24/02/2012
Au-delà des querelles électorales...
J'étais l'autre jour à Versailles, profitant du beau soleil d'hiver pour me promener dans le parc, longeant le canal totalement glacé sur lequel cygnes et canards glissaient à défaut de nager, et lisant, au fil des allées, un vieil ouvrage d'écrits politiques de Chateaubriand reçu le matin même. Aux grilles du château, des centaines de touristes se pressaient, se photographiant les uns les autres devant le symbole de l'ancienne puissance monarchique... Le palais de l'Elysée ne connaît pas un tel succès !
Des enfants se chamaillaient gentiment, au grand dam des oreilles voisines. La maman eut, alors que je passais près de la scène de la dispute, une phrase définitive qui ramena tout de suite le calme : « Arrêtez de vous disputer, ça ne va pas plaire à Louis XIV », dont elle montrait aux querelleurs la statue toute proche. L'effet fut immédiat : les bambins se turent, comme impressionnés par l'appel au monarque cavalier !
Ah, si tout était aussi facile en politique, surtout en période électorale !
Les actuelles joutes électorales donnent lieu à de grandes agitations et à de basses polémiques, mais aussi à quelques (trop rares) débats de fond, comme je m'en suis déjà plaint. Que cela soit le jeu démocratique normal ou, plutôt, habituel, soit ! Et, après tout, pourquoi pas ? La nature humaine n'est pas de rester silencieux dans toutes les occasions, et lorsque des décisions qui engagent le corps social doivent être prises, il n'est pas forcément choquant de demander leur avis, fût-il peu avisé, aux personnes qui participent à la Cité.
Mais lorsque les querelles s'enveniment au point de risquer le « désordre fatal », il est bon qu'il y ait une institution qui rappelle à l'ordre et qui soit au-dessus des querelleurs, qui ne leur doive rien, et qui incarne l'unité supérieure de l'ensemble social et communautaire le plus vaste et le plus légitime à l'échelle humaine, c'est-à-dire la nation, fruit de l'histoire et des volontés renouvelées « d'être-ensemble ».
La « disputation démocratique », si elle veut être utile et ne pas risquer d'ébranler l'édifice qu'elle est censée servir ou vouloir servir au gouvernement, aurait tout à gagner à cette magistrature suprême de l'Etat, indépendante des partis et des groupes de pression, indépendante de par sa propre nature, de par la naissance que l'on ne peut, Dieu merci, acheter : la Monarchie, puisque c'est d'elle dont je parle comme institution transcendant les débats polémiques pour la conquête gouvernementale, a une légitimité assez forte, une fois installée, pour limiter les excès des candidats politiques à la fonction gouvernementale ou ministérielle.
Le souvenir de Louis XIV, encore efficace pour calmer les ardeurs enfantines, mériterait d'être renouvelé par l'incarnation royale « au présent » : sans enlever à la liberté de débats et de querelles qui est essentielle à l'exercice de la citoyenneté, elle aurait l'immense mérite de préserver l'image et l'unité de la France, à l'intérieur comme pour l'extérieur...
12:31 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roi, république, monarchie, indépendance, unité, présidentielle.
05/02/2012
Ma campagne présidentielle 2012...
Nous sommes, ce dimanche 5 février, à 77 jours du premier tour de l'élection présidentielle, et la campagne s'accélère, entre candidatures désormais bien enclenchées et d'autres déjà retirées, tandis que certaines, annoncées et comptabilisées dans les sondages nombreux du moment, ne sont pas, en fin de compte (de signatures), totalement assurées...
Je suis cette campagne présidentielle avec le plus grand intérêt, même si le temps n'est pas ma richesse principale en ces heures de multiples devoirs suivis de longues corrections, préparations de cours nouveaux (le programme de 1ère), mais aussi de lectures nombreuses pour pouvoir répondre aux questions des élèves sur les sujets que nous abordons en cours et ceux dits d'actualité.
Puisqu'il reste 77 jours avant ce soir du premier tour durant lequel les candidats remercieront ceux qui les ont soutenus (et maudiront intérieurement ceux qui les ont négligés...), à mon tour de rentrer en campagne présidentielle !
Je rassure les lecteurs inquiets : je n'ai pas l'intention de me présenter aux suffrages et de déclarer que je brigue la magistrature suprême avec des chances évidentes d'atteindre (au moins !) le second tour... Non, bien sûr, et s'il y a un candidat royaliste à cette élection présidentielle, la « reine des élections » (une formule bien peu républicaine, non ?), il n'a pas non plus cette arrogance que certains candidats hautement républicains peuvent avoir dans une logique illusoire et illusionniste...
Il s'agit, en fait, de profiter de ce moment particulier qui dure quelques mois et durant lequel les débats quotidiens, au café comme dans la salle des profs, tournent d'abord autour de la politique et de tout ce que l'on met d'espoirs, de confiance ou de défiance, voire de ressentiments, en elle et en un homme ou son parti, son idéologie déclarée. Si la République, cinquième du nom, semble en « présidentielle permanente » du soir de l'élection à la veille de la suivante, il y a tout de même des « moments d'incandescence », et nous y sommes !
Il serait curieux que le royaliste que je suis et qui, chaque jour de sa vie, essaye de faire avancer l'idée royale par tous les moyens du moment et du bord, s'abstienne de participer à cette « querelle présidentielle » en se bouchant le nez et en se réfugiant dans un exil intérieur qui ne prendrait fin que le soir du second tour ! Je ne suis pas royaliste à mi-temps, et je ne suis pas un « exilé de l'intérieur », mais, à défaut d'être un acteur majeur de la vie politique française, je suis un citoyen qui use de sa liberté d'expression pour prôner cette autorité qui garantirait, mieux encore que la République aujourd'hui, les libertés publiques dont la première, la plus nécessaire et qui autorise toutes les autres, la liberté du pays, son indépendance d'être et d'agir !
Dans un monde où les rapports de force sont devenus défavorables aux citoyens comme aux cités (au sens grec du terme, la « polis »), il est nécessaire de « politiser nos inquiétudes » pour éviter à la fois la tyrannie des féodalités financières et de cette fameuse Société de consommation, et le nihilisme destructeur des peuples qui, parfois, se trompent de colère...
« Politique d'abord », clamait Maurras, et c'est sans doute une heureuse formule que l'on peut reconnaître à ce doctrinaire si décrié (avec quelques bonnes raisons, d'ailleurs, si l'on s'en tient à la lettre de certaines de ses polémiques...), mais c'est une formule souvent mal comprise : elle ne signifie pas que « tout est politique », ce qui serait absurde et dangereux, et surtout sacrément réducteur, mais que la politique comme souci et le politique comme moyen (et inversement, d'ailleurs) sont les conditions de la maîtrise des jeux économiques et du contrôle des calculs de la spéculation. Quand de Gaulle, dans une logique toute politique et éminemment capétienne, s'exclame que « la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille [la Bourse] », il rappelle un principe fort de tout Etat digne de ce nom : ne pas dépendre de l'Argent et de ses commanditaires, et décider librement, au-delà des intérêts particuliers, pour le Bien commun, notion aujourd'hui étrangement absente de tous les discours des prétendants à l'Elysée...
Pour cela, la République n'a plus un de Gaulle pour lui donner cette colonne vertébrale qui fût la sienne jadis : ce que la République gaullienne avait gardé, maladroitement et incomplètement certes, de l'ancienne tradition capétienne, la République post-gaullienne l'a bradé sur l'autel des promesses électorales « pour devenir le premier » en cette éternelle et présidentielle course à l'échalote, et a désarmé l’Etat face aux « Marchés », terme générique qui dissimule (de moins en moins) ces « intérêts privés sans générosité » et ses sociétés, nationales ou multinationales, qui privilégient « l'individualisme de l'Avoir » sur « l'entraide et le partage ».
C'est cette situation génératrice, par essence même, d'injustices et de mépris, qui me font, chaque jour qui passe encore un peu plus que la veille, souhaiter une Monarchie qui ne serait rien d'autre que ce « libre Etat » qui arbitre et fédère, non pas un Etat-Moloch mais un Etat sûr de lui sans être, pour autant, présomptueux...
77 jours et ceux de l'entre-deux tours en prime pour expliquer tout l'intérêt de la Monarchie sans en cacher les ambiguïtés et les difficultés possibles... 77 jours pour décliner, aussi, un véritable « projet royaliste » qu'il conviendra d'approfondir, de discuter mais aussi de faire connaître aux Français actifs (et aux autres...) pour les convaincre du bien-fondé d'une politique monarchiste avant que d'être, le plus tôt possible, monarchique !
Ma campagne présidentielle commence...
23:54 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : présidentielle, élections, politique, présidence, urne, vote, monarchie, royaliste.
29/01/2012
Le désespoir en politique n'est pas une bonne chose...
J'ai profité d'une belle matinée ensoleillée, en ce samedi 28 janvier, pour partir me promener aux marges et au-delà de la région parisienne, m'arrêtant dans quelques villages et petites villes dont les cafés constituent, comme le disait si bien Balzac, « le parlement du peuple » : on y entend, au comptoir ou en salle, des propos parfois dérangeants ; on y discute ferme et on s'y engueule souvent, sans trop de façons ni de rancune ; on y refait le monde à partir de son coin de terre...
A Verneuil-sur-Avre, après avoir déposé un lys devant le cénotaphe de Louis de Frotté, chef de la chouannerie normande assassiné sur ordre de Napoléon, et avoir fait quelques courses sur le marché près de petits producteurs locaux (de moins en moins nombreux, malheureusement), je me suis arrêté quelques minutes dans un petit café-restaurant appelé « Le Thiers ». J'avais en main le gros livre de Xavier Walter titré « Un roi pour la France », l'ouvrage très complet sur la vie et les engagements de feu le comte de Paris (1908-1999), que j'ai posé sur le comptoir. La discussion s'engage vite dans les cafés populaires et celle-ci, en quelques minutes, est passée de la fréquentation réduite du marché pour cause de fin de mois et d'attente de la paie pour de nombreux salariés à la question des retraites : visiblement, et ce n'est ni une surprise ni une nouveauté, M. Sarkozy a déçu les retraités et mon voisin de comptoir avouait qu'il ne (re ?)donnerait pas sa voix au président sortant, sans m'en dire plus sur son choix électoral. Dans cette discussion un peu désordonnée, il y a un élément qui m'a frappé : c'est l'absence de noms cités autres que celui de M. Sarkozy, noms juste remplacés par « les autres » de façon vague et désabusée... Et cette grande ironie à l'égard des politiciens, ironie sans doute facile mais qui n'est pas, en soi, tellement rassurante car elle marque aussi un abandon de la politique par les citoyens et le refuge dans une forme de « àquoibonnisme » ou de fatalisme qui n'est pas très constructive : visiblement, le « rêve » de M. Hollande n'a guère enthousiasmé, en définitive, au-delà des militants socialistes (et encore !) comme j'avais déjà pu le constater à travers les réactions amusées au discours du Bourget dans la salle des profs du lycée...
L'un des clients regardait avec insistance, dans le temps de cette petite discussion à bâtons rompus, la couverture explicite de mon livre : aussi, j'ai devancé la question... « Quand la République est le triste règne des bouffons, je préfère le Roi qui remet ceux-ci à leur place... » La formule a visiblement surpris mais elle n'a pas suscité de railleries, juste un hochement de tête discret mais bien réel de mes compagnons de l'heure, comme s'ils reconnaissaient là une évidence sans y avoir jamais pensé auparavant.
Que l'on me comprenne bien : je n'ai pas fait, par cette formule simple, six royalistes de plus, mais j'ai juste ouvert une porte qu'il appartient à d'autres de franchir, et j'ai rappelé, d'une certaine manière, que le désespoir en politique n'est jamais certain ni une solution en soi. Il n'y a pas de fatalité : la République, aujourd'hui mollement soutenue, n'a plus ces réserves d'espérance que l'idée royale, pourvu qu'elle sache se faire connaître (et chacun des royalistes y a sa part de responsabilité et de devoir...), peut encore déployer parce qu'il y a une attente, confuse mais certaine, « d'autre chose » que les discours convenus des candidats à l'Elysée ne peuvent apporter...
Post-scriptum : j'ai plagié, dans cette note, la célèbre formule de Charles Maurras, « le désespoir en politique est une sottise absolue » dont il me faut rappeler qu'elle ne s'adresse pas seulement, en fait, aux seuls royalistes. Bien sûr, Maurras veut dire que, malgré les échecs et les difficultés, les royalistes ne doivent pas désespérer ni abandonner le combat institutionnel, et c'est comme cela que l'entendent la plupart des lecteurs de cette formule. Mais il y en a un autre aspect qu'il ne faut pas négliger, c'est que Maurras s'adresse aux Français en général et qu'il signifie par là qu'ils ne doivent pas, eux non plus, s'abandonner au fatalisme ou à une forme de renoncement à leur intelligence et pratique civiques. Cette formule est d'une étonnante actualité et les royalistes auraient tort de ne se la rappeler que pour eux-mêmes : c'est, au contraire, en la martelant autour d'eux, parmi tous ceux de nos concitoyens qui ne croient plus « en rien » en politique, ou qui s'abstiennent de toute réflexion politique par rejet d'un système dit « démocratique » qui les oublie ou les néglige (en particulier les moins instruits et les plus défavorisés socialement), c’est en la répétant et en l’expliquant qu’ils pourront le mieux servir l’idée royale et, ce faisant, notre pays…
15:27 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : café, politiciens, monarchie, désespoir, bouffons, politique.