02/07/2008
Malaise dans l'armée.
L’armée française est inquiète : les récents événements de Carcassonne et, bien plus, leurs conséquences, en particulier la démission du général Bruno Cuche, chef de l’état-major de l’armée de terre, en sont les illustrations. La République française, étourdie par ses rêves européens et dirigée aujourd’hui par des hommes qui ne pensent qu’en termes comptables et d’images, n’a pas de vision géopolitique et stratégique à long terme et se réfugie, désormais, derrière l’allié « éternel » états-unien, ce qui peut passer pour une erreur magistrale : « Les alliances sont saisonnières » remarquait de Gaulle et il en avait pris la mesure par sa politique d’indépendance nationale assumée (dissuasion nucléaire, sortie du commandement intégré de l’Otan, politique industrielle volontariste, etc.).
La publication du récent « livre blanc » sur la Défense aurait pu être l’occasion d’un vrai débat dans le pays sur les perspectives stratégiques et sur la place des armées dans la société : cela n’a pas été le cas, et les militaires se sont sentis « floués » (je n’emploie pas les termes entendus ce ouiquende dans mes discussions avec de jeunes sous-officiers, de peur de choquer mes lecteurs sensibles…) et abandonnés, voire, au sens le plus brutal et symbolique du terme, trahis… Le malaise de l’armée est bien réel, et le gouvernement ferait bien de s’en préoccuper, en évitant de remettre de l’huile sur le feu par des déclarations injustes et inappropriées, comme celles du ministre Morin, personnage peu populaire dans les rangs kakis. La démission du général Cuche, malgré ses propres dénégations, apparaît à la fois comme un « rappel à l’ordre » du président suite à « l’insubordination » des officiers du fameux groupe « Surcouf » et comme un désaveu de ce « livre blanc » par les hommes de l’état-major…
Bien sûr, la « Grande muette » se contente et se contentera de grogner, car elle n’a guère de moyens d’action, de par son statut même : mais cette grogne n’est pas anodine et devrait inciter le gouvernement à plus de prudence et de réflexion, en ce domaine comme en d’autres. Surtout en ces temps dangereux où la paix n’est plus cette évidence tranquille qui semblait devoir tout recouvrir de son manteau étoilé…
Une armée qui n’a plus le moral n’est pas le meilleur moyen de maintenir la paix et de défendre ce qui doit l’être en cas de besoin : a-t-on oublié la triste leçon de 1940, ce que l’historien Marc Bloch qualifia d’ « étrange défaite » ?
12:16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : armée, indépendance, général cuche, malaise de l'armée.
30/06/2008
Nationalisme...
En rangeant quelques papiers sur mon bureau, j’ai retrouvé, glissée dans un dossier, une page de l’hebdomadaire « Marianne », celle du courrier des lecteurs du numéro du 17 au 23 novembre 1997. Une lettre que j’avais envoyée à cette publication y avait été publiée : elle portait sur le nationalisme que j’essayais, sinon de redéfinir, du moins de préciser. A la relire, elle ne me semble pas totalement dépassée, loin de là. Elle mériterait, par contre, un approfondissement qu’il me faudra bien me décider, un jour, à faire, ne serait-ce que pour en finir avec quelques préjugés mais aussi quelques abus de langage et des dérives inacceptables qui font de ce terme un mot piégé et délicat à manipuler.
Voici le texte de la lettre telle que « Marianne » l’a publiée :
« Il est des nationalismes odieux, bellicistes ou totalitaires, racistes ou impérialistes : le « principe des nationalités », pourtant issu du siècle des Lumières et de 1789, a souvent mené aux ethnonationalismes xénophobes et aux « nationalitarismes ». […] Pourtant, en France, malgré les malentendus et les extrêmes de tout bord, un « autre nationalisme » existe, certes minoritaire, mais sans doute nécessaire : ce n’est pas un nationalisme d’exclusion, mais un nationalisme d’inclusion, plus précisément d’intégration de la « mémoire vive » de la nation dont la formule pourrait être « toute vraie tradition est critique, comme toute fidélité se doit d’être créative ». Ce nationalisme […] se souvient que la nation française est plurielle, qu’elle est l’union de multiples diversités, de différentes cultures autour d’un Etat fondateur et fédérateur.
Ainsi ce nationalisme, qui récuse toute notion de « race française », est forcément, dès l’origine, pluriethnique et il peut être le meilleur rempart contre des racismes aujourd’hui nourris par la « crise d’identité » de notre pays et de nos communautés. D’autre part, ce nationalisme (…) peut se définir comme la volonté d’un Etat de protéger les siens et ceux qui se mettent sous sa protection, mais aussi comme l’affirmation diplomatique de « notre différence » : la France a des devoirs vis-à-vis du monde, rappelait Georges Bernanos. »
23:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nationalisme, marianne, france, bernanos, tradition critique.
Présidence française de l'UE et environnement.
La question environnementale a tenu une grande place dans les débats publics lors de la dernière campagne présidentielle (en tout cas, dans sa première partie, lorsque Nicolas Hulot « menaçait » d’être candidat) et à l’automne avec la tenue du « Grenelle de l’environnement » : il semble que ce thème soit aujourd’hui moins présent dans notre société, celui sur le pouvoir d’achat ayant désormais pris la première place des préoccupations des Français, et une certaine banalisation des raisonnements et des attitudes environnementaux pouvant être aussi observée, même si tout cela reste bien insuffisant au regard des enjeux actuels et à venir.
L’actuelle présidence française va-t-elle permettre de faire avancer quelques projets en ce domaine et de poser sérieusement la question du « souci environnemental », qu’il serait imprudent de séparer du « souci politique » ? Malgré les ambitions affichées par le ministre Jean-Louis Borloo et sa secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet, rien n’est sûr, ne serait-ce que parce que le principe même de la présidence de l’Union européenne a un caractère paralysant et que le fait de devoir plaire à 26 autres Etats et trouver des compromis avec eux n’est pas le plus porteur pour prendre (et faire accepter) des initiatives audacieuses… En tout cas, les négociations seront rudes, même si quelques dossiers pourraient être traités et quelques progrès observés durant cette présidence : cela dépendra aussi énormément de la volonté politique de l’Etat et de son engagement dans ces débats.
Néanmoins, la France pourrait déjà donner l’exemple sur le dossier de la préservation des fonds marins et des ressources halieutiques parce que notre pays dispose de la deuxième superficie maritime du monde : donc, au lieu d’attendre que l’UE « fasse », à la France d’agir, concrètement, et de montrer, là encore concrètement, les bonnes (et surtout fermes, si c’est possible) résolutions écologiques qu’elle a affichées au moment du Grenelle de l’environnement. En ce sens, la présidence française de l’UE pourrait servir de révélateur : il sera possible, alors, de juger sur pièces…
11:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : union européenne, environnement, grenelle de l'environnement.