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27/02/2012

La République impuissante face à la mondialisation ?

J'étais il y a quelques jours à Verneuil-sur-Avre, et j'en ai profité pour poursuivre ma campagne présidentielle, distribuant tracts et sourires tout en écoutant ce que mes interlocuteurs avaient à dire : non, la France réelle n'est pas silencieuse, mais elle se sent souvent peu écoutée, ou incomprise ; la mondialisation lui apparaît à la fois comme inéluctable, attirante et, en même temps, fatale à ses habitudes et à ses racines, par exemple. Il est vrai que, vue de la campagne, d'une petite ville de province ou d'une grande métropole européenne, la mondialisation n'a ni les mêmes formes, ni les mêmes couleurs, ni les mêmes saveurs ! Mondialisation et métropolisation vont de pair, semble-t-il, et les Normands de Verneuil-sur-Avre l'aperçoivent à travers leur télévision ou par la toile sous des couleurs chatoyantes tout en la vivant aussi par les difficultés quotidiennes pour boucler le mois ou trouver du travail, pour trouver des pièces de rechange à la voiture « d'avant 2000 » ou bien une école à proximité pour les enfants de la ferme... La mondialisation, qui a tant promis comme la Société de consommation dont elle est l'une des compagnes habituelles, déçoit parce qu'elle semble ne profiter qu'à ceux qui ont déjà le Pouvoir, que celui-ci apparaisse sous des formes politiques ou sous celles de l'économique et du social.

 

J'ai souvent écrit que la mondialisation, si elle est un fait, n'est pas forcément un bienfait : tout comme la guerre, diraient certains... Le lien entre les deux, d'ailleurs, n'est pas un hasard, et de plus en plus d'historiens et d'analystes les relient désormais l'une à l'autre, tout comme l'ancien président de la République, M. Valéry Giscard d'Estaing il y a peu !

 

Pour l'heure et pour les habitants de Verneuil, la mondialisation, qu'ils croient donc inéluctable, fatale (au double sens du terme...), est l'une des explications à l'impuissance des politiques dans lesquels, tout compte fait, ils continuent à placer quelques espérances : après tout, ils en connaissent quelques figures locales, ceux que l'on pourrait nommer, sans péjoration, « les notables ». Mais les habitants rencontrés ne se font aucune illusion sur les postulants à la magistrature suprême : à tel point qu'il me suffisait de dire a contrario, en tendant mon tract à des personnes d'abord perplexes : « je ne suis pas candidat ! », pour voir les mines s'éclairer et les mains demander les feuilles siglées royalistes !

 

Aux yeux des citoyens électeurs rencontrés, le Pouvoir politique central est lointain, trop lointain : non pas qu'il soit absent ou invisible, bien au contraire, puisque les médias assomment les Français des débats présidentiels ou, plutôt, des bons mots et disputes politiciennes ; mais parce qu'il apparaît impuissant à réagir face aux délocalisations, à la désindustrialisation, à la déprise agricole, toutes choses qui touchent, parfois de très près, les habitants de ce pays et de ses provinces.

 

Cette double question de l’éloignement et de l’impuissance du pouvoir politique mérite réponse : si la République ne trouve plus les « voies du peuple » ni la force d’agir concrètement face aux aspects les plus contestables de la mondialisation ; si elle s’abandonne au fatalisme et à la démagogie par temps d’élections, et qu’elle se réfugie derrière les décisions « prises ailleurs et par d’autres » pour se défausser de ses responsabilités…, elle perd toute légitimité à incarner efficacement la France, nation et Etat, face aux défis contemporains !

 

26/02/2012

Ne pas négliger le monde rural.

Chaque année, c'est un rituel qui annonce le printemps et, en période électorale, aucun des postulants à l'Elysée n'oublie d'y sacrifier : le Salon de l'agriculture ! Mais cela cache aussi un immense malentendu : les politiciens, pour la plupart, ne s'intéressent plus à l'agriculture ni aux agriculteurs parce qu'ils ont intégré que le monde actuel était désormais « urbain » et qu'ils plaquent sur la société des campagnes des modèles économiques qui oublient les particularités rurales et paysannes, ces mêmes politiciens ne raisonnant qu'en terme de compétitivité et de profits, alors que ce ne sont pas forcément les éléments les plus déterminants de l'activité agricole.

 

De plus, la poussée de la rurbanisation qui mange littéralement près de 80.000 hectares de terres arables chaque année se fait au détriment des agriculteurs, même si ceux-ci participent de ce mouvement par le simple fait qu'une terre devenue constructible vaut parfois jusqu'à 50 fois ce qu'elle valait comme terre agricole ! Pour des propriétaires ruraux souvent en difficulté financière ou simplement désireux de laisser un héritage à leurs enfants, la tentation est forte, et cela n'est pas incompréhensible, me semble-t-il...

 

Autant dire que, les critères de profitabilité ayant envahi tout (ou presque) l'espace mental de nos sociétés, les agriculteurs sont soumis à des pressions qu'il leur est difficile de supporter très longtemps : il est loin le temps où la terre comptait plus que l'argent, et cela explique aussi la difficulté de maintenir une agriculture de petites et moyennes exploitations qui, pourtant, serait un moyen de relancer, en de multiples espaces ruraux aujourd'hui en cours de déprise agricole, un véritable aménagement du territoire et une agriculture plus équilibrée et moins dépendante des Marchés internationaux...

 

Les politiciens et les technocrates (ce dernier terme étant pris de manière « neutre » si, eux, par formation et déformation, ne le sont pas...) connaissent ces tendances lourdes contemporaines et ils n'ont guère de temps à « perdre », semble-t-il, à défendre un monde paysan qui apparaît en déclin, malgré la place des exportations françaises sur le Marché mondial, et qui ne compte plus guère en tant que spécificité sociale, ce qu'expliquait déjà Henri Mendras dans son maître-livre « La fin des paysans », dans les années 60, en un temps où, pourtant, l'agriculture employait encore directement plusieurs millions de personnes !

 

Ainsi, les dirigeants politiques, candidats à la présidentielle ou non, sont-ils moins intéressés à la question agricole, ne serait-ce que parce que le réservoir de voix y est désormais moins rempli, et que notre société a rejeté largement ce qui pouvait apparaître comme les « valeurs paysannes », pourtant plus « naturelles » ou respectueuses du temps et de la terre... J'ai bien écrit « valeurs paysannes » et non seulement « agricoles » car, aujourd'hui, je ne confonds pas ces valeurs et traditions paysannes avec la sorte de fureur productiviste et le modèle de « l'agrobusiness » qui savent si bien et si dangereusement faire « mentir la terre »...

 

Et pourtant ! La France agricole, dans sa diversité, ses tentations et, parfois, les errements de ceux qui la représentent, reste une « France des possibles », et la crise actuelle pourrait bien, paradoxalement, entraîner un certain renouveau paysan (j'ai bien écrit « paysan ») et une revitalisation des campagnes, là où il y a de la place et des richesses à faire surgir de terre...

 

Les politiciens auraient tort de négliger un monde rural qui a encore, s'il saisit l'occasion au vol, de belles et prometteuses heures devant lui. Aussi, se contenter d’aller à la pêche aux voix (sans approfondir la réflexion sur l’avenir de nos campagnes…) comme le font, rituellement, nos candidats à l’Elysée est une preuve supplémentaire du « court-termisme » électoral dont la France toute entière, en définitive, est la principale victime…

 

 

13/02/2012

Quand les grands candidats oublient les vrais problèmes...

Il reste 69 jours avant le premier tour, et les débats s'animent un peu, même si certains d'entre eux ressemblent plus à des diversions qu'à de vraies confrontations d'idées et de propositions sur les questions qui intéressent les Français et surtout l'avenir de la France, au-delà des simples désirs d'électeurs, parfois versatiles...

 

Je suis avec beaucoup d'attention les discours, déclarations et tribunes, et m'agace aussi énormément des « petites phrases », moi qui, pourtant, suis si sensible aux « bons mots » et à la polémique que j'ai tant aimée (cet amour est-il passé, lui aussi ?), en particulier au fil de la lecture de « L'idiot international » des années 1990 et des éditoriaux de Jean-Edern Hallier, et de mon attention amusée portée aux écrits de Léon Daudet, terrible bretteur fleur-de-lysé de la première moitié du XXe siècle. En fait, je crois que la polémique appartient plus au temps « non-électoral », celui où les débats comptent moins que les combats « du quotidien » destinés à influer sur les gouvernements en place ou à les renverser, hors du « temps démocratique ».

 

Il est des débats que je n'entends pas durant cette campagne présidentielle française, et je le regrette : aussi, ma petite campagne personnelle, libre de toute contrainte de temps et de parti, insistera naturellement sur ces « manques » des grands candidats à la magistrature suprême !

 

En ces jours de grand froid, on aurait pu ainsi attendre des prétendants à l'Elysée quelques mots bien choisis et des propositions autres que les habituelles banalités sur l'exclusion et les rituelles promesses de « ne plus la tolérer », antienne malheureusement sans conséquences concrètes depuis fort longtemps déjà. Il est vrai que l'enfarinage de M. Hollande alors qu'il allait signer le rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre a trop facilement détourné l'attention des médias de la cause qu'il venait, rapidement, évoquer avant de repartir vers d'autres horizons médiatiques !

 

La pauvreté, le mal-logement mais aussi la malnutrition, sont des thèmes « mineurs » dans la campagne actuelle, et je le regrette... Tout comme ceux de l'environnement, de la déprise rurale, de l'aménagement du territoire, de l'avenir de la pêche, mais aussi de... l'Europe, thème plutôt « dangereux » aujourd'hui que l'Union européenne valse au rythme de la crise et du couple Sarkozy-Merkel ! Il me semble tout de même étrange que les grands candidats ne citent jamais la Grèce et ce qui s'y passe, et semblent même détourner les yeux d'une tragédie qui touche un pays membre de la zone euro. Que pense M. Hollande des mesures rigoureuses imposées par l'Union et le FMI au peuple grec ? Mystère, jusque là bien entretenu, même si Vincent Peillon, l’un de ses proches, prône désormais ce que j’évoque depuis déjà quelques mois, c’est-à-dire l’annulation de la dette grecque, en somme la fameuse « Seisachtheia » de Solon, et que Ségolène Royal s’en prend aux dirigeants des institutions de l’Union européenne !

 

Il faudra bien, pourtant, que les candidats à la présidentielle eux-mêmes dont l'un (je parle au masculin car je n'ai guère de doute sur le sexe du futur magistrat suprême de la République...) assumera demain les plus hautes fonctions de notre pays, se prononcent sur ce qu'il faudra dire ou faire pour sortir la Grèce et les autres pays de la zone euro des difficultés dans lesquelles ils se trouvent... Car il n'y aura pas de miracle et la crise européenne ne se dissipera pas au soir du 6 mai, loin de là : certains mêmes murmurent qu'elle pourrait encore s'aggraver au lendemain du sacre électoral, histoire de bien montrer combien les Marchés se moquent allègrement des élections politiques et des Etats démocratiques (ou pas, d'ailleurs) !