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04/03/2009

Ecole de la République...

Je suis en train de revoir le cours que je dois faire demain jeudi sur les années 1880, celles de la consolidation de la République en France et du déclin des monarchistes, dépassés par la concurrence agressive des agents électoraux du régime, qu’ils soient instituteurs ou notables républicains. Il est intéressant de constater comment l’école a été instrumentalisée par Ferry pour républicaniser le pays, et la fameuse phrase de Camille Sée sur l’enseignement secondaire public des jeunes filles, destiné, selon lui, à « fournir des compagnes républicaines aux hommes républicains », est à cet égard révélatrice de l’enjeu scolaire.

 

Ainsi, il y a quelques années, certains collègues rennais me reprochaient de ne pas être « bon républicain » et, même, firent campagne (en vain…) pour que je ne sois pas titularisé dans l’enseignement public, considérant que je n’y avais pas ma place et que je représentais un « danger moral » pour les élèves auxquels j’enseignais l’histoire. Il est vrai que, vendant la presse monarchiste dans les rues de la capitale bretonne et connu comme le « loup blanc » pour cet engagement politique, cela ne pouvait que choquer ceux pour qui l’école publique devait rester la chasse gardée de la République et de ses partisans… Pas de place, donc, pour un royaliste dans « l’école de la République » !

 

Malgré cet état d’esprit partagé alors par quelques profs du lycée Anne-de-Bretagne, je n’ai pas totalement désespéré de l’école, motivé par ma passion profonde pour l’histoire et son enseignement : mais l’attitude de ces quelques collègues était facilement compréhensible au regard même des intentions premières des promoteurs de « l’école gratuite, laïque et obligatoire », confirmées par le propos du député républicain Camille Sée…

05/02/2009

Bernard Kouchner, Pierre Péan et le 6 février 1934.

Alors que je me préparais à écrire une note historique sur le 6 février 1934, l’affaire Kouchner m’incite à me détourner de la seule histoire pour retourner sur l’actualité politique et sur les « affaires de la République » actuelles, trop nombreuses pour les citer toutes : alors, autant s’intéresser à ce nième scandale qui n’est pas forcément celui que l’on croit…

Pierre Péan est un journaliste d’investigation connu pour ses livres parfois iconoclastes et qui ont, en fait, tendance à dire tout haut ce que les gens murmurent tout bas ou savent sans oser le dire, par peur de « déranger » ou de s’attirer les foudres des puissants : on se souvient de son livre sur François Mitterrand, intitulé « Une jeunesse française », dont la couverture montrait un jeune homme de belle allure, promis à une belle carrière, serrer la main d’un vieux chef d’Etat français, maréchal de son état militaire et promis, lui, au déshonneur moral en 1945 après avoir été, en 1916, le vainqueur de Verdun… Cette photo de la poignée de main entre Mitterrand et Pétain avait provoqué un choc dans le grand public et, en retour, une véritable plaidoirie « pro domo » du président en exercice, déjà rongé par le crabe fatal.

Certains semblèrent alors découvrir ce que, personnellement, je connaissais depuis longtemps, comme beaucoup d’autres, que j’avais entendu raconté mille fois dans les milieux de l’Action Française et, même, que j’avais lu dans les colonnes du journal monarchiste « Aspects de la France », tribune hebdomadaire de cette même Action Française. Je savais aussi, ce que Péan ne disait pas, voire démentait, que Mitterrand avait participé aux activités intellectuelles des cercles maurrassiens à Angoulême (témoignage de Jean Roche-Boitaud) comme à Paris, et qu’il avait en particulier fréquenté la permanence des étudiants royalistes du 33, rue Saint-André-des-Arts (témoignages de Georges Calzant et de Pierre Juhel), et quelques autres anecdotes d’avant- comme, et cela pouvait être plus surprenant, d’après-guerre… Il me semble en avoir rapporté quelques unes sur ce blogue ou sur un forum monarchiste. Je dois avouer, à lire le livre de Péan sur Mitterrand, que je me suis demandé pourquoi il ne disait pas tout et s’il n’avait pas été, en partie, instrumentalisé par le Palais. Mais son livre n’en était pas moins fort intéressant et éclairant sur les années 30-40, et sur les ambiguïtés des engagements de ces temps troublés.

Je n’ai pas encore lu son dernier livre sur Bernard Kouchner mais, au regard des réactions d’une brutalité rare à ce brûlot, je m’efforcerai de le lire au plus tôt, non pour forcément accréditer les thèses qui peuvent y être développées, mais pour, au moins, lire ce que Pierre Péan avance et ce qu’il reproche, justement ou pas, à M. Kouchner. En fait, j’en ai lu quelques feuilles déjà publiées, samedi dernier, dans l’hebdomadaire « Marianne » (édition du 31 janvier au 6 février 2009), et l’article d’Eric Conan qui présente ces « bonnes pages » et égratigne, voire pire, l’icône de l’humanitarisme contemporain. Mais, soyons franc, ce que j’y ai lu ne m’étonne pas vraiment car cela fait des années que les attitudes ambiguës du « french doctor », en particulier au Kosovo, m’ont convaincu de la tartufferie du personnage et de sa suffisance, de son mépris pour qui ne pense pas comme lui. Quant à son parcours et ses discours politiques, ils prouvent à l’envi un arrivisme certain, jusqu’à renier ses amitiés partisanes de la veille. Personnellement, je pourrai lui reprocher, non pas d’avoir fait carrière dans l’humanitaire (y compris malgré ses choix parfois hasardeux), mais de s’être servi de ce qu’il avait fait de bien pour en retirer « gloires et honneurs », ce qui me semble contraire à cette conception de l’honneur (au singulier, ce qui n’a pas la même valeur) qu’il avance pourtant en le brandissant bien haut…

Ce qui m’agace aussi au plus haut point, c’est une défense qui, sans vraiment répondre aux accusations de Pierre Péan, joue la carte de la « victimisation », évoquant le « climat » et les « idées » des années 30, et se posant en victime d’une odieuse campagne qui viserait ses racines juives, défense reprise en chœur de manière soit insidieuse soit violente par la grande presse, en particulier par « Le Monde » sans beaucoup de discernement, ce qui évite, évidemment, de répondre aux affirmations du livre… Tactique classique d’une presse qui, pour l’occasion, calomnie M. Péan pour mieux défendre son « héros » ! Avec une telle presse, il est certain que la République n’a guère de souci à se faire, ni les Tapie, ni les Sarkozy, ni les Kouchner… D’ailleurs, il est « amusant » de constater que la classe politique, à quelques exceptions près, fait, soit front avec M. Kouchner pour la droite, soit silence (ou juste quelques murmures) pour la gauche. Ce petit jeu du déni me navre et ne m’incite guère à aimer cette République qui, à travers des Kouchner et des Dray, brandit le drapeau des grands principes pour mieux camoufler sa petite vertu

Oh mince, alors ! Je m’emporte… Sans doute des échos du 6 février 1934 : une actualité peut rappeler une commémoration, semble-t-il… Kouchner a sûrement raison, tout cela fleure les années 30 : mais il y a plusieurs manières de comprendre et d’interpréter cela… Quant à moi, je préfère sentir le parfum violent des lys sauvages, ceux qui poussent sur le pavé ou crèvent le bitume des avenues grises du conformisme « politiquement correct » : décidément, j’aurai toujours mauvaise réputation et je n’aime toujours pas cette République, désolé…

 

18/01/2009

La République impuissante face aux Fouquet.

Le président Sarkozy, cette semaine, a demandé aux banques et aux entreprises automobiles qui viennent d’être renflouées par l’Etat, c’est-à-dire par les contribuables français, de ne pas distribuer de dividendes significatifs cette année à leurs actionnaires et de maintenir les emplois dans notre pays ; il a aussi exigé que les patrons des grandes entreprises renoncent à leurs parachutes dorés, exigence qu’il avait déjà formulée il y a quelques mois et qui était, évidemment, restée lettre morte, faute de contrainte législative ou exécutive.

Ces déclarations présidentielles sont-elles autre chose que des vœux pieux ? En effet, quels sont les moyens, dans une République soumise aux jeux de clientèle et d’influence, de faire plier des financiers et des hommes d’affaires, des grands patrons et des actionnaires, dont les principales valeurs sont seulement celles de leur portefeuille et pour qui « la fin justifie les moyens », quels qu’ils soient ? D’ailleurs, le grand argument des adversaires de l’intervention de l’Etat dans les affaires, c’est celui d’une possible fuite des capitaux et des sièges sociaux d’entreprise vers des pays plus accueillants et moins regardants sur la provenance des fonds et des méthodes : chantage insupportable mais révélateur, non des dérives mais de la nature même d’un capitalisme qui place la liberté d’échange et de circulation (des capitaux autant que des hommes) au-dessus de la simple justice sociale et des devoirs de solidarité…

En entendant certains néolibéraux moquer l’Etat et le protectionnisme (dénoncé comme le mal absolu par un journal comme « Le Monde » ces jours derniers), on comprend mieux a contrario la colère qui monte et ce sentiment d’impuissance qui nourrit le ressentiment chez nos compatriotes, les moins aisés comme ceux des classes moyennes de plus en plus fragilisées, et on peut légitimement s’inquiéter que l’aveuglement et l’égoïsme des oligarchies financières et économiques mènent à des éclats de fureur des populations trop longtemps flouées et dépossédées de leurs pouvoirs concrets. Nos dirigeants, eux, le comprennent-ils vraiment ? Sans doute les propos de M. Sarkozy démontrent-ils une certaine perception du sentiment flottant dans les différentes couches de la société et la volonté de désamorcer les explosions possibles mais il n’est pas certain que cela soit suffisant, faute d’une ligne politique ferme et d’une attitude d’Etat digne de ce nom de la part de la présidence française : les vacances brésiliennes ou l’attitude « décomplexée » (c’est-à-dire de compréhension, voire de connivence…) du président à l’égard de l’Argent contredisent le discours et affaiblissent sa crédibilité.

La Ière République avait vu le triomphe des financiers et des arrivistes de tout acabit, pour le pire plus certainement que pour le meilleur : la Vème, née de la volonté d’un homme d’Etat qui méprisait l’Argent et les compromissions, a, depuis longtemps, oublié les promesses de son baptême… C’est cet oubli qui risque de l’emporter elle-même: le consulat sarkoziste n’est pas une monarchie mais sa triste caricature, une monocratie nerveuse et arrogante. Face aux multiples Fouquet qui paradent dans les Champs de la République, il faudrait un Louis XIV, son sceptre et sa main (sa poigne, même…) de justice ; il faudrait surtout ce Pouvoir qui, n’ayant pas de clientèle à satisfaire ni de comptes à rendre aux féodaux politiciens, peut agir, libre, fort et droit, parfois rudement s’il le faut. S’il n’existe pas de « sceptre magique », la monarchie « libre et entière », active et sociale, aurait de belles cartes dans son jeu face aux seigneurs de l’Argent : quel dommage qu’elle soit si lointaine aujourd’hui, perdue dans les brumes de l’histoire et si faible encore dans l’Opinion qui, aujourd’hui, la méconnaît faute de l’avoir jamais connue en ces XXe et XXIe siècles. Lointaine, elle n’en reste pas moins nécessaire et le royalisme politique et social se doit d’en assumer la régence sur le front des idées, des propositions et des actions…