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26/06/2008

Conférence de Sébastien Lapaque (annonce).

Ce jeudi soir, Sébastien Lapaque vient, à mon invitation (au titre du Cercle Georges Bernanos), présenter son livre intitulé « Il faut qu’il parte » et consacré à dénoncer le libéralisme actuel, cette idéologie négatrice de l’idée de civilisation et de la justice sociale. Cette charge violente contre l’esprit de ceux qui nous gouvernent, contre, en somme, ce règne du « pays légal » déjà fustigé en son temps par Maurras ou Bernanos (de façons ô combien différentes), mérite attention.

 

Ainsi, ce 26 juin, alors que les terrasses seront sûrement envahies par des Versaillais heureux de ces belles et chaudes soirées (enfin !) et des touristes ravis de profiter de la « douceur de vivre » française, c’est au premier étage du café « le Franco-belge » (celui que j’appelle « mon café-bureau »), vers 20 heures, que Sébastien Lapaque prendra la parole : pour ceux qui n’auront pas la possibilité de venir, je prendrai quelques notes qui constitueront un prochain article sur ce blogue.

 

Au-delà de ce livre, je conseille la lecture des autres ouvrages, romans comme essais, de Sébastien Lapaque, en particulier les deux livres sur Georges Bernanos dont il se veut un fidèle disciple et dont il cultive l’héritage intellectuel et politique.

 

24/06/2008

Oui ou non, oui et non ?

Le référendum irlandais aurait dû donner quelques sueurs froides aux européistes et les inciter à réfléchir sur le « pourquoi » des échecs référendaires nombreux depuis 1992 lorsque la question porte sur l’Europe : un au Danemark sur le traité de Maëstricht, deux en Irlande sur le traité de Nice et le « traité modificatif » (dit, à tort, « minitraité »), un en Suède (sur l’euro), un en France sur le traité constitutionnel, et idem aux Pays-Bas (avec un score de près des deux tiers des suffrages exprimés !) en 2005… Mais, apparemment, « ils » (eurocrates, gouvernements et européistes) n’ont rien compris ni rien appris : j’ai bien écrit « apparemment » car je ne crois pas en leur aveuglement mais bien plutôt en leur acharnement à faire passer « leur » Europe ! Ce qui explique la stratégie d’évitement du référendum populaire qui motivent les gouvernements et les institutions européennes, au risque de se couper un peu plus encore des populations.

 

Cette fracture entre les « élites européistes » et les « peuples » n’inquiète pas outre mesure les gouvernements, persuadés que la « démocratie représentative » aura toujours le dernier mot, que sa légalité peut éternellement lui tenir lieu de « légitimité » : raisonnement qui risque de montrer bientôt ses limites, mais aussi de reposer cette question fondamentale de la légitimité à laquelle les royalistes répondent par une « externalisation » de la magistrature suprême de l’Etat, à son « autonomie » à l’égard des systèmes électoraux et de représentation partisane et parlementaire, sans pour autant négliger un véritable redéploiement des « pouvoirs citoyens », de l’exercice de ceux-ci à travers des institutions « républicaines de base »… Il me faudra cet été revenir sur cette formule qui résume tout cela : « le roi, président des républiques françaises »…

 

Sur la question de l’acceptation ou non du traité modificatif dit « de Lisbonne », les Français n’ont pas été consultés comme ils l’avaient été en 2005, sans doute par crainte d’un nouveau refus et d’un blocage de la mécanique institutionnelle de l’Union européenne. Restent les sondages qui peuvent donner des résultats fort différents, y compris le même jour : ainsi le sondage publié par « Le Parisien-Aujourd’hui en France », le dimanche 22 juin, qui donne 56 % de votes favorables au nouveau traité en cas de référendum, tandis que celui publié le même jour par « Sud Ouest » annonçait 53 % de votes négatifs… Je rappelle que « sondage n’est pas suffrage », mais ils restent intéressants à étudier, et les commentaires parus sur celui du « Parisien » (sondage CSA) ne le sont pas moins : ainsi, il est signalé cet élément non négligeable et pas forcément rassurant pour les partisans du traité que, après sa rédaction, « à la même question, posée en novembre 2007, le oui recueillait 68 % ». Une érosion de 12 % en quelques mois…

 

Autre élément intéressant : le taux d’abstention, et c’est sur cette comparaison sur les deux sondages que les européistes ont du mouron à se faire, même s’ils n’ont pas à craindre un référendum puisque M. Sarkozy ne veut pas de cette possibilité, ni pour le traité ni pour autre chose d’ailleurs, et que la ratification française a déjà eu lieu cette année. Selon le sondage du « Parisien », il serait, en y adjoignant les votes blancs et nuls, de 46 %, tandis qu’il ne serait, dans le sondage de « Sud Ouest » que de 33 %. « Le Parisien », d’ailleurs, ne cache pas que cela rappelle « la situation de 2005 : avant que le référendum ne soit officiellement décidé et programmé, le oui l’emportait largement et l’abstention était élevée dans les sondages. Ensuite, le pourcentage des abstentionnistes a peu à peu fondu en faveur du non. On connaît la suite : le 29 mai 2005, plus de 69 % des Français ont voté et le non l’a emporté avec 54,67 % des suffrages ».

 

Même si les électeurs n’ont pas été invités à donner leur avis, les sondages, quels que soient leurs résultats et leurs ambiguïtés, signalent un malaise auquel il serait dangereux pour l’UE elle-même et ses institutions de ne pas répondre, d’une manière ou d’une autre : repenser, reposer les perspectives européennes, la place des Etats et les possibilités de projets communs plutôt que de forcer la nature politique des pays d’Europe, tout cela s’avère nécessaire et urgent. Car, croire que « passer en force » ou jouer sur la seule démocratie représentative suffira, c’est se préparer des réveils douloureux… On ne gouverne pas éternellement sans les peuples un ensemble qui se veut « démocratique » : lorsque le serpent se mord la queue, il finit par s’empoisonner…

 

20/06/2008

Votre République...

A l’occasion d’un débat (émission « on refait le monde », jeudi 19 juin, sur RTL) sur les communautarismes qui se font de plus en plus virulents en France, l’écrivain Denis Tillinac s’est emporté et, à plusieurs reprises, s’est adressé aux autres débatteurs en évoquant « votre République », jusqu’à ce que le présentateur Nicolas Poincaré lui rétorque « Mais c’est un peu la vôtre aussi ». Ce à quoi Tillinac a eu cette réponse fort intéressante « Je suis d’abord français » (je retranscris suivant mon souvenir de cette émission, entendue alors que j’étais en voiture).

 

Réponse fort intéressante mais surtout fort significative : que cet écrivain réputé, connu pour ses idées gaullistes et proche de Jacques Chirac, établisse désormais une distinction entre la France et la République montre que le climat intellectuel peut changer et que le discours qui confond France et République n’est plus obligatoire dans les milieux qui pensent et qui écrivent.

 

L’habileté de la République, depuis la Révolution, était de vouloir être la « totalité de la France », d’être la « vraie France », celle des « valeurs » à tel point que s’en prendre au système institutionnel français condamnait à être considéré comme un « mauvais Français », voire un « traître » durant les guerres de la Révolution, au risque d’y perdre la tête… Comme si la France était née en 1792 ! Comme si l’an I de la République était l’an I de la France ! On retrouve cet état d’esprit dans les propos de certains ministres comme Rama Yade quand elle déclare il y a quelques mois, au détour d’une phrase, que la France est née en 1789, de la Révolution donc (ce qui induit déjà une distinction qu’elle semble négliger, puisque 1789 c’est encore et pour trois ans encore la Monarchie…), en oubliant que, pour qu’il y ait « Révolution française », encore faut-il qu’il y ait d’abord une France

 

Dans sa colère, Tillinac s’en prenait à cette sorte de chantage intellectuel qui veut que « hors des valeurs de la République, point de salut ». Ce que laisse entendre Tillinac, c’est justement que ce sont ces « valeurs » qui posent problème…