Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/08/2008

La Monarchie politique.

Quelques avantages du mode de transmission héréditaire de la Monarchie : l’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat mais aussi l’autonomie du politique à l’égard des féodalités de l’économique. Le roi ne doit rien à personne, n’étant l’élu de personne et n’ayant pas été obligé de se construire une clientèle et de faire appel à des puissances financières pour accéder au pouvoir. Cela lui donne une grande liberté, une indépendance à l’égard des féodalités politiques (en particulier les partis), qui, certes, n’empêche pas leur jeu parlementaire ou démocratique, mais en limite les effets sur l’Etat et sa représentation. Si le roi n’a pas à être omniprésent dans la vie politique du pays, il est le gardien des institutions, l’incarnation de l’Etat et sa représentation diplomatique : son indépendance est une chance pour le pays, même si elle peut parfois être mal comprise et qu’elle ne le garde pas entièrement des pressions de l’Opinion et de ses représentants, ne serait-ce que par la nature même des modes de communication et de discussion politique contemporains. En tout cas, son indépendance statutaire lui permet aussi de porter la parole du politique face à l’économique, en particulier quand ce dernier cherche par tous les moyens à s’affranchir de ses devoirs sociaux : le roi peut jouer un rôle important de médiateur politique entre les principaux acteurs de la scène économique et sociale, et rappeler, à l’instar du comte de Chambord et du pape Jean-Paul II que « l’économique doit être au service des hommes, et non l’inverse ». Mais il est vrai qu’il faudra au souverain de « l’Instauration » faire preuve d’une grande fermeté et volonté, et que la nouvelle Monarchie, dans les premières années de sa mise en place, devra quérir une part de sa légitimité dans la capacité à garantir la justice sociale.

Néanmoins et quoi qu’il soit, la Monarchie offre indéniablement plus de possibilités qu’une présidence piégée par le calendrier électoral et obligée de se méfier du temps quand la Monarchie, par son principe même, n’est pas limitée par des échéances démocratiques.

Cela signifie-t-il que le roi peut faire n’importe quoi ? Bien sûr que non, et l’histoire montre à l’envi que les souverains qui se sont succédés en France, quels que soient leurs qualités ou leurs défauts, ont su généralement rester attentifs à leurs devoirs d’Etat envers le pays comme envers les peuples de France. D’ailleurs, leur intérêt bien compris était de faire en sorte que le royaume se porte plutôt bien, au risque de grever l’avenir et, en particulier, celui de leurs propres héritiers : être roi, c’est aussi exercer un métier, une charge, et non se contenter de paraître ou de parader... Le prestige monarchique n’est pas le « bling-bling » républicain du mari de Carla Bruni !

De plus, en France (mais pas forcément dans les autres pays aujourd’hui monarchiques), la Monarchie se doit d’être « active » et de savoir s’engager sur de grands chantiers à long terme : elle n’est pas un régime d’opérette mais un élément essentiel de la vie politique du pays, non qu’elle prenne toutes les décisions, mais parce qu’elle joue un rôle d’arbitrage sur les grands dossiers après avoir entendu, autant que faire se peut, tous les points de vue et étudié tous les aspects du sujet et les perspectives possibles, aussi différentes soient-elles. La magistrature suprême de l’Etat n’a pas non plus à faire le travail des ministres ou des partis politiques, ni à s’immiscer dans la vie parlementaire qu’elle surplombe par son rôle de garante des institutions, mais elle se doit de rappeler, lorsque la nécessité s’en fait sentir, les grands principes de l’Etat et d’ordonner la diplomatie, dont le roi reste le principal acteur et l’incarnation de la France.

De par son statut, la Monarchie, symbole de l’Etat libre des pressions de tout genre et « trait d’union » entre les provinces, peut engager une plus grande décentralisation sans remettre en cause l’unité nationale, tout comme elle peut accorder une plus grande place aux communautés dans la vie politique en les intégrant au jeu institutionnel sans tomber dans les communautarismes figés et agressifs : c’est, d’une certaine manière, ce que rappelaient les rois de l’Ancien régime lorsqu’ils évoquaient « les peuples de France » sans, pour autant, tolérer les remises en cause de l’unité du royaume. En fait, dans le monde globalisé contemporain qui uniformise les modes de vie et, dans le même temps, maximalise les « petites différences » (stratégie du consumérisme actuel : diviser pour mieux régner…), la Monarchie peut jouer un rôle protecteur des identités locales et nationale par l’incarnation même d’un enracinement et d’une histoire qui ne se résumeraient pas au seul présent… Le roi peut être ce point de repère qui manque tant pour signifier « la France », autant comme Etat que comme nation. D’ailleurs, à ce propos, le roi n’a pas à faire un tri dans l’Histoire de France : il en est l’héritier et le rappel, et il est autant celui des rois que des régimes qui se marquaient par « l’absence de roi » ; il n’a pas de « querelle à venger », il assume toute l’Histoire de France !

La Monarchie n’est pas « le régime parfait » et elle ne revendique pas l’être, consciente qu’elle est avant toute une institution faite par des hommes, pour des hommes, pour tous les êtres de sang et de chair dotés d’une conscience qui se rattachent, d’une façon ou d’une autre, à la France, et non une simple abstraction logique et froide : son caractère profondément, intimement même (ne serait-ce que par son mode de transmission), humain l’entraîne à prendre les personnes telles qu’elles sont et à « faire de la politique », fondée sur les réalités plus que sur les seules idées ou idéologies, ce qui ne l’empêche évidemment pas d’avoir des idées ou de débattre de celles-ci sans préjugés.

Comme le souligne Maurras, la Monarchie ne constitue que « le moindre mal et la possibilité du bien » : elle n’est pas un remède miracle, et les monarchistes ne sont pas non plus les charlatans d’une monarchie dont les rois seraient les gourous… Mais elle est cette nécessité pour faire vivre la France, pour en poursuivre l’œuvre dans un monde qui a besoin d’elle comme le soulignait en son temps Georges Bernanos, pour assurer la défense des « petits » face à « l’économie sauvage », pour donner à notre pays mieux qu’un homme, une famille ! Nécessaire, et au plus vite, faut-il souhaiter, possible…

11/08/2008

Seigneur Argent...

Une information entendue sur France-Info ce ouiquende, coincée entre deux reportages sur les Jeux olympiques et quelques brèves allusions au conflit armé entre la Russie et la Géorgie : à Meaux, le Secours populaire n’a pas recueilli assez d’argent cette année pour emmener à la mer 120 enfants privés de vacances. Du coup, seulement 80 enfants (2 bus) auront droit à cette journée de détente, et il faudra, pour l’association, faire une sélection, évidemment cruelle. Combien manque-t-il pour en emmener 40 de plus ? 1.200 euros…

Cela peut paraître dérisoire et, effectivement, ça l’est, en particulier au regard des salaires astronomiques de certains grands patrons hexagonaux ou des joueurs célèbres de balle au pied, ou encore en comparaison des millions d’euros gagnés dans une procédure douteuse par M. Tapie. On pourrait espérer un geste de charité et de partage de la part de quelques uns de ces concitoyens fortunés : on pourrait…

Malheureusement, l’heure semble plus à l’étalage de richesses qu’à leur charitable ou solidaire utilisation, comme le souligne (dans un entretien riche, sans jeu de mots, bien sûr) Régis Debray dans « La Croix » (8 août 2008), qui analyse la place de l’argent dans notre société contemporaine : « L’argent, jusqu’à une période récente, était un moyen. Il est maintenant une fin en soi. Le serviteur est devenu maître. (…)

Pour la première fois dans l’histoire de notre civilisation, l’homme exemplaire n’est plus un homme désintéressé. Le chevalier du Moyen âge, le gentleman du XIXe siècle, le curé de paroisse à la Bernanos ou le militant politique… Depuis l’effacement de ces figures d’exemplarité, la notoriété s’est totalement indexée sur le niveau de richesse. Non pas l’industriel mais le communiquant qui fait de l’argent sur le Net. L’échelle des revenus est devenue l’échelle des valeurs. (…)

L’argent a perdu de sa pudeur, il est devenu l’arbitre des élégances, des libertés et des utilités sociales. J’y vois le signe d’une société qui marche sur la tête. (…)

Ce qu’a de terrible l’américanisation de l’Europe en général et de la France en particulier, c’est que nous importons le billet vert, le culte du fiduciaire sans la foi en Dieu, le matérialisme sans le spirituel. On assiste de ce fait à la dislocation du corps social, à l’élargissement du fossé entre riches et pauvres, à la lutte de chaque catégorie sociale pour le maintien de ses privilèges, (…), le refus d’une subordination des intérêts particuliers à un bien public. »

Cela peut permettre de comprendre l’attitude d’un Tapie qui plastronne désormais dans les médias avec une indécence théâtrale en clamant partout que « justice est faite » et que, dans sa carrière, il a rapporté plus aux contribuables qu’il ne leur en a coûté, ce qui reste à démontrer, semble-t-il… Pas un mot sur les problèmes sociaux dans ses déclarations, mais juste l’évocation de son hôtel particulier… : on aurait pu attendre mieux d’un ancien ministre chargé de la Ville ! Question de pudeur et de sens politique du devoir, mais que ce radical-socialiste ne connaît visiblement pas.

Pendant ce temps, environ 42 % des Français, en particulier dans les milieux ouvriers et employés, ne partent pas en vacances : parmi eux, de nombreux enfants des quartiers, condamnés à ne pas voir la mer cet été…

Puisque, visiblement, on ne peut plus rien attendre de l’attitude individuelle de certains fortunés, faudra-t-il recourir à d’autres moyens, fiscaux par exemple, comme celle d’une taxe renforcée sur les hors-bord ou les yachts qui croisent près de nos côtes ou accostent dans nos ports ? Je n’aime guère les taxes supplémentaires mais, au regard des revenus des personnes concernées et des situations de pauvreté d’autres concitoyens, cela ne me semble pas vraiment choquant : les quelques millions d’euros ainsi récoltés ne seraient pas de trop et, redistribués aux associations caritatives, pourraient permettre quelques bonheurs enfantins supplémentaires, pour les jeunes de Meaux comme d’ailleurs…

 

09/08/2008

La guerre en Ossétie.

Les Jeux olympiques, dans l’idéal classique repris par Pierre de Coubertin, devaient être un moment de paix et de trêve dans les guerres déjà engagées : encore raté, pourrait-on dire aujourd’hui, alors que la guerre déclenchée par la Géorgie, à la veille même de l’ouverture des Jeux, a des relents de « guerre froide » entre l’Occident et la Russie !

Ainsi, le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a-t-il joué avec le feu en envahissant le territoire « séparatiste » de l’Ossétie du sud et en s’emparant de sa capitale Tskhinvali, après avoir détruit son centre-ville et provoqué la fuite de plusieurs milliers de civils ossètes vers le voisin russe. Sans doute pensait-il qu’en mettant la Russie devant le fait accompli (comme au moment de la séparation de la Géorgie en 1991 quand l’URSS s’effondrait et perdait, sans presque coup férir, plus de 5 millions de km2), celle-ci se contenterait de quelques grognements et se résignerait : grave erreur, comme celle de croire que l’Occident viendrait automatiquement au secours de ses « alliés » géorgiens… Saakachvili, pro-occidental formé en France et aux Etats-Unis (diplômé dans ces deux pays, entre autres), appelle au secours les puissances états-unienne et européennes, en particulier en plaçant, comme dans tous ses discours de président depuis quelques mois, le drapeau de l’Union européenne derrière lui, comme si la Géorgie était l’un des 27 Etats de l’UE (ce qu’elle n’est évidemment pas…). Cette forme de manipulation, qui met mal à l’aise les membres de l’Union eux-mêmes, est assez significative d’une certaine politique étrangère qui cherche à « mouiller » les pays européens, à leur forcer la main face à (ou plutôt contre) la Russie.

En fait, derrière le président géorgien, se trouvent les Etats-Unis qui poursuivent leur politique de « containment » de la Russie, fidèles aux principes traditionnels de la stratégie géopolitique (et militaire) : « encercler pour ne pas être encerclé » et « diviser pour mieux régner ». Les déclarations du président Bush et celles du candidat John McCain, très virulentes à l’égard de la Russie, et aussi très injustes, ne laissent guère de doutes sur ce point : décidément, les vieilles recettes de la « guerre froide » n’ont rien perdu de leur actualité… Que l’on ne s’étonne pas alors que les budgets militaires des grandes puissances (mais aussi des petites) ne cessent d’augmenter, voire d’exploser, tandis que les pays européens, eux, ne songent qu’à désarmer et à s’abandonner aux délices d’un consumérisme sans fin et sans fond si l’on n’y prend garde : situation d’avant-guerre ?

A l’heure où j’écris ces lignes, l’Abkhazie, autre territoire « séparatiste » (qui compte environ 250.000 habitants quand l’Ossétie en compte à peine 70.000, c’est-à-dire moins que la ville de Versailles…), est entrée à son tour dans la guerre, prenant la Géorgie à son propre piège et ouvrant ainsi un second front qui fragilise l’Etat géorgien.

Certains y verront une situation qui rappelle le Kosovo : en tout cas, le précédent de l’indépendance déclarée du Kosovo contre le Droit international lui-même mais avec l’accord de la plupart des puissances occidentales, a ouvert une boîte de Pandore qu’il va être difficile de refermer désormais. De plus, la Géorgie, elle-même issue d’une séparation d’avec la Russie, a voulu à toute force intégrer des régions (l’Ossétie et l’Abkhazie) dont les populations ne se sentaient pas elles-mêmes géorgiennes et préféraient rester russes, au point de former leurs propres entités séparées de la capitale géorgienne, Tbilissi. Aussi est-il délicat de parler, comme le font les officiels géorgiens (soutenus en cela et dans les mêmes termes par une grande partie des Etats de l’UE et, surtout, par les Etats-Unis), de « souveraineté » sur ces territoires, indépendants de fait mais russes de cœur, et qui, d’ailleurs, souhaitent retourner dans le giron de l’ancienne puissance tutélaire pour se protéger du nationalisme géorgien…

Les « démocraties » se prennent les pieds dans le tapis : à force de violer sans trop de scrupules les principes qu’elles proclament à longueur de temps, elles se retrouvent coincées.

Il faut désormais souhaiter que la France, dont la diplomatie peut servir de médiatrice dans ce type de conflit pourvu qu’elle garde son indépendance de jugement et d’action, ne tombe pas dans le piège et qu’elle comprenne qu’il n’y aura pas de « puissance européenne » sans la Russie : MM. Sarkozy et Kouchner doivent se faire violence et renoncer à leur « occidentalisme », cette idéologie si contraire à la tradition et à la vocation de la France.