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09/03/2015

M. Valls poursuit sa chasse aux sorcières...

Le climat politique en France est véritablement délétère depuis quelques temps, et ce ne sont pas les propos dominicaux de M. Valls qui vont arranger les choses, lui qui, à défaut de bien gouverner, cherche, non à alerter mais à effrayer, et se fait imprécateur et inquisiteur, dénonçant le philosophe Michel Onfray comme un soutier de la Nouvelle Droite quand ce dernier se prétend, encore et toujours, de gauche : il est vrai que le penseur qui réside au cœur de la campagne normande n'appartient pas à la « gauche bobo » ou à celle (c'est parfois la même) qui se dit « pragmatique » pour mieux légitimer ses reniements et son ralliement à un libéralisme économique sans véritable retenue ! M. Valls n'aime guère que l'on s'en prenne à ses amis parmi lesquels Bernard-Henri Lévy, l'une des cibles privilégiées de Michel Onfray...

 

Fidèle à sa tradition clémenciste pour laquelle « la Révolution est un bloc » et la République intouchable à défaut d'être irréprochable, l'actuel locataire de l'hôtel Matignon dénonce l'impétrant qui ose égratigner le boutefeu de la gauche caviar, ce BHL qui, après avoir tant fait pour embraser la Libye d'un incendie qui ne s'éteint plus, aimerait bien voir l'Union européenne bombarder Moscou et renverser celui qui n'accepte pas l'ordre de Washington... M. BHL est un exalté, véritable Saint-Just de pacotille qui a trouvé en M. Valls son Robespierre, quand M. Onfray, de par ses racines normandes, se voit d'une certaine manière comparé à Charlotte Corday, ce « poignard de la Contre-révolution » !              

 

En tout cas, la liste des « proscrits de la République » s'allonge de jour en jour, toujours alimentée par une Gauche qui reconnaît ainsi qu'elle a perdu le combat des idées et se contente désormais de communicants et de quelques intellectuels souvent plus médiatiques que penseurs. Bien sûr, sur cette liste noire, on retrouve des intellectuels de droite ou conservateurs (Zemmour ou Finkielkraut), mais aussi des personnalités fortes et difficilement, à les lire précisément, inclassables (Houellebecq), mais encore (et de plus en plus) des hommes de gauche plus lecteurs de Camus ou de Proudhon que de Sartre... Après Jean-Claude Michéa, au tour de Michel Onfray d'être dénoncé et diabolisé, désormais par les plus hautes autorités gouvernementales elles-mêmes pour lesquelles il semble que « l'esprit du 11 janvier » se résume, en fait, à organiser une véritable chasse aux sorcières à « ceux qui pensent mal », c'est-à-dire à ceux qui ne pensent pas comme eux ! « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté », proclamait Saint-Just : M. Valls, pour qui la France est « née en 1789 » (sic!), applique cette formule avec toute la rigueur et l'empressement républicains qu'on lui connaît et reconnaît. Mais il n'est pas sûr que cette République dont il se veut le défenseur « incorruptible » soit, désormais, l'avenir des idées...

 

 

 

 

28/02/2015

L'iconoclasme de "l'Etat islamique".

Lorsque j'étais enfant, j'étais passionné par l'archéologie et les civilisations anciennes, et je trouvais dans la bibliothèque familiale de quoi assouvir ma saine curiosité, en particulier dans les anciens manuels scolaires de 6ème que mes parents avaient reçus en « spécimen » lorsqu'ils étaient professeurs de lycée : il y était fait large étalage des pharaons de l’Égypte ancienne, des Hébreux et de leurs aventures bibliques, des Perses et de leurs « Immortels », mais aussi des civilisations et empires qui s'étaient succédé en Mésopotamie il y a plusieurs millénaires... Dans mon livre préféré de cette époque heureuse de mon enfance, intitulé « Aventure et découverte de l'archéologie » et richement illustré de dessins colorés, un livre que j'ai encore près de moi et que je feuillette tout en rédigeant cette note, je peux admirer « Nébo, l'une des quatre divinités assyriennes, la seule qui ait une figure humaine », comme le signale la légende de l'image : je reconnais là l'une des statues que les partisans de « l’État islamique » ont détruit à coup de masse et de marteau-piqueur ces jours derniers, devant leurs caméras et pour leurs clips de propagande !

 

Le sentiment que j'éprouve face à ces destructions est un mélange de tristesse et de colère : tristesse devant la disparition brutale d'un patrimoine (re)découvert au XIXème siècle (en particulier par l'explorateur anglais Austen Henry Layard) et dont, heureusement, une large part se trouve dans les musées européens, en particulier londonien et parisien ; colère devant cet iconoclasme qui peut aussi nous rappeler les pires heures de la Révolution française quand le marteau vengeur et républicain s'abattait sur les rois de Juda de la façade de Notre-Dame ou sur les tombeaux des rois de France à Saint-Denis, sur les statues des saints de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, au nom d'une « table rase » qui devait permettre à la République de s'établir et de se pérenniser...

 

Mais il faut aller au-delà de ce premier sentiment et saisir de quoi il retourne vraiment : en détruisant ces merveilles archéologiques d'un temps lointain et, surtout, anté-islamique, les islamistes poursuivent plusieurs objectifs : d'abord, détruire tout ce qui n'est pas « eux » et leurs conceptions religieuses, et déraciner toute autre forme de civilisation et de rapport au monde, ce qui est, en somme, classique au regard des enjeux idéologiques et de la volonté de créer un « ordre nouveau » et de l'imposer aux populations tombées sous leur coupe ; ensuite, prouver aux historiens et archéologues qu'ils n'hésitent pas à s'en prendre à « la mémoire des peuples » symbolisée par des statues ou des monuments anciens parfois uniques, pour imposer leur « seule histoire » en effaçant toute trace d'un « avant », impie selon eux : c'est aussi un moyen de chantage et de marchandage, car ils savent que, du coup, ces œuvres anciennes prennent une valeur d'autant plus importante aux yeux de ceux qui voudraient les sauver, de quoi les négocier au prix fort sur le marché des œuvres d'art, en particulier en son secteur clandestin, mais aussi sur le plan politique... De plus, les islamistes de Daech, qui tiennent le devant de la scène ce vendredi soir encore sur les médias, savent aussi que nos sociétés ont besoin d'un « spectacle quotidien » et toujours renouvelé et que la Terreur, fût-elle artistique ou archéologique, est le meilleur moyen pour eux d'effrayer leurs adversaires, surtout lointains, et de leur imposer une forme de dépendance en les plaçant sur le terrain que ces islamistes occupent déjà. D'ailleurs, au regard du nombre d'expositions de dessins de presse supprimées en Europe (en Belgique, en France, etc.), la dernière au Mémorial de Caen, toujours « au nom de la sécurité » ou du « risque de provocation », mais aussi des séances de présentation annulées (parfois sur « conseils » de la DCRI...) du film « l'Apôtre » (qui raconte l'histoire d'un jeune musulman qui se convertit au christianisme), on pourrait bien en conclure que les terroristes ont déjà remporté, sinon la guerre, au moins quelques batailles... Rien de très rassurant, en somme !

 

Cela nous rappelle que, pour vaincre, il faut être sûr de soi et de ses raisons, et que nos sociétés, en se transformant  en sociétés de consommation motivées par le « Time is money » de Benjamin Franklin, en ont oublié leurs racines, celles qui leur permettaient de résister aux tempêtes du monde et du temps... Il n'est pas trop tard pour les retrouver et refaire de notre mémoire, non un carcan de vieilleries, mais un moteur de notre volonté de vivre tels que nous sommes, héritiers d'un temps long et des générations qui nous ont précédées, non pour les imiter, mais pour suivre notre voie au fil de cette « étoile du nord » que l'on appelle la civilisation française, avec ses multiples formes sentimentales et ses diversités provinciales...

 

« L'avenir dure longtemps », disaient à leur tour le général de Gaulle et le comte de Paris : en être conscient, dans tous ses aspects, et le faire savoir, c'est encore le meilleur moyen intellectuel de combattre cet « État islamique » qui vit de nos faiblesses spirituelles et s'en nourrit pour grandir. Mais il faudra aussi le moyen du politique pour incarner au mieux cette formule et la rendre fatale à ceux qui haïssent ce que nous sommes, intimement, c'est-à-dire des « insoumis » à leur ordre maudit, des hommes de cette France qui signifie, depuis que le nom existe, « la terre des hommes libres », ou « la liberté » tout simplement...

 

 

 

 

18/02/2015

49-3, socialistes et frondeurs...

 

« La France a besoin d'autorité », déclare M. Valls au soir du jour où il décide d'en appeler à l'article 49-3 pour faire passer la loi Macron et dépasser les oppositions de son propre camp, dont quelques uns des députés grognent devant une politique libérale pour laquelle ils n'avaient pas été élus en 2012, si l'on se rappelle les professions de foi de l'époque... Les journalistes et les « frondeurs » du P.S. ont beau s'amuser du reniement d'un président Hollande qui, quand il était premier secrétaire du Parti Socialiste, parlait de « déni de démocratie » pour qualifier le recours au 49-3 par le gouvernement de M. de Villepin, cela n'a guère d'importance et montre, au contraire, la force des institutions tout en décrédibilisant, dans le même temps, la parole politique et la confiance que les citoyens peuvent avoir en celle-ci : contradiction éminemment démocratique, certes, mais qui ne doit plus surprendre ceux qui, à étudier l'histoire parlementaire de notre pays, savent que « les promesses n'engagent que ceux qui y croient », selon la formule célèbre attribuée à l'ancien président Jacques Chirac.

 

Certains diront que ce genre de contradiction nourrit les populismes, terme utilisé par ceux qui ont depuis longtemps oublié le « peuple », ne voyant en lui qu'un spectateur et redoutant de le voir se rebeller ou de vouloir devenir, pour un temps au moins, acteur. D'autres y verront la condition même du fonctionnement de la démocratie et de son gouvernement, qui ne doivent pas être bloqués par des « oppositions forcément stériles » (à en croire les Le Roux et Le Guen, véritables godillots du président et de son premier ministre, dont les quelques ressemblances pourraient faire penser aux Dupont et Dupond du socialisme « notabiliaire »...)...

 

Ce qui est certain, c'est que le gouvernement de M. Valls peut désormais gouverner sans sa majorité, en s'appuyant sur quelques sondages qui semblent le conforter dans ses ambitions réformatrices et sur un Parti parlementaire qui cherche à conserver son apparence de pouvoir quelques temps encore, attendant que l'élection présidentielle de 2017 lui redonne quelques couleurs si l'actuel président, dans le cadre d'un « front républicain » (sic!) de second tour, était reconduit dans ses fonctions... Quant aux « frondeurs » socialistes, ils se trouvent réduits à l'impuissance, ne pouvant voter une motion de censure qui signerait leur propre exclusion d'un parti autoritariste à défaut de pouvoir faire preuve de cette autorité qui est aussi la confirmation de la force et du respect que l'on suscite : désormais, que peuvent-ils faire, si ce n'est attendre le grand règlement de comptes du congrès socialiste de juin prochain et espérer y jouer un rôle ? Et si ce congrès les marginalise et les prive de possibilité de parole efficace au sein de ce parti, que feront-ils ? Abandonneront-ils la politique comme Arnaud Montebourg ? Fonderont-ils un nouveau parti comme leurs prédécesseurs Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, avec le risque, en choisissant la fidélité à leurs convictions, de ne plus rien peser dans la vie politique et de laisser la place au social-libéralisme qu'ils exècrent ? Car le P.S. n'est pas le PASOK grec, et la gauche de la Gauche (en France) n'est pas en passe de devenir un nouveau Siriza...

 

En fait, la partitocratie républicaine est un piège (et d'abord pour les électeurs...) dont le général de Gaulle avait voulu sortir la France en fondant les institutions de la Cinquième République, dont cet article 49-3 était une pièce maîtresse pour passer au-dessus de la démagogie partisane : mais, en se « républicanisant » de plus en plus et, en vérité, assez vite après la fin de l'ère gaullienne, la Cinquième est retombée dans les manœuvres politiciennes oublieuses des intérêts de l’État et de la parole populaire, le référendum étant relégué aux oubliettes depuis 2005 et ce désaveu électoral français de toute une classe politique trop européiste pour être vraiment honnête... En somme, le 49-3 est devenu pour une République Hollande-Valls (issue du Parti Socialiste) aux abois un moyen de contourner une opposition interne qui a, parfois, quelques bonnes raisons d'être et de se battre...

 

Alors, pour sortir de cette contradiction démocratique et rendre à l'autorité une légitimité qu'elle ne peut avoir en République (ce pouvoir des éternels Créon), tout en permettant aux citoyens, à ce « pays réel » souvent frustré, de retrouver quelques pouvoirs concrets sans remettre en cause la nécessité de l’État, il faut repenser et reposer la question politique et institutionnelle : certains, frondeurs ou populistes, pourraient bien y réfléchir...