06/11/2009
Identité, formule ambiguë ?
Le débat sur l’identité nationale est un débat qui peut être intéressant s’il ne se limite pas à l’invective ou à l’étalage de banalités ou de préjugés : je commence à découper dans les journaux que je lis les tribunes et autres articles sur ce sujet, et ils sont déjà nombreux. Ainsi, dans « Ouest-France » (29 octobre 2009), cet article de l’historien Jean-Pierre Rioux titré « Ne mélangeons pas identité et nation », qui avance que le mot « identité » est un terme qui « s’applique mal à une collectivité ou à un peuple en démocratie. Sauf si l’on veut partir à la rencontre de la race, du sang et du sol de sinistre mémoire ». Et, plus loin, il souligne le caractère « égalitaire », monolithique pourrait-on dire, de cette formule « identité » : en expliquant cela, il rejoint, d’une certaine manière, et Bainville et Maurras, et il s’attaque à la conception jacobine de la nation, celle-là même qui a entraîné la centralisation abusive des hommes et des administrations de la Révolution et de l’Empire, celle-là même qui a marqué le renforcement du Pouvoir, de ce que Bertrand de Jouvenel, en bon royaliste libéral qu’il était, dénonçait sous le terme de « Minotaure » dans son ouvrage « Du Pouvoir ».
Néanmoins, il me semble possible d’objecter à M. Rioux que le terme « identité » n’est pas forcément limité à son caractère apparemment uniformisateur et qu’il faut bien des points de repère qui, au-delà des différences qu’il y a au sein de tout corps social, constitue un « canevas » d’appartenance à une communauté, à une société, à une nation. Mais sans doute faut-il lui préférer le terme « unité »… Appartenir à une nation n’est pas en nier les particularités et les différences en son sein, mais reconnaître une unité supérieure, qui protège les personnes et les communautés de cet ensemble sans les écraser ou vouloir les fondre dans le même moule. Après tout, c’est bien la définition jacobine et républicaine (démocratique ?) de la nation qui s’est acharné à massifier les Français pour en faire une « Nation » dont émanerait la souveraineté, une République déclarée (et il me semble que c’est encore un des principes de la Constitution française…) « Une et indivisible ». Maurras répondait à cela qu’il souhaitait une « France fédérale » et une « Monarchie fédérative », le fédérateur national (le Roi) étant l’incarnation politique, statutaire, diplomatique de la nation française. Qui dit fédération dit unité plus encore qu’identité ! Cette conception maurrassienne de la nation est aussi la reconnaissance d’une France qui, de la Bretagne à l’Alsace, de la Corse à la Normandie, prend des couleurs différentes sous le soleil, se chante avec des accents multiples et se régale de bouillabaisse comme de galettes de blé noir selon les lieux… Bainville résumait tout cela par une formule encore citée la semaine dernière par Max Gallo dans « Le Figaro », formule écrite en ouverture de cette « Histoire de France » dont je conseille, encore et toujours, la lecture : « Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation. »
19:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : identité, jacobinisme, république, révolution, monarchie, fédération, nation, débat.
03/11/2009
Condamnés à mort...
Etre royaliste peut mener à l’échafaud… Ces quelques mots pourraient aujourd’hui prêter à sourire (jaune, néanmoins…), dans une République qui a remisé sa mémoire la plus sombre au fond de quelques manuels de Seconde, à la page de « La Terreur » sans pour autant faire son « mea culpa » ; dans une République qui a heureusement renoncé à la violence ouverte contre ceux qui pensent encore que l’histoire de France ne commence pas en 1792 (j’en suis !); mais dans une République qui apparaît bien plus comme « l’Etat des passe-droits » que comme le véritable Etat de Droit que la Monarchie avait pourtant initié bien avant la Révolution, comme le reconnaît la philosophe des idées Blandine Kriegel dans ses ouvrages.
Car si, aujourd’hui, le débat institutionnel ne se mène plus à coups de fusil et de guillotinades, il est des pays où s’avouer monarchiste, fidèle à un prince, une reine ou une couronne exilée, peut valoir la peine capitale, celle qui détruit les corps et les vies : ainsi, l’Iran !
Il y a une trentaine d’années, alors que je n’avais pas encore découvert mon royalisme, je suivais avec inquiétude les événements d’Iran et en particulier de Téhéran, et j’assumais une forte sympathie à l’égard de ce Shah d’Iran que tout le monde vouait aux gémonies : j’aurai du mal à expliquer pourquoi, si ce n’est que j’éprouvais une certaine admiration pour cet homme désormais presque seul, abandonné par son peuple (la pire des choses pour un souverain) et trahi par ses alliés occidentaux de la veille, mais à qui restait fidèle une armée considérée alors comme la principale puissance militaire dans la région. Les images du départ en exil du Shah, son visage crispé et chagriné qui regardait ailleurs lorsqu’un officier fidèle lui baisait la main dans un geste désespéré, celles des derniers soldats de sa garde, les fameux « Immortels », brûlant dans leurs camions incendiés sans s’être rendus… : cela me faisait penser à quelques scènes des « Trois mousquetaires », quoiqu’il arrive toujours fidèles au roi, mais aussi à celles de ces Suisses et de ces jeunes gens de toutes conditions mais qualifiés « d’aristocrates » par les républicains vainqueurs des Tuileries, le 10 août 1792, et qui avaient préféré la mort au déshonneur… J’ai un faible, non pour les causes désespérées (celle de la France ne l’est pas !), mais pour les hommes et les actes d’honneur ! L’honneur, la fidélité : des mots que l’on trouve encore sur les drapeaux de la Légion étrangère et qui, je crois, ornaient jadis aussi ceux des Zouaves pontificaux…
L’Iran est tombé dans une République islamique qui, depuis 30 ans et malgré des modulations qui la font parfois pencher vers un modèle plus « modéré », n’a jamais cessé sa chasse aux opposants, entre autres les monarchistes, premiers sur la liste des proscrits. La République iranienne peut reprendre à son compte la phrase d’un émule de la Terreur de 1793 (est-ce Saint-Just, Couthon, Robespierre ? Je ne m’en souviens plus) qui expliquait gravement que « ce qui constitue une République c’est la destruction de tout ce qui lui est opposé »…
Ce mardi soir, je serai devant l’ambassade d’Iran, à Paris, pour protester contre la condamnation à mort (par pendaison) de quatre monarchistes iraniens dont un journaliste, Mohammad-Reza Ali-Zamani : condamnés par le Tribunal révolutionnaire iranien suite aux manifestations de juin dernier…
Etre royaliste peut conduire à l’échafaud, disais-je : quatre jeunes gens vont le gravir, en cet automne 2009, pour ce crime qu’est, aux yeux des mollahs de Téhéran, la fidélité à un prince, le prince Reza Cyrus Pahlavi, ou Reza Pahlavi II. En Iran, la fidélité monarchiste se vit dans la douleur, le risque, la résistance ; le royalisme iranien n’est pas un dîner de gala, juste une résistance quotidienne… Il serait dommage de l’oublier dans notre pays où la mémoire de la résistance à l’oppression se veut si vive et si active !
Pour plus d’informations : http://freezamani.monarchiste.com/ .
17:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iran, shah, condamnés à mort, pendaison, république, fidélité, honneur, zamani.
19/10/2009
Toujours la République...
La politique française doit-elle se résumer à des affaires crapoteuses ou à des polémiques foireuses ? Au regard de l’actualité récente, il serait facile et pas totalement illogique de répondre par la positive, mais cela serait plus un aveu d’impuissance et d’impolitique qu’une véritable réponse : la politique n’est pas forcément ce que la République oligarchique de 2009 en montre, loin de là !
L’affaire de la candidature du fils de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’EPAD (Etablissement public d’aménagement de la Défense), celui que la presse qui se veut « républicaine » (mais qu’est-ce que cela signifie en… République ?) baptise du titre qui se veut péjoratif (mais qui est surtout immérité et illégitime !) de « Prince Jean » (sic !), est aussi le reflet des contradictions d’une République qui passe son temps, faute des principes de service et d’honneur, à osciller entre anarchie parlementaire et oligarchie néo-féodale : certes, la Cinquième République avait, par la volonté et l’enracinement dans l’histoire de France de son fondateur, tenté de garantir l’Etat contre les offensives féodales et lui avait redonné un lustre certain, dont il reste de beaux restes et quelques institutions… Mais l’actuel locataire de l’Elysée et sa Cour semblent oublier les devoirs de l’Etat pour ne reconnaître que les droits de leurs clans et de leurs clientèles ! C’est Rome moins la gloire !
Certains imaginent que nous sommes en Monarchie quand la République de M. Sarkozy n’est qu’une « monocratie oligarchique » qui se cherche une histoire et une légitimité en caricaturant ce qu’ils croient avoir été la Monarchie : cette dernière cherchait (sans toujours l’atteindre, d’ailleurs…) le « bien commun » qui, par essence, ne peut se confondre avec l’intérêt d’un clan ou d’un parti, d’un seul homme ou d’une majorité parlementaire…
Nous sommes bien en République, et celle-ci perd de plus en plus ce qui lui servait en fait de colonne vertébrale ou de garde-fou, c’est-à-dire le sens de l’Etat : c’était écrit, d’une certaine manière, dès 1965 lorsque la « solution royale » incarnée par le comte de Paris a été abandonnée par de Gaulle, qui lui préféra sa propre personne, persuadé qu’il serait élu dès le premier tour de l’élection présidentielle, ce qui ne fut d’ailleurs pas le cas, à la grande colère du général.
Nous sommes bien en République et ce sont donc les électeurs qui ont « sacré » le monocrate de cette couronne de bulletins, lauriers éphémères d’une République qui recycle les féodalités en partis et les féodaux en ministres ou présidents de conseils, généraux ou régionaux.
Soyons clair : ce ne sont pas ces « Etats dans l’Etat » qui sont les plus gênants mais plutôt que certains se posent « contre l’Etat » et, surtout, que l’Etat soit la proie de leurs jeux et enjeux, parce qu’il paraît faible ou peu assuré face aux groupes de pression qui, en définitive, font aussi les élections par des biais fort divers sans être moins efficaces.
La Monarchie ce n’est pas cette République-là ! Bien au contraire, en Monarchie, le Roi n’est pas « le premier des féodaux » ou le suzerain suprême, il est le Roi de tous et le souverain fédérateur, il est l’Etat et la nation, l’arbitre suprême sans être forcément consensuel mais simplement juste. C’est aussi ce que rappelle le prince Jean, celui qui porte le beau nom de France, dans son livre d’entretiens paru il y a quelques jours : rien à voir avec les petites manœuvres d’un fils, ambitieux pour lui-même, du locataire de l’Elysée…
Oui, décidément, la politique française vaut mieux que cette foire des ambitieux, cette éternelle querelle des « pourquoi pas moi ? »… Elle mérite un roi, tout simplement !
00:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : république, sarkozy, prince jean, monarchie, monocratie, oligarchie.