Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/02/2011

M. Trichet, l'oligarque contre les salariés.

Les salaires des fonctionnaires français sont actuellement gelés, au moins pour cette année, et ceux des fonctionnaires espagnols ou portugais réduits de 5 %, tandis que ceux des Irlandais le sont de 14 % en moyenne et ceux des Roumains, membres de l’Union européenne mais pas encore de la zone euro, de… 25 % ! Le Marché unique européen et l’euro qui devaient nous protéger de toute crise n’ont visiblement pas rempli leur rôle et les économies apparaissent parfois tout aussi défaites que les politiques sociales elles-mêmes. Bien sûr, « on » nous assure que cela serait pire s’il n’y avait pas l’euro ou l’Union, et « on » agite l’épouvantail de la déchéance et de la misère pour les pays de la zone euro qui souhaiteraient s’en extraire, ne serait-ce que pour un temps… Comme si les classes sociales les plus défavorisées mais aussi les classes moyennes n’étaient pas déjà en cours d’appauvrissement généralisé et en voie de désespérance sociale certaine !

 

Mais les oligarques qui dirigent l’Union européenne du haut de leur suffisance et de leur « expertise », ceux-là mêmes qui ont tant de peine (et si peu de volonté ?) à limiter les excès de la Grande Finance, de cette « fortune anonyme et vagabonde » qui impose sa loi de la jungle aux Etats et aux peuples, n’ont cure des « petites gens », des classes populaires ni même des classes moyennes, et poursuivent leur logique impitoyable au nom des principes d’une Liberté économique devenue tyrannique. Ainsi, après la volonté de relever l’âge légal de la retraite à 67 ans émise par le gouvernement allemand « pour sauver l’euro », voici l’annonce de la politique salariale désormais assumée par les instances européennes, annonce résumée par les déclarations de dimanche (20 février 2011) sur Europe1 faites par Jean-Claude Trichet, le président de la Banque Centrale européenne et qui explique doctement et cyniquement qu’augmenter les salaires serait « la dernière bêtise à faire » en Europe car elle nuirait, dit-il, à la réduction du chômage ! Comme si ce dernier n’était pas déjà en train d’exploser sous l’effet de la mondialisation plus encore que de la crise qui n’en est qu’un des aspects ou, plutôt, un des moyens !

 

Ainsi, au moment où l’on apprend que le quart de la population active française gagne moins de 750 euros par mois (environ 25 euros par jour…) et que les grands patrons, eux, voient leurs revenus reprendre leur irrésistible marche en avant tandis que les traders se partagent des milliards d’euros pour avoir joué et spéculé au casino boursier (comme avant la crise de la fin des années 2000), M. Trichet, banquier eurocratique et membre de l’oligarchie régnante, en rajoute dans le mépris et l’injustice sociale, mais aussi « l’injustesse » économique : car son raisonnement s’inscrit dans une logique qui, pourtant, pourrait être remise en cause, ne serait-ce que si l’on appliquait la formule jadis mise en avant par le pape Jean-Paul II : « l’économie doit être au service des hommes, et non l’inverse », et si l’on repensait la nature même de notre société et de ses finalités. Moins de consommation individualiste, davantage de solidarités actives (ce qui passe aussi par la relocalisation de multiples activités aujourd’hui délocalisées dans des pays sans législation sociale ou environnementale digne de ce nom), davantage d’entraide entre familles, quartiers, régions, etc. Moins de quantité, mais priorité à la qualité.

 

Ce n’est pas en tapant toujours sur les mêmes que l’on améliorera la situation économique, c’est en permettant de nouvelles relations sociales, en donnant à chacun les moyens de vivre dignement, et cela peut aussi passer par autre chose que de l’argent dans une société qui sortirait du cycle infernal du « Consommer pour produire ». Mais, pour l’heure, il faut parer au plus pressé sans oublier de préparer la suite, au-delà de notre société de consommation, de gaspillage et d’obsolescence organisée ! Le plus pressé c’est de redonner du travail à ceux qui en demandent pour pouvoir nourrir leur famille, et c’est de revaloriser, dans les secteurs où sont dégagés de grands profits, les salaires des ouvriers et des cadres plutôt que de reverser encore de gros dividendes aux actionnaires ou aux traders et dirigeants comme on le voit faire actuellement au mépris de toute justice sociale et, même, de toute décence.

 

Quant à M. Trichet, il est temps de faire sentir à cet oligarque (dont les revenus mériteraient peut-être une plus grande attention de la part des services fiscaux…) que le vent tourne et que les personnes qui travaillent, qu’elles soient fonctionnaires, agriculteurs, ouvriers, cadres, chefs d’entreprise (particulièrement des PME), artisans, etc., en ont assez des oukases d’une caste financière trop fortunée qui a oublié tous ses devoirs sociaux, devoirs dont le respect mettrait pourtant un peu d’huile dans une société aujourd’hui de plus en plus bloquée.

 

« Nos Saigneurs les oligarques », prenez garde ! Votre règne pourrait bien s’achever plus tôt que vous ne le pensez, car l’argent, dont vous êtes si avare aux dépens des plus nécessiteux de nos sociétés mais aussi des classes moyennes, ne suffira sans doute pas, le jour venu, à calmer les colères populaires dont on sait la potentielle violence, parfois aveugle d’ailleurs, mais qui ne seront pas forcément, loin de là, illégitimes

16/02/2011

Electeurs du terroir...

Je suis en ce moment quelque part dans la campagne, à une cinquantaine de kilomètres de Paris, et je suis réveillé tous les matins par le chant du coq, les aboiements des chiens et les… rugissements des lions ! Pour prendre un verre, il me faut marcher une bonne dizaine de minutes, passer devant le château et le parc animalier de Thoiry, et espérer que le dernier café qui subsiste (sur trois que la commune comptait il y a encore un an, deux ont fermé, peut-être définitivement…) soit ouvert : j’y côtoie des employés du parc, des retraités et des jeunes travailleurs qui viennent faire leur tiercé, quelques agriculteurs et d’autres qui sont jardiniers ou salariés municipaux. Parfois, quelque représentant de commerce passe rapidement avant de repartir voir des clients, ou une mère de famille un peu stressée se presse d’acheter son journal dans un lieu « si masculin »… J’y entends des discussions sur le temps qu’il fait, les taxes et les prix qui augmentent (un grand classique !), et, ce qui m’intéresse aussi, sur les actualités politiques.

 

Justement, les récents propos de Christian Jacob sur Dominique Strauss-Kahn, ceux-là mêmes qui provoquent tant de réactions indignées de la part des socialistes, sont l’occasion d’une de ces discussions de comptoir qui, si elles ne sont pas toujours de la meilleure qualité argumentaire, en apprennent parfois plus sur l’opinion publique que les sondages publiés dans la grande presse. Ainsi, le fait d’avoir dit que le directeur du FMI n’incarnait pas vraiment « la France des terroirs » ne choque guère et, surtout, paraît bien fondée aux clients du matin comme du soir, à ceux en particulier qui arrivent avec leurs bottes de caoutchouc crottées et leurs habits de travail plâtrés et peinturlurés : ce « monsieur DSK » ne leur ressemble pas et son air trop satisfait de lui et ses habits de bonne coupe déplaisent au « populo », qui n’est pourtant pas tendre avec l’actuel locataire de l’Elysée.

 

Quand on fait remarquer que Jacques Chirac ou François Mitterrand n’étaient pas vraiment habillés en « travailleurs », les clients du café haussent les épaules et font remarquer que, « eux, ils nous comprenaient ». « Regardez Chirac au Salon de l’Agriculture, il mange et boit comme nous, il a bon appétit et il rigole ! C’est un gars de chez nous, il n’est pas de la ville ! ». Inutile, semble-t-il, de rappeler qu’il vit à Paris et qu’il n’a peut-être pas forcément la « main verte », son image est celle d’un « homme qui comprend les Français », et sa popularité ne se dément pas, surtout depuis qu’il est à la retraite et en comparaison avec la classe politique actuelle !

 

En fait, les anciens présidents et ministres de la Cinquième République savaient, même s’ils étaient issus des élites universitaires ou de l’ENA, s’accorder avec le « pays réel » en sachant le flatter mais aussi parce qu’ils en connaissaient les « codes », les habitudes et les traditions, les envies et les réactions, et qu’il y avait « une sorte d’identité commune » fondée sur une histoire, une langue, des références communes, fortement « identitaires » (sans le côté polémique ou partisan qu’on donne aujourd’hui à ce terme) et enracinées quand, désormais, c’est le « mondial » et le « nomade » qui semblent dominer les classes dirigeantes, interchangeables et si semblables d’un pays à l’autreMM. Dominique Strauss-Kahn et Sarkozy se ressemblent plus que les Français ne se retrouvent en eux ! Cela explique aussi cet éloignement des populations à l’égard de dirigeants en lesquels elles ne croient pas, en lesquels elles ne « s’incarnent » pas. Cette séparation est lourde de menaces pour l’avenir de la République elle-même car elle délégitime cette dernière qui n’apparaît plus comme celle « des terroirs » ni des personnes qui y vivent et y travaillent, et qui y votent !

 

En se « mondialisant », la classe politique dirigeante de la France a oublié qu’elle tenait encore sa légitimité du « pays électeur » et que celui-ci pouvait se rappeler, durement, à elle, jusqu’à vouloir en finir avec cette République oublieuse des racines de son histoire qui sont, aussi et qu’elle le veuille ou non, éminemment et parfois douloureusement, celles d’une France qui n’a pas oublié ce qu’elle doit à ceux qui l’ont faite, les rois capétiens… Et le « populo » pourrait bien finir par s’en rappeler, lui aussi, à l’heure des grands choix historiques qui se rapprochent…

 

 

 

14/02/2011

Les mauvaises habitudes de l'oligarchie.

Il est des anecdotes qui sont révélatrices : ainsi, celle de ce conseiller de Nicolas Sarkozy qui s’est fait prendre au volant de sa voiture à 119 km/h sur une route limitée à 70, à la fin du mois de janvier dernier, et qui a « gentiment signalé » aux gendarmes qui l’avaient interpellé qu’il serait « maladroit » de lui dresser procès-verbal, eu égard à ses relations « au plus haut niveau situées »… Ainsi, ce monsieur considère que ses fonctions et ses relations font de lui un être exceptionnel qui, de ce fait même, devrait échapper au régime commun des recommandations et interdictions de sécurité !

 

Ce même monsieur, également maire d’Anet, petite commune dans laquelle on peut visiter le château de Diane de Poitiers, la maîtresse du roi Henri II, s’est empressé, une fois l’affaire dévoilée, de jouer « l’amnésie », comme le rapporte l’hebdomadaire « Marianne » dans son édition du 12 au 18 février : « Il affirme « ne pas être au courant » de ces faits. Cela se comprend : excès de vitesse, abus d’autorité, le tout à bord d’un véhicule payé par le contribuable, c’est proprement inavouable. Surtout quand on doit sa carrière à papa ! ». Car ce monsieur, si peu respectueux du code de la route et de la sécurité d’autrui comme de la sienne, roulant dans une voiture du parc élyséen, est le fils d’un ancien secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon, Alain Marleix. Ainsi, l’oligarchie républicaine reproduit la tradition dynastique, celle-là même qui est reprochée à la monarchie : une sorte d’hommage du vice à la vertu, en somme

 

Mais la différence est grande car, quand la monarchie privilégie le service de l’Etat et de la communauté nationale, au nom du Bien commun, l’oligarchie ne pense qu’à « se servir », ce qui n’a ni le même sens ni la même portée. Cette différence de nature même explique aussi le combat incessant de l’Etat royal contre des féodaux plus imbus de leurs « privilèges » que de justice sociale.

 

Aujourd’hui, la République a bien renversé la monarchie ancienne des Capétiens, mais au profit de quelques uns, ceux qui « possèdent » les richesses et s’abstiennent de faire leur « devoir d’Etat ». Si de Gaulle et une certaine classe politique « colbertiste » incarnée en son temps par un Michel Debré ou un Philippe Séguin ont longtemps maintenu la tête de la République hors du marécage où les quatre précédentes l’avaient fait naître, il n’en est plus de même aujourd’hui, comme on peut le constater tous les jours en voyant les faits et gestes du mari de Carla Bruni et de sa Cour ou, plutôt, sa basse-cour…

 

Non, décidément, même quand elle la singe, la République n’est pas la Monarchie car elle n’est pas, fondamentalement, de même nature ni de même légitimité… Et la Régence que fut la Cinquième République en ses débuts est bien morte, comme l’a montré un soir d’élection un Nicolas banquetant au Fouquet’s… Un nom qui est, là aussi, tout un symbole : la revanche de Fouquet sur l’Etat ou, pire, la conquête de l’Etat par Fouquet, Nicolas de son prénom !