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29/10/2010

Mortalité infantile en France.

La démographie est un indicateur important de la santé d’une société et tout pouvoir politique digne de ce nom doit y être attentif, non pour se mêler de la vie des alcôves mais pour prévoir et gouverner : c’était déjà l’une des préoccupations majeures du pouvoir des pharaons, et l’une des activités des scribes consistait à compter les sujets de l’Etat, pour des raisons fiscales et militaires…

 

Aussi, l’information rapportée dans son édition du mercredi 27 octobre 2010 par le quotidien « La Croix » n’est-elle pas anodine, loin de là, et mérite intérêt et réflexion : « La mortalité infantile a augmenté en France en 2009. ». Bien sûr, cette évolution est très limitée (on passe de 3,6 à 3,7 décès pour 1000 naissances vivantes) mais elle est significative car elle intervient après plusieurs années de stagnation d’une diminution qui, jusque là, apparaissait inéluctable et alors que nos voisins européens enregistrent une baisse continue de cette même mortalité infantile. « La France est ainsi passée du 5ème au 14ème rang en la matière. La détérioration de la situation concerne surtout les premiers jours. « Les décès survenant au cours de la première semaine de vie augmentent, eux, depuis trois ou quatre ans (…). Nous sommes passés de 1,5 décès pour 1000 naissances vivantes en 2005 à 1,7 en 2009. » ».

 

C’est en Outre-mer que les chiffres sont les plus mauvais et c’est souvent lié au suivi insuffisant des grossesses et à la mauvaise qualité de l’eau dans certains quartiers. Mais, au-delà, sans doute faut-il y voir un avertissement pour la métropole elle-même à l’heure où tant de maternités de proximité ferment et où, selon une enquête récente, plus de 8 millions de nos concitoyens ont un accès de plus en plus limité aux soins faute de moyens ou de remboursements suffisants.

 

Le gouvernement en place aurait tort de négliger cette question car, si elle reste apparemment marginale, c’est cette évolution négative elle-même qui pose question et problème : la France doit-elle, même pour des raisons budgétaires, relâcher l’effort pour améliorer la venue et l’accueil au monde des enfants, avenir de notre pays ? Peut-on accepter que l’Outre-mer ou que les campagnes métropolitaines soient délaissées par le combat contre la mortalité infantile (mais aussi la mortalité maternelle qui reste un souci pas totalement évacué) ?

 

En fait, la politique de lutte contre les mortalités maternelle, infantile et enfantine, s’inscrit dans la question plus large de la politique de santé de notre pays et dans celle de la politique familiale, deux questions qui n’occupent pas le devant de la scène médiatique mais qui n’en sont pas moins importantes. Là encore, il faut repenser la philosophie et l’architecture de ces politiques, et il y a fort à parier que la République actuelle, qui a du mal à se projeter au-delà des prochaines échéances électorales ou des prochains oukases des agences de notation financières, n’en aura ni le temps ni la volonté… Sans doute aussi parce que la République a tranché le lien avec « la famille mère », celle-là même qui donnait à la France un visage humain, non celui d’un buste de plâtre ou des affiches électorales, mais celui d’une famille, d’une dynastie régnante, d’un mélange constant des générations, des plus vieux aux plus jeunes… La Monarchie naît au sein d’une famille quand la République élective, elle, se pense en s’émancipant des rapports et des liens familiaux : cela se ressent aussi dans son appréhension des questions démographiques…

25/10/2010

La République antifamiliale de madame Morano.

La question des retraites n’est sans doute qu’une conséquence, et non une cause ni un problème « isolé » : il faut la repenser en fonction de deux facteurs déterminants (mais pas forcément exclusifs), la démographie et l’emploi. S’abstenir de le faire, c’est risquer de ne rien comprendre aux enjeux actuels et à venir et, donc, s’empêcher de construire cet avenir que « tout esprit bien né souhaite à sa patrie », selon la fameuse formule de Maurras.

 

Or, l’actuel gouvernement a tendance à prendre systématiquement le contre-pied de toute politique familiale digne de ce nom et qui pourrait aider à soutenir notre démographie : ainsi, la semaine dernière, quand le Parlement européen, pour une fois bien inspiré, a prôné et voté l’allongement du congé de maternité minimal à 20 semaines, Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille, a tout de suite dénoncé cette décision ! Les raisons invoquées n’étaient d’ailleurs pas très claires mais montrent bien que ce gouvernement, puisqu’elle exprimait l’avis de celui-ci sur cette question, est l’un des plus anti-familialistes de l’histoire de France, y compris sous la République… Doit-on s’en étonner quand on a vu une Christine Boutin, représentante d’une Droite qui se voulait « chrétienne sociale », sortie sans ménagements du gouvernement et ensuite marginalisée, voire détruite, par l’UMP, y compris lors de l’élection législative des Yvelines où son successeur (issu du parti chrétien de Mme Boutin) a été si peu soutenu par le parti sarkoziste (voire même combattu à peine discrètement, comme certains témoignages me le confirment de Rambouillet…) et a été battu par une candidate des Verts qui symbolise d’ailleurs bien un certain changement sociologique dans les campagnes de plus en plus rurbanisées des Yvelines.

 

La République de M. Sarkozy a choisi son camp et qu’elle soit qualifiée de « République des riches » est assez révélateur quand on se souvient qu’au XIXe siècle une certaine bourgeoisie se signalait par son refus de faire plus d’un enfant par crainte de disperser l’héritage et de freiner son ascension sociale, et appelait les ouvriers les « prolétaires », ce qui veut dire « ceux qui n’ont que des enfants comme richesse », en les moquant de « ne pas savoir se retenir »… Il suffit par exemple de relire l’ouvrage de Zola intitulé « Pot-Bouille » pour le remarquer ! Comme quoi, les « li-li », ces « libéraux-libertaires » qui gouvernent la République sont les dignes héritiers et continuateurs d’une certaine bourgeoisie égoïste (Toutes ne le sont pas, Dieu merci) peu soucieuse de l’avenir et de partager ce monde avec ceux à venir…

21/10/2010

Sarkozy, oligarque plutôt que monarque...

J’étais en début de semaine en Auvergne pour accompagner des classes de Première en sortie « géologie », au cœur des volcans et non loin, le premier jour, de la colline de Gergovie, ancienne capitale des Arvernes, surplombant la ville de Clermont-Ferrand. Bien sûr, la figure de Vercingétorix hante les lieux, et sa défaite finale, honorable mais cruelle, mérite sans doute quelques remarques : d’abord, n’a-t-il pas été victime, avant toute autre chose, d’une certaine trahison des élites gauloises, plus enclines à défendre leurs intérêts propres que ceux de leurs propres compatriotes, et à chercher dans le ralliement à l’Empire romain une sécurité menacée par des peuples gaulois prêts à donner leur consentement à un chef capable d’incarner « l’unité » et de diminuer le pouvoir des aristocrates maîtres des assemblées ? En somme, n’est-ce pas là le vieux combat qui court tout le long de l’histoire de France entre les « oligarques » et le « monarque » ? Le combat entre les nobles de « la Fronde » et l’Etat royal, la lutte entre les partisans du régime parlementaire et un de Gaulle partisan d’un Etat libre au-dessus des partis ?

 

Vercingétorix a perdu et César, lui aussi, sera confronté à la même animosité des aristocrates républicains de son camp, jusqu’aux coups de poignard des ides de mars 44 avant J.-C., coups mortels portés par son propre fils adoptif Brutus, qui mettront un terme à ses ambitions mais ouvriront, au grand dam de ses assassins, la voie à l’Empire d’Auguste, son autre fils adoptif…

 

Mais le « pouvoir d’un seul » est-il toujours une Monarchie telle que le vieux royaliste que je suis l’entend ? Sans doute, non ! L’actuelle monocratie sarkozienne est bien plutôt, malgré l’apparente personnalisation du Pouvoir en place, un régime qui sert une classe d’oligarques mondialisés, une cour d’économistes conformistes et de journalistes bien-pensants… Sarkozy n’est ni Vercingétorix ni de Gaulle, encore moins Louis XIV ! Quand la légitimité d’un roi capétien repose sur la nécessité de « faire bonne justice », celle d’un Sarkozy, indéniablement électorale, n’est pas vraiment assurée…