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03/02/2014

Le roi nécessaire.

Dimanche 2 février, un banquet organisé par le Groupe d’Action Royaliste réunissait une trentaine de personnes dans un petit restaurant de la capitale, et était l’occasion de faire un point sur l’actualité orageuse de ces dernières semaines : l’ambiance délétère qui, aujourd’hui, empoisonne le paysage politique français, est bien le résultat d’une politique éminemment républicaine qui « divise pour mieux régner », au risque de fracturer gravement le pays tout entier. Entre le sectarisme des uns, actuels possesseurs d’un Pouvoir dont ils se croient éternellement propriétaires, sectarisme qui n’est que le moyen indélicat de couvrir leur échec en matière de lutte contre le chômage, et les colères souvent légitimes (mais pas toutes, néanmoins) mais parfois mal ordonnées des autres (voire, dans quelques cas, fort injustes !), ou les tentations du pire qui, comme le rappelait jadis Maurras n’est jamais que « la pire des politiques », il paraît urgent de « parler politique » et de s’adresser à tous ceux qui s’inquiètent des dérives d’un Minotaure républicain mais ne veulent pas pour autant d’une anarchie mortifère, qu’elle soit « établie » et libérale, ou, au contraire, émeutière et autoritariste.

 

Justement, le royalisme a un message original qui ne cherche pas à promettre mais à fonder, à refonder même, un pacte civique autour d’un Etat arbitral, fédéral et éminemment politique. Il ne s’agit pas de prendre une revanche sur une République qui, au cours de son histoire, a pu s’incarner en des personnalités fort différentes, d’un Danton corrompu à un de Gaulle détestant l’Argent, et en des idées parfois très antagonistes, de la Terreur liberticide à un conservatisme opportuniste plus prudent, de la Gauche socialiste (ou prétendue telle…) à une Droite libérale-libertaire, etc. mais de créer, d’instaurer un « autre Etat ».

 

S’il s’agit bien de remplacer la République, il n’est pas question de faire une chasse aux sorcières qui nous renverrait aux années Valls et à ses limitations légales de libertés « au nom de la République » ! La Monarchie n’est pas une « contre-République » car elle ne se définit pas, d’abord, par la négation mais par la fondation et l’affirmation : elle n’aurait d’ailleurs aucun souci à utiliser les compétences de tel ou tel ministre de la République trépassée, ne lui demandant pas un passeport idéologique mais une pratique économique ou politique au service de la France. Oui, même dans ce gouvernement soci(ét)al-libéral dont je trouve l’esprit général détestable pour de multiples raisons (et pas seulement à cause de l’attitude bornée de M. Ayrault et de son hostilité au rattachement de Nantes à la Bretagne, ou de sa mégalomanie aéroportuaire…), il y a des ministres qui auraient leur place dans un gouvernement royal et qui, pour au moins deux d’entre eux, ne se feraient pas prier pour y siéger… Sans doute y aurait-il aussi de nombreuses têtes nouvelles, aujourd’hui marginalisées dans un débat démocratique trop peu ouvert.

 

S'il y avait un roi, pour ce qui est de la crise, il ne se comporterait ni en magicien ni en charlatan, mais en réaliste et en « imaginatif » : pas de « sceptre magique » mais, parfois, des solutions simples et « de proximité » en exploitant les possibilités d'un véritable aménagement du territoire (vivier d'emplois encore sous-utilisé), rendu possible par l'existence de ce fédérateur-né, statutaire, qu'est le roi. Une grande politique d’Etat, politique royale, impulserait cette réforme territoriale que la République, encore plus bloquante que bloquée, n’ose pas faire, de peur de déplaire aux féodalités locales qui la tiennent.

 
Là encore, le roi n'a pas toutes les solutions mais sa présence en permet plusieurs à la fois, puisqu'il symbolise l'unité du pays, assez fortement pour permettre toutes les initiatives provinciales, locales, nationales possibles : on retrouve là la notion de « levier monarchique » rendu possible par l'indépendance du roi, « né roi » donc libre des jeux électoraux et des pressions patronales ou syndicales...

 

 

29/01/2014

La première dame et la reine.

Le feuilleton vaudevillesque qui s’est déroulé sous les yeux du monde entier et qui a mis en scène le président de la République, sa favorite officielle et sa maîtresse, a révélé bien des choses, et pas seulement sur la nature profonde d’un homme « dépourvu d’affect », selon des propos attribués à son ancienne compagne des années dernières : en fait, le plus intéressant est ce débat sur le rôle de première dame et sur sa nécessité ou son inutilité dans notre pays.

 

La manière dont les médias ont, d’une certaine façon, tissé le linceul de la première dame et, au-delà, de son rôle près du chef de l’Etat, rôle non officiel et pourtant loin d’être négligeable (pour le meilleur comme pour le pire, d’ailleurs…), de cette fonction qui n’est reconnue par aucun texte de la République, n’est pas une manière heureuse ni judicieuse. Pour une fois, je reconnais au publicitaire Jacques Séguéla une certaine raison quand il affirme dans Le Figaro du lundi 27 janvier que « On assassine la fonction de première dame de France dans un esprit « bonnet phrygien » alors que cette fonction apporte de l’imaginaire à la République. »

 

Je suis intimement persuadé que l’Etat a besoin d’une « figure annexe », d’un complément et d’un supplément d’âme que le chef de l’Etat ne peut incarner à lui seul dans la rudesse de sa fonction, et que la première dame apporte par ses attentions, ses sourires et sa présence active ou symbolique auprès des œuvres caritatives, entre autres : elle assure une sorte de régence symbolique en remplacement de la reine d’antan

 

« Tous les grands pays du monde ont leur première dame ! Si les conjoints des premiers ministres espagnols ou britanniques sont inconnus, c’est qu’un roi ou une reine permet de développer l’imaginaire. », poursuit Séguéla : c’est en somme ce que disait, d’une autre manière, Régis Debray quand il écrivait « Il manque à la République une famille royale ».

 

En fait, tout le psychodrame des dernières semaines montre bien que la France ne se remet pas vraiment de ne plus, de ne pas être une monarchie : l’absence d’une famille qui incarne, au plus haut sommet symbolique de l’Etat, le pays et ses familles, créé une frustration profonde, sans doute inconsciente, et que la première dame, aujourd’hui femme ou favorite de président, tend (tendait ?) à apaiser un peu, comme l’a jadis prouvée Bernadette Chirac, femme peu commode mais qui tenait « son rang » et jouait un rôle d’ambassadrice informelle de la France qu’il faudra bien, un jour, étudier pour mieux l’expliquer.

 

La République souffre de n’avoir qu’un « homme-chef » à sa tête quand la monarchie, elle, avait une « famille-chef » dans laquelle la reine était une pièce maîtresse, à la fois femme et mère de roi, indispensable à la monarchie et à sa pérennité : « Pas de reine, alors pas de roi », expliquait souvent Vladimir Volkoff dans les rassemblements monarchistes auxquels il participait.

 

La reine n’était pas qu’une première dame, elle était l’avenir même de la famille royale qu’elle portait en son sein : elle n’était donc pas que la femme du chef de l’Etat mais la condition de l’inscription de l’Etat dans la longue durée, par les moyens les plus naturels qui soient, l’amour et l’enfantement

 

Bien plus qu’une première dame présidentielle, la reine était la dame de France, parfois jusqu’au sacrifice suprême. Et si j’en parle ainsi au passé, c’est en espérant, demain, en reparler au présent…

 

 

 

 

27/01/2014

Inquiétez les politiciens...

A Rennes, dans les années 1980, les murs étaient nos porte-paroles préférés et nous passions des nuits à décorer la ville de graffitis fleur-de-lysés tandis que les matinées étaient surtout réservées aux affichages, y compris sauvages : c’était un autre temps, lointain sans doute, où la liberté d’expression était beaucoup plus grande qu’aujourd’hui, ce qui n’empêchait pas certains extrémistes républicains de vouloir nous empêcher de parler ou de nous exprimer… Nos slogans n’étaient pas toujours très délicats avec la République, c’est le moins que l’on puisse dire, mais ils avaient un certain succès, comme celui que nous avions tracé à la peinture rouge sur les murs du lycée Jean-Macé, un soir de 1983, et qui avait failli être inachevé à cause du réveil inattendu du gardien des lieux : « Politisez vos inquiétudes, vous inquiéterez les politiciens ! », signé d’une immense fleur de lys que j’avais fait en moins de quatre secondes chrono.

 

En écoutant ce qui se disait l’autre jour dans un café de Versailles, je constatais que ce slogan que j’affectionnais tant jadis n’avait rien perdu de son actualité ni de sa pertinence : les clients accoudés au comptoir, ce « parlement du peuple » dont parlait Balzac, s’en prenaient verbalement aux hommes politiques qui, selon eux, ne pensaient qu’à occuper des places gratifiantes et dont les promesses n’étaient que tromperies. En fait, j’édulcore en un langage convenable ce qu’ils clamaient avec des termes plus verts : décidément, le pays légal n’est guère populaire en ces temps de défiance et il ne trouve guère d’avocat, même en période électorale municipale, bien que les maires, aujourd’hui en campagne pour leur réélection en de multiples villes, semblent les moins touchés par le discrédit général qui pèse sur les élus de la République, du moins si l’on en croit la dernière étude sur l’état de l’opinion faite par le Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po)… En fait, c’est tout le spectre politique qui est concerné par ce désaveu, de la droite à la gauche, sans oublier les extrêmes qui, s’ils attirent de plus en plus d’électeurs, ne franchissent jamais (ou très rarement) la barre de la majorité des suffrages exprimés dans les élections partielles ou générales. 

 

Ce divorce entre le pays légal républicain, considéré  comme trop verbal pour être honnête, et un pays réel qui grogne, s’encolère et, parfois, manifeste, mais le plus souvent, se réfugie dans l’abstention et le déni de démocratie, est inquiétant, car il se marque trop souvent par des attitudes négatives et peu civiques quand il faudrait, au contraire, réinvestir le champ du politique.

 

Oui, « politisez vos inquiétudes » reste le meilleur moyen de peser sur la politique et de ne pas laisser à d’autres, et en particulier aux « oligarques », le soin de gouverner sans limite et sans frein à leurs appétits ou à leurs dérives législatives : se politiser c’est peser, ou se donner les moyens de peser sur la décision, qu’elle soit municipale, régionale ou nationale (voire européenne et mondiale).

 

Encore faut-il que cette politisation ne s’illusionne pas sur ses propres capacités et qu’elle amène à réfléchir sur le moyen institutionnel qui peut permettre une meilleure écoute, une plus grande efficacité concrète dans le cadre d’une subsidiarité active, au sein des professions, des communes, ou des régions : c’est la grande question des libertés concrètes et publiques, et non seulement privées et individuelles (ces dernières que le monde des politiciens, « la noblesse législative » (sic !), encense pour mieux désunir les citoyens en individus, plus spectateurs impuissants qu’acteurs décisionnaires…).

 

« Politisez vos inquiétudes », c’est transformer celles-ci en carreaux d’arbalète contre une certaine impolitisation (et pas seulement « dépolitisation ») qui transforme le champ de la politique en chasse gardée des « mêmes partis », et qui cherche à diaboliser toute contestation de son « désordre établi » : il n’y a rien qui fasse plus peur à la République qu’une possible réappropriation du champ politique par les « citoyens décisionnistes » car ce serait la fin d’un système des partis qui a trop souvent monopolisé le champ de la décision politique au détriment des électeurs eux-mêmes et de leurs communautés d’appartenance. Ce ne serait pas la fin des partis, par contre, mais leur nécessaire retour à une certaine humilité et, même, à une plus grande efficacité civique, moins politicienne et plus politique au sens le meilleur du terme.

 

Le seul moyen institutionnel de rendre leurs pouvoirs politiques aux gens, c’est de garantir à la magistrature suprême de l’Etat protecteur (et non plus Etat-providence…) une indépendance souveraine à l’égard des structures partisanes et politiciennes, c’est-à-dire une capacité maximale d’arbitrage et de libre autorité au-dessus des intérêts et des assemblées politiques locales ou nationales. Et, pour cela, au regard de l’histoire comme de la pensée politique, il n’y a que la Monarchie fédérale des provinces libres et unies de France qui puisse exercer cette magistrature suprême.

 

Si l’on veut redonner aux Français le goût de la politique et de la pratique civique du débat et de la décision dans leurs cadres socio-politiques respectifs, si l’on veut fonder de nouvelles agoras, c’est bien en travaillant à refonder l’Etat que l’on y arrivera : qu’on le veuille ou non, et personnellement, je le veux et j’y travaille, le moyen institutionnel monarchique est bien la condition nécessaire du retour des Français à la politique… L’ancienne formule latine « Sub rege, rei publicae », c’est-à-dire « Sous le roi, les républiques (ou « les choses publiques ») », signifie bien qu’elles ne peuvent vivre sans lui et, qu’inversement, elles lui sont nécessaires, non pour lui mais pour elles-mêmes, comme les organes de la respiration politique de la citoyenneté