08/02/2011
Crier dans le désert ?
J’étais samedi midi dans les rues de Paris pour protester contre le risque (fort, et désormais avéré) de relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans, tracts du Groupe d’Action Royaliste en mains et paroles fortes dans la bouche pour alerter nos concitoyens. Je n’étais évidemment pas seul et quelques autres militants participaient à cette protestation de rue, bien décidés à se faire entendre, les jeunes femmes n’étant pas moins décidées que les « vieux » Camelots du Roi aux rides désormais bien prononcées… Si les uns sont plus proches de la cinquantaine que les autres, les inquiétudes sur les retraites futures sont pour tous ! Le sujet que nous évoquions n’est tout de même pas anodin, et il a de quoi inquiéter, au-delà même des royalistes !
Or, ce samedi-là, nous avons pu constater une certaine indifférence fataliste de la part des badauds qui jetaient un regard furtif sur nos affiches « Retraite à 67 ans ? Non ! », comme si tout était déjà fait, que l'on ne pouvait rien y faire, que ça ne servait à rien de se battre pour éviter cela...
D'autres, incrédules, haussaient les épaules : « Mais où êtes-vous aller chercher tout cela ? », et je leur montrais le titre de l'article du « Figaro », celui du 19 janvier dernier, si explicite : « Zone euro : Berlin souhaiterait généraliser la retraite à 67 ans ».
Il est vrai que cet article se trouvait dans les pages saumon du « Figaro économie » qui ne sont pas les plus lues du quotidien libéral, et qu'il a fallu attendre un deuxième article de Jean Quatremer, journaliste de « Libération », repris par le site de « Marianne », pour entendre enfin quelques réactions, encore bien timides au regard de l'enjeu... Mais les syndicats sont toujours muets, absents, comme tétanisés par leur défaite de l'automne dernier. Quant aux socialistes, ils sont plutôt gênés aux entournures, leur lointain candidat potentiel n'étant guère moins libéral que les députés socialistes allemands ou que les hiérarques de l'UMP. Et il est vrai aussi que le premier ministre socialiste espagnol a lui-même fait voter par ses parlementaires, ces derniers jours, le relèvement de l'âge légal de la retraite à... 67 ans, le même âge que celui que veut imposer le gouvernement allemand à toute la zone euro...
En attendant que les réactions se fassent plus vives et plus massives, plus « institutionnelles », c'est-à-dire plus politiciennes, je continue à dénoncer cette retraite à 67 ans que l'Allemagne nous promet par le biais de la « gouvernance européenne », au nom de « l'harmonisation européenne » et de la sauvegarde de la monnaie unique qui tourne à la « monnaie inique », au regard de l'injustice sociale qu'elle renforce scandaleusement, avec les meilleurs arguments économiques du monde, les pires au plan social...
Bien sûr, lorsque les colères syndicales, si longues à se réveiller en ce moment, éclateront, sans doute oubliera-t-on que les premiers à avoir crié dans la rue (et le désert...) contre la retraite à 67 ans étaient des royalistes, de ceux pour qui l'économie doit être au service des hommes plutôt que le contraire. Mais qu'importe ! Notre rôle n'est d'ailleurs pas seulement de chercher à réveiller, mais aussi de susciter, au-delà de la seule contestation, une forme nouvelle de chouannerie, éminemment sociale et profondément royale... Tâche difficile, mais pas forcément impossible : si les royalistes ne sont pas nombreux, ils n'en sont pas moins volontaires, sérieux et décidés à exister, à se faire entendre, à « oser rendre possible ce qui apparaît impossible »... Les « minorités énergiques » qu'appelait de ses vœux Maurras, en ses premières ardeurs royal-révolutionnaires des années 1900, restent à construire : elles ne suffiront pas forcément à faire l'histoire, mais elles peuvent jouer un rôle de déclencheur des changements et les orienter dans le sens d'une plus grande justice sociale, ce qui ne serait tout de même pas si mal...
En somme, de quoi ne pas regretter d’avoir crié quelques vingtaines de minutes à la sortie d’une bouche de métro parisienne…
23:51 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : euro, allemagne, retraite, 67 ans, socialistes, justice sociale.
07/02/2011
Electricité.
Les chiffres donnés il y a quelques jours par le Réseau de transport d'électricité sur la consommation électrique en France sont fort significatifs et auraient mérité une plus grande publicité à l'heure où la question énergétique est devenue déterminante pour l'avenir des sociétés et, au-delà, de la planète, et qu'elle est rentrée dans les programmes de géographie de Seconde...
« La consommation d'électricité continue de progresser en France », résumait le journal « La Croix » dans son édition du 21 janvier dernier, en expliquant ensuite qu'elle avait progressé en 2010 de 5,5 % pour l'ensemble du pays mais de 7 % pour les ménages, de 3,7 pour la grande industrie et de 3 % pour les PME. « Cette augmentation est clairement une tendance de fond. Première raison, le nombre de foyers qui se chauffent à l'électrique continue de progresser, ce qui demeure une spécificité française avec un tiers des logements équipés. Mais il y a aussi l'arrivée des nouveaux usages, notamment les équipements de télécommunication qui poussent à la consommation. » Ainsi, malgré toutes les campagnes en faveur des économies d'énergie, malgré la crise qui touche les classes moyennes fortes consommatrices de nouvelles technologies énergivores et malgré la rengaine sur « le développement durable » (oxymore ?), rien n'y fait : notre dépendance à l'électricité augmente toujours !
Or, cela a des conséquences, parfois fort ennuyeuses pour l'économie comme pour l'écologie : par exemple, l'achat d'électricité chez nos voisins (lors de quelques épisodes climatiques rigoureux, en particulier) alors même que notre pays reste encore (mais de moins en moins) exportateur.
Alors, que faire pour ralentir la progression de la consommation électrique, en attendant mieux, c’est-à-dire la diminution de cette même consommation ?
Sans doute faudrait-il déjà que l’Etat commence par balayer devant chez lui ! Depuis quelques années, l’informatique est devenue « incontournable » dans les établissements scolaires : partout sont installés des ordinateurs, des tableaux numériques, tandis que, dans le même temps, on n’incite plus les élèves à chercher dans les rayonnages des bibliothèques les trésors qui s’y trouvent, que l’on renonce à conseiller la lecture des livres et des encyclopédies papier, préférant conseiller systématiquement (ou presque) les ressources de la toile alors qu’il faudrait, justement, apprendre la variété des sources documentaires et de leur support… Ce n’est qu’un petit exemple parmi d’autres, bien sûr !
Mais, que faire pour enrayer la progression chez les particuliers ? Certes, il y a toutes ces campagnes dites d’information pour inciter les consommateurs à être plus économes de l’énergie, mais, si elles ne sont pas inutiles, elles ne sont visiblement pas suffisantes. Alors, faut-il augmenter le prix de l’électricité de façon notable pour alerter les consommateurs ? Je doute que cela soit très efficace et, surtout, cette mesure est fondamentalement injuste puisqu’elle pénaliserait d’abord les moins favorisés de nos compatriotes.
En fait, la question nous renvoie surtout au mode de vie que favorise la société de consommation qui, par principe même, pousse à consommer toujours plus et, en particulier toujours plus individuellement, même si cela se traduit par un « endettement énergétique » de plus en plus marqué. Sans doute mutualiser certaines demandes électriques peut-elle aider à diminuer la consommation générale en diminuant la consommation individuelle, mais cela n’est pas forcément simple car des habitudes désormais bien établies ne se perdent pas si facilement. Mais il faudra bien y réfléchir, au risque sinon de voir bientôt notre pays perdre son indépendance électrique, obligé d’attendre des autres son « électricité quotidienne », cette forme de dépendance qui nous scotche parfois devant l’ordinateur ou la télé même lorsque nous n’y trouvons aucun plaisir, au lieu de prendre le temps de se promener, de lire, de parler aux autres…
22:44 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : consommation, économies, ménages, société de consommation, électricité.
31/01/2011
L'Allemagne veut nous imposer la retraite à 67 ans...
« L'allongement de l'âge de la retraite se généralise », titrait un article du « Figaro » il y a quelques jours. On pourrait ajouter qu'il se « précise » pour toute la zone euro, au regard des informations qui (discrètement, trop discrètement même...) filtrent des débats entre gouvernements européens et des cénacles et assemblées économiques et politiques allemands...
Ainsi Jean Quatremer, spécialiste de l'Union européenne pour « Libération », n'hésite-t-il pas à titrer sur son blogue, ironiquement sans doute : « Bientôt la retraite à 67 ans pour tous ! ». De larges extraits de son article daté du 28 janvier méritent d'être cités, surtout qu'il est l'un des rares à y consacrer quelques lignes, comme si le sujet était trop périlleux pour être évoqué plus largement dans la presse...
« Les Français n'ont pas aimé la retraite à 62 ans, ils vont détester la retraite à 67 ans. Mais ils n'y couperont pas. Ceux qui souhaitaient une harmonisation sociale européenne ne s'attendaient sans doute pas à ce qu'elle se fasse dans ce sens... Mais la crise est passée par là.
Ce recul de l'âge de la retraite va concerner non seulement les Français, mais l'ensemble des Européens afin d'alléger les contraintes pesant sur les budgets de l'Union. C'est le prix à payer pour la solidarité financière que la zone euro a été obligée d'instaurer sous les coups de boutoir des marchés inquiets des dérives des finances publiques (…). L'Allemagne, la plus réticente face à cette véritable révolution de la gouvernance de la zone euro, s'est résolue à payer pour venir en aide aux États les plus fragiles, mais à condition qu'ils restaurent leur compétitivité, ce qui passe par une harmonisation sociale (par le bas, faute de moyens) et fiscale (afin de supprimer la concurrence fiscale). Un document interne du gouvernement allemand révélé aujourd'hui par l'agence de presse Reuters prône l'instauration d'un « pacte » qui imposerait, outre l'obligation constitutionnelle de l'équilibre budgétaire, un recul de l'âge de la retraite. « Vous ne pouvez avoir une monnaie unique et des systèmes sociaux complètement divergents », a martelé tout à l'heure au forum de Davos, la chancelière allemande Angela Merkel. Paris est exactement sur la même longueur d'onde, parfaitement conscient qu'une politique monétaire unique ne peut plus survivre avec dix-sept politiques économiques et budgétaires. »
Ainsi l'euro, monnaie unique commune à 17 États de l'UE (mais aussi à quelques autres pays non-membres de l'Union), au lieu de protéger l'Europe comme les gouvernements et les européistes nous l'avaient promis au moment des débats sur le traité de Maëstricht, écrase un peu plus chaque jour les populations européennes : beau résultat !
Et, désormais, l'argument pour justifier les nouvelles contraintes qui pèsent sur les États et leurs contribuables est toujours le même, comme une litanie entêtante et rituelle : « il faut sauver l'euro ! ». Ainsi, comme pour préparer l'opinion française, M. Sarkozy a rappelé la semaine dernière que « jamais nous [Angela Merkel et lui-même] ne laisserons tomber l'euro. », ce qui laisse entendre que tout est envisageable au regard de l'objectif ultime, « sauver l'euro ! »... Et élever l'âge de la retraite est une possibilité, voire une obligation sociale si, nous dit-on, l'on veut la pérennité de « notre » monnaie unique et de « notre » Europe... Ah, décidément, que de sacrifices il faut consentir pour une monnaie unique qui semble ne profiter qu'à quelques uns !
Cela peut-il continuer ainsi longtemps ? Ce n'est ni souhaitable, ni même possible, et il faudra bien que les populations le disent haut et fort, y compris au-delà du système partisan et politicien, au-delà même des élections !
Car peut-on accepter ce que nous préparent les eurocrates de Bruxelles, sous la pression des marchés et l'injonction de la Banque centrale européenne et de son âme damnée, Jean-Claude Trichet ?
Citons la suite de l'article : « Pour l'instant, seule l'Allemagne a instauré la retraite à 67 ans dans la zone euro et même dans l'Union. Mais l'Espagne, menacée par les marchés, a annoncé cette semaine un projet de loi afin de faire passer l'âge légal de 65 à 67 ans et le Danemark a mis le sujet à l'étude. La plupart des pays de la zone euro sont déjà à 65 ans (dont la Grèce qui a dû se plier à l'injonction de l'Union et du FMI), à l'exception de Malte, de la Slovaquie, de la Lettonie, de la Slovénie et, bien sûr, de la France. Autant dire qu'après 2012, l'Hexagone n'aura guère d'autre choix que de suivre ce mouvement, comme on le reconnaît à l'Élysée. ». D'ailleurs, l'Allemagne demande que la décision soit prise ou au moins discutée avant le prochain Conseil européen de mars...
Alors, non, mille fois non ! Cette élévation de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans ne doit pas passer, avant ou après 2012, avec ou sans l'euro ! Car il est fort injuste de demander toujours des efforts à ceux qui travaillent, tandis que les spéculateurs continuent leurs manipulations et que les grands « décideurs » industriels et financiers engrangent des profits toujours plus exorbitants au mépris de toute considération sociale.
N'attendons pas que l'Union européenne, au nom de « l'Europe » et de la sauvegarde de cette monnaie pourtant si peu protectrice des économies des pays d'Europe, nous impose cette nouvelle contrainte ! C'est dès maintenant qu'il faut réagir, et fortement !
18:28 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : retraite, 67 ans, allemagne, euro, monnaie, crise.