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03/04/2014

Gouvernement de déroute ?

 

Est-ce un gouvernement de transition ? C'est la question que l'on peut légitimement se poser au regard de la liste des seize ministres concoctée par M. Valls avec ce souci des équilibres internes au Parti Socialiste digne des jeux d'appareil de la défunte Quatrième République, et cette pratique d'une parité qui se fait plus idéologique que réaliste, privilégiant l'appartenance à un sexe plutôt que les compétences reconnues (ou non, d'ailleurs...) des uns, des unes et des autres... Le quotidien libéral L'Opinion y voit une « tambouille », quand d'autres y entendent la cacophonie d'une Gauche aux abois et aux rumeurs. En fait, ce gouvernement, qui se proclame de « combat » (sic!), n'est qu'un assemblage de personnalités plutôt désaccordées, certaines exemplaires et soucieuses du service de l'Etat (mais oui, il y en a !), d'autres beaucoup plus personnellement ambitieuses et soucieuses de leur destin : le rêve présidentiel affleure même dans le regard d'au moins trois ministres, et les Brutus et autres Ganelon ne manquent pas à cette sorte de Famille Adams élargie ! Sans doute l'actuel locataire de l'Elysée espère-t-il secrètement qu'ils se brûleront les ailes aux feux de la réalité et de l'impopularité qui touche tous ceux qui exercent un pouvoir ministériel en ces périodes de désaveu électoral...

 

 

 

En tout cas, ce gouvernement ressemble étrangement au précédent, au moins par ceux qui le constituent : seules deux têtes nouvelles (façon de parler, d'ailleurs, l'une ayant déjà, il y a 22 ans, entamé une carrière ministérielle dans ce même poste qu'elle occupe à nouveau depuis mercredi...) y apparaissent, et les quinze autres, si l'on y inclut celle du Chef du gouvernement, hantent les allées du Pouvoir depuis l'élection de François Hollande, parfois dans les mêmes fonctions, malgré un petit jeu de chaises musicales qui n'a rien, en fait, pour satisfaire les mélomanes politiques. Drôle de remaniement qui ressemble plutôt à un recroquevillement frileux d'un carré de fidèles (mais de qui ?) attendant « le choc de Bruxelles », ces décisions prises quelque part en « Europie » et qui rappellent à notre pays que sa liberté n'est plus, pour l'heure, qu'un vague souvenir figé dans la pierre de ses frontons municipaux... Pas de quoi enthousiasmer Billancourt, comme eût dit Sartre en d'autres temps, surtout que les ouvriers ont déserté le Parti Socialiste et que Renault a abandonné son usine mythique depuis longtemps pour mieux la délocaliser au plus loin de la Seine, « quelque part en Mondialie »...

 

 

 

Tout cela ressemble à une fin de régime, même si l'air est plus empuanti de particules fines que des vapeurs de Molotov et que la plupart des révolutionnaires autoproclamés se contentent de siroter un « Cuba libre » aux terrasses ensoleillées du Quartier Latin en attendant le prochain appel de Bernard-Henri Lévy à faire la guerre morale à quelque Chef d'Etat critique de Jean-Baptiste Botul (vous savez, ce fameux philosophe cité abondamment en son temps par BHL et qui n'a... jamais existé !)... Une fin de régime, et surtout le discrédit d'une République incapable de réformer et de se réformer, incapable de se renouveler et de promouvoir de nouvelles forces, de nouvelles intelligences, de nouvelles stratégies françaises ! Incapable, même, d'exploiter celles, plus anciennes mais parfois toujours vives et utiles, qui servent encore l'Etat avec une conscience haute du devoir politique, et que l'on trouve aussi dans les allées du Pouvoir, ou dans les travées des assemblées. Quel gâchis ! Et pourtant, il y a des hommes et des femmes politiques qui ne déméritent pas, même à gauche, et qui sont l'honneur de la politique et, j'ose le dire, tout royaliste que je suis, l'honneur de cette République qui, elle, ne les mérite pas !

 

 

 

Quand la République n'est plus que le service des puissants ou la puissance des serviles, elle perd toute légitimité à incarner la France et son destin. Quand elle n'est plus que l'impuissance des politiques à s'imposer aux économistes, elle ne vaut même plus le prix de la corde pour la pendre, triste Marianne dénoncée en son temps par Paul Verlaine qui voulait la « voir un peu dinguer en croix Sa vie horizontale et sa mort verticale » !

 

 

 

Certains croiront entendre derrière l'écran gronder une colère qui, chacun de mes lecteurs le sait, n'est pas feinte : oui, colère devant cet immense gaspillage des énergies de la France à l'heure où le monde attend de la France une parole mais aussi un style et cette indépendance qui sont sa nature profonde et qui rappellent, pour l'éternité, que le nom même de France veut dire, d'abord, « liberté » ! Pas la liberté encagée par l'égalité, mais la liberté de l'esprit, de l'âme, de l'être politique...

 

 

 

Cette République qu'invoque constamment M. Valls comme pour se faire pardonner de ne pas mieux servir la France qui, elle, n'a pas besoin de République pour exister et respirer au grand vent de l'histoire et de l'espérance ; cette République-là me navre car elle désarme la France face au souffle désormais empoisonné de la mondialisation, cette mondialisation qui n'est que la triste caricature de l'échange et du partage, singeant l'un et oubliant l'autre...

 

 

 

Ainsi, ce gouvernement n'est-il que l'aveu d'une impuissance : il n'est pas certain qu'il puisse s'inscrire dans la durée face aux tourmentes économiques et sociales qui s'annoncent, ou qu'il soit capable de rendre à la France (et aux Français!) la nécessaire espérance... Mais son échec ne sera pas, pour autant, une bonne nouvelle car c'est notre pays qui, fatalement, risquera d'en faire les frais !

 

 

 

A moins qu'une alternative institutionnelle véritable ne s'impose finalement, et qu'elle succède à cette République qui, désormais, ne sait plus faire rêver ni affronter les réalités...

 

 

 

 

 

01/04/2014

Quand les Verts se trompent lourdement.

Les Verts ont sans doute perdu ce mardi soir une occasion historique de jouer enfin un rôle politique et écologique reconnu, au-delà des idéologies et des querelles personnelles : mais Cécile Duflot a préféré jouer une carte politicienne, en espérant tirer profit de l’échec possible (mais pas forcément inéluctable ni même souhaitable, en particulier pour la France !) du nouveau gouvernement auquel elle a refusé de participer et empêché les siens d’aller y siéger. Erreur stratégique et éminemment politique, sans doute, car M. Valls, en quête d’une légitimité par la réussite et, en tout cas, par le symbolique, et soucieux apparemment de créer un grand ministère de l’écologie, de l’énergie, des transports et du logement digne de ce nom, susceptible de mener une politique environnementale « globale » et moins désordonnée que ce qui a existé jusque là, ouvrait là une perspective nouvelle et, pourquoi pas, plus favorable à l’écologie que la pratique du gouvernement précédent. L’occasion se représentera-t-elle de sitôt, ou le nouveau premier ministre va-t-il confier ce ministère (s’il voit le jour…) à une personnalité susceptible d’incarner, d’une façon ou d’une autre, une certaine légitimité et crédibilité écologistes sans appartenir au parti des Verts ?

 

Bien sûr, certains noms viennent à l’esprit, dont celui de Nicolas Hulot, aujourd’hui « envoyé spécial pour la protection de la planète », nommé par le président Hollande à la fin de l’année 2012, ou celui de Ségolène Royal, dont le bilan environnemental en Poitou-Charentes n’est pas totalement négatif, même s’il reste encore fort modeste au regard des enjeux. A l’heure qu’il est, je ne sais qui représentera le souci environnemental dans le gouvernement Valls et, au regard de la bouderie des Verts qui pourrait, en fait, être contre-productive pour la cause écologique (ce qui ne serait pas la première fois, les Verts ayant pris la mauvaise habitude de sacrifier l’écologie à leurs caprices…), il n’est pas impossible que, du coup, l’ancien ministre de l’Intérieur, renonce à toute velléité de « faire de l’écologie », préférant alors la facilité de céder aux promoteurs des gaz de schiste (dont Arnaud Montebourg) ou des OGM (dont Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture dans le gouvernement Ayrault), voire de passer en force sur certains dossiers « chauds » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ! Il n’est d’ailleurs pas certain que, en ce mardi soir, M. Valls sache vraiment ce qu’il veut faire de la politique écologique française… Nous en saurons plus dans quelques jours, même si les annonces et effets d’annonce ne doivent pas nous empêcher, dans quelque cas que ce soit, de rester prudent, voire sceptique, la République n’ayant jamais montré un grand empressement à poser et résoudre les questions environnementales.

 

 

 

 

(à suivre : - Quel bilan environnemental du gouvernement Ayrault ? – Quelle politique environnementale peut-on promouvoir en France dans les années et décennies prochaines ? Notes à paraître d’ici le 6 avril, si tout va bien…)

 

 

 

 

 

 

25/03/2014

L'abstention ne suffit pas !

 

Les élections municipales de dimanche dernier ont été marquées par une forte abstention, et je ne suis pas certain qu'il faille s'en féliciter, même si elle n'est pas forcément déshonorante : en effet, j'y vois une dépolitisation des Français, une forme de fatigue civique qui n'est pas de bon aloi car elle risque bien de laisser le champ libre à d'autres formes d'expression plus radicales ou plus efficaces (souvent plus dangereuses pour la pérennité de notre « vivre-ensemble », en tout cas), d'une part, et elle peut apparaître comme une démission devant la toute-puissance supposée de l'Economique, d'autre part : intégrisme et fatalité, en somme, c'est-à-dire le terreau de la soumission et de la fin de la liberté de l'esprit... Rien de très rassurant !

 

Il y a aussi d'autres explications possibles, comme celle du néonomadisme actuel des jeunes diplômés à qui l'on vante une mobilité (souvent confondue avec la flexibilité par certains employeurs et économistes libéraux...) bien peu favorable à l'enracinement local et municipal : pourquoi, en effet, voter pour des édiles que l'on ne connaît pas (ou pas encore), faute même de connaître la commune d'accueil, et qui, en définitive, ne pèsent apparemment de rien dans l'organisation de la vie étudiante ou professionnelle ? « Je ne suis que de passage pour deux ans, pourquoi devrai-je voter ici ? », me confiait il y a quelques jours un interlocuteur versaillais : l'argument peut se comprendre... Dans un monde qui bouge de plus en plus, et de plus en plus vite, il risque d'avoir de plus en plus de partisans ! Mais ce qui vaut pour les Municipales, scrutin enraciné entre tous, ne vaut pas pour les autres élections, bien sûr, et l'on sent bien que l'abstention de dimanche dernier n'est rien à côté de celle qui risque de frapper le 25 mai prochain, jour des élections européennes.

 

L'abstention est un révélateur mais elle ne fonde pas une politique et je crains qu'au bout du compte, elle ne soit une excuse pour le Pays légal pour ne rien changer, certain qu'il est que ce mode d'expression par l'absence de vote et de choix n'est pas dangereux car « les absents ont toujours tort », en bonne logique démocratique. Je crois me souvenir que, dans son livre « Globalia », l'écrivain Jean-Christophe Rufin émettait l'idée d'une démocratie qui, malgré un taux de participation électorale de 2 %, continuait à fonctionner, les élus se parant de la seule « légitimité » des suffrages exprimés, ce qui est le cas aujourd'hui avec une participation certes plus élevée, mais qui, désormais et comme ce fut le cas aux élections européennes de 2004 et 2009 dans la plupart des pays de l'est de l'Union européenne, ne dépasse pas parfois les 15 % !

 

Ainsi, ce désaveu du système actuel de démocratie représentative, celle-ci n'étant que le masque de plus en plus transparent d'une oligarchie qui semble la vraie dirigeante des pays occidentaux, va à la fois prendre plus d'ampleur mais en même temps conforter de plus en plus sûrement ce même système qui se réfugie derrière l'argument que celui qui ne vote pas n'a rien à dire et encore moins à revendiquer, argument qui est désormais complété par l'idée que celui qui vote « mal », c'est-à-dire « populiste », « colérique » ou « phobe » de quelque chose ou de quelqu'un, n'a pas à être entendu s'il peut néanmoins (concession sans conséquence du « Système »...) être écouté...

 

Rompre avec ce sortilège « démocratique » me semble urgent et, surtout, nécessaire : penser la politique différemment ; utiliser tous les moyens, « même légaux » comme dirait Maurras, pour faire entendre une voix qui ne soit pas celle des seuls intérêts particuliers ou capitalistiques ; « prendre le Pouvoir » pour instaurer un régime politique indépendant des oligarchies et des jeux politiciens (sans pour autant supprimer la nécessaire respiration démocratique et électorale des communes, des régions, de la nation), voilà qui n'est pas une simple réforme mais un véritable renversement de la logique qui prévaut aujourd'hui en notre République malade de ses propres principes et contradictions.

 

Un renversement qui se fera, non par la seule magie des urnes ou par la seule tempête de la rue, mais « par en haut », par l'instauration d'un Pouvoir doté d'une légitimité assez forte et « libre » pour proposer un autre mode de distribution des pouvoirs et de « démocraties directes » locales et professionnelles, celles qui peuvent donner à nouveau l'envie aux citoyens d'exercer leurs droits et pouvoirs sans négliger leurs devoirs publics et civiques...