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14/10/2008

L'Europe des Etats face à la crise.

La crise financière a montré quelle Europe pouvait fonctionner et laquelle n’était qu’une chimère verbeuse et plus idéologique que réaliste : en somme, l’Europe des Monnet et Schuman n’a pas résisté à la tempête boursière tandis que l’Europe des Etats s’est affirmée, au point d’influencer les Etats-Unis dans leur propre politique économique.

En effet, qu’a-t-on vu ? Des Etats qui ont cherché à combattre la crise, non pas en se niant ou en se confiant à d’autres, mais en coordonnant leurs efforts, en s’inspirant du plan du premier ministre anglais Gordon Brown et du volontarisme de Nicolas Sarkozy, lui-même inspiré par la plume du gaulliste social Henri Guaino, anti-maëstrichien notoire… Alors que la Commission européenne brille par son absence et que M. Barroso ne pense qu’à assurer sa réélection au poste de président d’icelle, ce sont les Etats qui ont repris la main et qui « font l’Europe politique », loin des rêves et des manies des technocrates bruxellois, complètement inaudibles depuis quelques mois.

Il faut en convenir : l’Europe fédérale est un échec terrible, même si certains nient encore cette réalité pourtant visible de tous. Par contre, c’est, comme le souhaitait le général de Gaulle, l’Europe confédérale, celle des Etats, qui peut fonctionner ! C’est l’union des Etats qui peut parler, agir, intervenir. Ce n’est pas cet ectoplasme institutionnel qu’est la Commission européenne, qu’il faudrait sans doute, sinon supprimer complètement (quoique…), en tout cas remettre à sa place qui ne peut être celle d’aujourd’hui, trop envahissante.

D’autre part, cette crise montre aussi le retour du Politique, un Politique qui, à tort, était moqué par les technocrates européens et dénié par ces libéraux et ces sociaux-démocrates qui ne juraient (et ne jurent toujours, mais plus discrètement ces temps derniers) que par l’Economique. Ce sont les Etats qui ont sauvé (ou, à l’heure qu’il est, garanti) un système bancaire occidental en capilotade : cela ne devra pas être oublié et, lorsque les temps économiques seront meilleurs, il faudra le rappeler à ceux qui chercheront, une fois de plus, à profiter égoïstement en oubliant leurs devoirs sociaux et en se parant du manteau de la « liberté » dont ils ne veulent voir que les reflets économiques… C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’il faudra aussi que notre Etat français soit le plus rigoureux et qu’il soit le plus juste : la justice sociale ne doit pas, alors, rester un vain mot et il faudra sans doute faire rendre gorge à quelques Fouquet indécents. Il n’est pas certain que la République, si dépendante des féodalités financières aujourd’hui discrètes mais demain à nouveau arrogantes (tant d’exemples dans notre histoire le rappellent !),  soit en mesure d’affirmer alors son indépendance nécessaire. Un Louis XIV, de par sa position de liberté à l’égard des forces d’argent auxquelles il ne devait ni sa fortune ni son pouvoir ni sa légitimité, pouvait frapper ou flatter les financiers à sa guise, dans l’intérêt de l’Etat qu’il incarnait : un Sarkozy n’a pas la même latitude…

Décidément, la République, malgré quelques beaux sursauts politiques, n’est pas la Monarchie : dans cette affaire de crise financière, la Monarchie (je parle de la Monarchie propre à la France, si particulière) serait allée plus loin et, surtout, plus longtemps, disposant de ce qui manquera toujours à la République, c’est-à-dire le temps, la durée, la continuité

22/09/2008

Monarchie, République, Europe : juste quelques remarques.

Une précédente note d'un de mes blogues a provoqué un commentaire fort critique (mais courtois) à l’endroit des idées pour lesquelles je milite : cela m’est l’occasion de rappeler ici succinctement quelques unes de mes positions monarchistes et « nationalistes ».

 

 

Non, la monarchie ce n'est pas la république, et la république, cinquième du nom, n'en a été qu'un simulacre, malgré toute la bonne volonté d'un de Gaulle. Non, ce n'est pas la même chose et c'est aussi pour cela qu'il me semble nécessaire, non pas seulement de repenser la république, mais de repenser les institutions, au-delà de la république, voire contre ce qu'elle est, qui explique largement ce qu'elle est devenue... Sarkozy est, d’une certaine manière, le descendant d’un Danton pour qui l’argent valait parfois plus que le Pouvoir, ce qui, en définitive, lui a coûté le Pouvoir, puis la vie. En un autre sens aussi, Sarkozy (à qui je ne souhaite pas, néanmoins, le sort de Danton) est bien un homme de la rupture avec les traditions d’Etat qui, malgré la République, renvoyaient encore souvent (et surtout depuis la « révolution gaullienne » de 1958) à des traditions anté-républicaines.

La monarchie n'a rien de ridicule (ne confondons pas le prestige royal et le bling-bling républisarkozien) et, même si elle apparaît lointaine, elle reste, fondamentalement, essentiellement, politiquement nécessaire : l'arbitrage royal est le seul qui, après moult expériences, paraît susceptible de dépasser les divisions politiciennes sans pour autant renier les mémoires différentes, souvent conflictuelles de notre pays. Sans doute l'exemple espagnol, avec ses particularités propres, est-il un bon exemple de ce que peut faire, concrètement, une monarchie royale au sortir d'un déchirement de plusieurs décennies, d'une guerre civile et d'une dictature. Si le roi avait été un partisan, c'est-à-dire s'il avait joué "le jeu de la république", l'Espagne aurait-elle pu avancer au coeur même de l'Europe et de son histoire ? J'en doute...

Quant au moyen de "faire la monarchie", j'ai toujours dit, et je le répète ici, que "la politique du pire c'est la pire des politiques" : mais la politique c'est aussi l'art d'exploiter les occasions et, si la république est en crise (et elle l'est, visiblement...; au moins en crise de confiance !), il serait impolitique de ne pas viser à la remplacer par cette monarchie qui, sans être "miraculeuse", a la possibilité de dénouer la crise institutionnelle et de rendre à la France ses possibilités d'action que l'UE lui ôte peu à peu.

Là encore, ce n'est pas une illusion que cette dépossession des pouvoirs à laquelle procède l'UE au détriment des pouvoirs nationaux et démocratiques... L'éloignement des institutions et des politiques de l'UE à l'égard des citoyens à qui, d'ailleurs, on évite de demander concrètement leur avis en arguant que ces citoyens ne sont pas capables de comprendre le texte d'une constitution qu'il leur faudra pourtant bien respecter et appliquer, me navre et m’inquiète, mais elle est de plus en plus visible aujourd’hui sans que cela provoque de réactions civiques significatives. Certains parlent, comme Bruno Frappat il y a quelques années, de « fatigue démocratique » pour expliquer cette forme de fatalisme des « pays réels » d’Europe à l’égard d’une construction de plus en plus artificielle et de moins en moins désirée, de plus en plus forcée et de moins en moins constructive…

Je n'ai pas la prétention de croire que mon amour de la France est plus fort que le vôtre ou qu’il est de meilleure qualité : mais il est, tout simplement.

D’autre part, ce qui est bien certain c'est que cette Europe-là que l’on nous impose (faute de nous la faire aimer) n'est pas le meilleur moyen de faire vivre et prospérer la France : la conception gaullienne, inspirée de la tradition capétienne, cherchait à faire de l'Europe un ensemble politique confédéral, une "Europe des Etats" susceptible de peser sur l'histoire et de s'interposer entre les empires possibles, une Europe qui aille de Brest à Vladivostok...

Vous comprendrez donc que l'UE n'a rien qui puisse m'attirer et qu'elle me semble le symbole du renoncement du politique devant l'économique, de ce triomphe de l'Argent que je ne cesse de combattre en prônant le partage ; l'amour du prochain et de la cité qui lui permet d'être, au plan politique comme à celui des libertés de l'esprit ; la liberté et la souveraineté de la France...

 

 

08/07/2008

Croix de Lorraine subversive.

Des informations qui peuvent sembler anecdotiques au premier abord sont en fait très révélatrices et, parfois, inquiétantes : ainsi, cet incident rapporté par « Le Parisien » dans son édition du dimanche 6 juillet et titré « Garde à vue pour une croix de Lorraine » et qui s’est produit au premier jour de la présidence française de l’Union européenne : « Mardi soir, en haut des Champs-Elysées à Paris, un petit groupe de militants de l’Union gaulliste manifeste contre l’accrochage de ce qu’ils appellent le « chiffon européen » sous l’Arc de Triomphe aux côtés de l’étendard tricolore. Ils scandent « Europe trahison » et « la France est une nation » [slogans qui sont aussi, et pour cause, ceux de l’Action Française, qui en a même fait jadis des autocollants…] et arborent un drapeau tricolore de 3,50 m sur 1,50 m, frappé de la croix de Lorraine. Mal leur en prend : des policiers en civil les interpellent sans ménagement.

 

Quatre d’entre eux (…) sont emmenés au service de police judiciaire de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Pris de vomissements, René, 75 ans, doit être conduit à deux reprises à l’hôpital dans la nuit. Vingt-quatre heures après, ils sont relâchés. L’un d’eux porte encore les ecchymoses de l’interpellation. Ils sont poursuivis pour « injures » envers le président de la République et « trouble à l’ordre public ». »

 

Ainsi, dans notre belle République, il semble que le tricolore et la croix de Lorraine dérangent nos actuels dirigeants, pourtant issus d’un mouvement qui, jadis, se voulait « gaulliste » (un « jadis » qui est déjà bien loin…). Mais, surtout, ce qui est plus ennuyeux, c’est que le simple fait de lancer quelques slogans « nationalistes » (qualifiés ici de « gaullistes » et, en fait, que je préfère appeler « capétiens », si l’on veut bien admettre que « l’Europe » ici dénoncée est surtout l’Union européenne telle qu’elle s’est construite et se construit sous nos yeux) vaut d’être qualifiées d’ « injures envers le président de la République » et « troubles à l’ordre (ré)public(ain) ». En fait, on assiste à une « européisation » accélérée de notre pays, qui mêle la « pédagogie » et la répression, et qui ne s’encombre plus des formes « démocratiques » (selon l’idée commune, et pas forcément avérée d’ailleurs, que « démocratie égale liberté »…) usuelles, ni sur le plan électoral (refus présidentiel et des institutions européennes d’organiser des référendums ou de respecter le résultat de ceux-ci quand ils ne sont pas « europositifs »…) ni sur le plan des libertés d’expression ou de manifestation.

 

D’ailleurs, cela se fait dans une relative indifférence et, même dans le mépris de certains « contestataires » habituels, dont le silence assourdissant dans cette (petite) affaire tranche avec le battage médiatique qu’ils cherchent à provoquer (parfois avec un certain succès) lorsqu’un incident éclate dans une manifestation lycéenne, par exemple. Il est vrai que la « cause » défendue par les quatre interpellés apparaît comme « hors du temps » ou comme « nostalgique » : cette perception dans le pays « militant » d’une réaction nationaliste basique et parfois maladroite pose la question de la définition du nationalisme et de la pratique politique de ceux qui souhaitent défendre la France, autant comme « une certaine idée » que comme un ensemble de réalités historiques et politiques particulière et, même, unique. Si ce nationalisme doit se contenter d’une posture défensive et de repli sur soi, il se condamne à n’être qu’une nostalgie, parfois agressive et xénophobe. S’il sait se penser en rapport avec le monde et en son sein, avec la volonté de relever les défis actuels (mais aussi permanents) des situations géopolitiques, politiques et économiques, mais aussi sociales et environnementales, le nationalisme français a un avenir et pourra jouer un rôle compris de tous, en redonnant à notre pays sa juste et légitime place sur la scène internationale. Quand j’emploie le terme « nationalisme », je le pense dans le sens véritablement politique (et forcément capétien…), et non pas dans le sens politicien ou partisan que certains ont, pour son malheur parfois, représenté et revendiqué, à mon grand désappointement.

 

En tout cas, l’incident du mardi 1er juillet aux Champs-Elysées devra ouvrir les yeux des quelques gaullistes politiques qui, s’ils veulent sortir de la nostalgie des années 60 et donner au message gaullien une nouvelle perspective d’avenir, doivent désormais penser en véritables « politiques » les grandes questions (en fait indissociables l’une de l’autre) de la nation et de l’Etat.