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06/11/2021

N'oublions pas la question sociale !

 

L’actuelle campagne présidentielle est-elle utile ? Au regard des outrances de certains médias et de leurs obsessions sur certaine personnalité pas encore officiellement candidate à ce jour, il ne serait pas illégitime de se poser cette question. Et pourtant ! Que le thème de la définition même de la nation française soit abordé ; qu’il alimente visiblement plus de craintes que de discussions posées et argumentées de la part d’un « pays légal » qui semble aux abois ; que la question sociale, qui est à mes yeux aussi déterminante que la question nationale et le souci environnemental, puisse être un élément des prochaines confrontations ; etc. Tout cela mérite l’intérêt, plus que les histoires d’ego et les querelles d’appareil, et il faudra bien que la campagne présidentielle apporte quelques pistes de réflexion et de réponses à ces différentes problématiques aujourd’hui parfois cachées par « le bruit et la fureur » autour du polémiste Zemmour. Ce dernier a eu l’immense mérite de bousculer le programme établi d’une présidentielle qui, depuis plus de quatre ans, nous était annoncée comme la vaine revanche du second tour de 2017, comme si rien n’avait changé depuis tout ce temps. Les Gilets jaunes de l’hiver 2018, la crise sanitaire des années 2020-2021 dont nous abordons bientôt la « saison 3 », l’accélération de la numérisation du monde… Ces dernières années n’ont pas été de tout repos, et il faudra sans doute évoquer, à mieux y regarder, une époque de « basculement du monde » dont les formes ne nous sont pas encore complétement visibles et éclaircies.

 

Mais, pour l’heure, puisque le temps du « grand déballage et du grand questionnement » est venu, il me semble nécessaire de « reposer », une fois de plus, la question sociale sur la table, et pas seulement à travers l’âge de départ en retraite ou les modalités de celle-ci. Oui, la question sociale mérite toute notre attention, au moment où la globalisation marchande et désormais numérique reprend son cours insolent et dévastateur. Quels emplois pour demain ? Quelles productions, et comment les concilier avec les enjeux climatiques et environnementaux, mais aussi sociaux et nationaux (voire provinciaux) ? Mais aussi quel sens donner aujourd’hui au travail, à l’heure où chômage récurrent et pénurie de main-d’œuvre dans nombre de domaines semblent cohabiter dans notre société de façon schizophrénique ? Ces questions ne sont pas, à mon sens, inséparables du débat politique et institutionnel, mais je les entends peu, si ce n’est par intermittence, quand une entreprise ferme une usine en France pour délocaliser sa production ou que des grèves éclatent pour réclamer des hausses de salaires, par exemple. Et pourtant ! La fermeture de nombreux services d’urgence dans les hôpitaux (comme à Laval cette semaine), la difficulté à recruter du personnel soignant ou à « repeupler » les déserts médicaux, ne sont pas des questions anodines et elles nécessitent, au-delà de quelques mesures d’urgence (c’est le cas de le dire…), une véritable stratégie d’ensemble que seul l’Etat peut engager ou susciter, non par étatisme malvenu ou dirigisme maladroit, mais par exigence politique de justice sociale qui, dans ce cas, peut se traduire par une politique d’aménagement intelligent des territoires (dans le cadre de « l’équité territoriale ») et de motivation des énergies humaines. S’il serait dangereux d’étatiser la Santé en France, il n’est pas inutile, en jouant sur les leviers de la formation et de l’incitation, de susciter des vocations médicales et infirmières, et de valoriser l’accueil de celles-ci, autant en ville que dans nos campagnes. La France, dans ce jeu particulier (et dans nombre d’autres), a un atout qu’elle semble parfois hésiter à utiliser, c’est celui de la « matière grise » : contrairement à ce que l’on pourrait croire au regard des classements internationaux des lieux d’enseignement et des matières enseignées, la France est le pays des inventeurs et des intelligences. Ce qui manque, c’est la volonté et la stratégie politiques nécessaires à la mise en ordre et en valeur des énergies humaines françaises, et cela explique la trop forte émigration de nombre de nos jeunes vers des pays plus accueillants ou meilleurs payeurs…

 

La question sociale en France, à travers l’exemple de la Santé évoqué ci-dessus, n’est pas insoluble. Mais elle nécessite aussi, au-delà de la volonté, de s’inscrire dans le long terme et non dans une sorte de « présentisme permanent » qui oublie le lendemain ce qui a été pensé la veille. Sans être un « sceptre magique », la Monarchie royale, par son enracinement dans le temps long et dans la suite dynastique des générations, pourrait offrir à notre société quelques solides bases pour mieux traiter cette question sociale qui, depuis plus de deux siècles, hante notre inconscient national et, parfois, déborde en colères, sinon toujours justes, du moins justifiées…

 

 

05/11/2021

La COP 26, si peu écologiste...

 

La COP 26 est une mascarade, piquée de quelques bonnes intentions et recouverte du voile graisseux de la bonne conscience sans lendemain… Le trait peut paraître exagéré, il n’en est malheureusement rien, si l’on se rapporte à ce qu’en disent les médias, autant de connivence que de résistance, et aux enseignements de l’histoire, y compris très récente : il suffit de relire les comptes-rendus des précédentes COP mais aussi les déclarations des candidats aux différentes élections occidentales depuis quelques années, et de les comparer aux réalisations concrètes et aux politiques environnementales des différents pays concernés ! Le constat d’échec et d’hypocrisie est clair et net, malgré quelques espérances persistantes et quelques projets aboutis mais trop épars et minoritaires face au rouleau compresseur de la globalisation, du consommateurisme triomphant (un « consommatorisme », en somme) et de la numérisation accélérée qui complète l’artificialisation des espaces vivants par celle des comportements et des esprits (1). Jamais la biodiversité n’a été autant en danger, et la sixième extinction (de la faune, mais la flore aussi est concernée) semble s’accélérer, y compris dans nos pays quand, dans le même temps, les dernières années n’ont jamais été aussi polluées et chaudes, au regard de l’histoire des derniers millénaires et des siècles de l’Anthropocène. Quant à la déforestation, elle n’a jamais cessé, et elle s’est même fortement étendue en Amazonie et en Afrique ces dernières décennies et cela même après la fameuse COP 21 (2015) que nombre d’observateurs veulent voir comme un « tournant écologique » majeur à travers l’Accord de Paris signé par nombre de grandes puissances qui, visiblement, ne l’appliquent pas. Et l’artificialisation des terres et désormais des mers (comme le prouve le chantier controversé des éoliennes marines dans la baie de Saint-Brieuc…) se poursuit sans relâche, à peine freinée par la crise sanitaire et, plus inquiétante encore pour le secteur de la Construction, par la pénurie de matières premières et celle à venir de sable coquillier.

 

Si l’arrivée en jets et autres aéronefs (peu réputés pour un bilan carbone faible) des principales délégations a été largement commentée et, souvent, moquée, cela n’est pas le plus grave, même si c’est très révélateur de l’hypocrisie des « donneurs de leçons » et de ces Chefs d’Etat qui, pourtant, ne devraient pas oublier leur devoir d’exemplarité qui confirme leur légitimité à parler sur ces sujets particuliers. Le plus inquiétant est la déferlante de promesses, typique des démocraties émotionnelles, et ces « coups de menton » qui, dès le lendemain, seront accompagnés d’un haussement d’épaules… Promesses sans lendemain, sans doute, mais qui seront l’occasion de grandes déclarations futures et d’un dirigisme (voire d’un étatisme) encore plus marqué à l’égard, pas forcément des Puissants du moment (les GAFAM, par exemple, associés le plus souvent aux politiques de « contrainte écologique » de certains Etats), mais bien plutôt des populations auxquelles l’on dénie de plus en plus des libertés que l’on accorde aux féodalités financières et économiques. De plus, lorsque le temps est venu des campagnes électorales, nombre des promesses « écologiques » des dirigeants des démocraties occidentales s’effacent devant les nécessités de la réélection ou de l’élection tout court : cela ne dure qu’un temps, sans doute, mais cela montre le peu de sérieux des stratégies politiques et, surtout, leur absence de prise en compte du long terme, pourtant nécessaire pour enraciner les « bonnes attitudes » environnementales des Etats, de leurs institutions et de leurs citoyens. Le philosophe Michel Serres, dans un entretien radiophonique d’il y a une dizaine d’années déjà, insistait sur cette absolue nécessité du long terme pour mener à bien les politiques d’Etat les plus efficaces sur ce sujet comme sur bien d’autres, mais il constatait, avec un certain dépit, que la République ne le permettait pas vraiment, en France…

 

Faut-il, après ce constat qui peut paraître défaitiste, renoncer à agir pour la préservation de l’environnement et laisser filer les choses dans une sorte de fatalisme désespérant ? Non, non et mille fois non ! Les générations d’aujourd’hui ont, elles aussi, un devoir à l’égard de celles de demain et du surlendemain, dans cette longue chaîne de la vie humaine et de la vie tout court. Dans cette pensée « dynastique » de l’environnement, il est aussi possible de penser la question de l’Etat en France le plus susceptible d’agir sur le long terme et de façon assez « exemplaire » pour pouvoir - malgré la puissance moyenne qui paraît la sienne au regard des grandes qui dominent les rapports géopolitiques et économiques dans le monde - entraîner les autres ou, du moins, leur indiquer un chemin plus vertueux, écologiquement parlant. Il y a peu, un militant royaliste expliquait à quelques auditeurs que « la France est sans doute le pays le plus susceptible d’appliquer le programme de l’écologie intégrale, celui évoqué par l’encyclique Laudato Si’ du pape François, le plus lu dans le monde de tous les textes et manifestes écologistes ». Pour cela, il y faut une volonté politique et, sans doute au-delà, des institutions qui la pérennisent sans la figer : en agissant dès maintenant sans attendre néanmoins qu’elles adviennent (mais en préparant ce recours politique essentiellement et éminemment royal), les politiques et les électeurs feraient gagner un temps désormais précieux à la France pour améliorer les choses, environnementalement parlant.

 

 

 

(à suivre)

 

 

 

 

 

Notes : (1) : lire à ce propos les derniers ouvrages de Guillaume Pitron, « L’enfer numérique » et de Fabrice Flipo, « La face cachée du numérique » et « La numérisation du monde, un désastre écologique ».

31/10/2021

Etre royaliste en temps de présidentielle.

 

Il reste six mois avant le dénouement : à la moitié de Mai, un président de la République sera élu, ou réélu, et le temps viendra, après celui des discours et des promesses, de l’expérience du Pouvoir et de ses contraintes, de ses limites, de ses errements parfois. Mais l’élection présidentielle ne sera vraiment complète que par les élections législatives dont sortira, véritablement, la ligne politique du quinquennat, et il n’est pas impossible d’imaginer une cohabitation entre le Chef de l’État et une Assemblée nationale qui lui fournira son Premier ministre. Nous n’en sommes pas là, et les interrogations et les émotions de l’automne pré-électoral portent plutôt sur les candidats potentiels plus encore que ceux, à ce jour, déclarés ! « Ira, ira pas ? », ou le nouveau jeu des prédictions, pourrait-on dire même si certains candidats putatifs semblent déjà en campagne pour conquérir les masses électorales : MM. Macron et Zemmour entretiennent un suspense qui semble, pour beaucoup, plus une manière d’avancer sans les contraintes ordinaires des jeux d’appareil et des logiques partisanes, quand, chez les Républicains, le nom du potentiel candidat est encore en débat…

 

Ce petit jeu de la pré-présidentielle n’est pas forcément négatif tant que les idées et les propositions (voire les promesses…) irriguent les débats médiatiques plus que les postures et les incidents. Mais il semble que les émotions comptent plus, désormais, que les argumentations construites, et les étiquettes accolées aux uns ou aux autres, à défaut de troubler le jeu (les sondages sont plus efficaces pour cela), jouent le rôle de « gestes barrières » (sic) qui interdisent de dépasser les clivages et de penser les grandes questions politiques et civilisationnelles qui, en définitive, orientent autant l’économique que le social. Cette « démocratie pulsionnelle », qui paraît dominante et accroît le risque de démagogie, peut se traduire aussi par une grande défiance à l’égard de tout ce qui est politique quand, du coup, c’est « le pays légal », promoteur et produit de la démocratie représentative, qui ramasse la mise en restant maître du jeu : peut-on se satisfaire de ce constat ? Sûrement pas ! Et c’est aussi pour cela que je suis royaliste ou, plutôt, à cause de cela.

 

Dans cette joute présidentielle, que peut faire un royaliste ? J’écoute les uns et les autres, et je peux trouver chez les uns et les autres des éléments intéressants, des déclarations motivantes et des idées qui rejoignent les miennes sur tel ou tel thème. Le problème est que chaque candidat, par le principe même de la compétition, s’approprie un « créneau » au risque de le faire dépérir ou de le dévaloriser aux yeux de ceux qui, ne soutenant pas sa candidature, refusent, du coup, de se préoccuper de ce qui pourtant peut s’avérer vital pour notre pays et sa société nationale. Ainsi, le candidat Jadot a le mérite de mettre en avant des thématiques écologistes sur la préservation de la biodiversité française quand le peut-être candidat Zemmour a celui de rappeler certaines exigences de la souveraineté nationale et que le candidat Montebourg dénonce une mondialisation qui ne rend pas plus heureux les ouvriers français que ceux du Bengladesh terriblement et honteusement exploités par les grandes Multinationales. Quand certaines candidatures veulent la prospérité économique, d’autres valorisent d’abord la justice sociale, comme si elles étaient forcément antagonistes ; quand l’un vante la nation (mais quelle nation ? Celle, fédérative, de l’Ancien Régime, ou celle, jacobine et centraliste, de Robespierre ?), un autre lui oppose la société et un autre encore le monde ou, plus proche, l’Europe ; et ainsi de suite.

 

Bien sûr, faire de la politique, c’est choisir. Est-on, pour autant, obligé de choisir « un » candidat quand il s’agirait, d’abord, de valoriser des programmes qui peuvent se trouver chez l’un ou chez l’autre ?

 

Le royaliste que je suis écoute ce que les prétendants au siège élyséen ont à dire et il peut avoir ses préférences, mais il ne s’engage évidemment pas derrière l’un ou l’autre, et cela pour des raisons éminemment politiques : aucun ne met en avant ce qui me semble la condition du reste, c’est-à-dire la transformation des institutions pour assurer le principal, la pérennité et la « bonne vie » de la nation historique française. Si une candidature avait évoqué la proposition monarchique, je l’aurai soutenue et cela même si le « programme » de celle-ci n’avait pas exactement correspondu à mes attentes (il y a plusieurs chapelles dans la Maison du roi, dit-on, et presque autant de royalismes que de royalistes…) : la seule candidature spécifiquement royaliste (et indépendante de la Maison royale de France, ce qui était évidemment logique au regard du rôle que celle-ci doit tenir dans le paysage politique et historique français) qui put accéder au premier tour de l’élection fut celle de Bertrand Renouvin en 1974, après la mort brutale du président Georges Pompidou, à une époque où 100 signatures étaient nécessaires quand il en faut aujourd’hui 500. Le résultat fut, électoralement parlant, en deçà des espérances mais, au moins, l’étiquette « royaliste » revenait dans le paysage électoral et elle avait motivé de jeunes ardeurs qui avaient peaufiné leur royalisme pour mieux le présenter aux électeurs : les textes de la Nouvelle Action Française (nom du mouvement royaliste de Bertrand Renouvin à cette époque) en sont la preuve et mériteraient d’être relus, au moins par les historiens des sciences et des idées politiques. Ils ont d’ailleurs été allégrement pillés (le royalisme en moins…) par nombre de cercles et de partis politiques du pays légal…

 

Au printemps prochain, il n’y aura pas de candidature royaliste, malheureusement, et les royalistes voteront pour qui ils voudront. Mais ils auraient tort de ne pas profiter de l’occasion de l’élection présidentielle (« la reine des élections » en France) pour faire connaître leur projet royaliste, au moment où le pays réel, même conscient des limites des joutes électorales, se passionne pour elle et pour les débats politiques. Une « campagne royaliste » a-t-elle besoin d’un candidat pour exister ? La question mérite d’être posée ; quant à ma réponse toute personnelle, elle est claire : je suis royaliste à plein temps, même en période de présidentielle, et c’est à ce moment particulier qu’il me semble le plus important de rappeler et de faire savoir pour quelles raisons et quels effets au plus large public possible.