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18/06/2008

Triste 17 juin...

Le livre blanc sur la Défense vient de sortir et il montre toute l’hypocrisie d’un président qui s’est fait élire sur le nom de la France et ne cesse de la diminuer, dans les faits, par son attitude et ses actes. Ce 17 juin, jour symbolique d’une certaine manière, coincé entre les anniversaires du discours de Bayeux de 1946 et de l’appel du 18 juin 1940, est un jour de tristesse pour la France, et la fin de l’indépendance militaire française, mais qui s’en soucie ? Les radios et les télévisions ne retentissent, en fait, que de la rencontre de balle-au-pied entre les Bleus et les Italiens, et notre société « distractionnaire », celle-là même dénoncée par Philippe Muray, montre sa redoutable efficacité par le brouillard qu’elle crée autour des décisions importantes de cette République de la démission qui, déjà, remplace son propre drapeau sur les édifices publics par le drapeau étoilé d’une Union européenne sans âme ni cœur…

 

Triste jour que celui où l’actuel locataire de l’Elysée trahit la doctrine gaullienne de l’indépendance nationale dans l’indifférence générale, en faisant un véritable bras d’honneur aux traditions capétiennes et françaises : est-ce si étonnant quand on connaît le personnage qui, en définitive, suit la logique de son héritage familial et de sa pratique politique ? Le « tropisme d’Empire » propre à la tradition hongroise, pourtant si éloigné de l’histoire française, joue aujourd’hui en faveur des Etats-Unis et il est significatif que les autres pays de l’Union européenne se félicitent du « retour » de la France dans le Commandant intégré de l’OTAN dont le général de Gaulle avait heureusement sorti notre pays il y a plus de 40 ans.

 

Désormais, il sera plus compliqué à la France de marquer sa différence en Occident et il nous faudra assumer cette nouvelle situation qui nous lie encore plus les mains à l’égard d’un Empire qui ne se prive pas de montrer qu’il reste le maître en Union européenne en « conseillant » sa conduite à l’UE, autant dans son élargissement que dans sa stratégie militaire… Le Traité de Lisbonne, d’ailleurs, n’est-il pas explicite à cet égard, reliant la possible Défense européenne au fonctionnement et aux décisions de l’OTAN ?

 

Certains me trouveront bien « colère » ce soir, et ils n’auront pas tort. Mais je ne me résous pas à cette vassalisation programmée de mon pays que, sans chauvinisme (malgré mon patronyme…), j’aime profondément, cette « France libre, dans l’honneur et la dignité », selon les beaux mots du général de Gaulle…

 

Cela étant, l’Histoire de France montre à l’envi que ce pays ne saurait être tout à fait comme les autres, et qu’il a encore de nombreuses et belles pages à écrire : cette nuit, je relis, sans nostalgie et l’espérance au cœur, les « Mémoires de guerre » du chef de la France Libre des années 40. Espérance, douce et belle, terriblement belle sous ses voiles d’amertume…

 

13/06/2008

Le Non venu d'Irlande...

Décidément, « l’appel au peuple » ne porte guère bonheur à l’Union européenne, comme vient de le démontrer, trois ans après les « non » français et hollandais, le « non » irlandais. Pourtant, l’Irlande n’avait pas eu à se plaindre de l’UE qui lui a permis, dit-on avec raison, de réussir son décollage économique et de devenir « le tigre celtique » en sortant d’un certain sous-développement endémique. Mais, sans doute faut-il se rappeler que les hommes ne vivent pas que de « pain », et qu’il est bien difficile d’être amoureux d’un taux de croissance, aussi « beau » soit-il… Ainsi, le vote référendaire portait-il bien sur la question du nouveau traité constitutionnel européen, et non sur des « remerciements » que l’UE pensait avoir mérités… Le fait que les Irlandais soient les seuls, en Europe, à être consultés (du fait de leur propre constitution) sur ce traité est symbolique d’une méfiance des milieux dirigeants à l’égard des votes populaires, souvent contestataires de « l’ordre établi » du moment, et trouvant dans le référendum un moyen à exprimer leur mécontentement traditionnel. La méfiance des gouvernements et des institutions européennes ne peut, ce soir d’Irlande, qu’être renforcée ! Il est significatif, pour le cas français, que le référendum, le principe même du référendum, soit menacé, en fait, par la pratique présidentielle actuelle et par une réforme des institutions qui, à bien y regarder, prétend renforcer la démocratie représentative à travers le rôle du Président et celui des assemblées. D’ailleurs, l’actuel tragicomédie autour de la possibilité d’un référendum sur l’entrée de la Turquie en UE en est l’illustration la plus ridicule. En somme, il est plusieurs questions de définitions à poser si l’on veut éclairer le débat : qu’est-ce que la démocratie ? Qu’est-ce que l’Europe ? Le problème est que ces définitions sont considérées par les dirigeants européens comme tellement évidentes qu’ils ne pensent même pas à les rappeler et à les repenser, comme s’il était tabou de les soumettre à discussion. D’où le malentendu sur la démocratie, pensée par les européistes comme n’étant que la confirmation forcément « naturelle » et, donc, obligatoire, de la construction européenne, celle-là même qui irait (comme jadis le marxisme…) dans le sens de l’Histoire. Aussi, que « le peuple » puisse refuser ce « bonheur radieux » promis et permis, disent-ils, par la seule « Europe », apparaît comme une incongruité, un véritable scandale pour les partisans d’une UE qui a oublié, à force de parler « gouvernance », de penser en termes de politique et de prospective, et qui veut sortir de l’Histoire pour « avoir la paix », comme fatiguée de son propre poids de responsabilités… C’est ainsi que Bernard Kouchner, par ses déclarations incendiaires contre la possibilité même du « non » irlandais, à la veille du référendum, n’appliquait pas seulement son célèbre « droit d’ingérence », mais manifestait cette arrogance européenne qui agace tant les électeurs et réveille, a contrario, les réactions nationalistes (qualifiées désormais de « populistes ») contre une UE qui, à avoir trop promis, déçoit énormément… En faisant mine d’exclure du champ démocratique la possibilité d’un refus électoral, M. Kouchner limite la démocratie à une sorte de « oui permanent », pâle application de cette « révolution permanente » dont rêvait Léon Trotski, et qui transforme les rêves d’Europe en « fatalité », en Paradis globalitaire dont sortir serait impossible, voire interdit… Cette forme fermée de démocratie est, en elle-même, une impasse et elle condamne l’Europe à rester « légale » sans devenir « réelle »… Il n’est pas encore interdit, n’en déplaise à M. Kouchner, de le regretter…

11/05/2008

Discrète Journée de l'Europe...

Le 9 mai est officiellement la « journée de l’Europe » et il n’est pas indifférent de noter combien elle est passée inaperçue cette année, autant dans les médias, d’habitude plus diserts sur ce sujet, que dans la rue elle-même : à tel point que Versailles, où je travaille, avait visiblement oublié de pavoiser l’hôtel de ville et les halles marchandes aux couleurs de l’Union Européenne, contrairement aux années passées… A cette « invisibilité » (toute relative…) de l’Europe (ou ce qui revendique de l’être), il y a sans doute quelques raisons simples : le fait de passer par-dessus le référendum de 2000 pour adopter parlementairement et fort discrètement un traité constitutionnel européen dont, pour le coup, peu de gens ont eu l’occasion d’entendre parler cette fois-ci et, surtout, de discuter, n’a guère été apprécié par une grande partie de la population qui y a vu la duplicité des politiciens et « l’inutilité » de la démocratie au regard du déni de la décision populaire de 2005. Du coup, il apparaît parfois délicat de se mettre à « trop parler » de l’Union européenne quand on vient d’ôter la parole à ceux à qui l’on s’adresse : il semble que le gouvernement l’ait bien compris et qu’il ait préféré éviter d’aborder le sujet pour éviter quelques agacements supplémentaires.

 

Une autre raison c’est la « banalisation » de l’Europe qui, jadis, pouvait faire rêver parce qu’elle apparaissait comme une nouvelle « terre promise » : elle est, aujourd’hui, évoquée, au mieux comme une « nécessité », comme une « obligation » pour affronter la mondialisation, mais le plus souvent comme une « fatalité », comme une « réalité à laquelle il n’y aurait pas d’alternative »… Pas de quoi soulever l’enthousiasme ! D’autre part, elle apparaît de plus en plus comme une « nouvelle contrainte », avec des règles sur le plan hygiénique, gastronomique, social, économique, administratif, etc., qui compliquent la vie au lieu de la simplifier : cela ne la rend guère populaire, surtout au regard des promesses anciennes qu’il est toujours drôle (mais le rire est jaune, en ce cas…) de relire dans les manuels de géographie des années 90 ou dans les textes publiés durant la campagne référendaire de 1992 autour du traité de Maëstricht…

 

Il est d’ailleurs significatif que les jeunes étudiants chargés, la veille de cette journée du 9 mai, de distribuer de mini-livres citant les droits des citoyens dans l’UE à la sortie du métro « Odéon », sous la statue de Danton, avaient bien du mal à défendre cette UE-là, malgré toute leur sympathie et leur bonne volonté : en discutant longuement avec eux, je me suis rendu compte qu’ils ne connaissaient guère l’histoire de l’Union Européenne, ni même ses réalisations concrètes et ses promesses d’antan, etc. Cela étant, peut-on vraiment leur en vouloir quand on voit le déversement de propagande (baptisée « pédagogie » dans la grande presse ou dans les documents des européistes…) à travers les manuels scolaires et les programmes de l’Education nationale, ainsi que les instructions des rectorats et du Ministère (j’en reparlerai car de nouveaux documents viennent d’arriver dans nos casiers de profs ces temps derniers et ils sont plus que révélateurs…), et dans les grands médias français ?

 

La dernière idée des parlementaires pour rendre « l’Europe » plus « proche » est de rendre fériée cette journée du 9 mai tandis qu’on supprimerait ce même caractère férié au 8 mai, considérant que cette date ne parle plus guère à nos contemporains et que la France est l’un des derniers pays à la commémorer encore. Si cette mesure est votée prochainement, je ne suis pas certain que cela change grand-chose au sentiment général sur l’UE, en bien ou en mal. D’autre part, il sera intéressant de regarder comment les autorités et, en particulier les municipalités, célébreront (ou pas…) cette « journée » et devant quel monument, en quel lieu… Va-t-on voir apparaître des « monuments pour l’Europe » dans tous nos villages, ou remplaceront-elles les bustes de Marianne dans les salles municipales par quelque figuration symbolique de cette UE sans véritable identité ? Ce n’est pas impossible et même assez probable…

 

Cela promet aussi quelques discussions houleuses au sein des conseils municipaux…