04/04/2010
L'euro sans le social : une catastrophe annoncée...
La lecture de quelques articles datant d’avant la mise en place de la monnaie unique européenne s’avère parfois fort instructive : ainsi celle de ceux publiés par la revue « Géopolitique » dans l’année 1996 sous le titre général de « Monnaie unique : le débat interdit. ». J’ai en particulier relevé l’article du professeur d’économie politique Wilhelm Hankel, fort critique sur le concept même de cette monnaie, à l’époque encore annoncée et pas encore pratiquée : le titre, qui à l’époque pouvait choquer certains, résonne étrangement et douloureusement aujourd’hui : « La dynamite qui fera sauter l’Europe »… Il est vrai qu’au regard des propos fort peu amènes et très peu solidaires des dirigeants allemands, chancelière en tête, à l’égard des Grecs, le titre apparaît prémonitoire !
Il est d’autant plus intéressant de relire cet article que, toujours à l’époque, qui osait remettre en cause les bienfaits annoncés de l’euro passait alors pour un « retardé » ne comprenant rien aux lois de l’économie ou, pire, un nationaliste grincheux, voire dangereux ! Pourtant, l’histoire nous enseigne tout de même une certaine prudence à l’égard des « pensées magiques » ou des idéologies obligatoires… Et le vieux royaliste que je suis, toujours inquiet pour les siens (au sens large du terme), préférait aussi penser aux risques et aux conséquences d’un échec pas totalement impossible de cet euro trop beau (y compris dans les manuels scolaires des années 1990, à relire pour saisir certains aveuglements du moment…), trop vanté pour être totalement rassurant, voire honnête ! Non que je souhaitais forcément cet échec mais que je ne voulais pas méconnaître cette possibilité, tout simplement : un homme averti en vaut deux… Sans doute aussi de ma part une application de la méthode maurrassienne de « l’empirisme organisateur » tant de fois rappelée dans les cercles d’études de l’Action Française : en somme, prudence et humilité, ce qui n’empêche pas l’audace mais évite, ou cherche à éviter, la course à l’abîme.
L’euro a été fait et il a déçu, et il déçoit : l’idée elle-même d’une monnaie européenne était-elle forcément mauvaise ? Peut-être pas, sauf qu’il me semble qu’une « monnaie commune » plutôt qu’unique aurait été plus crédible et plus pratique, laissant aux Etats, en même temps que leur monnaie respective, une part de souveraineté monétaire et donc la possibilité d’adapter leur politique propre aux contextes et aux enjeux du moment… Cette cohabitation de monnaies nationales et d’une monnaie commune européenne était-elle possible ? Oui, et elle avait d’ailleurs été évoquée avant que la monnaie unique ne soit adoptée.
Que disait d’ailleurs cet universitaire allemand cité plus haut ? Que la monnaie unique était « prématurée – aucune des économies européennes n’a atteint une maturité suffisante pour elle, c’est ce que révèlent les soi-disant critères de convergence qui ne sont rien d’autre que l’aveu qu’elle est irréalisable sans sacrifices substantiels et sans dommages sociaux. » Effectivement et comme le souligne plus loin ce même économiste, c’est le social qui fait les frais de cette politique de monnaie unique, mais cela était annoncé par le Traité lui-même : « On n’y trouve même pas le mot « social » », au chapitre portant sur la politique monétaire, rappelle-t-il ! De plus, « les critères ne s’appliquent qu’à l’accès à l’Union monétaire et non pas à l’appartenance à celle-ci – raison pour laquelle il faut sans cesse améliorer le Traité ». Il faut relire ces lignes car elles disent tout de la situation actuelle de la Grèce et des difficultés qu’elle rencontre aujourd’hui, après son entrée « indélicate » dans la zone euro, indélicate au regard de ses manœuvres plutôt frauduleuses mais sur lesquelles la Commission européenne avait alors fermé les yeux (pour des raisons aussi peu honorables que les pratiques hellènes, mais plus idéologiques qu’économiques…). Elles disent aussi l’hypocrisie d’une Union européenne qui a « oublié », régulièrement et naturellement, « le social », au point que toutes les campagnes européennes se font désormais, à gauche (et plus en France qu’ailleurs…), sur cette antienne, preuve a contrario s’il en fallait que l’actuelle Union n’est guère sociale et n’a pas été construite sur cette préoccupation pourtant nécessaire à l’harmonie des sociétés humaines et politiques !
Les royalistes ne cessent de clamer que « l’économie doit être au service des hommes » et non au profit de quelques uns, aussi brillants soient-ils : sans justice sociale, il n’y a pas d’équilibre social qui tienne ! Que l’euro ait été pensé (et validé) sans référence au social explique aussi les souffrances des salariés, mais aussi la colère populaire qui monte, en Grèce, au Portugal et en France, entre autres…
(à suivre)
21:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, europe légale, monnaie unique, social
29/03/2010
L'euro, disiez-vous ?
Depuis quelques semaines, la Grèce est à la « une » de l’actualité de l’Union européenne mais aussi, par voie de conséquences, la monnaie unique de la zone euro, désormais fragilisée au point que la presse et les analystes s’interrogent sur sa pérennité ou sur sa « nouvelle géographie » (avec ou sans les pays méditerranéens, en somme) ! Ainsi, samedi dernier (28 mars 2010), « Le Journal du Dimanche » titrait : « L’euro va-t-il exploser ? » tandis que le site de l’hebdomadaire « Marianne » a déjà consacré de nombreux articles et tribunes à ce sujet avec des titres parfois surprenants, non au regard de sa ligne éditoriale mais de ce que le discours officiel (et les manuels de géographie et d’éducation civique, mais aussi d’histoire de Terminale) n’a cessé de proclamer depuis plusieurs d’années…
Qui nous aurait dit que, un jour, l’euro serait menacé dans ses fondements mêmes et que « l’Europe », ou plutôt sa caricature actuelle baptisée « Union européenne », ferait mentir la formule « l’union fait la force » ? Qui ? Mais, nous ! Je veux dire la poignée de militants royalistes qui, au sein de l’Action Française et parfois bien au-delà d’elle ou ailleurs, ne cessait de répéter « casse-cou » dans les années 90 et apposait des autocollants fleurdelysés « L’euro c’est le mark », constat dénié à l’époque d’un haussement d’épaules par les européistes et « progressistes » de tout poil, constat aujourd’hui répété dans tous les journaux, du « Figaro » aux « Echos », et sur toutes les radios !
Il ne s’agissait pas alors, de notre part, de « germanophobie » facile ou d’« euroscepticisme » frileux mais simplement de l’application de cette fameuse méthode de « l’empirisme organisateur » chère à Maurras : dans une fédération, fut-elle monétaire, il faut un fédérateur, et dans le cas de l’euro, ce ne pouvait être, au regard des finances et des économies des pays de l’UE mais aussi des stratégies de chacun, que l’Allemagne qui, d’ailleurs, vantait alors par la bouche des politiques allemands la monnaie unique sous le nom de… « europamark » ! Alors même que le premier nom de la monnaie européenne, voulu par le président Giscard d’Estaing dans les années 70, était « l’écu », récusé par ces mêmes Allemands car… « trop français » !
Ainsi, ceux qui découvrent aujourd’hui les « choses » (je parle de tous ces experts économistes qui ne juraient que par « l’Europe, l’Europe, l’Europe !!! » en négligeant les réalités, même les plus visibles et évidentes) manquent-ils souvent d’humilité et l’on pourrait, cruellement, les rappeler à leurs propres textes et déclarations. Il faudra le faire, mais non par revanche, toujours mal placée et, en définitive, inutile (car il n’est de pire sourd qui ne veut entendre, comme le dit le proverbe), mais pour éviter de refaire certaines erreurs et surtout pour sortir de la crise actuelle, par le haut ou par le côté, mais en évitant, autant que faire se peut, le pire, c’est-à-dire l’affaissement définitif de notre France et de ses partenaires européens, ou l’asservissement aux puissances financières, qu’elles soient étrangères ou non.
En tout cas, dans cette crise qui n’est pas « finale », contrairement à ce que certains affirment avec une sorte de joie malsaine à défaut de proposer des solutions de rechange, l’on peut constater que la solidarité européenne n’existe pas vraiment et que l’Allemagne est le vrai maître de l’UE sur le plan économique mais aussi financier, au point que c’est elle et elle seule qui semble détenir, sinon les cordons de la bourse, du moins les « réponses »… Que la crise ait révélé avec autant de force cette réalité que nous n’avons eue de cesse de répéter avant même la naissance de l’euro ne nous réjouit pas forcément, mais elle ne nous surprend pas non plus. L’urgence est, sans doute et le plus tôt possible (formule peut-être maladroite, mais qui rappelle que certains oublient « l’ordre des choses », même lorsqu’il y a le feu à la maison…), d’en tenir compte pour donner à la France les moyens de rétablir l’équilibre au sein de la zone euro, en attendant éventuellement mieux : c’est une urgence qui n’est pas qu’économique ou budgétaire, mais d’abord et avant tout politique !
15:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, monnaie, mark, europe, crise, allemagne.
26/03/2010
Ecologie en France : l'urgence d'un Etat durable.
Mauvaise semaine pour l’écologie, en France comme ailleurs : l’abandon par M. Sarkozy de la taxe carbone comme le refus par la conférence de Doha de classer le thon rouge, les coraux de même couleur et trois espèces de requins en cours d’extinction pour cause de surpêche, comme «espèces menacées » au niveau international, montrent, après l’échec de la conférence de Copenhague, la difficulté de sensibiliser à ces questions environnementales les décideurs tout autant que les populations plus consuméristes qu'écologistes… La planète et les espèces animales comme végétales n'ont guère de vrais défenseurs, une fois passée l'émotion liée à la vision de quelques images-choc des films de Nicolas Hulot ou Yann-Arthus Bertrand : tout cela peut paraître bien désespérant !
Et pourtant ! Il n'est pas question de désespérer mais d'agir, envers et contre tout, pour atténuer les effets d'une société qui « consume » la planète et ses richesses. C'est d'ailleurs un devoir pour tous ceux qui pensent que les générations présentes ne sont que dépositaires d'un patrimoine environnemental et non propriétaires ou usurières d'une Terre qui leur survivra, à moins d'un cataclysme qu'il ne faut évidemment pas souhaiter.
Ce qui est certain, au regard des renoncements sarkoziens de cette semaine, c'est que l'écologie mérite mieux que cette République démagogique qui, un jour promet ce qu'elle renie le lendemain. En fait, cette attitude d'un président qui, désormais, ne pense plus qu'à gagner sa réélection, est désastreuse pour le pays et, tout compte fait, enlève à la France le crédit que, peu à peu, elle était en train de gagner grâce à sa stratégie du « Grenelle de l'environnement » (fort incomplète certes, mais qui a eu le mérite d'exister...) sur la scène internationale en matière d'environnement.
Alors que la France a les moyens d'être un exemple pour le monde, elle laisse (encore !) passer sa chance, sa République étant plus préoccupée du court-terme (électoral et économique) que du long-terme, pourtant nécessaire lorsqu'il s'agit des grands enjeux planétaires et environnementaux. Combattre contre le « bougisme » de la République qui, en définitive, ramène toujours au même point de négation du Politique, n'est pas un simple exercice de style ou un amusement de dandy : c'est une nécessité, mais qui ne trouve sa pleine efficacité que par la volonté d'inscrire la magistrature suprême de l'État dans la longue durée, celle-là même que permet la transmission héréditaire du Pouvoir, au-delà des échéances électorales et par-delà les promesses éphémères d'une campagne présidentielle. On le constate aujourd'hui : il ne peut, en France, y avoir d'écologie durable que par l'établissement d'un État durable, c'est-à-dire d'un État royal, capable de résister, par son indépendance de position, aux pressions des groupes d'intérêts économiques comme politiques.: en somme, tout l'inverse d'un vulgaire État-Sarkozy !
17:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, taxe carbone, thon rouge, monarchie, état royal, environnement.