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03/07/2011

L'Union européenne diminue l'aide alimentaire aux plus faibles en 2012.

L’Union européenne a décidé la semaine dernière de diminuer son aide aux plus démunis, en ramenant l’enveloppe de l’allocation au programme d’aide alimentaire de plus de 500 millions à 113 millions d’euros pour 2012, soit pour la France de 78 à moins de 16 millions d’euros : c’est la Commission européenne qui, suite à une plainte de l’Allemagne devant la Cour européenne de justice, a annoncé cette décision, au moment même où la crise financière (mais surtout les marchés financiers eux-mêmes !) impose des programmes d’austérité drastique aux populations des pays de l’UE, des baisses de salaires parfois importantes et des hausses de taxes et d’impôts non négligeables comme on le voit en Grèce, en Irlande ou, même, en France dans une moindre mesure. La conséquence pourrait être de priver environ 2 millions d’Européens (les plus fragiles) d’aide alimentaire, alors que les besoins ne cessent d’augmenter ces dernières années !

 

Cette information aurait dû faire réagir violemment les Etats et les partis politiques qui parlent de défendre les peuples, mais elle n’a guère soulevé que quelques molles condamnations, des déclarations de principe (dont celle du président Sarkozy, à peine répercutée par les médias, d’habitude si prompts à évoquer les moindres faits et gestes du locataire de l’Elysée), et quelques récriminations, vite reléguées aux dernières pages d’une presse qui, visiblement, a d’autres chats à fouetter que d’évoquer les moins aisés : triste société de consommation qui ne sait plus faire la part des choses et oublie les plus faibles, sauf à date fixe pour quelques rituels de la « charité-spectacle »… Où est la solidarité ?

 

En tout cas, il est de plus en plus difficile d’évoquer une « Europe sociale » possible quand on voit que les seuls signaux envoyés par la Commission européenne ou la Banque centrale européenne sont destinés à faire appliquer une rigueur qui, si elle devrait être utile lorsqu’il s’agit d’éviter la dérive des comptes publics, s’avère aujourd’hui seulement punitive à l’égard des populations et risque bien d’aller à l’encontre de ses objectifs affichés : « on ne force pas un âne qui n’a pas soif à boire », dit le proverbe…

 

Pour en revenir à cette diminution de l’allocation au programme d’aide alimentaire, elle est d’autant plus choquante quand, au même moment, on apprend que certains fonds de la Politique agricole commune financent de grandes multinationales de l’agroalimentaire et que, en France, certaines grandes fortunes continuent, en toute légalité, à échapper à un juste impôt… C’est cette contradiction qui énerve nombre de nos compatriotes, pas forcément ceux qui profitent de l’aide alimentaire d’ailleurs, mais ceux qui travaillent, gagnent honnêtement leur vie et payent leurs impôts sans trop rechigner quand d’autres spéculent et s’enrichissent en ne respectant pas toujours leurs devoirs fiscaux ou sociaux ou en menaçant d’expatrier leur fortune comme l’a fait le sieur Tapie qui a placé l’argent (plus de 250 millions d’euros payés par les contribuables français) récupéré grâce à Mme Lagarde au… Luxembourg ! Qu’on ne s’étonne pas ensuite des colères électorales ou autres qui pourraient survenir bientôt, colères sans doute vaines car elles n’offrent pas de véritables perspectives politiques (pour l’instant…), mais colères qui peuvent faire de grands dégâts dans notre tissu social et notre unité même.

 

 

 

30/06/2011

Contre la présidentielle permanente, la monarchie !

Doit-on se résigner à cette « présidentielle permanente » qui paralyse l’action de l’Etat depuis de trop longs mois et qui se déroule même au sein du gouvernement, comme si 2012 n’était que la seule vraie préoccupation des politiques de notre pays ? Le remaniement d’hier n’est qu’une mise en ordre de bataille pour l’échéance de l’an prochain, avec jeu de chaises musicales et tentatives de récupération des uns pour diviser les autres (en particulier les centristes), alors qu’il aurait pu être l’occasion de quelques changements pour affronter les véritables enjeux autour, entre autres, de la question financière et de celle de l’Union européenne.

 

Je vois aussi dans cette « présidentielle permanente » l’un des drames de notre vie politique, car les vrais débats, les plus importantes confrontations d’idées se ramènent toujours, en fin de compte, à cette question : « A qui la place, la première place dans notre République ? ». C’est d’ailleurs, a contrario, l’une de mes fortes raisons d’être royaliste : pour libérer notre vie publique de cette question entêtante, confions la première place, la magistrature suprême de l’Etat à qui ne la demande pas, ne la désire pas, mais la trouve, en possible et potentiel héritage, dans son berceau, par le simple fait de sa naissance et de la mort, un jour ou l’autre, de son prédécesseur. La formule « Le roi est mort, vive le roi » symbolise à la fois la plus naturelle et la plus rapide des transmissions politiques, sans jeu de partis ni de clientèles : c’est un avantage certain et une économie non moins certaine, en particulier de promesses et de démagogie…

 

Cela n’empêche pas, bien au contraire, une vraie vie politique, de vrais confrontations et de belles empoignades, mais cela n’affecte pas l’existence de l’Etat elle-même et cela « libère » la magistrature suprême de l’Etat à l’égard des forces concurrentes sur le plan électoral : en cas de crise politique ou de conflit extrême, cela autorise un arbitrage qui n’est pas un arbitraire, comme on a pu le voir, par exemple, en Espagne en février 1981 lorsque des putschistes ont tenté de renverser par les armes le cours normal de la confrontation politique et électorale.

 

Dans le cadre de la Monarchie active que je souhaite pour la France, cet arbitrage royal serait aussi le meilleur moyen pour aller le plus loin possible dans la discussion et dans l’audace politique sans risquer de mettre en péril l’unité de la France, aujourd’hui affaiblie par les guéguerres politiciennes et les tentations communautaristes…

 

« On finira bien par y penser », me disait il y a quelques jours un fin observateur de la vie politique française avec un large sourire : oui, il faut le souhaiter, et vite car cette « présidentielle permanente » me fatigue déjà par ses faux suspenses et ses manœuvres dilatoires, y compris au plus haut lieu de l’Etat… Alors, vite, la Monarchie !

29/06/2011

En traversant la campagne...

La France est un livre dont j’ai parcouru quelques pages hier mardi, entre Rennes et Versailles, cette fois au volant de ma voiture faute d’avoir trouvé une place de train à un prix abordable… Ce livre, cette France qui est mienne autant qu’elle est celle de ceux qui en héritent et la vivent au jour le jour, dans les joies comme dans les malheurs, est le meilleur révélateur des contradictions et de la complexité de notre temps : c’est aussi le rappel de nos devoirs envers elle et nos contemporains, et envers ceux qui viendront, dans les temps qui suivent, nos fils et nos neveux…

 

Sorti de la grande ville, prenant les routes nationales plutôt que les autoroutes un peu monotones, me voici au cœur des campagnes mayennaises ou normandes : les croix marquent le paysage autant que les talus et les arbres, ces restes d’un bocage qui tend à disparaître sous les pressions conjuguées du remembrement et de cette rurbanisation qui n’est rien d’autre, en définitive, que la construction de « villes horizontales et simplement résidentielles », de lotissements-dortoirs, autour des villages anciens ; les troupeaux paissent tranquillement, indifférents aux quelques camions et voitures qui longent les champs, et les tracteurs traversent, parfois un peu brusquement, ces routes qu’ils partagent bon gré mal gré avec les véhicules de passage… ; les villages sont, pour quelques uns, encore bien vivants, et le café reste le lieu de la sociabilité rurale, même si ceux qui le fréquentent ne sont visiblement plus tout jeunes : n’est-ce pas la marque du vieillissement des « travailleurs de la terre » et le repli sur soi, ou sur le monde virtuel des ordinateurs, des plus jeunes, peu soucieux, pour beaucoup, de rester au village mais plus pressés de rejoindre « la ville » et ses promesses (ou ses illusions…) ? L’église reste la plupart du temps le bâtiment le plus imposant du village mais les portes en sont souvent closes et le presbytère est « à vendre », comme de nombreuses autres maisons lézardées par le temps et l’abandon, tandis que de petites maisons, toutes semblables, poussent comme des champignons à la sortie du village : ces dernières semblent vides le jour, comme « absentes du village »…

 

J’aime m’arrêter quelques minutes pour prendre un café ou une limonade dans ces petits restaurants d’un autre temps, dans lesquels on a encore, parfois, des chaises et des tables en bois et, au mur, des trophées de chasses anciennes. Je me souviens d’y avoir mangé, il y a quelques années, un poulet qui, le matin encore, picorait dans l’arrière-cour : un régal, et ceci pour quelques euros, à peine le prix d’un apéritif à Paris…

 

Cette France meurt-elle ? Sans doute s’efface-t-elle peu à peu devant la poussée d’une modernité qui confond vitesse et précipitation, et qui « communique » à défaut de transmettre et de parler aux autres…

 

La France change, bien sûr, et il ne sert à rien de rester dans la nostalgie : mais il serait faux de croire que la modernité présente est la seule manière de vivre, qu’elle est obligatoire et non négociable et, qu’en dehors d’elle, point de salut ! Non, vivre ne se fait pas seulement au travers des seules valeurs de rapidité ou de fluidité, de rentabilité ou d’utilité… L’ordinateur, les techniques en général et l’argent, ne doivent être que des moyens et non des fins qui transformeraient les personnes et les communautés humaines en simples esclaves consommateurs, comme on le voit trop aujourd’hui !

 

Le sociologue Henri Mendras parlait d’une « seconde révolution française » en évoquant l’entrée de plain pied de la France dans la société de consommation, et il n’avait pas tort… Mais toute révolution n’est pas forcément bonne quand elle tombe dans l’hubris, dans cette démesure qui aveugle et fait oublier le nécessaire et l’humain.

 

Se lamenter ne sert à rien si l’on ne préserve pas l’espérance d’une société équilibrée, vive et humaine : les campagnes sont encore des lieux où peuvent fleurir de multiples initiatives pour atténuer les effets indésirables de la modernité technophile, et l’Etat, qui cherche en vain à réduire les déficits publics, devrait penser qu’un aménagement des territoires intelligent, reposant sur un « autre rythme » (et celui des campagnes est bien différent de celui des villes et des marchés financiers), est une véritable opportunité pour retrouver du souffle et libérer de nombreuses populations aujourd’hui fragilisées, plus encore par le rythme effréné de la société technophile de consommation que par la crise elle-même (simple mais cruel révélateur des impasses de la modernité et d’un libéralisme souvent égoïste et destructeur).

 

La France est un livre dont de nombreuses pages sont jaunies par le temps mais ont encore du sens et peuvent servir à inspirer nos réflexions et, pourquoi pas, nos projets, nos actions… « Il suffirait de presque rien », disait Reggiani sur un tout autre thème (quoique…) : ce « presque rien », qu’est-ce d’autre qu’un Etat qui, par nature enraciné dans le temps long et l’histoire et, par là-même, dans cet « avenir qui dure longtemps » selon une formule commune au général de Gaulle et au comte de Paris, peut faire cette politique d’un aménagement des territoires soucieux des équilibres sans négliger l’unité de l’ensemble et les exigences de la société contemporaine ? Cet Etat possible porte, en France, un nom : la monarchie, celle qui a fait la France en quelques siècles et qui pourrait la rééquilibrer en quelques décennies, vaste chantier du XXIe siècle pour qui ne se contente pas des préjugés et des autoroutes grises du conformisme…

 

La France est un livre qui s’écrit chaque jour et dont la lecture ne s’arrête jamais