01/11/2008
Obamania.
Dans quelques jours sera élu le prochain président des Etats-Unis, celui qui sera à la tête de l’Etat fédéral à partir du 20 janvier 2009. Tous les sondages donnent le candidat démocrate Barack Obama vainqueur, même si l’Histoire nous enseigne que « sondage n’est pas suffrage » et que, jusqu’à la dernière minute de la campagne et, même du scrutin, tout –y compris le plus surprenant– est possible. Nous verrons bien…
« La planète plébiscite B. Obama » titrait « La Croix » il y a quelques semaines, et les médias ont consacré de nombreux articles à la bonne opinion générale des Opinions publiques à l’égard de M. Obama. A Paris, toutes ces dernières semaines, j’ai croisé de nombreux jeunes arborant fièrement des badges « Obama 2008 », et quelques lycéens de Hoche partageaient cette euphorie, au point de m’agacer sérieusement : je précise que ce n’est pas Obama qui m’énerve mais le culte idolâtre autour de lui, « l’Obamania », qui rappelle les grands engouements religieux ou musicaux, à grand renfort de publicité, de « communication » et à coups de millions de dollars.
Mais il y a plus : je trouve à la fois ridicule et révélateur que cette élection, certes fort importante pour l’avenir des relations diplomatiques mondiales, intéresse visiblement plus les jeunes Français que la politique française elle-même : or, jusqu’à preuve du contraire, ce ne sont pas les électeurs français qui sont appelés à se déterminer mardi prochain, et l’opinion des Français n’a aucune importance dans ce vote, de ce simple fait électoral… De plus, cela montre aussi le fort tropisme états-unien de nos Opinions publiques qui, du coup, semblent trouver normal de soutenir un candidat ou l’autre alors même que, lors de leurs propres élections nationales ou communales, les taux d’abstention sont parfois élevés. Comme si la politique française se décidait à Washington !
D’autre part, l’engouement pour Obama est souvent lié à un malentendu et à la volonté de combattre la politique désastreuse de George W. Bush. Mais Obama président sera d’abord le président des Etats-Unis, et il fera ce pour quoi il est élu, c’est-à-dire une politique états-unienne… Pas certain que les pays européens y trouvent toujours leur compte…
Dernière chose : lorsque le candidat Obama est venu en France cet été, il a « oublié » sciemment de rencontrer le parti socialiste, principal parti de l’opposition de Gauche et, depuis qu’il est candidat, ne cesse de dire du bien de Nicolas Sarkozy… Il est vrai que, idéologiquement parlant, les différences entre les deux sont particulièrement ténues, que cela soit sur le plan économique ou diplomatique, sans méconnaître qu’ils sont, tous les deux, le résultat (ou le révélateur ?) d’une certaine « pipolisation » mêlée de populisme.
En tous cas, nous saurons dans quelques jours le choix des électeurs états-uniens et, quel qu’il soit, il faudra en tenir compte dans notre politique diplomatique et ne pas oublier que notre liberté ne se joue pas exactement à Washington mais ici, en France, par notre capacité et notre volonté à ne pas déserter l’Histoire et le monde.
11:04 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obama, etats-unis, présidentielle, washington, france, obamania.
30/10/2008
Censures diverses.
Ce jeudi matin, pas un seul quotidien national dans mon kiosque préféré ! La cause : un mouvement de grève du syndicat du Livre CGT qui empêche la sortie et la diffusion des journaux papier. Ce n’est pas la première fois c’est toujours une fois de trop. Laurent Joffrin, de « Libération », évoquait sur France-Inter une véritable « prise d’otages » qui étrangle les journaux, déjà bien mal en point, et qui prive les citoyens d’informations et d’opinions sur les faits de la veille : en somme, une forme de censure qui ne dit pas son nom mais qui est bien réelle. Le syndicat du Livre CGT, désavoué par sa propre confédération, n’en a cure, malgré les appels à la raison : attitude irresponsable et inquiétante.
Dans le même temps, l’actuel président de la République, en rupture avec la tradition de la République fondée par de Gaulle, cherche à faire interdire la commercialisation d’une poupée vaudou le représentant (d’ailleurs de mauvais goût, il faut bien le dire), et s’entête après avoir été débouté hier mercredi par le tribunal en faisant appel : et, pourtant ! N’est-ce pas Nicolas Sarkozy qui disait « jadis » qu’il préférait « l’excès de caricature à l’excès de censure » ? L’attitude de Ségolène Royal, elle aussi transformée en poupée vaudou, semble plus convenable (et, surtout, plus politique) qui traite cette caricature par un simple haussement d’épaules.
Je suis toujours inquiet devant les censures, officielles ou non, même si certaines pourraient s’expliquer (mais devraient-elles être appliquées pour autant ?) pour des raisons de sécurité publique, pour éviter des affrontements violents entre groupes communautaires par exemple. Or, il est aussi des censures plus insidieuses et dangereuses encore dans notre République de plus en plus « émotionnelle », censures qui se parent des arguments de « respect » mais ne sont rien d’autres que des attitudes d’intolérance et d’irrespect des libertés d’opinion et d’expression. Certains groupes s’arrogent ainsi le droit de « censurer » ce qui « porterait atteinte à leur dignité », par le recours systématique aux tribunaux, au risque de transformer notre pays en « République des juges », étouffante et liberticide. D’autres censures sont même initiées par certaines municipalités, par le dépôt de plaintes en fait abusives, pour écarter les oppositions politiques, comme j’en ai été moi-même la victime en 2002, aux Mureaux…
Pour répondre à ces censures, il y a la formule de Maurice Clavel, écrivain catholique qui puisait aux sources gauchiste comme royaliste dans les années 70, et qu’il avait lancée en quittant le plateau d’une émission de télé : « Messieurs les censeurs, bonsoir ! ». Ce que je traduis aussi par ma devise personnelle : « la liberté, ça ne se renifle pas, ça se respire ! ». Et ça sent bon aussi l’encre d’imprimerie…
10:06 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : censure, liberté d'expression, poupée vaudou, caricature, maurice clavel.
28/10/2008
Protéger les espèces animales.
Sur les 4.651 espèces de mammifères connues et suivies, 1.139 sont menacées d’extinction : une sur quatre ! Le cri d’alarme n’est pas si récent que cela et certains des lecteurs de ce blogue se rappellent que j’avais évoqué la disparition officiellement reconnue en 2007 du dauphin d’eau douce de Chine, le « baiji », une espèce sans doute très ancienne qui avait gardé des traits de ses lointains ancêtres terrestres mais qui n’a pas eu le temps de livrer tous ses secrets avant de disparaître à jamais, victime de la pollution, du trafic maritime et de la construction du grand barrage des Trois-Gorges sur son fleuve, le Yang-Tsé-Kiang. C’était pourtant une espèce protégée depuis 1970, mais cela n’a évidemment pas suffi devant les intérêts économiques d’une Chine en pleine expansion et en passe de devenir la principale puissance industrielle du monde, malgré la crise.
Dans « Valeurs actuelles » de cette semaine (23-29 octobre 2008) est publié un entretien très intéressant avec Florian Kirchner, de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui explique pourquoi « le constat est alarmant mais pas irréversible ». Il évoque les causes d’extinction qui sont la destruction de l’habitat naturel des espèces, par la poussée urbaine et la conquête de nouvelles terres agricoles pour des productions, par exemple, d’huile de palme, mais aussi par la pression du tourisme de masse ; la surexploitation des espèces et le braconnage ; les espèces exotiques invasives et destructrices des écosystèmes locaux ; les dérèglements climatiques, …
L’intérêt de cet entretien est, qu’au-delà du nécessaire cri d’alarme, Florian Kirchner montre que la situation n’est désespérée que si l’on renonce à agir : « Le but est de concilier l’activité de l’homme avec le respect des espèces et de la biodiversité. Parce que c’est aussi notre intérêt. Cette biodiversité, ce n’est pas que le décor de notre vie sur la planète, c’est aussi tous les services que nous rend la nature : ce que nous mangeons, les matériaux de nos vêtements, quantité de médicaments, la pollinisation des cultures…
Le premier remède, c’est de s’attacher à préserver chaque espèce menacée, donc d’en interdire la chasse, le prélèvement ou la cueillette, le temps qu’il faut pour que les populations se reconstituent. Pour des espèces au bord de l’extinction, il faut mener des plans de restauration, en facilitant leur reproduction en captivité, avant de les réintroduire dans leur milieu naturel. Mais cette politique est coûteuse. D’où une deuxième solution : compléter la protection des espèces par la protection des espaces. En constituant des parcs nationaux, par exemple, ou par une politique d’acquisition du foncier, comme le fait le Conservatoire du littoral. Les pouvoirs publics établissent, par ailleurs, des plans d’aménagement du territoire. L’enjeu aujourd’hui, c’est de faire entrer le respect de la biodiversité dans ces documents de planification.
Nous pouvons aussi veiller à ce que notre mode de consommation n’ait pas d’impact sur les espèces, en France comme au bout du monde. Et là, nous pouvons agir par une politique de labels. Le label FSC, par exemple, retrace l’origine du bois. Quand un meuble bénéficie de ce label, nous sommes sûrs que ce bois ne vient pas d’une espèce menacée et qu’il est issu d’une forêt gérée de façon durable, selon des critères reconnus internationalement. Nous savons aussi que les trois quarts des stocks de poissons s’épuisent, mais il existe des poissons non menacés, que nous pouvons consommer sans risque d’extinction de l’espèce. Les consommateurs doivent en être informés. »
La France peut aussi agir utilement, de par sa superficie et de son Outre-mer qui lui permettent d’avoir le deuxième espace maritime mondial, mais aussi de par la diversité de ses paysages et de ses milieux, ainsi que par la présence d’un Etat solide et encore capable de faire respecter ses espaces naturels : « On le sait peu, mais la France fait partie du petit club des pays mégadivers : elle est très riche en espèces animales et végétales, grâce à ses collectivités d’outre-mer, dont les écosystèmes sont très riches mais aussi très fragiles. C’est dire qu’elle a, en matière de protection des espèces, une grande responsabilité. » Grande responsabilité, qu’il est urgent pour l’Etat d’assumer, au regard des générations futures…
Transmettre, le « maître verbe »…
10:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : environnement, mammifères, baiji, protection, écologie, france, etat.