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20/01/2009

L'Etat et son rôle dans l'économie.

Ma précédente note sur « la République impuissante face aux Fouquet » a suscité un commentaire qui me permet de préciser un peu ma pensée sur le rôle de l’Etat en économie. Il m’a semblé fort intéressant, à la réflexion, de publier directement sur ce blogue la réponse que j’ai apportée à Romain, ainsi, évidemment, que son commentaire initial. Le débat continue…

 

Commentaire de Romain :

Je ne comprends pas ce qu'un roi pourrait changer au problème...
En effet le rôle d'arbitre suprême que vous lui attribuez ne lui permettra pas de s'opposer à la libre circulation des capitaux et on revient donc à la situation actuelle que vous décriez.
Le roi que vous proposez n'aura pas (du moins je l'espère) le pouvoir de dicter leur conduite aux entreprises. La question se pose donc : comment un roi pourrait-il sauver les entreprises françaises de la crise et du machiavélisme ? Car si j'ai bien compris votre message c'est ce que vous semblez affirmer.

 

Ma réponse :

Il ne s’agit pas de tomber, je vous rassure, dans un étatisme qui serait forcément vain et tout aussi néfaste que peut l’être le libéralisme à tout crin : que cela soit en monarchie ou en république, l’Etat ne peut pas tout et n’a pas à tout régenter, en économie comme dans d’autres domaines. Mais l’intérêt d’un Etat qui dispose d’une légitimité extérieure aux jeux politiques (et à leur financement) est de pouvoir parler haut et fort, sur le plan intérieur comme extérieur, et cela peut être tout à fait utile pour avancer dans des négociations internationales qui permettraient de mieux contrôler certains flux financiers et économiques : il s’agit bien de changer le rapport de force pour que « la fortune anonyme et vagabonde » ne soit pas la seule puissance mondiale… La limiter est possible, sans tomber, là aussi, dans la démagogie et la seule contrainte.

La libre circulation des capitaux doit, surtout en temps de crise, pouvoir être régulée, au moins provisoirement, et n’oublions pas le rôle que peuvent jouer les banques centrales sur la gestion des monnaies. En fait, le principal problème en France et en Europe est bien l’indépendance de la BCE de Francfort qui, souvent, oublie les intérêts des peuples et des Etats, sans pour autant empêcher les dérives des finances publiques : que le Politique retrouve sa place éminente de création et de souveraineté (ne serait-ce que par le biais d’un Conseil européen de la Monnaie, par exemple, qui est tout à fait envisageable) dans le cadre de la Monnaie, est nécessaire. Et l’Etat français, par le poids de son économie, peut jouer un rôle véritable d’impulsion et de direction, en lien avec ses partenaires en Europe et ailleurs. Je suis conscient que cela n’est pas forcément facile mais c’est largement possible : il y faut la volonté politique et celle-ci doit trouver une part de sa force et de sa légitimité par cette externalisation de la source du pouvoir de l’Etat, c’est-à-dire par l’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat permise par le mode de transmission héréditaire de celui-ci.

Le roi que je propose n’a pas à se faire chef d’entreprise à la place des chefs d’entreprise. Mais l’Etat a des devoirs économiques et sociaux, et des pouvoirs politiques et législatifs, qu’il s’agit d’ordonner au Bien commun. Par une politique de d’impulsion et de décision, l’Etat peut agir, concrètement, par la proposition de lois au Parlement et l’organisation de grandes politiques de chantiers structurels : en somme, fixer de grands axes d’action qui n’empêchent pas les entreprises de vivre mais qui limitent les risques de dérives et qui forcent les grands financiers et entrepreneurs à une certaine responsabilité devant l’Etat et l’Opinion prise à témoin

Bien sûr, la Monarchie n’est pas une solution-miracle qui résoudrait tous les problèmes économiques et sociaux mais elle a devoir de préserver les liens entre « économique » et « social », par cette médiation du Politique qu’elle incarne, mieux que le président d’une République qui a souvent du mal à se séparer de ceux à qui il doit sa présidence. Je ne promets pas (cela serait malvenu et d’une grande suffisance de ma part !) que la Monarchie va en finir avec la crise qui touche la France comme d’autres pays, mais je pense qu’elle peut en amortir les effets et donner des possibilités aux entreprises et aux commerces de notre pays de retrouver du souffle et des champs d’application divers et variés, en France comme à l’étranger. Il y a un grand vivier d’emplois encore inexploité dans l’aménagement intelligent du (des) territoire(s), et il y a de nombreuses pistes que l’Etat peut emprunter pour « débroussailler » le passage à l’économie…

 

15/01/2009

Bicentenaire de la naissance de Proudhon.

Pierre-Joseph Proudhon est né le 15 janvier 1809, il y a deux siècles, mais son nom, aujourd’hui, ne suscite guère autre chose que de l’indifférence dans le meilleur des cas : cela me semble éminemment regrettable, au regard de ce qu’il a apporté à la pensée politique du socialisme français, et à la pensée politique tout court.

Bien sûr, certains s’étonneront qu’un royaliste « traditionaliste » (ou « transmissionniste », concept qu’il conviendra que je définisse à nouveau plus clairement un autre jour) puisse s’intéresser à un personnage plus connu pour ses penchants révolutionnaires et sa filiation avec le courant anarchiste que pour un éventuel attachement à la monarchie que je prône fidèlement depuis presque trente ans… D’autres, au contraire, y verront cette éternelle attirance des monarchistes fédéralistes et antiparlementaires envers celui qui revendiquait un antijacobinisme virulent ou une défiance presque viscérale envers la « démocratie bourgeoise », y compris en ses pires aspects (je parle de sa défiance…) et avec des mots injustes. Après tout, n’y a-t-il pas eu, à la veille de la Première Guerre mondiale un « Cercle Proudhon » qui, sous le patronage de ce socialiste franc-comtois, rassemblaient des nationalistes maurrassiens fidèles au roi de France et des syndicalistes antidémocrates inspirés par la pensée de Georges Sorel ? Et, de loin en loin, des évocations « récupératrices » (?) dans la presse monarchiste, en particulier dans celle qui se veut « révolutionnaire » ou « anticonformiste » ? Et, si l’on glisse la main sur le clavier, un site monarchiste préoccupé de « social » qui a repris ce patronage de Proudhon sans timidité : www.alternative.new.fr ?

En fait, l’absence d’articles importants dans la presse française (à part un long et assez intéressant papier dans l’édition de janvier du « Monde diplomatique ») sur cet anniversaire me semble fort révélateur d’une absence d’intérêt pour les penseurs et, au-delà, pour les pensées politiques qui sortent de l’alternative « Marx ou Marché »… Aujourd’hui, la mode est, avec quelques raisons d’ailleurs, à Keynes qui, avec la crise, a retrouvé une certaine actualité aux yeux de ceux qui ne croient pas en les vertus miraculeuses de la seule « main invisible du Marché ». Mais Proudhon n’a-t-il pas lui aussi à nous suggérer quelques pistes de réflexion, et quelques unes de ses préoccupations ne sont-elles pas aussi les nôtres ? La question des libertés communales, provinciales et professionnelles, le mutuellisme, la dénonciation du rousseauisme idéologique comme celle du règne de l’Or sacré par le système clientéliste d’une certaine démocratie partisane, etc. Tout cela n’est pas encore clos, ni oublié pour qui pense politique.

Proudhon n’a jamais été de mes maîtres, mais sa lecture n’est pas inutile et j’y ai trouvé parfois quelques échos à mes propres interrogations, voire quelques réflexions (parfois désabusées, il faut bien le dire, car j’ai l’impression que Proudhon ne fut pas un homme d’espérance…) fort intéressantes. Je me souviens aussi que, lors d’un débat radiophonique au Mans, quelques semaines après une réunion royaliste qui avait tourné à l’affrontement entre militants monarchistes et manifestants d’extrême-gauche (en 1991), c’est Proudhon qui m’avait permis de désarçonner des contradicteurs qui me reprochaient d’oser m’y référer : j’avais alors lu une citation du penseur socialiste qui, en somme, trouvait quelque avantage à la monarchie par rapport au système républicain (ce qui n’en faisait pas pour autant un apologiste de celle-ci, loin de là), et cela avait littéralement abasourdi des débatteurs qui s’étaient persuadés qu’un royaliste se contentait de lire « Point de Vue » et les aventures du « Prince Eric » de Serge Dalens et de citer Stéphane Bern ou Thierry Ardisson (ce que je fais aussi, d’ailleurs)…

Au fait, quelle était cette citation ? Etait-ce celle-ci : « Un homme qui travaille à assurer sa dynastie, qui bâtit pour l’éternité, est moins à craindre que des parvenus pressés de s’enrichir et de signaler leur passage par quelque action d’éclat » ? Je n’en ai pas le souvenir mais celle-ci me semble tout à fait convenir pour terminer, sur une note éminemment royaliste, ce  petit article du soir…

29/12/2008

Appel aux questions et objections.

Au début des années 90, les jeunes militants royalistes de l’Action Française Lycéenne de la Région parisienne avaient eu la bonne idée de rédiger et publier un hors-série de leur journal « Insurrection » (qui paraît toujours, avec des fortunes diverses, depuis presque deux décennies) qui était une sorte d’argumentaire monarchiste et qui avait l’ambition de répondre aux questions et objections possiblement posées par les curieux, les adversaires ou même les sympathisants : cela s’intitulait « Trente réponses à un lycéen sur la Monarchie ».

Ce document a eu tout de suite un grand succès et a souvent été réédité depuis, sous des maquettes différentes. A plusieurs reprises a été évoquée la proposition de le refaire en l’actualisant, en le complétant, parfois en l’amendant et j’ai moi-même participé à sa « réécriture » il y a une dizaine d’années. En fait, ses tentatives, y compris la mienne, n’ont jamais abouti, pour des raisons diverses et pas toujours valables, d’ailleurs…

Il m’est venue l’idée, sûrement saugrenue, de reprendre cette réécriture ces vacances-ci et de la mener jusqu’à son terme, si tout va bien, pour l’été prochain, à raison d’une question-réponse par semaine jusqu’en juillet 2009. J’ai l’intention de me servir de quelques questions déjà posées dans le document initial et d’y adjoindre les objections que l’on fait le plus souvent à l’idée d’une instauration de la nouvelle Monarchie en France, ou à la Monarchie elle-même.

Le but n’est pas d’en faire un « catéchisme royaliste » mais simplement un outil de travail et de compréhension de ce que peuvent être les raisons valables de l’établissement d’une royauté héréditaire et successible en France, au XXIe siècle.

Aussi, je fais appel aux lecteurs de ce blogue pour me poser les questions qu’ils se posent sur cette Monarchie que je prône inlassablement depuis presque 30 ans (cf le site http://souvenirschauvin.blog.ca ) et toutes les objections qui leur viennent à l’esprit : elles me serviront à faire un document le mieux adapté possible aux interrogations de nos contemporains sur cette alternative politique et institutionnelle, et me forceront à réfléchir aux objections nouvelles des générations qui arrivent sur le terrain politique français.  

D’avance, merci de votre coopération !