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12/01/2011

Agriculture et alimentation (1ère partie).

Puisque je fais actuellement cours sur les questions alimentaires et agricoles à mes classes de Seconde, je lis énormément d'articles sur ce sujet, au-delà même de ce que je peux trouver dans les manuels scolaires sur ce même thème. L'un d'entre eux m'a particulièrement intéressé et il me semble utile d'en citer quelques extraits ici.

 

C'est un entretien publié dans « Le Point », dans son édition du 9 décembre dernier, entretien avec Carlo Petrini, fondateur de Slow Food, et intitulé « Nos frigos sont des tombes alimentaires ».

 

« L'industrialisation a fait chuter la qualité des produits et ne respecte ni la biodiversité ni les écosystèmes. L'agriculture consomme trop d'eau et nous mangeons trop de viande. » C'est d'ailleurs une des conséquences d'un Développement devenu une idéologie et un alibi économique (voire commercial) quand il aurait dû, sans doute, rester un moyen d'accéder à une meilleure qualité de vie. En privilégiant la quantité au détriment de la qualité, puis le moindre coût au détriment de la proximité, le secteur agroalimentaire a aussi déstructuré les agricultures paysannes et a enchaîné les agriculteurs à un système dont ils ne sont qu'un maillon, de plus en plus faible au regard des enjeux et des stratégies des multinationales, y compris de la Grande Distribution, véritable prédatrice...

 

Les conséquences sur la biodiversité domestique ont été désastreuses : des milliers d'espèces végétales comme animales ont disparu, dans l'indifférence générale, et il suffit de feuilleter de vieux numéros de la presse agricole d'avant-guerre ou, même, de « L'Illustration » de cette même époque pour s'en rendre compte... N'ont été conservées, le plus souvent, que les espèces les plus « rentables » ou les plus facilement utilisables par le productivisme, sans tenir compte ni des milieux (désormais « dépassés » par les « hangars » ou les « serres » chauffées par toutes les saisons) ni des qualités propres d'espèces parfois plus rustiques et, en définitive, plus résistantes à certaines maladies ou conditions climatiques particulières. Cet « égalitarisme productiviste » prend les formes d'un nivellement « par le bas » sur le plan de la qualité et d'une uniformisation des goûts et des saveurs : on passe ainsi de la « nourriture apprivoisée », c'est-à-dire de la gastronomie, à la « nourriture massifiée », consommable indifféremment sous tous les climats et dans toutes les sociétés, et qui prend vite la forme d'une « malbouffe » trop grasse, trop salée ou trop sucrée, mais si rentable pour la Grande Distribution et la Restauration rapide !

 

 

(à suivre)

 

 

08/01/2011

Pas d'Europe sans les Etats.

J'étais il y a deux ans candidat royaliste aux élections européennes, sur la liste « Alliance Royale » du Grand Ouest et, depuis, j'accorde une grande importance aux questions et débats européens, trop souvent méconnus ou négligés dans notre pays mais aussi dans les autres Etats membres de l'Union européenne, souvent bien mal nommée... Il est d'ailleurs fort dommage que la revue « Europa » qui voulait poser les questions géopolitiques d'un point de vue européen ait disparu après... le premier numéro de l'hiver 2009-2010. Dommage mais éminemment révélateur d'un certain désintérêt pour les questions européennes et particulièrement pour celles qui ne sont pas purement financières ou économiques !

 

Sans doute faut-il se remettre à « penser l'Europe » et cela au-delà même de la seule « Union européenne » dont il n'est pas dit qu'elle soit la « seule forme d'Europe possible » comme tentent de le faire accroire nombre de politiciens ou d'experts économiques autoproclamés : en effet, l'histoire a souvent eu la drôle d'idée de ne pas se conformer aux désirs des hommes d'Etat ou aux prédictions des économistes, et il ne sert à rien de la récrire si l'on oublie qu'elle reste toujours vivante, au-delà même de sa réalité du moment, vivante par ce qu'elle évoque, ce qu'elle légitime parfois, ce qu'elle réveille aussi !

 

Il y a eu, dans le passé, des constructions territoriales et politiques qui peuvent apparaître comme des préfigurations de l'Union européenne, mais avaient-elles toujours les ambitions que certains leur attribuent aujourd'hui ? Ainsi, l'idée impériale de Charlemagne était-elle « européenne »? Peut-on voir dans le « noyau carolingien » le début d'une construction européenne confirmée plus d'un millénaire après par les plans de Monnet et Schuman ? Certains, y compris en France dans les années sombres de l'Occupation, ont voulu y croire, au risque même de baptiser leur collaboration active militaire au IIIe Reich de cet illustre patronyme et finir dans les ruines fumantes du Berlin hitlérien...

 

La question se pose de même pour Napoléon Ier dont la Grande Armée, celle-là même qui s'est perdue dans les neiges de Russie en 1812, comptait des soldats de toutes les nationalités du continent européen ou, plutôt, de l'Europe continentale, l'Angleterre n'ayant pas cédé, habituelle « perfide Albion », aux avances musclées de l'empereur républicain. « Européenne », son ambition ? Ou simplement napoléonienne ? Ou poursuite d'un rêve alexandrin ?

 

Si l'actuelle construction européenne se cherche des ancêtres, elle reste en bien des points éminemment inédite et devrait, à mon sens, se penser comme telle si elle veut aboutir à autre chose qu'à une impasse : mais, en même temps, si elle doit pratiquer une certaine audace institutionnelle et géopolitique, elle ne doit pas oublier qu'elle ne naît pas de nulle part ni sans parents, plus ou moins encombrants sans doute, mais nécessaires pour lui transmettre héritages et expériences. En somme, c’est le sens de la réflexion du général de Gaulle, qui reprenait en bien des points la pensée capétienne, sur « l'Europe des Etats » (et non « des patries », contrairement à ce qu'on lui attribue souvent à tort) : une Europe qui n'a jamais encore dans l'histoire existé « institutionnellement parlant » mais qui incarnerait un certain état d'esprit européen qui existait (et qui existe encore, sans doute) par le biais des Etats eux-mêmes et de la culture particulière qu'ils portent chacun à leur manière propre.

 

Citons de Gaulle qui, tout compte fait, l'exprime beaucoup mieux que moi lors de sa conférence de presse du 15 mai 1962 : « Je ne crois pas que l'Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l'Allemagne avec ses Allemands, l'Italie avec ses Italiens, etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l'Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient pensé, écrit en quelque espéranto ou volapuk intégré. Alors, il est vrai que la patrie est un élément humain, sentimental, et que c'est sur des éléments d'action, d'autorité, de responsabilité, qu'on peut construire l'Europe. Quels éléments ? Eh bien les Etats, car il n'y a que les Etats qui, à cet égard, soient valables, soient légitimes, et en outre soient capables de réaliser. »

 

 

 

                                                                                                                                                                   (à suivre)

 

 

 

03/01/2011

Quand les politiciens font passer leurs vacances avant le devoir d'Etat...

Alors que la France connaissait, ces dernières semaines, des journées particulièrement froides et que la neige paralysait une grande partie du pays, les principaux politiciens représentants du « pays légal » prenaient des vacances loin des rigueurs hivernales subies par le « pays réel » : ainsi, le président Sarkozy, dont on aurait pu attendre, au regard de sa fonction, plus de compassion et de considération pour les Français, était au Maroc, tout comme le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et l’ancien ministre Jean-Louis Borloo ! Idem pour le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, celui-là même qui ignorait que la neige pouvait entraîner quelque pagaille en Région parisienne il y a quelques semaines…

 

Ce sont ces gens-là qui prétendent donner des leçons aux Français et leur appliquent sans coup férir la rigueur imposée par les Marchés et par une Commission européenne plus empressée de libéraliser que de protéger les peuples et la justice sociale ; ces gens-là qui n’ont pas le sens de l’Etat et du service quand ils abandonnent leur poste au moment où les Français sont gênés par les attaques du froid et attendent, parfois en vain, une aide que les pouvoirs publics ont officiellement vocation à leur apporter en cas de difficultés de communications ou de transports… Bien sûr, Chef d’Etat et ministres ont droit à des vacances mais cela ne les autorise pas forcément à les prendre au moment où tant de Français souffraient, d’une manière ou d’une autre, de conditions climatiques considérées comme plutôt exceptionnelles par leur rigueur précoce et leur double répétition en si peu de temps : c’est une question de principe car le service de l’Etat impose une grande disponibilité à l’égard des Français, en particulier en cas de conditions difficiles ! Les représentants de l’Etat ne doivent pas donner l’impression « d’abandonner les citoyens » lorsque cela va mal, même sur le plan climatique : ils doivent, au contraire, marquer leur solidarité active et incarner l’entraide nationale

 

La République montre, dans cette affaire comme dans d’autres, son manque d’intérêt pour la « Chose publique » et son absence de compassion : on est bien loin d’un Louis XVI, par exemple, parcourant les campagnes des alentours de Paris lors du redoutable hiver 1784 pour participer lui-même aux distributions de pain et de bois de chauffage aux familles souffrant du grand froid, et débloquant de considérables sommes d’argent pour venir au secours des victimes des rigueurs du climat…

 

Décidément, en hiver comme aux autres saisons, la France mérite mieux que la République !