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27/06/2016

Brexit... (partie 1)

Le Brexit a eu lieu contre toute attente et à rebours des derniers sondages, ce qui confirme, une fois de plus, que « sondage n’est pas suffrage ». Ce qui a suivi n’a pas clarifiée la situation, bien au contraire, et il faudra sans doute attendre que soit retombée la fumée pour mieux saisir les perspectives de cet événement qui sort des schémas les mieux établis par Bruxelles et par le monde de la Finance : parler trop tôt sur tous les sujets serait parler trop vite, avec tous les risques de dérapage que cela peut entraîner.

 

Ce qui est certain, pour l’heure, c’est la réalité du vote majoritaire des Britanniques pour la sortie de l’Union européenne, après 43 ans d’un mariage peu sentimental entre le Royaume-Uni et le continent bruxellois. Un vote qui reflète aussi les paradoxes de la mondialisation et la complexité, parfois antagoniste, des rapports entre les sociétés et en leur sein face à ce grand remue-ménage mal ordonné par la « gouvernance mondiale », autre nom de la domination de l’Economique sur le Politique.

 

Ainsi, les Anglais et les Gallois ont voté pour la sortie de l’Union quand les Ecossais et les Irlandais ont voté contre ; même dissensus entre les classes aisées, urbaines et mondialisées, favorables au maintien dans l’UE, et les classes populaires, hostiles à celui-ci, sans oublier la fracture générationnelle entre la jeunesse dorée de Londres, europhile, et ses géniteurs, moins enthousiastes devant l’Union européenne… Certains y voient les signes probants d’un « royaume désuni », en oubliant, un peu vite, que le trait d’union entre toutes ces différences (ou diversités de situation et d’appréciation) est, lui, toujours là et a encore plus de raisons d’exister, à bien y regarder… Un ami britannique me confiait il y a peu : « la famille royale unit ceux qui, aujourd’hui, ne veulent plus (ou ne peuvent plus) se parler en face. Tant qu’elle est là et qu’elle assume sa tâche historique et symbolique, le Royaume-Uni a un lendemain ». Et il ajoutait que, même si l’Ecosse s’émancipait du Royaume (ce qui n’est pas fait), c’est encore la famille régnante qui servirait d’intermédiaire pour nouer des relations « sentimentales » durables et apaisées entre les deux pays…

 

En tout cas, le jour d’après le référendum, la Bourse de Londres n’a pas dévissé au contraire des bourses du continent, et la dépréciation de la livre sterling n’a pas forcément affolé les entrepreneurs anglais qui y voient, en fait, le moyen de gagner en compétitivité à moindre frais, leurs produits étant désormais moins chers pour les clients étrangers. En revanche, les touristes britanniques ou les expatriés sont désormais moins à l’aise, mais cela pourrait aussi favoriser Londres aux dépens de Paris, désormais trop cher pour les touristes d’Outre-Manche et moins sûr en raison des menaces d’attentats, sans oublier que Londres aura toujours la relève de la Garde (royale) et le trésor de la Tour de Londres, entre autres, pour satisfaire les étrangers férus d’exotisme européen : verdict dans six mois, lorsque la saison estivale sera passée…

 

 

 

 

(à suivre : le Brexit, révélateur des fautes et des failles de l’Union européenne ?)

 

23/06/2016

La République vassale de l'Argent.

En ce jeudi de manifestations, voici ci-dessous la suite de mon discours de dimanche, qui portait sur l’absence d’autorité de l’Etat de la République alors qu’il nous faudrait, non pas un état d’urgence mais plutôt, « d’urgence, un Etat » !

 

 

 

Ainsi, au moment même où la France est attaquée par des fanatiques qui usent du terrorisme, de cette Terreur dont le terme idéologique est né au sein même de la Révolution française, en 1793, dans la bouche d’un Robespierre et sous la plume d’un Saint-Just, l’Etat, malgré ses moyens et la qualité d’un grand nombre de ses fonctionnaires, apparaît presque impuissant, incapable de réagir et surtout de savoir prévenir sur le long terme.

 

En fait, en République, l’Etat manque de souffle comme il manque de vision et, encore plus aujourd’hui, de hauteur.

 

La République cache sa faiblesse dans de grands discours remplis de grands principes et dans des cérémonies funèbres qui, malheureusement, se multiplient depuis janvier 2015 et vont même jusqu’à inspirer, dans une forme de morbidité qui ne me semble pas très saine, les sujets du baccalauréat de français de la session de juin… Les premières d’entre elles rassemblaient encore, et la République se parait du manteau de l’unité nationale, en une sorte d’hommage du vice à la vertu. Mais aujourd’hui, même les grandes cérémonies « nationales » ou commémoratives ne suffisent plus, et le refus d’un policier de serrer la main du président de la République, puis du premier ministre, vendredi 17 juin à Versailles, en dit plus long sur le désaveu de cet Etat-là, de ce « semble-Etat » sans autorité, que de longues phrases…

 

Quel bilan ! Faiblesse de l’Etat républicain, manque d’autorité de ce semble-Etat et manque de légitimité, y compris démocratique, comme on le voit avec le recours désormais rituel au fameux 49-3 pour faire avaler ses lois à une majorité réticente, celle-là même qui a cru au discours du Bourget de 2012, ce summum de l’exercice rhétorique de la démagogie et du mensonge politique (ou, plutôt, politicien). « Mon adversaire, c’est la Finance », clamait le candidat Hollande… C’était sans doute une boutade ! Mais elle a désormais un goût sacrément amer au palais des électeurs dits de gauche qui y ont naïvement vu la promesse d’une mise au pas des féodalités financières…

 

L’apparent revirement de M. Hollande n’est, là encore, pas une surprise pour qui connaît l’histoire : la République ne peut s’imposer à l’Argent car elle en est la vassale, élections (et coût de celles-ci) obligent, au contraire d’un roi qui ne lui doit rien, et qui vit « avec » l’Argent (cohabitation parfois difficile) mais pas « sous » lui. Quand Louis XIV peut embastiller l’homme le plus riche du royaume, Nicolas Fouquet, le président Hollande ne peut que se désoler (et encore, sans bruit…) de l’arrogance des grands patrons de multinationales : ceux-ci peuvent « s’augmenter » leurs salaires (grâce à de gros actionnaires complaisants) quand, dans le même temps, ils licencient ou bloquent ceux de leur main-d’œuvre, allant jusqu’à menacer notre pays de délocaliser quand ils se heurtent à des oppositions sociales ou syndicales. Les Ghosn, Tavares, Agon et autres grands féodaux de la République ne craignent rien d’un président qui n’apparaît fort qu’avec les « faibles » (classes moyennes qui forment le « public captif » de la République, familles « sages », petits commerçants du monde rural et des centres-villes, etc.).

 

Pendant ce temps, la France perd du temps et des positions dans le monde alors qu’elle a tout pour assumer et assurer sa place de puissance et d’arbitre international, et que ses potentialités économiques, énergétiques et culturelles restent immenses.

 

La faiblesse du semble-Etat, la mainmise sur celui-ci d’une oligarchie mondialisée et déracinée, adepte du « néo-nomadisme » et de la globalisation, rétrécissent la France et la livre aux féodalités contemporaines, des multinationales et des puissances de l’Argent-Dieu comme des institutions bruxelloises de l’Union européenne (elles-mêmes « clientes » des groupes de pression financiers et économiques).

 

Mais si la République c’est Créon, nous, royalistes, devons être Antigone, encore et toujours, car la France mérite mieux que la République, elle mérite l’avenir et la liberté !

 

 

 

Paris, discours prononcé lors du banquet du Groupe d’Action Royaliste, dimanche 19 juin 2016.

22/06/2016

Ce semble-Etat de la République...

Je poursuis ce mercredi la retranscription de mon discours de dimanche dernier, prononcé lors du banquet de fin de printemps du Groupe d’Action Royaliste. A me relire, j’ai l’impression que mes propos trouvent confirmation de leur actualité en ce jour de cafouillage gouvernemental et de « victoire » (temporaire ?) des organisations syndicales contestataires. La suite demain, sans aucun doute…

 

 

 

Un élément nouveau est apparu la semaine passée avec l’annonce du premier ministre et du président de la République, dès le lendemain des incidents du 14 juin, de la possibilité légale d’interdire les prochaines manifestations syndicales parisiennes. Certains, ironiques, y verront peut-être la fin du fameux « Interdit d’interdire », valorisé par la Gauche depuis Mai 68. (1)

 

Est-ce une marque d’autorité ? Non, j’en doute : lorsqu’elle rencontre une difficulté, la République, surtout quand elle se dit « de gauche » (ce que je n’oserai lui dénier), tombe tout de suite dans l’autoritarisme qui n’est que la caricature de l’autorité. (2)

 

Est-ce vraiment illogique, est-ce vraiment une surprise pour les royalistes qui savent d’expérience et d’histoire, en bons « empiristes organisateurs », que la République, sauf en de rares occasions qui ne durent et ne peuvent – par le principe même de la « République des républicains » - durer, n’est pas un véritable Etat mais, comme le disait fort bien le philosophe Pierre Boutang, un « semble-Etat » : cela ressemble à un Etat, il en porte les marques et les couleurs, mais cela n’est pas un Etat ! Il lui manque le temps, l’autorité et la légitimité qui fondent un Etat digne de ce nom. Le « semble-Etat » est le Canada Dry de l’Etat, rien de plus.

 

C’est encore plus vrai aujourd’hui qu’hier, et c’est terrible pour la France et les Français qui en sont les premières victimes.

 

 

 

 

(à suivre : L’Etat sans l’autorité, la pire des choses.)

 

 

 

Notes : (1) : L’interdiction de la manifestation a effectivement été prononcée le mercredi 22 juin… avant que d’être infirmée quelques heures plus tard devant la colère d’une bonne partie de la Gauche et des syndicats, y compris de ceux qui sont favorables au projet gouvernemental : cette valse-hésitation (formule qui se prête évidemment à nombre de jeux de mots, à moins qu’ils s’agissent de maux…) démontre à l’envi l’absence de constance et, encore plus, l’absence de cap du gouvernement. Cela confirme mes propos de dimanche dernier sur la crise d’autorité du régime.

 

(2) : C’est une tendance lourde de la Gauche, en définitive, et cela dès les débuts de la République si l’on considère que la République des années 1792-1794 en est une incarnation et que le tandem Robespierre-Saint-Just en porte les « valeurs », ce qui reste, d’ailleurs, à expliquer et, parfois, à nuancer. Il faudrait sans doute revenir sur la fameuse formule de l’Archange de la Terreur qui proclame « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté », formule qui, jusqu’à une période récente, était hautement revendiquée par une part significative des hommes et des partis de Gauche, pas forcément communistes…