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17/02/2010

Politique souveraine contre Féodalité.

Depuis quelques jours, la question sociale revient régulièrement sous les feux de l’actualité, et cela au moment même où l’affaire des revenus du nouveau patron d’EDF, M. Proglio, continue de faire débat, au moins sur la Toile. Ainsi les salariés d’Ikéa réclament-ils une augmentation des salaires qui correspondent aux efforts consentis ces dernières années pour rester compétitifs sur un marché très concurrentiel en France ; ceux de la raffinerie Total de Dunkerque demandent à leur direction des explications sur l’avenir du site, visiblement menacé dans sa pérennité ; quant aux salariés de l’usine Philips de Dreux, ils ont reçu en fin de semaine dernière une simple lettre recommandée pour leur apprendre leur licenciement tandis que l’entreprise ne fait guère mystère de poursuivre ses délocalisations pour maintenir ses bénéfices…

 

Et pendant ce temps-là, la presse rappelle que les traders, les fonds spéculatifs et les banques ont repris leurs « habitudes », et que les bonus distribués battent des records ! Je me souviens, il y a quelques semaines, d’une première page du quotidien « Le Monde » sur laquelle se côtoyaient deux titres, l’un annonçant un milliard d’euros de bonus pour les seuls traders parisiens tandis que l’autre évoquait les quelques centaines de millions difficilement trouvables pour venir en aide aux victimes du séisme en Haïti… Il y a de quoi hurler !

 

Certains nous diront que ces situations sont liées à la mondialisation et que l’on ne peut rien y faire. Ce fatalisme est impolitique et il peut être démenti si l’Etat veut bien se donner la peine de renoncer à quelques préjugés idéologiques et affronter les féodalités économiques aujourd’hui passées maîtres dans l’art du chantage (« Si vous nous taxez plus, nous partirons de France », par exemple…). Encore faudrait-il que cet Etat soit libre de ses décisions, c’est-à-dire souverain : or, aujourd’hui, il semble que la mondialisation ne soit rien que d’autre que la nouvelle Féodalité, celle des financiers, des groupes de pression et des communicateurs…, Féodalité étendue au monde entier ou qui en aurait l’ambition ! Et dans ce cadre-là, c’est en terme de vassaux et de suzerains que s’expriment les échanges et les relations économiques et politiques…

 

La France peut-elle alors réagir, résister ? Bien sûr que oui ! « La politique de la France ne se fait pas à la Corbeille », disait fièrement le général de Gaulle, et il est encore possible de le prouver, pourvu que l’Etat en ait, non seulement la volonté, mais les institutions qui lui permettent une telle liberté et lui donnent les moyens politiques de limiter les abus des grandes sociétés financières ou industrielles. Cela sera-t-il facile ? Sans doute pas, mais il y a une carte à jouer, et il serait dommage de ne pas la jouer…

 

D’autre part, l’Histoire nous rappelle que la naissance de l’Etat en France s’est faite par la politique des rois capétiens qui ont su aller à l’encontre de la pensée dominante et de ces féodaux qui se gaussaient du roi en le questionnant « Qui t’a fait roi ? ». La souveraineté de l’Etat royal est née de cette lutte, de cette extraction de la féodalité ambiante, et cela malgré les faiblesses économiques et financières des capétiens : le politique a triomphé de la force des féodaux, malgré tout ! S’en souvenir et en tirer des leçons pour aujourd’hui comme pour demain, c’est déjà faire œuvre politique…

31/10/2009

Comprendre et combattre la crise.

J’étais mercredi dernier à Rennes, ma ville natale, pour quelques heures consacrées à ma famille, mes amis et, bien sûr, au combat politique : j’assumais ce dernier par la tenue d’une conférence-discussion autour du thème de « la crise », thème sur lequel je me suis penché avec insistance ces mois derniers à travers mes lectures et mes prises de notes. Ainsi, durant environ deux heures, dans la belle salle du premier étage du Piccadilly, ce café qui a vu tant de mes « aventures » politiques (entre autres…) des années 80-90, j’ai présenté quelques éléments pour saisir le sens de ce que nous appelons la crise, ses conséquences et les propositions qu’il est possible d’avancer pour en amortir les effets en France, tout cela devant quelques personnes fort attentives et, parfois, heureusement participatives.

 

Voici un petit résumé, forcément incomplet, de mes propos :

 

 

« L’étymologie du mot « crise » nous apprend que celui-ci signale une séparation entre un « avant » et un « après », ce que le théoricien marxiste Gramsci résumait en assurant qu’elle « est ce qui sépare le vieux du neuf ». En fait, celle que le monde voit rouler et se dérouler depuis quelques années, peut aussi être comprise comme le transfert de richesses et de puissance des pays du Nord, anciennement industrialisés, vers ceux du Sud, en fait plus exactement les puissances dites « émergentes » (mais le terme, dans ces cas-là, commence à dater un peu…), soit la Chine, l’Inde, le Brésil… Dans toute crise, il y a des gagnants et des perdants ! Doit-on y voir, aussi, l’application idéologique d’une forme de « darwinisme » économique et social à l’échelle de la planète ?

 

Pour autant, la crise, apparue bien avant la faillite de la banque Lehman Brothers à l’automne 2008, est multiforme : financière, économique mais aussi sociale, voire politique et géopolitique. Elle apparaît, pour nombre d’observateurs, comme révélatrice des déséquilibres d’un monde qui se veut global, au détriment parfois des équilibres internes des continents et des nations. Est-elle une « crise du système » capitaliste, libre-échangiste et consumériste ? Elle semble plutôt être une « crise systémique » qui, en soi, ne remet pas en cause le capitalisme lui-même ni la société de consommation mais se contente de les « purger » ou de redistribuer les cartes, cette fois au détriment de nos pays et de nos populations… On peut peut-être le regretter mais il semble bien que cela soit ainsi, et peu de nos concitoyens remettent en cause l’esprit même du capitalisme libéral malgré quelques grincements de dents : pas de révolution à l’horizon, semble-t-il !

 

L’actuelle redistribution des cartes au plan mondial se fait au bénéfice des puissances émergentes, et que le G8 ait définitivement cédé la place au G20 en est un indicateur non négligeable : cela cache-t-il un G2 Chine-Etats-Unis qui est souhaité beaucoup plus par Washington que par Pékin ? Ce n’est pas exclu…

 

Face à cette crise multiforme (qui prend parfois aussi des aspects de « crise de civilisation », même si nos concitoyens n’en ont pas encore conscience), que faire ?

 

L’Union européenne, pour l’heure, semble peu réactive en tant que telle, et ce sont les pays membres qui, par des politiques de relance et d’endettement, affrontent réellement les problèmes. Le temps du « libéralisme sans contraintes » est, apparemment (je précise bien « apparemment » : reste à voir ce qu’il en sera sur la durée), dépassé et c’est plutôt au retour de l’Etat-pompier auquel on assiste, avec des « dérives déficitaires » parfois inquiétantes, faute de politique vraiment fondée sur le « long terme » dans la plupart des cas, en particulier en France.

 

La France n’est pas épargnée par la crise et ses conséquences, en particulier sociales, avec la montée de la précarité et l’augmentation du chômage, principalement dans le domaine industriel, d’où un sentiment de malaise et d’inquiétude, voire d’amertume et de révolte, d’une révolte qui a du mal à trouver une traduction politique concrète.

 

Les royalistes pourraient se contenter de se joindre au fatalisme ambiant et renoncer à toute réflexion sur ce sujet, en attendant la reprise tant annoncée… cela ne correspond ni à leur tradition ni à leur politique, heureusement ! D’où, au-delà des analyses sur la crise, la volonté de trouver des solutions réalistes mais aussi imaginatives, tout en respectant le principe fondamental, rappelé aussi par la récente encyclique pontificale : « L’économie doit être d’abord au service des hommes, et non l’inverse ».

 

La politique monarchiste tient en quelques propositions simples, qui ne cherchent pas à « faire système » mais plutôt à « faire force » pour le pays et son économie :

 

-         Néocolbertisme intelligent et adapté aux réalités du moment, dans lequel l’Etat n’est pas le « patron » mais bien plutôt celui qui lance les projets et l’impulsion, qui aide et arbitre, qui fixe des cadres et quelques objectifs simples mais laisse la direction aux entrepreneurs (sous réserve qu’ils acceptent le cadre général fixé par l’Etat) ;

-         Protectionnisme modulé selon les domaines et les cas, qui s’appuierait sur une relocalisation partielle de la production industrielle et agricole, mais aussi des industries de transformation, en particulier alimentaires, et sur la protection des secteurs aujourd’hui menacés par la concurrence déloyale des multinationales qui produisent à bas coût et sans souci social.

-         Aménagement du territoire qui chercherait à maintenir les équilibres au sein du pays et à revitaliser, par le redéploiement rural (entre autres), des zones aujourd’hui désertifiées ou en déshérence démographique : les nouvelles technologies, qui doivent être accessibles en tous les points nécessaires du territoire national, peuvent permettre de « désurbaniser » une partie des emplois du secteur tertiaire, par exemple.

-         Politique de grands projets et de grands travaux, qui peuvent utilement compléter les propositions évoquées précédemment : la « grande gare internationale de Paris » qui permettrait de relier les différents réseaux ferroviaires passant par la capitale pourrait être un de ces grands projets, tout comme la construction de nouveaux porte-avions qui seraient bien utiles en cette période de montée des tensions internationales et permettraient, au-delà de la finalité de Défense, de maintenir l’activité de nombreux ports et chantiers navals ; etc.

 

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, mais encore faut-il que le pouvoir politique d’Etat ait la volonté et, au-delà, la durée suffisante pour mener à bien ces projets et cette stratégie : la République, au regard de son état actuel et de ses limites électorales, est-elle la mieux placée et la mieux adaptée pour relever les défis de la crise ? Poser la question, c’est déjà y répondre… Le philosophe Michel Serres insistait, il y a quelques temps, sur la nécessité d’une « politique du long terme », politique qu’il voyait entravée par les constantes bagarres, querelles d’ego et combats de coqs pour la magistrature suprême de l’Etat. En inscrivant le temps de l’Etat, en sa tête, dans la durée et par la continuité, la Monarchie, à défaut de résoudre d’un coup de sceptre magique les problèmes du pays et du monde, donnerait plus de force à l’Etat et à la nation ainsi incarnée pour résister aux tempêtes qui soufflent, mais aussi à celles qui s’annoncent…

 

27/10/2009

Conférence sur "la crise", à Rennes.

Je serai demain mercredi à Rennes et je profite de ce séjour (trop) rapide pour tenir conférence sur le thème de « la crise », thème sur lequel je travaille depuis déjà quelques temps, non pour éternellement gémir, mais pour chercher des solutions et présenter des propositions qui puissent sortir « par le haut » de la situation présente, y compris au-delà de la seule économie. Voici ci-dessous le petit texte qui annonce, sur plusieurs sites monarchistes, ma conférence du 28 octobre :

 

 

Il n’est pas inutile de se rappeler que le terme même de crise est la traduction française du mot grec « krisis » qui signifie « séparation » : car c’est bien de cela dont il s’agit, une séparation entre un avant et un après, une forme de transition en somme entre deux situations, deux réalités, deux mondes.

 

Ainsi, nous assistons au « passage de témoin » de la puissance financière et économique, des pays du Nord (Etats-Unis, pays européens, principalement) à certaines nations d’Asie, en particulier l’Inde et la Chine, ce que soulignent quelques (rares) articles qui évitent de tomber dans le piège d’une lecture simpliste et seulement idéologique, pas toujours suffisante pour comprendre la situation présente : si crise du capitalisme il y a, cela ne signifie pas la fin de celui-ci mais son transfert dans de nouveaux espaces dominants, dans de nouvelles zones de réalisation et d’expansion. Le centre du monde se déplace vers l’Asie et, comme tout déracinement de ce que l’on a cru éternel et inexpugnable, cela se fait dans de grands craquements et dans la poussière soulevée par ces grands arbres qui s’abattent sur un sol devenu aride… L’argent est désormais ailleurs que dans nos pays qui, en caricaturant un peu, se contentent juste de consommer des produits fabriqués en Asie, serrant par là-même la corde autour du cou de nos économies.

 

La question posée dans « Le Monde 2 » dans son édition du samedi 4 octobre 2008 : « Au décours de cette crise, les actuels maîtres du monde seront-ils toujours ceux de demain ? » trouve ainsi sa réponse dans un autre article du « Monde » du même jour : « La crise renforcera l’Asie », article de l’économiste Jean-Raphaël Chaponniere qu’il conviendrait de découper et de conserver dans son portefeuille, non comme un talisman mais comme un avertissement, et qui confirme mes prévisions déjà anciennes.

 

Ainsi, est-il expliqué que « la crise financière, la plus grave depuis 1929, accélérera le glissement du centre du monde vers l’Asie », glissement commencé depuis les années 80-90 et freiné par la crise de 1997. « Cependant, tous les pays asiatiques ont tiré les leçons de la crise de 1997 et ont accumulé des réserves pour se protéger. Investis en bons du Trésor américain, elles ont permis aux Etats-Unis de maintenir des taux d’intérêt bas et aux ménages américains de s’endetter davantage. L’Asie a ainsi profité de la boulimie de consommation aux Etats-Unis. Ces excès ont conduit à la crise. (…)

Depuis l’été 2007, les Etats-Unis souffrent de la grippe des subprimes et, si les marchés asiatiques ont souffert, les économies réelles ont été épargnées. En 2009, elles seront bien sûr affectées par la récession qui s’annonce. Pour autant, elles connaîtront un rythme de croissance supérieur à celui des économies américaines, européennes et japonaises.

(…) L’attention portée aux échanges occulte l’essentiel : la croissance asiatique repose bien davantage sur la demande domestique. L’investissement et la consommation sont les principaux ressorts de ces pays. Ils ne seront affectés qu’à la marge par la crise. (…)

Les Etats et les ménages asiatiques qui en ont les moyens financiers continueront d’investir et de consommer. S’ils ont pâti de la crise financière, les fonds souverains asiatiques vont quant à eux probablement saisir cette opportunité pour acquérir des actifs aux Etats-Unis et en Europe.

(…) En accélérant le basculement vers l’Asie, la crise actuelle accouchera d’un monde multipolaire. ».

 

Comprendre ce transfert de richesses et de puissance économique, c’est en prévenir aussi les conséquences et en amortir le choc : le capitalisme libéral, s’il se retire de nos terres pour aller fleurir ailleurs, pourrait bien laisser la place à de nouvelles formes, traditionnelles ou inédites, d’économie et de société, mieux orientées vers le partage et la sobriété. Pour en finir, non pas avec l’Argent, mais avec son règne indécent et cruel…

 

Mais il faut aussi comprendre que la crise a plusieurs « têtes » et que la limiter à une simple question économique serait faire une erreur d’appréciation et, pire, de compréhension… Les différents aspects de la crise (doit-on dire « les crises » ? Il n’est pas impossible de le penser) nécessitent des réponses diverses, réalistes mais aussi imaginatives : les royalistes, sans prétendre à l’exhaustivité, en ont quelques unes à proposer !