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27/07/2011

L'espérance monarchique, toujours...

 

Cela fait 31 ans que je fréquente les milieux royalistes, parfois avec une certaine distance et avec, en tout cas, un certain discernement, et le même temps que je milite pour l'établissement en France d'une Monarchie « à la française », c'est-à-dire politique et active, fédérative et nationale, mais aussi éminemment sociale et soucieuse de la « transmission environnementale » aux générations futures. 31 ans de lectures politiques, et pas seulement de Maurras et de Bernanos, même s'ils font partie de mon panthéon personnel ! 31 ans d'affichages, d'apposition d'autocollants fleurdelysés et, en d'autres temps, de peintures et d'écritures sur murs et panneaux divers et variés...

 

Mais on pourrait se décourager à voir la faiblesse des mouvements et revues royalistes aujourd'hui... « A quoi bon ? », pourrait-on soupirer en s'abandonnant aux délices de l'impolitique et à l'indifférence : on aurait tort !

 

Le combat politique n'est pas chose facile mais la difficulté n'est pas preuve de fausseté des convictions monarchistes mais de l'importance du travail qu'il reste à accomplir pour, d'une part faire tomber de multiples préjugés fondés sur des conceptions souvent faussées de l'histoire, d'autre part rendre la Monarchie possible dans un contexte qui n'est plus celui de « la France d'avant » mais désormais d'une mondialisation qui déteste l'autorité politique et privilégie la « société de consommation » et de communication à l'équilibre et à la transmission. Pas facile, il est vrai, de ramer à contre-courant ! Mais nécessaire pour éviter le précipice...

 

Pour me donner du courage, j'ai souvent clamé la fameuse formule de Maurras : « le désespoir en politique est une sottise absolue ». Mais quand on a dit cela, qu'a-t-on fait pour combattre réellement le désespoir ? Et il faut bien avouer que, parfois, le désespoir pourrait bien l'emporter, en particulier quand l'on voit, au travers des écrits d'antan, que la Cassandre d'Action Française avait eu souvent raison, qu'elle avait annoncé, par la plume de Jacques Bainville, les catastrophes, pourtant évitables en 1918-1919, des années 30-40 : ce fameux article du 14 novembre 1918, paru dans le quotidien royaliste et republié il y a quelques mois dans un recueil de textes de Bainville édité dans la collection « Bouquins » sous le titre « La monarchie des lettres », est à cet égard éclairant et... désespérant ! Avoir tout dit, avoir tant prévenu et n'avoir été que moqué, travesti, oublié, voici de quoi décourager les plus fervents amateurs de vérité historique et de stratégie politique ! Je crois que de Gaulle n'avait pas vraiment tort quand il déclarait que Maurras (et à travers lui ses compagnons dont Bainville) avait tellement eu raison qu'il en était devenu fou : fou de n'avoir pas été écouté, de ne pas avoir été cru, alors que les malheurs que ses amis et lui avaient annoncé s'étaient bien produits et qu'ils en avaient aussi été les victimes, d'une part par la défaite de 1940 et l'humiliation de l'Occupation, d'autre part par les réglements de compte de la Libération qui avaient souvent négligé de rappeler que pour éviter l'Occupation et Vichy, encore fallait-il ne pas perdre la guerre en mai-juin 40 et résister victorieusement à l'invasion allemande...

 

Je dois avouer que la relecture de ces textes prémonitoires de Bainville et Maurras, mais aussi de Léon Daudet qui, dès 1933-34, annonçait la guerre que la IIIe République ne voulait même pas imaginer, prisonnière de ses illusions et de ses certitudes et complètement nombriliste, est éprouvante. Et désespérante... Avoir eu tellement raison avant tout le monde... Guy Béart ne croit pas si bien dire quand il chante que « celui qui a dit la vérité, il doit être exécuté » !

 

Bien sûr, les regrets ne servent à rien, et je ne fonde pas ma réflexion politique sur la nostalgie, ce qui serait sans doute fort confortable mais tout aussi vain et imbécile ! Si je suis royaliste et si je poursuis inlassablement ce combat monarchiste malgré les déconvenues, c'est parce que la monarchie royale me semble nécessaire et que, surtout, il s'agit de travailler, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les générations qui vont suivre : l'idée royale a encore un bel avenir devant elle car son éloignement, en France, de la réalité du Pouvoir (et cela malgré une certaine persistance dans l'esprit même des institutions de la Cinquième République, à travers la nature de cette « monarchie élective » voulue par de Gaulle...), lui permet aussi de « se refondre et se refonder » : une sorte de cure de jouvence, en somme, mais qu'il faut savoir terminer pour mieux « pratiquer le Pouvoir »...

 

2012 approche, et avec cette date électorale, les occasions de montrer tout l'intérêt de la Monarchie, à ne pas confondre avec « les intérêts » des classes dirigeantes, économiques ou politiciennes !

 

Ce qui me conforte dans mon inoxydable royalisme, c'est l'attente, véritable et de plus en plus bruyante de la part de ce que l'on pourrait nommer « pays réel », d'une nouvelle justice sociale qui en finirait avec les écarts trop grands entre les plus faibles et les plus puissants, économiquement et socialement. La Monarchie n'est pas l'égalitarisme mais elle est la justice et l'équité, l'équilibre et l'arbitrage, ce qui, justement, manque à la République actuelle, véritable oligarchie mêlée de ploutocratie.

 

« La Monarchie sera populaire, ou elle ne sera pas », affirmait Maurice Pujo dans les jeunes années du XXe siècle : il signifiait par là que la Monarchie se devait d'être fidèle à son serment initial et à son obligation d'être « source de justice », aujourd'hui plus encore sociale que judiciaire en tant que telle !

 

Alors, oui, le royalisme d'aujourd'hui reste source d'espérance politique et il serait dommage de ne pas le faire savoir. Une espérance qui n'adviendra pas d'un coup de baguette (ou de sceptre...) magique mais par les efforts des monarchistes et des autres, ceux qui veulent sincèrement « changer les choses » sans tomber dans les pièges de l'utopie : la Monarchie n'est pas réservée aux seuls monarchistes, elle n'est pas un parti mais justement la possibilité de voir et d'agir au-delà des partis, tout simplement. Ce n'est pas l'utopie qui peut la définir mais bien plutôt l'imagination, sans laquelle il n'est pas de politique nouvelle possible...

 

31 ans de royalisme, et toujours l'espérance au coeur et l'ardeur au combat : d'ailleurs, en politique comme en amour, on ne fait rien sans cela !

 

25/07/2011

Agir contre la famine en Somalie.

 

Ces jours derniers, au milieu de l'été si propice à l'oubli et à l'indifférence, la famine est redevenue un triste sujet d'actualité, et toujours en Somalie, touchée depuis des décennies par ce fléau de la sous-nutrition aggravée par les multiples guerres qui s'y déroulent. En fait, c'est toute la Corne de l'Afrique qui est affectée par une tragédie qui concerne environ 300.000 personnes au bas mot en Somalie même (situation de famine, et pas seulement simple sous-nutrition...), environ 12 millions pour l'ensemble, entre Ouganda et Djibouti, Ethiopie, Kénya, etc.

 

Cette sinistre actualité nous rappelle que, lorsque nous avons faim, le geste d'ouvrir le frigo ou le garde-manger est automatique et révèle une immédiateté et une disponibilité alimentaire qui est un privilège assez récent, y compris dans nos pays d'Occident jadis ravagés eux aussi par l'absence de nourriture, jusqu'au XIXe siècle en Europe de l'Ouest (l'Irlande) ou, même, dans les années 1930 en Ukraine du fait du communisme stalinien. Notre « privilège » doit aussi nous obliger à ne pas oublier ceux qui, ici ou là-bas, souffrent de la faim.

 

Le quotidien « La Croix » publie dans son édition du 21 juillet 2011 un entretien avec Philippe Ryfman, spécialiste de l'action humanitaire à l'université de la Sorbonne, qui donne quelques conseils aux Français désireux de venir en aide aux déshérités de Somalie : « S'il veut se montrer solidaire, le grand public ne doit surtout pas donner d'objets ou de nourriture. Il existe déjà un système d'acheminement des vivres coordonné par le Programme alimentaire mondial (PAM). Pour limiter les frais de transport, le PAM s'approvisionne au plus près des lieux de la crise. » Mieux vaut faire des dons en argent aux associations comme Action contre la Faim ( www.actioncontrelafaim.org ) ou au Secours catholique ( www.secours-catholique.org ) qui en feront le meilleur usage possible et qui « savent faire » face à ces situations compliquées dans des pays instables et en proie aux guérillas.

 

Mais, comme le souligne M. Philippe Ryfman, « les États ont également un rôle essentiel à jouer en soutenant financièrement les organisations humanitaires et les pays d'accueil des réfugiés somaliens. » il faut bien constater que nos États, pourtant si riches au regard des milliards mis sur la table pour « sauver l'euro » en Union européenne ou les banques et autres compagnies d'assurance, par exemple aux États-Unis , semblent avoir plus de mal à fournir les quelques millions nécessaires au traitement de cette famine... Il est même des comparaisons qui font frémir comme celle faite il y a quelques jours par quelques journaux bien informés : alors qu'il suffirait de 12 millions de dollars supplémentaires aux fonds déjà engagés et récoltés pour pallier aux besoins les plus immédiats des affamés de Somalie (sur un total de 70 millions pour ce pays pour toute l'année en cours), environ 100 millions viennent d'être engrangés par l'actuel président des États-Unis pour sa prochaine campagne électorale... Dans le même temps, Madame Bettencourt, à elle seule, doit 30 millions d'euros (plus de 42 millions de dollars) au fisc français ! A titre de comparaison, bien sûr...

 

Néanmoins, l'argent ne suffit pas : pour pouvoir distribuer l'aide alimentaire dans de bonnes conditions à ceux qui en ont expressément besoin, il faut, d'une part un État visible et crédible en Somalie, d'autre part une action coordonnée des États donateurs, y compris diplomatique et militaire (pas d'humanitaire fiable sans force militaire pour assurer la juste distribution à tous, et non la confiscation par les groupes belligérants somaliens...) dans un pays sujet aux conflits ethno-religieux et tribaux.

 

Aux États dignes de ce nom, qu'ils soient de la vieille Europe, des Amériques ou de l'Asie triomphante, de prendre leurs responsabilités et de faire preuve de solidarité concrète envers ces hommes et ces femmes de tous les âges qui ont faim en Somalie et ailleurs ! Mais cela ne nous dispense pas de nos propres devoirs : d'une part, faire un « petit geste » financier ; d'autre part, faire notre devoir de citoyen et rappeler constamment à notre État ses propres devoirs d'aide et d'assistance à ceux qui souffrent au loin sans oublier ceux qui, plus près de nous, ne mangent pas tous les jours à leur faim...

 

La France a ce devoir d'aider les plus faibles, envers et contre tout et c'est sa grandeur de répondre à ce défi alimentaire, même lointain !

 

23/07/2011

Pas de ministre européen de l'économie, s'il vous plaît !

 

Depuis quelques temps et profitant de la crise de la zone euro, certains financiers et politiques avancent régulièrement l’idée d’un ministre des affaires économiques européennes, y voyant là l’occasion de faire un « saut qualitatif » vers une Europe de plus en plus fédérale : c’était encore le cas hier à l’occasion de la réunion entre les partenaires de l’Union européenne pour sauver l’euro, réunion qui semble s’être limitée à un dialogue à trois entre Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Jean-Claude Trichet.

 

Cette idée peut paraître logique, d’une certaine manière : puisqu’il y a une seule monnaie pour dix-sept pays, pourquoi pas un seul ministre chargé, au-dessus des gouvernements européens, de l’économie de cette zone monétaire ? En fait, là encore, on reproduit les mêmes erreurs qu’au moment de la création de l’euro en ne voulant pas voir qu’il y a plusieurs manières de concevoir l’économie en Europe et qu’il y a des traditions (bonnes ou mauvaises, c’est une autre question), voire des mentalités différentes en ce domaine : ne pas reconnaître ces différences initiales c’est se condamner, à plus ou moins long terme, à de cruelles désillusions et commettre des impairs toujours difficiles à réparer par la suite. La situation actuelle en est d’ailleurs la rude illustration…

 

S’il y a ministre des affaires économiques européennes, son rôle risque rapidement d’être celui d’imposer une politique économique unique, au risque de déstabiliser les sociétés européennes : car, peut-on appliquer la même politique, en particulier à travers ce que l’on nomme pudiquement la rigueur, à des pays qui n’ont ni les mêmes structures administratives d’Etat ni les mêmes fiscalités ni les mêmes règles sociales parfois ?

 

Il y a aussi autre chose qui m’inquiète : c’est que, dans les déclarations des sauveteurs de l’euro, jamais ne sont évoquées les populations de la zone euro, seulement les dettes, les déficits, les risques financiers… Or, peut-on faire une politique économique sans au moins écouter ce que disent les peuples qui ne sont pas que contribuables mais aussi citoyens ? Ecouter ne veut pas dire céder à la démagogie mais pouvoir répondre à leurs inquiétudes, chercher avec eux et pour eux (parfois malgré eux aussi, mais cela ne doit pas être un principe, loin de là !) des solutions acceptables et compatibles autant avec les équilibres économiques que sociaux et écologiques : cette proposition de ministre de l’économie européenne semble éloigner un peu plus la « gouvernance » (terme en fait dangereux qui semble limiter le politique à une simple gestion de l’économique) des peuples sur laquelle elle est censée s’exercer !

 

Alors, que faire ? Au lieu d’un ministre des affaires économiques qui, en définitive, ferait une seule politique, mieux vaut une forme de coordination plus efficace et plus réelle que celle qui existe aujourd’hui, et qui, par la discussion entre les représentants des différents Etats, chercherait à concilier les économies entre elles plutôt qu’à vouloir les fondre et les confondre dans une seule et même économie : une coordination autant qu’une conciliation, ce qui n’est pas la même chose que « l’imposition » que serait, en définitive, le ministère européen des affaires économiques au-dessus des gouvernements et des parlements et qui risquerait, effet pervers peu évoqué mais bien réel, d’entraîner une sorte de « grève du zèle » permanente des salariés de la zone euro pour protester contre une administration encore plus lointaine et aveugle que celles, nationales, d’aujourd’hui… A-t-on oublié comment cette attitude de « résistance passive » des ouvriers, des fonctionnaires et des paysans a peu à peu asphyxié l’économie toute entière de l’Union soviétique, pourtant grande puissance, dans les années 1960-80 ?

 

Cette coordination, que je souhaite, ne doit d’ailleurs pas forcément se limiter aux pays de la zone euro, mais elle doit aussi redonner des moyens aux Etats eux-mêmes, pour reprendre l’initiative par rapport aux institutions financières et boursières : « réarmer le pouvoir politique », disait, avec raison, Nicolas Demorand avec des accents dignes de Maurras la semaine dernière dans « Libération » … Sans cela, aucune sortie saine de crise de la zone euro n’est véritablement possible et durable !