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28/04/2014

La pauvreté en Europe : la grande oubliée des élections européennes.

Dans l’actuelle campagne des européennes, que cela soit en France ou dans la plupart des pays fondateurs de l’Union, il est un thème qui n’est que rarement abordé par les médias et par les partis qui convoitent les suffrages des électeurs : la pauvreté. Sans doute parce qu’il peut apparaître comme un thème « non porteur » comme disent certains communicants, et parce que les plus pauvres ne se déplacent guère pour glisser un bulletin dans l’urne, plus désabusés encore que le commun des électeurs : absent des préoccupations européennes officielles, ils s’absentent d’eux-mêmes de la liturgie électorale, n’y croyant plus et se réfugiant dans une pêche à la ligne qui, pensent-ils, leur assurera plus sûrement de quoi dîner le soir… Au-delà de la boutade, il y a de fortes réalités qui ne sont, en fait, guère réjouissantes : en 2012, selon les statistiques d’Eurostat (l’office statistique de l’UE) publiées en décembre 2013, près de 125 millions de personnes de l’UE28 (l’Union européenne à 28 Etats, la Croatie n’ayant, en fait, rejoint celle-ci qu’en juillet 2013) étaient menacées ou atteintes par la pauvreté et l’exclusion sociale.

 

Pour la France, les chiffres sont alarmants et évoquent une situation qui, malheureusement, se dégrade encore avec la hausse continue du chômage : 11,8 millions de personnes concernées par l’une des trois formes de précarité sociale évoquées par l’enquête, soit 19 % de la population française… Bien sûr, toutes les situations ne sont pas forcément dramatiques mais elles sont néanmoins inquiétantes, en particulier pour les 5,3 % de Français qui sont classés dans la catégorie des « personnes en situation de privation matérielle sévère » mais aussi les 14,1 % de personnes en état de « pauvreté monétaire » (la catégorie précédente y étant largement, d’ailleurs, intégrée).

 

Dans certains pays de la zone euro, pourtant réputés riches, la situation n’est guère plus brillante : en Belgique, 21,6 % de personnes sont affectées par l’une au moins des trois formes de précarité ; en Allemagne, 19,6 % ; en Italie, presque 30 % ! Quant à la Grèce, elle est passée d’une proportion de 28,1 % en 2008 à 34,6 % en 2012, proportion qui n’a cessé d’augmenter jusqu’à ce printemps, avec un taux de chômage global d’environ 27 %...

 

Plusieurs remarques me viennent à l’esprit en lisant ces chiffres : d’abord, la pauvreté reste bien présente dans nos sociétés développées et, surtout, elle ne régresse plus comme aux temps généreux des « Trente Glorieuses » ; ensuite, elle dément l’une des nombreuses promesses faites par les promoteurs de « l’Europe », du traité de Maëstricht et encore plus de la monnaie unique, cette belle promesse d’une prospérité éternelle et toujours croissante : à relire les discours des Delors et autres partisans de l’euro, dans les années 1990-2000, on est frappé par la dichotomie entre, d’une part, les espoirs et les chiffres annoncés par ces messieurs les « Meilleurs » (sic !) et, d’autre part, une réalité qui s’avère cruelle pour toutes les populations d’Europe, encore plus sans doute pour ceux qui, de bonne foi, ont cru en ces belles déclarations eurobéates ! Certes, la monnaie unique n’est pas la cause unique de la dégradation de la situation dans les pays de l’Union, mais elle a joué un rôle amplificateur en ne laissant aucune souplesse aux différents Etats européens pour développer une stratégie économique et financière susceptible d’affronter les effets de la mondialisation et de la crise née de l’autre côté de l’Atlantique : à chaque pays, ses potentialités et ses faiblesses, et donc à chacun de jouer sa partie, ce qui n’empêche pas, loin de là, de s’entendre avec les autres, et en particulier avec les autres Etats partenaires européens. Or, la monnaie unique, surévaluée pour un pays comme la France mais à sa juste valeur pour l’Allemagne, ne permet plus une telle stratégie différenciée au sein de l’Union, trop souvent conçue, d’ailleurs, comme une « fusion » par les partisans de l’Europe fédérale et par la Commission européenne.

 

Autre remarque : la pauvreté apparaît d’autant plus violente quand elle est la conséquence d’un appauvrissement du pays et des populations. Ainsi la Grèce, qui avait beaucoup gagné à l’entrée dans la Communauté économique européenne en 1981 et qui avait été admise dans la zone euro alors que ses chiffres officiels étaient sans doute peu crédibles, a subi de plein fouet un « redressement punitif » lorsque sa dette a paru démesurée au regard de ses possibilités de remboursement : et, au lieu de faire preuve de solidarité et, surtout, de raison (après tout, la Grèce est un petit pays au regard de l’ensemble européen de 508 millions d’habitants…), l’Union européenne n’a pas hésité à sanctionner de façon terrible ce « passager clandestin de l’euro » comme l’ont baptisé certains économistes et cette fermeté (compréhensible mais inappropriée à ce moment-là) a provoqué un véritable collapsus de l’économie déjà vacillante de ce pays méditerranéen auquel l’Europe doit plus que de l’argent mais un héritage culturel et, même, son nom tiré de la mythologie des dieux de l’Olympe ! La Grèce, qui a cru en la prospérité que devait lui amener l’appartenance à la zone euro, a désormais bien déchanté, une partie de sa population pourtant laborieuse voyant ses salaires et ses revenus diminuer parfois de 30 à 50 %, quand les prix de l’essence ou du café, eux, ne baissent pas…

 

Dernière remarque : la pauvreté n’a pas la même valeur selon l’endroit dans lequel on vit et travaille, et celle qui frappe les populations les moins favorisées d’Europe n’est sans doute pas à confondre avec celle de certaines villes ou campagnes des pays émergents ou du Sud. La famine n’existe plus en Europe, et c’est une excellente chose : mais la sous-alimentation qui touche plusieurs dizaines de millions de nos voisins européens et de nos compatriotes est un immense scandale au moment où la FAO (organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture) explique que l’agriculture mondiale produit de quoi nourrir convenablement 12 milliards de terriens alors que notre planète n’en compte qu’un peu plus de 7 milliards !

 

Faire ce triste constat de la pauvreté grandissante en Europe ne suffit évidemment pas, et il faut engager les moyens pour la faire reculer : cela devrait être un des principaux thèmes de campagne des élections européennes, et ce n’est, malheureusement, pas le cas…

 

 

 

 

(à suivre : quelques pistes pour lutter contre la pauvreté et l’appauvrissement des populations françaises et européennes)

 

 

 

22/04/2014

Ma candidature royaliste aux européennes 2014.

Un royaliste qui se présente à des élections, européennes de surcroît : voilà qui en surprend quelques uns, y compris dans les rangs monarchistes. Pourtant, ce n’est pas la première fois ni la dernière sous la Cinquième République que des royalistes affrontent le suffrage universel, de Bertrand Renouvin à l’élection présidentielle de 1974 à la trentaine de candidats de l’Alliance Royale aux législatives de 2012. Certes, les résultats quantitatifs restent modestes, et Renouvin, il y a quarante ans, n’avait attiré qu’un peu plus de 43.700 électeurs, tandis que les candidats de l’Union Royaliste de Touraine, dans les années 1980, atteignaient parfois les 2 ou 3 % de suffrages exprimés... Cela n’est pas le plus important, en définitive, mais bien plutôt la présence de royalistes sur la scène politique, et ce qu’ils ont dit et ce qu’ils ont à dire.

 

Si je me présente aux élections européennes du 25 mai prochain, échéances électorales qui ne semblent pas passionner nos concitoyens en plein « décrochage de l’Europe » depuis 2003 et, surtout, depuis l’après-référendum de 2005, ce n’est pas exactement ou pas seulement pour faire des voix mais bien plutôt pour faire entendre la voix, la parole des royalistes sur les questions européennes et montrer combien elles sont fort dépendantes de la question institutionnelle française : je pars en campagne avec l’intention affirmée de faire entendre cette voix royaliste à un maximum de nos concitoyens de l’Ouest de la France, non pour les abrutir de slogans ou de solutions toutes faites qui ne sont jamais que des promesses intenables dans la plupart des cas, mais pour ouvrir d’autres pistes de réflexion et de pratiques politiques, en étroite relation (ce qui ne veut pas dire forcément compromission ou confrontation, mais plutôt écoute et discussion…) avec ce que l’on pourrait nommer « le pays réel » mais sans, pour autant, négliger la nécessaire prise de hauteur qui doit permettre de voir plus loin que les intérêts du seul présent.

 

En fait, j’ai beaucoup à dire sur l’Europe, la construction européenne et l’Union européenne : bien sûr, il y a la question des « limites » territoriales, géopolitiques ou politiques tout court ; celle du sens de la construction européenne et de celui que l’on peut souhaiter ; etc. Mais c’est surtout sur les projets et les débats actuels (et sans méconnaître les précédents évoqués) que j’interviendrai : le traité transatlantique (dénoncé depuis un bon nombre d’années par les royalistes et par Renouvin entre autres) qui risque de livrer l’ensemble européen aux appétits des grandes multinationales étatsuniennes et, plus sûrement encore, aux juges chargés de faire respecter un libre-échangisme inscrit dans les traités européens eux-mêmes, depuis celui de Rome (1957) à celui qui tient lieu de « constitution européenne » ; la pauvreté et l’appauvrissement des populations françaises et européennes, conséquences du processus de mondialisation qui, en Europe, prend désormais les formes agressives d’une crise brutale et de délocalisations non moins socialement injustes, et de l’application d’un libéralisme débridé plus que raisonné ; la question énergétique qui n’est pas dissociable de la question environnementale et qui doit intégrer le souci environnemental lui-même, à l’heure où le dérèglement climatique menace les équilibres naturels des milieux d’Europe (et bien au-delà…) ; l’aménagement des territoires et les risques d’une métropolisation oublieuse des espaces ruraux dits « profonds », et le problème, que l’on ne peut négliger, de la trop intensive et rapide artificialisation des terres qui menace l’équilibre même des paysages et les activités agricoles traditionnelles ; sans oublier, bien sûr, la question sociale qui, d’ailleurs, peut se conjuguer en multiples thèmes, de celui des salaires à celui du chômage, de celui de l’exploitation ouvrière à celui de la pression fiscale trop lourde pour les artisans et entrepreneurs locaux, etc.

 

Etre royaliste, ce n’est pas se contenter d’un rôle facile de spectateur vite blasé, mais vouloir réfléchir et agir en politique, pour redonner du sens à la politique face à une économie qui, parfois, redevient de plus en plus sauvage. Etre royaliste, c’est servir quand, aujourd’hui, la classe politique dominante de Paris à Bruxelles, de Washington à Strasbourg, pense d’abord à « se servir »…

 

Ce sont ces quelques raisons qui expliquent pourquoi, malgré les embûches et de faibles moyens financiers, mais avec cœur et détermination, je suis fier de porter les couleurs du royalisme politique aux élections européennes du 25 mai sous l’étiquette de l’Alliance Royale et ceci à la tête de la liste « Pour une France royale au cœur de l’Europe » qui se présente dans la circonscription Ouest de notre pays, au cap de l’Europe, sur les bords de l’Atlantique...

 

15/04/2014

La Monarchie et le spectacle.

Il y a trois semaines environ, une internaute m’a posé quelques questions sur ma conception de la monarchie pour la France, et j’avais alors commencé à y répondre, me promettant bien de poursuivre ce petit travail de présentation des idées que je défends ici et dans la rue, voire par le jeu des urnes. Voici donc la suite des questions et mes tentatives de réponses :

 

« Dans les modèles espagnol et anglais, la royauté à un rôle plutôt de spectacle. Est-ce le rôle que vous souhaitez à votre roi ? (…) Et si vous voulez un rôle plus fort, lequel ? Monarchie absolue ? », me demande mon interlocutrice.

 

Chaque pays a son histoire et ses traditions politiques, et l’Europe est riche de ses diversités, y compris monarchiques. La France n’est ni l’Espagne ni le Royaume-Uni, même si notre pays a souvent eu maille à partir ou, au contraire, des liens d’amitié, voire familiaux (et je pense surtout à l’Espagne…), avec ces nations voisines. Mais, bien sûr, je ne méconnais pas les formes que la monarchie a pu prendre de l’autre côté de la Manche ou des Pyrénées, et je ne mésestime ni leurs qualités ni leurs difficultés actuelles : l’Espagne et le Royaume-Uni, comme les Pays-Bas, la Belgique ou, hors Union européenne, la Norvège, peuvent être vus comme des exemples de monarchie, beaucoup plus que comme des modèles pour la France.

 

Il est bien vrai que les monarchies européennes contemporaines sont avant tout parlementaires et que le rôle du souverain, roi ou reine, prince ou grand-duc, apparaît désormais limité : il n’en reste pas moins, au-delà du seul spectacle familial qui ravit (ou scandalise parfois, comme au moment de la mort de Diana, au risque de déstabiliser la monarchie toute entière, ce que montre intelligemment l’excellent film « The Queen », de Stephen Frears…), une réalité politique, celle d’une magistrature suprême, plus morale ou symbolique que véritablement politique ou gouvernementale, mais toujours utile, ne serait-ce que sur le plan de la représentation diplomatique qui apparaît plus incontestable quand il s’agit d’une famille royale reconnue par la longue histoire d’un Etat mais aussi de la reconnaissance des habitants du pays en leur souverain, cette reconnaissance d’une forme d’incarnation de la nation et de sa continuité, le roi ou la reine n’étant pas le fruit d’un déchirement électoral mais d’une suite dynastique, de père et mère en fils ou fille : en somme, une forme de spectacle politique ou la mise en spectacle du politique (spectacle que l’on nommait jadis le prestige), à ne pas forcément confondre avec la politique-spectacle, avec cette « pipolisation » qui fait tant de mal à la classe politique actuelle qui devrait en être pourtant éloignée, par son principe électoral même...

 

D’ailleurs, que serait le Royaume-Uni aujourd’hui sans cette famille royale, parfois si détestable et si contestée en d’autres temps (pas si lointain, si l’on se souvient de la fin des années 1990…), mais qui lui assure une rassurante permanence au cœur de la mondialisation globalisante tout en lui conférant ce prestige lié à une longue et rude histoire aujourd’hui apaisée, voire apaisante ?

 

C’est Régis Debray, philosophe et ancien conseiller du président François Mitterrand, qui faisait, à cet égard, quelques remarques fort intéressantes : « Après tout, quand un roi et une reine catalysent sur leur personne, cet être à la fois incarné et collectif qui englobe les paillettes de la cour et le corps mystique du Prince, le besoin de spectaculaire, exonérant de la sorte ministres et fonctionnaires des devoirs de représentation qui ne sont pas de leur charge – cette ostentation délibérée (ou cet abcès de fixation, comme l’on voudra), n’allège-t-elle pas l’économie du spectacle, moins nocive à l’Etat et à l’intégrité des citoyens que le show-biz généralisé d’aujourd’hui ? ». Il ajoutait, un peu plus loin dans cette préface donnée à l’ouvrage « Monarchie et politique étrangère » d’Yves La Marck, au milieu des années 1980 : « La famille royale britannique n’est-elle pour rien dans les succès de longévité du Commonwealth, qui font réfléchir tant de partisans d’une Communauté francophone mondiale, cette famille d’orphelins épars, sans force car sans prestige ni représentation ? ». Ainsi, la monarchie, même cantonnée à un rôle de prestige, que l’on pourrait là encore, à la suite de Debray, qualifier de spectacle nécessaire, marque son utilité politique sans, pour autant, agir en politique.

 

Cela est-il suffisant pour la France ? Au regard de son histoire, la réponse est clairement négative et Charles Péguy rappelait en son temps que la monarchie française avait chuté faute d’avoir été, en sa fin, assez monarchique !

 

La monarchie française est éminemment politique et ne peut être qu’active si elle veut jouer son rôle historique et répondre au besoin, sans doute paradoxal au premier abord, d’autorité et de liberté, besoin constant des peuples de France dans l’histoire et que soulignaient, en des termes parfois très différents, Georges Bernanos et Thierry Maulnier. D’ailleurs, la « monarchie élective » que constitue la présente République, tentative de synthèse entre traditions monarchique (particulièrement issue du règne louisquatorzien…) et républicaine, montre bien cette particularité de notre histoire politique nationale, et sa prégnance dans la pratique institutionnelle, y compris démocratique : le Président est un « roi par défaut » à qui il manque la légitimité antigonienne et la durée, ou plutôt l’assurance de la pérennité de son œuvre, parfois remise en cause dès son mandat achevé, au risque de dangereux tangages pour l’économie du pays, comme on le voit en ce moment.

 

 

 

 

(à suivre : comment définir la « Monarchie active » ? Que pourrait-elle faire, en économie comme en politique ?)