Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/10/2008

La Monarchie, mais comment ?

L’une des questions qui revient fréquemment chez mes interlocuteurs, c’est « Comment la Monarchie peut-elle advenir en France ? ». Il est vrai qu’au regard de l’état actuel du royalisme cette perspective institutionnelle monarchique apparaît fort lointaine, voire improbable. Si tel est peut-être le cas, cela, de toute façon, n’enlève rien à sa nécessité. Ce constat une fois établi, quelles sont les voies d’une instauration monarchique en France ? Ecartons, dans le cadre de notre « démocratie apaisée », l’idée d’un « coup d’Etat » qui délégitimerait, aujourd’hui, toute entreprise politique aux yeux de nos concitoyens désormais habitués aux règles électorales ou parlementaires. Cela étant, ce qui est vrai en 2008 ne l’a pas toujours été, et le « coup d’Etat » ou la « révolution par la rue » ont longtemps été des pratiques pensées, voire appliquées, par les mouvements républicains, autoritaires (bonapartistes) ou royalistes en France. Il n’est d’ailleurs pas écrit que les circonstances n’autorisent pas, en des temps futurs, le retour de ces perspectives brutales : il n’y a pas de « fin de l’Histoire » et cela serait insulter l’avenir que de croire que la violence va déserter à tout jamais le champ du politique dans notre pays…

Dans le cadre de la démocratie représentative actuelle, plusieurs voies sont possibles pour l’instauration, et la Constitution du 4 octobre 1958 elle-même n’empêche pas vraiment une telle perspective, malgré l’article 89 qui stipule que la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision. C’est ce que signale et développe Daniel de Montplaisir, administrateur de l’Assemblée nationale, dans son livre intitulé « La Monarchie » et publié en 2003.

La Monarchie sera-t-elle établie par un processus électoral ou par une « nécessité » politique (le roi comme « recours » en cas de crise politique grave ou de blocage des institutions existantes) ? Rien n’est à exclure. Un comité s’est formé il y a quelques années pour un référendum institutionnel sur la forme de l’Etat qui poserait la question de la Monarchie ou, plutôt, l’introduirait comme « possibilité » face à l’actuelle République ou, même, dans la continuité, l’aboutissement « logique » de la Cinquième République. Ses travaux sont intéressants et montrent bien la perspective dans laquelle se placent de nombreux responsables royalistes, non pour seulement témoigner, mais pour proposer, agir, convaincre…

Néanmoins, d’autres pistes existent et méritent sans doute d’être elles aussi exploitées. Quoiqu’il en soit, la première étape vers la Monarchie c’est déjà de faire connaître et accepter la proposition monarchique, d’une part au sein de l’Opinion publique (la création d’un état d’esprit favorable ou « pas opposé » à la perspective monarchique, qui passe par la « dédramatisation » de l’idée royale), d’autre part au sein des « élites » politiques des partis de gouvernement qui peuvent jouer un rôle dans la crédibilisation de l’option royale et permettre sa concrétisation, par la voie parlementaire par exemple.

Il faut être clair : la Monarchie n’est pas faite, elle est à faire. Le chemin est forcément long et difficile, mais il me semble, en ce domaine comme en d’autres, qu’il vaut la peine d’être emprunté. A l’heure de certaines échéances, il appartiendra aux royalistes de « saisir la verte chance » : il n’est pas dit que ce soient eux qui établissent la Monarchie, mais ils auront préparé le terrain, psychologique et politique, pour que d’autres, ceux qui auront le pouvoir, la possibilité de le faire, pensent, au bon moment, à l’option institutionnelle monarchique…

13/06/2008

Le Non venu d'Irlande...

Décidément, « l’appel au peuple » ne porte guère bonheur à l’Union européenne, comme vient de le démontrer, trois ans après les « non » français et hollandais, le « non » irlandais. Pourtant, l’Irlande n’avait pas eu à se plaindre de l’UE qui lui a permis, dit-on avec raison, de réussir son décollage économique et de devenir « le tigre celtique » en sortant d’un certain sous-développement endémique. Mais, sans doute faut-il se rappeler que les hommes ne vivent pas que de « pain », et qu’il est bien difficile d’être amoureux d’un taux de croissance, aussi « beau » soit-il… Ainsi, le vote référendaire portait-il bien sur la question du nouveau traité constitutionnel européen, et non sur des « remerciements » que l’UE pensait avoir mérités… Le fait que les Irlandais soient les seuls, en Europe, à être consultés (du fait de leur propre constitution) sur ce traité est symbolique d’une méfiance des milieux dirigeants à l’égard des votes populaires, souvent contestataires de « l’ordre établi » du moment, et trouvant dans le référendum un moyen à exprimer leur mécontentement traditionnel. La méfiance des gouvernements et des institutions européennes ne peut, ce soir d’Irlande, qu’être renforcée ! Il est significatif, pour le cas français, que le référendum, le principe même du référendum, soit menacé, en fait, par la pratique présidentielle actuelle et par une réforme des institutions qui, à bien y regarder, prétend renforcer la démocratie représentative à travers le rôle du Président et celui des assemblées. D’ailleurs, l’actuel tragicomédie autour de la possibilité d’un référendum sur l’entrée de la Turquie en UE en est l’illustration la plus ridicule. En somme, il est plusieurs questions de définitions à poser si l’on veut éclairer le débat : qu’est-ce que la démocratie ? Qu’est-ce que l’Europe ? Le problème est que ces définitions sont considérées par les dirigeants européens comme tellement évidentes qu’ils ne pensent même pas à les rappeler et à les repenser, comme s’il était tabou de les soumettre à discussion. D’où le malentendu sur la démocratie, pensée par les européistes comme n’étant que la confirmation forcément « naturelle » et, donc, obligatoire, de la construction européenne, celle-là même qui irait (comme jadis le marxisme…) dans le sens de l’Histoire. Aussi, que « le peuple » puisse refuser ce « bonheur radieux » promis et permis, disent-ils, par la seule « Europe », apparaît comme une incongruité, un véritable scandale pour les partisans d’une UE qui a oublié, à force de parler « gouvernance », de penser en termes de politique et de prospective, et qui veut sortir de l’Histoire pour « avoir la paix », comme fatiguée de son propre poids de responsabilités… C’est ainsi que Bernard Kouchner, par ses déclarations incendiaires contre la possibilité même du « non » irlandais, à la veille du référendum, n’appliquait pas seulement son célèbre « droit d’ingérence », mais manifestait cette arrogance européenne qui agace tant les électeurs et réveille, a contrario, les réactions nationalistes (qualifiées désormais de « populistes ») contre une UE qui, à avoir trop promis, déçoit énormément… En faisant mine d’exclure du champ démocratique la possibilité d’un refus électoral, M. Kouchner limite la démocratie à une sorte de « oui permanent », pâle application de cette « révolution permanente » dont rêvait Léon Trotski, et qui transforme les rêves d’Europe en « fatalité », en Paradis globalitaire dont sortir serait impossible, voire interdit… Cette forme fermée de démocratie est, en elle-même, une impasse et elle condamne l’Europe à rester « légale » sans devenir « réelle »… Il n’est pas encore interdit, n’en déplaise à M. Kouchner, de le regretter…

19/02/2008

Europe et vote démocratique.

L’argument des européistes pour ne pas faire revoter les électeurs français sur le traité constitutionnel européen est souvent de dire que ceux-ci n’ont pas vraiment répondu à la question posée en 2005, mais qu’ils se seraient plutôt déterminés par rapport au gouvernement en place… En fait, cet argument est spécieux, pour plusieurs raisons :

 

  1. Tout vote, toute élection n’est souvent que la manifestation d’une opinion du moment, d’une opinion dominante, raisonnée par certains mais suivie par de multiples autres. Le plus souvent, elle repose sur un caractère « d’entraînement » qui ne repose que sur un minimum de réflexion, car peu de gens lisent les professions de foi ou les textes soumis à référendum ;

     

  2. Or, justement, dans le cadre du référendum de mai 2005, de nombreux citoyens de notre pays, au contraire de ceux des Etats où la ratification se faisait par la voie parlementaire, ont pris la peine de lire, sinon le traité lui-même, souvent abscons, au moins les résumés et autres explications de textes de celui-ci ;

     

  3. D’autre part, c’est l’une des premières fois, depuis l’automne 1992 (référendum sur le traité de Maëstricht), que la construction européenne a vraiment été au cœur des préoccupations et des discussions entre citoyens, et que l’on a vraiment parlé d’Europe, alors que les élections européennes laissent, d’ordinaire, nos concitoyens complètement indifférents, au point de connaître des taux d’abstention très élevés quand celui du référendum du 29 mai 2005 a chuté à 30 % et que, donc, plus de 2 électeurs français sur 3 ont pris le chemin des urnes pour donner leur opinion sur le traité constitutionnel européen ;

     

  4.  Qu’il y ait eu des électeurs qui, comme à toute consultation électorale, en aient profité pour marquer leur mécontentement à l’égard de la politique gouvernementale, n’enlève rien à la valeur « démocratique » de ce scrutin qui s’est bien déroulé en toute connaissance de cause pour ceux qui se sont déplacés pour voter… A moins de considérer que tout vote est invalide parce que les électeurs ne se détermineraient pas seulement en fonction des programmes, de la connaissance et de la compréhension de ceux-ci, ou de la seule question posée… Dans ce cas, la démocratie électorale n’est qu’un immense malentendu, forcément dangereux, et il faut vite lui trouver une alternative ! Après tout, pourquoi pas ? Mais sûrement pas en oubliant les citoyens comme semblent le vouloir les européistes qui, tout à leur rêve d’un « peuple européen », préfèrent ne pas écouter les peuples réels d’Europe…