission européenne, démontre à l’envi l’arrogance incroyable de ces multinationales qui joue de la mondialisation pour spéculer et affaiblir les Etats, et imposer leur « gouvernance » dont on sait qu’elle n’est rien d’autre que la domination triomphante de « la Fortune anonyme et vagabonde ». La formule prêtée à Honoré de Balzac, « toute grande fortune cache un grand crime », me semble tout à fait appropriée à la situation, les populations laborieuses étant les victimes de ce piège de la mondialisation qui n’est rien d’autre que la concurrence entre salariés organisée par les grandes féodalités financières et industrielles, au détriment de ceux-ci, qu’ils soient de Belfort ou du Vietnam...

 

Doit-on, pour autant, se contenter d’un tel constat et accepter cette dictature économique ? Non, et il n’est pas dans la tradition capétienne de céder aux puissances de l’Argent : mais, par rapport à la Monarchie, la République est plus faible face aux féodalités financières dont elle dépend, ne serait-ce que dans le cadre de la compétition présidentielle, ouverte en priorité à ceux qui en ont (ou à qui on en donne) les moyens, preuve d’une grande dépendance à l’égard de ce que M. Hollande qualifiait d’adversaire avant que d’en être l’obligé…

 

La qualité première de la Monarchie est de ne pas être l’élue de l’Argent et de ses petits jeux, la naissance ne s’achetant pas et n’étant que le fruit d’une étreinte qui échappe encore (Dieu merci !) à la marchandisation tarifée du monde. Si un Louis XIV peut emprisonner l’homme le plus riche du royaume (Nicolas Fouquet) quand nos Républiques ne savent même plus imposer le respect de la parole donnée aux entreprises et à leurs dirigeants (parfois nommés ou acceptés par l’Etat actionnaire), ce n’est pas le fruit du hasard mais la conséquence de l’abandon consenti par la République de ses devoirs sociaux et de ses pouvoirs d’Etat au fur et à mesure de l’expansion économique et de « l’adaptation » à la mondialisation. Le premier devoir d’un roi en France sera de rétablir la magistrature suprême de l’Etat dans une position de force, éminemment politique, face à l’Economique : en somme, restaurer le Politique pour lui rendre ses attributs et sa capacité de décision et d’action, et de contrainte, s’il le faut, envers ceux qui oublieraient que la fin de toute société n’est pas de privilégier l’Argent mais bien plutôt le service de tous et le Bien commun…

 

 

 

04/09/2016

Thierry Maulnier, ce royaliste qui mérite d'être relu.

Le royalisme français est d’une grande richesse intellectuelle, et se plonger dans ses archives politiques permet de le découvrir ou de le redécouvrir : La Tour du Pin, Bernanos, Maurras, mais aussi tant d’autres, sans oublier les princes eux-mêmes… Pourtant, cette richesse est largement sous-évaluée, y compris par les royalistes qui ont souvent tendance à se contenter de quelques textes « classiques » et ne font pas toujours l’effort de renseigner ou de valoriser (y compris en le « dépassant » ou en le critiquant si besoin est) leur propre héritage. Dans l’optique de faire connaître quelques pépites du royalisme français, j’ai, il y a quelques années, fait une sélection de textes courts (articles ou extraits de livres, entretiens, débats, etc.) dont certains sont en instance de publication ou seront prochainement mis en forme et diffusés par le Groupe d’Action Royaliste (G.A.R.), parfois sous forme de vidéos. Ainsi, quelques écrits de Thierry Maulnier, monarchiste un peu solitaire après la seconde guerre mondiale et qui poursuivra, après celle-ci, une œuvre originale, autant théâtrale que politique, méritent d’être réédités, et j’ai rédigé une courte présentation destinée à ouvrir les brochures de textes de celui-ci, présentation que voici ci-dessous.

 

 

 

Thierry Maulnier, ce lys sauvage et solitaire…

 

 

Dans les années trente, malgré la condamnation vaticane et la concurrence de nombreuses ligues nationalistes, l’Action française continue de susciter de nouvelles vocations monarchistes et d’attirer à elle de jeunes intelligences : parmi elles, le nom de Thierry Maulnier va vite prendre un éclat particulier, jusqu’à apparaître comme le disciple préféré et le successeur de Charles Maurras.

 

Né au journalisme politique en février 1930 lorsqu’il rédige avec quelques amis un numéro de L’Etudiant français (périodique des jeunes royalistes d’AF), Thierry Maulnier devient, quelques mois après, rédacteur à  La Revue universelle de Jacques Bainville mais aussi au quotidien L’Action française.

 

Il participe aussi, dans cette décennie 1930-1940 si mouvementée et périlleuse (mais aussi passionnée et intensément politique), à de nombreuses revues, parfois éphémères, comme La Revue française ou Combat, et précise ses colères et sa pensée dans plusieurs ouvrages comme « Demain la France » (après le 6 février 1934) ou « Au-delà du nationalisme ».

 

Maurras s’inquiétera parfois des audaces (ou des emportements) théoriques de Maulnier, mais il n’y aura pas de rupture entre les deux hommes, Maulnier étant même souvent considéré comme le « fils spirituel de Maurras ».

 

Après la Seconde guerre mondiale, Maulnier poursuivra une carrière journalistique, théâtrale et littéraire et, même s’il se tient désormais éloigné du mouvement d’Action française, il ne reniera jamais sa jeunesse royaliste ni les écrits de sa période maurrassienne. Ainsi, à la fin des années 80, quelques mois avant sa mort, il écrit une lettre à Arnould de Liedekerke où il rappelle quelques traits de la Monarchie française qui lui semblent plaider en faveur de ce régime…

 

Après sa mort survenue en janvier 1988, Thierry Maulnier est redécouvert par les jeunes royalistes qui se remettent alors à lire ses principaux textes des années trente, les plus productifs sur le plan théorique et politique, et y découvrent quelques « trésors » qui méritent, aujourd’hui encore, l’attention de qui pense politique…

 

Ainsi, le texte qui suit (1) est une véritable synthèse des raisons d’être de la Monarchie dans notre pays : si les « totalitarismes abrupts » que furent le nazisme et le communisme, après avoir commis les dégâts qu’annonce et craint Maulnier dans cet écrit de 1935, ont heureusement disparu, d’autres dangers persistent et menacent, comme l’islamisme extrémiste, tandis que nos démocraties contemporaines développent, elles, une forme de « globalitarisme » qui, au nom de la mondialisation, étouffe peu à peu les nations historiques et les libertés, autant individuelles que publiques. La réponse que Maulnier apporte aux enjeux de son temps, ressemblants à défaut d’être identiques à ceux d’aujourd’hui, n’est pas seulement valable et crédible, elle est, encore et toujours, nécessaire : pour éviter « les pires toujours possibles », la Monarchie « à la française » est ce régime qui concilie, comme le démontre Maulnier, les libertés concrètes et l’ordre vivant…

 

 

 

Note :

(1) « Miracle de la Monarchie », publié en 1935.

 

                                                                                                              

01/09/2016

17 % de Français favorables à la Monarchie en France.

Un sondage publié il y a quelques jours agite le petit monde royaliste : en effet, cette étude d’opinion (sondage BVA effectué les 22 et 23 août) annonce que 17 % de nos compatriotes seraient favorables à l’instauration d’une monarchie en France, ce qui, dans le contexte actuel de l’invisibilité des royalistes sur la scène parlementaire et d’une présence électorale très marginale, apparaît comme un bon chiffre, même si, au regard de l’avenir proche, il reste très en deçà de ce qui pourrait permettre à la Monarchie de représenter un recours politique et institutionnel. D’ailleurs, si certains évoquent, dans leurs discours de candidat à l’élection présidentielle, la nécessité d’un changement de régime, celui-ci s’inscrirait encore et toujours dans le cadre de la République, qu’ils souhaiteraient « sixième » et « plus républicaine » (sic !), et peu (voire aucun, à l’instant présent) ne proposent une « nouvelle monarchie », même parlementaire ou constitutionnelle, ce qui ne signifie pas que tous négligent cette possibilité…

 

Bien regarder les différents éléments de l’étude peut permettre de dépasser les seuls chiffres et les premières impressions et, pour le plus ou moins long terme, de préparer et mettre en œuvre une stratégie politique royaliste et « instauratrice ». Tout d’abord, il n’est pas inutile de signaler que le chiffre de 17 % dans l’étude de 2016 confirme exactement celui de 2007 : cette stabilité du souhait monarchiste est-elle la preuve d’une grande résistance ou, au contraire, d’une grande peine à convaincre au-delà de ce plafond de verre ? Sans doute un peu des deux : tout d’abord, alors que les programmes et l’esprit de l’Education nationale ont tendance à dévaluer l’apport monarchique à la construction et à l’histoire de France, voire à le dénigrer par des caricatures et, parfois, par des principes qui se veulent l’antithèse de ce qu’est censée être ou représenter la Monarchie, cette dernière garde encore une base de sympathie ou d’intérêt fort importante sans être, malheureusement, ni majoritaire ni déterminante. Ce n’est tout de même pas si mal que cela, et la première réaction de nombreux royalistes fut de se sentir « moins seuls » : rapportés à l’ensemble de la population française, 17 % représentent environ… 12 millions de personnes ! Mais, sans doute faut-il relativiser cette importance numérique car c’est, dans le cadre d’un sondage, la question qui détermine l’opinion de sondés qui n’y auraient pas forcément pensé par eux-mêmes : c’est souvent lorsque j’évoque la Monarchie et sa possibilité institutionnelle en France que celle-ci devient un objet de réflexion et, parfois, de sympathie parmi mes interlocuteurs, comme je l’ai encore constaté ces jours-ci à Saint-Briac ou dans la salle des professeurs de mon lycée. Ainsi, cela nous renvoie à la nécessité d’en parler et d’en faire parler pour faire avancer le « désir de monarchie » chez nos contemporains : il n’y aura pas de possibilité monarchique s’il n’y a pas de discussion et de proposition autour de l’idéal monarchique, et cela donne quelques devoirs aux royalistes conséquents…

 

Cette constatation renvoie à la fameuse formule du « diable boiteux », M. de Talleyrand : « A force de murmurer le nom du Roi, naîtront l’espoir du Roi, puis la nécessité du Roi, enfin la Royauté renaîtra ». Or, aujourd’hui, les royalistes sont peu audibles, non qu’ils ne soient pas présents sur la Toile ou dans la rue, mais ils ne trouvent pas encore de relais médiatiques assez puissants qui puissent valoriser leurs idées et leur militantisme, y compris durant les périodes de forte discussion politique comme l’élection présidentielle. Sans doute le manque d’hommes (ou de femmes) politiques reconnus comme royalistes et exprimant un point de vue politiquement royaliste (à part MM. Renouvin et Adeline, et Mme Pico-Deprez ses dernières années), rend-il difficile la perception d’une possibilité monarchique pour le grand public, tandis que ce sont des écrivains, des historiens, des célébrités journalistiques ou des acteurs, qui portent les couleurs d’un monarchisme symbolique, nostalgique ou historique, voire intellectuel, monarchisme tout à fait sympathique et honorable mais, malheureusement, sans débouché politique.

 

Dans le même temps, ce chiffre de 17 %, qui n’a pas varié depuis presque dix ans, semble indiquer une sorte de plafond de verre qu’il serait difficile de briser par l’idée institutionnelle monarchique : cela peut poser quelques questions et soucis pour les partisans de la Monarchie, mais n’est-ce pas aussi l’occasion de poser celle de la crédibilité du message monarchique en France, indépendamment même des prises de position des différentes mouvances, fort diverses et parfois antagonistes, voire antagoniques, du royalisme français, y compris sur la personne même du possible souverain ?

 

Dans la période de campagne électorale présidentielle qui s’ouvre, les royalistes ont pourtant l’opportunité, en ces temps de désarroi démocratique et électoral, de pouvoir se faire mieux entendre et comprendre, en particulier sur les questions d’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat et de continuité de celle-ci malgré les échéances parlementaires, voire sur celles d’arbitrage politique, de probité et, encore plus, de mémoire nationale et de fidélité, éminemment créatrice, à un « être » historique et civilisationnel.

 

Quand la République désespère aujourd’hui les électeurs qui s’inquiètent d’un nouveau duel Hollande-Sarkozy-Le Pen, réédition tragique de 2012, c’est bien la Monarchie qui peut être motif d’espérance, au-delà des querelles de partis et de la lutte des egos… Et au-delà des 17 % de sympathie à son égard !