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23/03/2015

Pour faire reculer la pollution...

 

En étant un brin provocateur, je dirai bien que la pollution atmosphérique n'a pas que des inconvénients ! Depuis samedi et au moins jusqu'à lundi soir, les transports en commun sont gratuits en Île-de-France, ce qui devrait, espère-t-on en haut lieu, faire diminuer la circulation automobile et, logiquement, les rejets de gaz à effets de serre et de ces fameuses (et fumeuses, si l'on veut faire un mauvais jeu de mots – et de maux...) particules fines, désormais considérées comme dangereuses pour la santé : il faut dire que le chiffre de 40.000 morts annuelles liées aux conséquences de cette pollution en France a de quoi faire réfléchir, tout comme les 3,2 millions de décès prématurés dans le monde dont elle est responsable, si l'on en croit les études de l'Organisation mondiale de la santé.

 

Bien sûr, des mesures ont été prises, au-delà de l'heureuse (mais coûteuse...) gratuité des transports en commun : ainsi, la demande réitérée des autorités publiques, proclamée sur les panneaux lumineux qui surplombent le périphérique parisien et les voies d'accès à la capitale, de diminuer la vitesse des véhicules de 20 km/h, donc de passer de 130 à 110, de 110 à 90 et de 70 à 50. Mais j'ai pu constater, de visu, que cette mesure est passablement négligée et, voulant la respecter l'autre jour non loin de Versailles, j'ai eu droit aux appels de phare et aux coups de klaxon de conducteurs visiblement analphabètes ou... simplement bêtes tout court ! Sans doute, pour faire respecter cette simple mesure de quelques jours, faudrait-il régler les nombreux radars qui encerclent Paris sur ces nouvelles limitations, aussi temporaires soient-elles : je suis certain que, là, les automobilistes seraient beaucoup plus « volontaires » pour suivre les conseils de la préfecture de police... Il est tout de même dommage d'en arriver à cette extrémité, et je préférerai largement une prise de conscience des automobilistes aux-mêmes, mais il me semble qu'elle n'est pas encore faite, ce que l'on peut regretter au regard des enjeux à court et, surtout, à long terme.

 

Mais tout cela n'est que pansements quand il faudrait une véritable médecine environnementale, non pas faite d'expédients, mais de mesures concrètes et profondes. J'en propose quelques unes, sans qu'elles constituent, évidemment, une liste exhaustive.

 

- La programmation d'une « sortie du diesel » pour le parc automobile français, par une politique d'incitation fiscale et de remplacement des voitures utilisant ce type de carburant ;

 

- L'augmentation temporaire des taxes sur les carburants en période de pollution dans tout le pays et, en attendant une mise en équivalence complète de la fiscalité du diesel avec celle de l'essence, une équivalence temporaire de la fiscalité des carburants pour inciter les automobilistes à moins rouler et à préférer, au moins le temps de l'épisode polluant, les transports en commun, avant que de s'engager, ensuite, pour des carburants ou des modes de locomotion plus respectueux (autant que faire se peut) de l'atmosphère ;

 

- L'amélioration des moyens de transports en commun et la mise en service de trains supplémentaires durant les épisodes de pollution, avec une gratuité incitative de quelques jours qui pourrait être compensée par l'augmentation des taxes sur les carburants évoquée plus haut ;

 

- L'interdiction de l'utilisation de pesticides ou d'autres produits phytosanitaires par les agriculteurs le temps des alertes de pollution, et l'incitation forte et fiscalement soutenue à l'usage de produits non-chimiques par et pour l'agriculture ; etc.

 

Ce qu'il faut au pays, c'est une volonté écologique ferme au sommet de l’État, et je doute, au regard des expériences passées et du silence de M. Valls sur ce sujet auquel il est visiblement (ostensiblement ?) peu sensible, que la République actuelle soit le régime approprié à la nécessaire prise de décisions protectrices de l'environnement. Il est vrai, certes, que le « temps démocratique » ou, plus exactement, électoral, semble peu adapté à une politique de long terme et de longue haleine, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres : cela impose donc de réfléchir à des formes de médiation et de décision politiques qui font du temps leur allié et non un compte-à-rebours permanent avant la prochaine échéance électorale...

 

Libérer la magistrature suprême de l’État de la contrainte partisane sans, pour autant, empêcher la libre expression des opinions et le libre exercice de la démocratie à travers les institutions parlementaires, qu'elles soient fédérales, régionales ou communales, telle est la possibilité formidable qu'offre la Monarchie héréditaire « à la française », politiquement et écologiquement active, suivant son statut et son essence même : voici ainsi et aussi le meilleur moyen institutionnel, sans doute, de redonner « du temps au temps », de garantir cette durée qui permet d'enraciner les grandes politiques qui peuvent, ainsi, donner de beaux fruits...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

18/03/2015

Quand l'Action Française annonçait la guerre, en 1933...

Il y a longtemps que je pense à écrire un ouvrage qui s'intitulerait « L'avertissement » ou quelque chose dans ce goût-là, et qui porterait sur la mise en garde, constante et toujours renouvelée, depuis le jour même de l’armistice du 11 novembre 1918, face au risque d'une nouvelle guerre de l'Allemagne contre la France (plus encore que l'inverse, peu, voire pas du tout pensé par les hommes politiques de l'époque), mise en garde du journal nationaliste monarchiste « L'Action française » sous les plumes de ses principaux rédacteurs : Charles Maurras, Jacques Bainville, Léon Daudet et leurs compagnons moins connus mais non moins clairvoyants...

 

Il est vrai qu'il est assez rageant de constater, à la lecture du quotidien royaliste et de ses multiples déclinaisons régionales, mais aussi intellectuelles ou professionnelles, que ceux-ci n'ont cessé de prévenir des dangers possibles en Europe et particulièrement de l'Allemagne mais en vain : tout à la joie d'une victoire qui semble définitive, les Français n'écoutent pas, sauf exceptions (dont Charles de Gaulle ou Philippe de Hauteclocque, futur général Leclerc, ou encore Gilbert Renault, futur « colonel Rémy »...), Cassandre ! Et pourtant ! Souvent, et malgré tous ses défauts et fautes (qui, malheureusement, ne sont pas que de langage...), en ce domaine géopolitique mais aussi éminemment politique, l'AF voit juste, terriblement juste !

 

En veut-on un exemple ? Alors, citons des extraits de l'article de Léon Daudet, en première page du quotidien monarchiste, ce 1er février 1933, alors que l'ancien putschiste de Munich est devenu, légalement et au gré de la logique démocratique, chancelier d'Allemagne. Sous le titre « Hitler et l’œuvre de Briand », l'ancien député royaliste de Paris alerte ses lecteurs devant le péril qui se précise, et sans prendre de gants : « Voici Hitler dans le fauteuil de Bismarck. Le « chef de bande » du Petit Parisien, le « peintre en bâtiment » du Journal, le « maboul » du Matin est aujourd'hui, avec son programme guerrier, le maître absolu, en l'absence du kronprinz, d'un pays de soixante-dix millions d'habitants, qui ne rêve que plaie et bosse. Les bonnes gens de chez nous ne se doutent pas qu'ils ne sont plus séparés d'une guerre d'extermination que par une feuille de papier à cigarette. » Oui, vous avez bien lu : « une guerre d'extermination », et c'est bien la date du 1er février 1933, pas en 1939 !

 

Ce discours sera toujours celui de Daudet et de ses amis : la crainte d'une nouvelle guerre avec la puissance voisine, l'inquiétude pour le sort du pays et de ses habitants et particulièrement de ses plus jeunes, la colère devant l'aveuglement d'une République qui moralise et « nombrilise » trop souvent au lieu de chercher à saisir le sens et la portée des mots et des événements : discours vain, en définitive, car « il n'est de pire sourd que celui qui ne veut entendre », et la République ne veut pas entendre... La suite le prouvera abondamment, dans le malheur et les pleurs, et ce sera, pour finir (temporairement...), « les enfants humiliés » au bord des routes de l'exode et dans les convois de prisonniers du printemps 1940...

 

Il y a quelques années, j'avais envoyé cet extrait de l'article de Daudet et quelques autres de même tonneau à l'auteur d'un texte paru dans la revue L'Histoire et qui écrivait que personne n'avait vu ce qui allait arriver quand Hitler gravissait les marches du pouvoir : j'aurai pu y joindre aussi l'article de Jacques Bainville du 14 novembre 1918, lui aussi particulièrement visionnaire, ou des extraits de son ouvrage « Les conséquences politiques de la paix », publié en 1920, et tant d'articles de Maurras... Peine perdue : mon courrier resta sans réponse, et j'en conçus, je l'avoue, quelque amertume. Mais c'est aussi à cette occasion que je compris vraiment ce qu'avait voulu dire le général de Gaulle quand il soupirait que « Maurras avait tellement raison qu'il en est devenu fou » : fou d'avoir tant crié avec ses compagnons de l'Action Française contre le péril d'outre-Rhin et de ne pas avoir été écouté ; d'avoir été moqué pour ses « lubies » sans doute liées à sa fameuse germanophobie (selon ses détracteurs) quand, pourtant, il était encore temps (et possible pour un État comme la France) d'empêcher le pire, et, au-delà de la mort, d'être désormais, bien des décennies plus tard, effacé pour le crime d'avoir eu raison trop tôt et contre les illusions de cet entre-deux-guerres tandis que ses pires saillies, elles, étaient (et sont...) soigneusement entretenues et rappelées par les descendants des commis de la IIIème République, comme pour se préserver d'un hypothétique retour maurrassien...

 

« Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté », chante Guy Béart : Charles Maurras qui, après avoir tant alerté du danger, s'est fourvoyé dans un soutien légaliste à la République autoritaire de Vichy, sorte de dictature romaine sous joug germanique (« la revanche des Goths sur Rome », aurait murmuré un poète de cette triste époque...), ne l'a pas été, en définitive, au moins physiquement. Chénier n'est mort qu'une fois, pourrait-on dire... (1)

 

Mais sa triste destinée finale de prisonnier et d'exilé de l'intérieur ne doit pas nous empêcher de nous souvenir des avertissements de son Action Française et de ses compagnons, parfois (heureusement ?) disparus avant la catastrophe de 1940, et de les faire connaître, au nom de la vérité historique, bien sûr, mais aussi d'un empirisme organisateur qui, tout compte fait, reste nécessaire en nos temps d'incertitudes...

 

 

 

 

 

(1) En janvier 1945, au moment du procès Maurras, de jeunes militants d'Action Française collaient sur les murs de Paris des papillons faisant le parallèle entre le sort du poète André Chénier, condamné à mort et guillotiné en 1794 sous la Terreur, et celui de Maurras, qui était menacé de subir le même sort.

 

 

 

13/03/2015

Les départementales "nationales"...

 

L'actuelle campagne électorale pour les Départementales n'a rien de très local, au regard des déclarations politiques des uns et des autres, partis et médias : en fait, il n'est question que du Front National, de son possible score hexagonal, des réponses que les autres partis veulent lui apporter, mais aussi des intellectuels qui prépareraient le terrain à une présidence Marine Le Pen en 2017 ! En somme, c'est « pour ou contre le FN », et (presque) rien d'autre... Cela serait risible si ce n'était pas tristement révélateur de l'impasse démocratique d'une République qui, à force de se regarder dans un miroir qui lui répétait inlassablement « Tu es la plus belle », ne supporte pas l'idée qu'elle puisse être conquise par un parti qualifié de populiste et qui, pour être indéniablement républicain, n'en a pourtant pas tous les codes et toutes les habitudes.

 

En tout cas, les débats sur la réforme territoriale, sur les pouvoirs et possibilités des départements, sur leurs rapports avec les régions nouvellement (et souvent scandaleusement) découpées ou, plutôt, regroupées, sur les projets départementaux et les perspectives de ceux-ci, tous ces débats qui ne sont pas inutiles sont pourtant négligés des médias et des forums : or, ce sont ceux-ci qui mériteraient d'être abordés, discutés, disputés ! Mais ils ne se tiendront pas, et il faudra se contenter de slogans et de diatribes jusqu'au terme de cette sorte de mascarade électorale qui verra triompher l'abstention et le dégoût de la politique telle qu'elle se présente et représente aujourd'hui...

 

Je ne me réjouis pas de cette situation et je regrette que certains candidats, de droite comme de gauche (oui, de gauche aussi, car certains n'ont pas démérité en leur mandat de conseiller général), soient les victimes collatérales d'une situation dont ils ne sont pas vraiment responsables, mais que l'actuel locataire de Matignon a contribué à aggraver en véritable pyromane, tandis que, du coup, le président de la République apparaît comme un « modéré », comme un arbitre avant que d'apparaître, d'ici 2017, comme un recours, à la fois contre M. Valls (trop excité, et trop libéral...) et contre Marine Le Pen : en digne héritier du Florentin Mitterrand, M. Hollande a su jouer des forces et failles de ses adversaires et de ses partenaires, et il sait qu'il peut désormais envisager la prochaine élection présidentielle avec un certain optimisme, confirmant l'intuition de Michel Houellebecq qui, dans son dernier livre « Soumission », imagine (devine ?) un deuxième quinquennat hollandais, ce que personne ne lui a reproché ni n'a osé démentir d'un haussement d'épaules, preuve (s'il en fallait) que l'hypothèse est sérieuse et déjà intégrée dans les perspectives futures de la République pour de nombreux analystes, journalistes comme politiques.

 

En fait, la réforme territoriale engagée l'an dernier par le gouvernement, du simple fait qu'elle reste, en ce mois de mars, inachevée et, d'une certaine manière, encore peu lisible, décrédibilise tout débat sérieux sur ces questions départementales et régionales, ce qui explique, en partie, la porosité de ces élections de la fin du mois à d'autres thèmes, beaucoup plus nationaux et généraux, sans véritable rapport avec les enjeux départementaux.

 

Tout cela laisse dans les esprits une impression désastreuse et il n'est pas certain que, là encore, la République en sorte grandie malgré tous ses discours moralisateurs et annoncés « responsables » : décidément, il apparaît de plus en plus nécessaire de la remettre en cause pour mieux remettre le pays, à travers son organisation territoriale et son aménagement et par un nouveau statut de la magistrature suprême de l’État, en ordre...