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17/03/2014

Limiter la pollution atmosphérique...

Le temps est resté gris tout ce lundi, mais la faute n’en revenait pas à la pollution, cette fois-ci. Cette dernière, d’ailleurs, n’a pas toujours des mauvais côtés, pourrait-on ironiser en constatant que la gratuité des transports publics dans toute l’Ile-de-France a permis à de nombreux Franciliens de se promener à Paris et ailleurs et, dans mon cas, d’amortir un peu les frais de librairie du ouiquende… Mais, plus sérieusement, il est temps de poser, enfin, la question plus large des moyens pour combattre efficacement la pollution atmosphérique, celle qui est l’une des moins visibles mais pas la moins dangereuse, responsable de maladies pulmonaires et d’une diminution probable de l’espérance de vie dans les grandes métropoles : certes, Paris n’est pas Pékin et nous ne sommes pas encore revenus à cet épisode londonien de décembre 1952 qui avait entraîné la mort de 4075 habitants de la capitale anglaise et décidé le gouvernement britannique à agir de façon draconienne pour en finir avec le smog de charbon si malheureusement réputé depuis le XIXe siècle industriel (dénoncé autant par le socialiste Jack London que par le royaliste Paul Bourget…) ! Certes… Mais les « pics de pollution », comme on les nomme pudiquement, sont de plus en plus nombreux, alors même que les moteurs sont censés être moins polluants que jadis, que le chauffage au charbon a disparu de la capitale française et de la plupart des villes de métropole, que les usines, désindustrialisation oblige (entre autres…), ne couvrent plus les quartiers urbains de leurs fumées malodorantes, et que, si l’on prend le cas spécifique de Paris, il y a même moins de voitures particulières à y rouler ! Ainsi, si l’on consulte les chiffres fournis par Airparif, le réseau chargé de surveiller la qualité de l’air en Ile-de-France, il en ressort qu’en 2001, il y avait 53 jours marqués par une mauvaise qualité de l’air respiré par les Franciliens, tandis qu’en 2012, il y en avait plus du double, avec 117 jours ! Sans oublier que, au mois de décembre dernier, une alerte pollution de plusieurs jours avait déjà affecté toute la région…

 

La mesure de circulation alternée à Paris ce lundi a-t-elle été efficace ? Peut-être, mais elle est surtout apparue comme une improvisation forcée plus que comme une mesure pensée et assumée : et les 4000 verbalisés à 22 euros apparaissent plus comme des victimes expiatoires que comme de coupables pollueurs… Certains y verront le moyen de renflouer (un tout petit peu) les caisses publiques quand d’autres soupçonneront une opération médiatique et politique à destination du public électoral des Verts : sans doute est-ce un peu de tout cela ! Mais, ce qui est certain, c’est que cette mesure n’est qu’un sparadrap sur une jambe de bois !

 

Toute solution viable et durable passe par une réduction de la place de la voiture dans notre société, et pas seulement dans les villes, d’ailleurs, et d’abord par la diminution, la plus rapide possible, du nombre de voitures roulant au diesel car ce sont elles qui sont responsables d’une grande part des émissions de ces fameuses particules fines qui empoisonnent nos poumons, le diesel étant indéniablement la première source de pollution automobile en France. Mais, il me semble qu’il ne faut pas oublier, aussi, la réduction du trafic aérien qui, ô surprise, est fort peu évoqué dans les facteurs de pollution atmosphérique alors qu’il y tient une place loin d’être négligeable : une réduction nécessaire tant que le kérosène sera le carburant principal des aéronefs qui passent au-dessus de nos têtes…

 

Dans les deux cas, cette réduction des transports « carbonés » doit se faire en proposant des alternatives et non de manière simplement autoritariste ou punitive, ce qui risquerait, à terme, d’être contre-productif : en plus d’un développement des transports en commun et d’un covoiturage plus systématiques, la voiture électrique peut en être une, mais elle n’est pas encore idéale, pour la simple raison que la production d’électricité reste, en France, trop dépendante de l’énergie nucléaire dont les déchets posent un problème d’élimination qui n’est toujours pas réglé et que l’uranium n’est pas une ressource renouvelable. D’autre part, le bilan carbone de la construction même des voitures électriques est encore trop important, parfois plus (ce qui est tout de même un comble !) que pour des voitures classiques… Bien sûr, le vélo peut apparaître comme la solution idéale pour les déplacements intra muros, en particulier ceux de courte distance, mais sans doute faudrait-il « libérer » alors de nombreuses rues de la circulation automobile pour limiter les risques d’accidents et repenser complètement l’organisation même de la ville. En fait, en se penchant sur le dossier de la pollution atmosphérique, on constate aisément que c’est par un faisceau de solutions (dans lequel l’imagination et l’inventivité doivent avoir leur part) et par une stratégie globale que le problème peut être, sinon complètement résolu, en grande partie réglé ou surmonté…

 

Pour ce qui est de la circulation aérienne, elle peut être, pour les vols intérieurs et les plus proches de la métropole, remplacée par les liaisons ferroviaires rapides là où elles existent déjà, en particulier lors des épisodes marqués de pollution atmosphérique. Cela suffira-t-il ? Sans doute pas… Mais il faut bien commencer, au moins, par ces mesures simples, en attendant de préparer les esprits à aller plus loin vers une société moins dépendante des machines et des énergies fossiles

 

 

 

 

(à suivre)

 

 

04/03/2014

Crimée, Ukraine, Russie...

 

La Crimée se rappelle au souvenir de l'histoire : il est difficile d'oublier que c'est dans une de ses stations balnéaires prisées des Russes depuis le milieu du XIXe siècle, Yalta, que s'est tenue, un jour de février 1945, cette conférence qui a, en fait, préparé la division durable du continent européen en deux blocs antagonistes sans être forcément bellicistes l'un envers l'autre, inaugurant un équilibre fort injuste (en particulier pour les populations elles-mêmes à qui l'on a guère demandé leur avis...) mais qui a autant permis la naissance d'une communauté européenne que le maintien d'une paix froide sur le continent durant près d'un demi-siècle.

 

 

 Le dégel consécutif à l'effondrement de l'Union soviétique a entraîné la dislocation de cet empire communiste dominé par la Russie et la naissance de nouveaux pays dont l'Ukraine, sur des frontières en partie redessinées par Nikita Khrouchtchev en 1954 ( en particulier pour le cas de la Crimée, rattachée arbitrairement à l'élément ukrainien) quand l'appartenance de celle-ci à l'ensemble russe ne semblait plus devoir poser de problèmes ni de contestations. Or, la Crimée occupe une situation stratégique sur la Mer noire que ne peut négliger le gouvernement russe, surtout depuis qu'il a renoué avec la logique de puissance !

 

 

 Aussi, les événements des derniers jours ne peuvent laisser indifférent mais doivent être regardés avec une certaine hauteur historique et géopolitique si l'on veut éviter les parti-pris inefficaces, et les malentendus toujours malvenus lorsqu'il s'agit de peser les risques et d'en éviter les effets parfois catastrophiques : mieux vaut éviter, parfois, de convoquer la morale (plus belligène qu'on ne le croit généralement) mais être plus soucieux de l'équilibre et de la justesse, mères de la paix possible...

 

 

 Or, les réactions occidentales à la défiance de M. Poutine face aux nouvelles autorités ukrainiennes nées de la révolution de la place Maïdan ont été plus maladroites que véritablement bénéfiques pour la concorde dans cette région compliquée par la question des nationalités et des langues : il n'est d'ailleurs pas indifférent de constater que c'est la question linguistique qui a provoquée une sorte de sécession de l'Ukraine de l'est la semaine passée, lorsque les nouveaux maîtres de Kiev ont fait voter à la Rada (le parlement ukrainien) l'interdiction du russe comme deuxième langue officielle de l'Ukraine, interdiction désormais suspendue par le président par intérim. Pour engager un dialogue constructif avec la Russie, sans doute aurait-il été bienvenu que les Etats occidentaux soutenant le processus révolutionnaire en cours aient été plus réactifs sur ce point, en déconseillant ouvertement aux nouvelles autorités cet ostracisme linguistique et en insistant sur ce qui pouvait réunir plutôt que diviser un pays à l'unité déjà profondément ébranlé : occasion manquée, malheureusement, ce que ne manque pas de souligner l'Union des Russophones de France dans un communiqué attristé déplorant « la complaisance des autorités françaises et de l'Union européenne à l'égard de cette mesure [d'interdiction du russe] du pouvoir révolutionnaire de Kiev qui constitue une violation directe et caractérisée des principes même de l'Union européenne et, au-delà, de toute l'Europe »...

 

 

 Et maintenant, que peut-il se passer ? La guerre est-elle possible, comme certains le murmurent ? Elle n'est, en tout cas, pas souhaitable, et il n'est pas certain qu'elle soit souhaitée par les maîtres du Kremlin, contrairement à ce que laissent trop facilement (et dangereusement) entendre quelques journalistes ou analystes occidentaux pour qui le pire tient lieu de politique et de sensations...

 

 

 

Quoiqu'il en soit, la diplomatie française s'honorerait de penser aux moyens de renouer une relation apaisée avec une Russie aujourd'hui mortifiée d'être toujours considérée comme une puissance dépassée quand, pourtant, elle a tant à offrir à l'Europe et que son histoire se confond trop avec celle de notre continent pour accepter d'en être exclue par les oukases d'un Bernard-Henri Lévy, boutefeu d'une russophobie inquiétante pour la paix européenne...

 

 

 

 

 

27/02/2014

Discussion politique à Mayenne.

Alors que je traversais mardi dernier la ville de Mayenne, dans le département du même nom, je remarquais soudain un jeune homme qui semblait courir derrière ma voiture tandis que je cherchais à me garer pour me reposer un peu d’une route longue et rendue fatigante par des conditions météorologiques peu favorables : en fait, ayant aperçu la décoration éminemment royaliste de la vitre arrière de ma « roycomobile », il voulait juste discuter avec moi quelques instants de politique, ce que j’acceptais bien volontiers.

 

Notre courte discussion a d’abord porté sur le « pourquoi » de mon royalisme et de la monarchie : j’ai essayé de résumer ma pensée en quelques mots, soulignant que la monarchie était la condition des libertés publiques et particulièrement régionales, m’appuyant sur tout le bénéfice que, par exemple, la Bretagne pourrait tirer de l’existence d’un État royal, sorte de trait d’union (et symbole arbitral d’unité) entre les provinces reconstituées de France et garant de « l’autonomie » de celles-ci. J’aurai pu ajouter que cette conception d’une monarchie « libertale », c’est-à-dire d’une Autorité laissant aux provinces la liberté, le soin de s’organiser et de s’administrer elles-mêmes, avec leurs spécificités et leurs institutions propres, n’est pas un retour en arrière mais la reconnaissance ordonnée d’une demande forte (et bien actuelle !) des populations pour une plus grande proximité des pôles de décision et l’application d’une forme de démocratie locale plus directe sans être, pour autant, une menace pour l’unité de l’ensemble, garantie par l’existence même de l’État central royal, central mais pas centraliste !

 

Nous avons aussi discuté sur la question de la propriété privée qui ne me semble pas toujours adaptée aux lieux et aux histoires (et aux cultures) locales : en France, la Révolution a supprimé d’autres formes de propriété que l’on pourrait qualifier « d’usage », en particulier dans les campagnes, au profit d’une sorte de privatisation de toutes les terres « communes » jadis laissées à la disposition des paysans, souvent les plus pauvres, pour y amener leurs bêtes à paître, par exemple. Cela s’est souvent traduit, du coup, par la paupérisation définitive de certains ruraux et leur départ forcé vers la ville, formant ce que Marx appellera, sur le même mouvement affectant les ruraux anglais, « l’armée de réserve du capital », c’est-à-dire une main d’œuvre bon marché nécessaire au décollage industriel et facilement exploitable. En Afrique, à Madagascar par exemple, comme au Brésil dans la forêt amazonienne, l’État vend ou loue des terres qui ne lui appartiennent pas, chassant les premiers habitants, les tribus originelles des lieux, toujours dans le cadre d’une privatisation des terres, souvent considérées comme disponibles malgré la présence de peuples qui n’avaient guère le sens de la propriété privée, au contraire des nouveaux maîtres « légaux » de ses espaces… Là encore, la propriété privée apparaît bien comme une spoliation des droits naturels et légitimes de communautés à vivre sur un territoire qui est leur depuis parfois des centaines d’années sans être « contractualisé » par un quelconque papier ou titre de propriété. Dans ce sens-là, la formule de Proudhon si célèbre et si souvent mal comprise, « La propriété c’est le vol », n’est pas totalement fausse…

 

Qu’on me comprenne bien : je ne remets pas en cause la propriété privée, j’en marque juste les limites et je signale les alternatives anciennes (ce qui ne veut pas dire forcément obsolètes) à cette forme particulière de possession, alternatives qui peuvent, en ces temps de crise des espaces et des logements, retrouver une certaine actualité, comme à travers des jardins ou des potagers collectifs, par exemple. La notion de propriété partagée, d’ailleurs, semble aujourd’hui connaître un certain renouveau, avec des applications diverses et parfois fort prometteuses !

 

Ce qui est certain, c’est qu’il appartient aux États, dans les pays dits en développement (mais certains sont déjà des puissances émergées) de penser la possession autrement qu’en seuls termes de propriété privée, et de protéger les peuples et les tribus qui, aujourd’hui, vivent sur des territoires convoités par les multinationales minières ou de l’agroalimentaire : la France, qui connaît le sujet à travers la Guyane, pourrait jouer un rôle dans la préservation de ces formes traditionnelles de rapport à la terre, en particulier par le biais de son siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

 

Je n’ai pas eu le temps, sur ce trottoir de Mayenne, de tout dire et développer avec ce jeune homme : beaucoup d’autres sujets furent abordés en quelques minutes, comme la question de la démocratie et de ses limites, marquées, entre autres, par le fait que des chefs de l’État élus démocratiquement pouvaient être contestés ou renversés par la rue, en Ukraine ou au Venezuela, ce qui semble remettre en cause (faut-il toujours s’en plaindre, d’ailleurs ?) le principe même de l’élection pour la tête du Pouvoir.

 

Avant de nous séparer, il m’avoua qu’il était anarchiste et je lui rappelais alors la formule que l’on doit à Maurice Clavel ou à Jean-Edern Hallier, « La monarchie c’est l’anarchie plus un ». C’est ce « un », c’est-à-dire le Roi, qui permet aux libertés d’exister, de s’exprimer, d’être préservées des excès du Pouvoir, qu’il soit économique, financier ou politique, ce que, déjà en son temps, l’écrivain britannique George Orwell avait pressenti et évoqué à propos de la Couronne britannique face aux fascismes et au communisme. Ce que les royalistes du XIXe siècle résumaient par « L’autorité en haut, les libertés à la base » et les légistes anciens par « Sub rege, rei publicae » que l’on peut traduire par « Sous le –ou grâce au- règne du Roi, les libertés publiques »…

 

Cette discussion n’était qu’une ébauche, et j’espère bien la poursuivre lors d’un prochain passage à Mayenne ! Qui a dit, en tout cas, que la jeunesse ne s’intéressait plus à la politique ? Si, il y a des jeunes qui ne se contentent pas de regarder la télévision, de planer sur la toile ou d’écouter benoîtement les cours de l’Education nationale, et, qu’ils soient manifestants du printemps 2013 ou bonnets rouges, de droite ou de gauche, républicains ou royalistes, anarchistes ou monarchistes, etc., ce sont eux aussi qui peuvent faire bouger les choses ! Dans le bon sens, j’espère… et j’essaye d’y travailler !