27/12/2008
Voiture électrique.
La voiture électrique est-elle la solution aux problèmes de pollution et de dépenses énergétiques ? L’engouement récent manifesté lors du dernier salon automobile de Paris repose la question mais la réponse est complexe et pas totalement satisfaisante.
D’abord, le développement de cette voiture, en France, « exigerait une nouvelle centrale nucléaire » (voire deux si l’on atteint les 1,4 millions de véhicules électriques en 2020, contre moins de 10.000 aujourd’hui), comme le titre le journal « Les Echos » du vendredi 26 décembre 2008. Est-ce forcément la meilleure solution quand on apprend, dans le même temps, que les réserves d’uranium nécessaires au fonctionnement des centrales sont limitées à une trentaine d’années alors que la demande de cette matière première se fait de plus en plus pressante ? Sans doute vaudrait-il mieux veiller à mieux utiliser l’électricité quotidiennement produite, par une politique d’économies plus volontariste et efficace, pour permettre de « digérer » l’arrivée sur la place des voitures électriques.
D’autre part, il faudrait accélérer en France la recherche sur les batteries des voitures électriques car le lithium utilisé actuellement est lui aussi une ressource limitée et non-renouvelable.
De plus, les entreprises automobiles françaises ont accumulé un certain retard en ce domaine des énergies non-pétrolières, au risque de se voir dépasser par des entreprises des pays émergents comme la Chine ou l’Inde.
Un autre souci se fait jour : le fait que les entreprises automobiles françaises soient de plus en plus aux mains d’actionnaires pour qui le profit compte parfois plus que les moyens et les délais nécessaires pour le pérenniser… La recherche risque d’être alors gênée par cette politique de court terme qui, en définitive et conjuguée à l’inadaptation aux nouvelles conditions énergétiques et économiques, a entraîné la perte des géants états-uniens comme General Motors…
A moins que l’Etat, en échange d’aides et de facilités pour l’industrie automobile française, pose ses conditions et garantisse le long terme. Le fait qu’il soit, par exemple, actionnaire de Renault pourrait aider à cette politique et favoriser une stratégie d’ensemble, en particulier sur la recherche, la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables (en reliant cela, d’ailleurs, aux perspectives ébauchées par le Grenelle de l’environnement), la relocalisation des unités de recherche et de production en France, etc. En somme, d’une pierre deux coups (au moins…).
Encore faudrait-il que l’Etat dispose lui-même d’un temps qui ne soit pas celui, limité par les échéances électorales, de la seule démocratie présidentielle : un mandat présidentiel ne suffira évidemment pas à la pérennisation de cette vaste politique à la fois énergétique, industrielle et sociale. Et une élection risque de défaire ce que les précédents locataires de l’Elysée et de Matignon auraient pu mettre en place… Là encore, la pérennisation a plus de chances de se faire par l’établissement d’un Etat dont la magistrature suprême serait indépendante des jeux partisans et clientélistes, serait libre, par la succession héréditaire, des intrigues et des démagogies électoralistes… En somme, une Monarchie, audacieuse et soucieuse, par nature, du lendemain et du surlendemain…
Pour en revenir à la voiture électrique, elle ne peut être qu’une solution parmi d’autres mais l’erreur serait de limiter les possibilités énergétiques alternatives aux hydrocarbures à la seule électricité, en particulier d’origine nucléaire : il faut voir plus loin et plus large, essayer d’autres pistes, tenter d’autres aventures de recherche et, sans doute, repenser même le rapport des hommes à la mobilité, en privilégiant, peut-être, des mobilités moins individuelles et, en tout cas, moins dépensières et moins gourmandes en énergies quelles qu’elles soient.
Au-delà du débat purement énergétique, cela ouvre d’autres débats, de société en particulier : il n’est pas inutile de s’y intéresser…
11:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voiture électrique, automobile, énergie, nucléaire, monarchie, temps.
25/12/2008
Noël, d'espérance et d'amour.
Noël, jour d’espérance pour les catholiques, pour tous les chrétiens (même s’ils ne le fêtent pas tous le même jour), mais aussi pour tous les Français, au-delà de leurs différences religieuses, politiques ou sociales : cette fête, inscrite profondément dans l’histoire de notre pays depuis des temps fort lointains, est celle qui réunit, l’espace de quelques heures, des familles aujourd’hui souvent éparpillées par la vie professionnelle ou sociale. C’est aussi le moment où les enfants sont les rois, couverts de cadeaux autant qu’il est possible pour les parents de les contenter. Mais ce n’est pas le nombre de cadeaux qui importe le plus, mais l’amour que l’on donne à ceux à qui on les offre.
Noël est, en France, une date que la République marchande n’a pas réussi à totalement vider de son sens, et c’est heureux ! Cela reste ce jour particulier qui, au-delà des anniversaires et des commémorations, suscite toujours un enchantement qui n’a rien de très « laïque », même si les formes qu’il prend aujourd’hui peuvent nous décevoir ou même nous choquer, en particulier à travers cette surconsommation qui mène à l’indigestion et à la honte…
L’idée même du père Noël, en fait réminiscence de saint Nicolas, garde ce côté magique presque religieux qui fait lever les yeux au ciel, le cœur plein d’espérance. Je me souviens d’une collégienne de 4ème, lorsque j’étais aux Mureaux dans les années 90, que la situation dramatique de sa famille avait attristée au point d’en oublier, depuis le début de l’année scolaire, de sourire. Quelques jours avant Noël, j’avais, par une démonstration toute personnelle bien évidemment plus sentimentale que réaliste, défendu l’existence du père Noël devant une classe d’élèves le plus souvent froidement consommateurs et éternellement sceptiques ou blasés : sans doute avais-je été particulièrement convaincant (cela devait être un bon jour et je n’avais pas bafouillé…) car, au fil de mon discours (prêche ?) enflammé, j’avais eu cette grande joie de voir enfin s’éclairer, s’illuminer même, le visage de la jeune fille triste… Miracle de Noël, dont je n’ai jamais oublié de rappeler aussi que le sens profond est, quelque part du côté de Bethléem, la naissance d’un enfant porteur de toutes les plus belles espérances humaines…
Noël est aussi un jour où les gens donnent et pas seulement à leurs proches : cette fête est le moment où la générosité est la plus marquée, où l’entraide est la plus significative, où la joie est la plus vive sans tomber dans le délire ou l’outrance… Le propos de Marc Guillemot, ange gardien (j’aime beaucoup cette expression, si peu laïque d’ailleurs…) du navigateur blessé Yann Eliès dans la course à voile du Vendée Globe, est à cet égard particulièrement révélateur : « Eliès sauvé, c’est mon cadeau de Noël ».
Le plus beau cadeau, la vie, celle que permettent l’amour, le don de soi, le partage… et nous sommes au cœur, aussi, de ce qui motive aujourd’hui mon engagement politique, et qui peut se traduire par la notion forte de « justice sociale », celle qui n’oublie personne, celle qui ne méprise pas, même le plus faible, celle qui privilégie l’amour et l’entraide, celle qui assure la paix des âmes aux hommes de bonne volonté…
Nous revoilà aux portes de la grange de Bethléem…
08:48 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : noël, amour, espérance, justice sociale, bethléem, yann eliès.
24/12/2008
Jouets.
« Les enquêteurs ont observé souvent les mêmes situations difficiles : des salaires de misère, inférieurs au minimum légal (…) ; des journées de travail qui peuvent aller jusqu’à seize heures en haute saison, soit le double autorisé par la loi (certains confient même avoir été obligés de travailler trente heures d’affilée pour honorer les délais d’une commande) ; l’utilisation de machines non sécurisées entraînant des accidents quotidiens, ainsi que l’utilisation de produits chimiques dangereux sans protection adéquate…
Le jour de repos hebdomadaire n’existe pas. Ceux qui voudraient démissionner en sont empêchés par le simple fait que la direction retient de manière illégale quarante-cinq jours sur le salaire de chaque ouvrier. Les conditions d’hébergement sont épouvantables, avec des dortoirs surchargés et des sanitaires insalubres, pour un coût qui atteint le quart, voire le tiers du salaire. »
Ce texte n’est pas un document d’histoire sur la condition ouvrière au XIXe siècle, pour mes élèves de Première ; c’est un document sur la condition ouvrière au XXIe siècle, dans l’atelier de jouets du monde, c’est-à-dire les régions chinoises de Zhongshan, Dongguan et Shenzen, extrait du quotidien « La Croix » du mardi 23 décembre 2008… Pourquoi en parler à la veille de Noël ? Simplement parce que la situation décrite concerne les usines qui fabriquent les jouets pour Disney, ceux-là mêmes qui envahissent les rayons des grands magasins français et que nos enfants regardent avec envie, du rêve plein les yeux…
Alors que faire pour dénoncer cette situation intolérable, comment agir contre cet esclavagisme moderne qui, pourtant, permet à nos enfants d’être heureux en ce jour particulier ? L’idée émise par la CFTC (dans ce même numéro de « La Croix ») n’est pas inintéressante, loin de là, et mérite l’attention : « Il s’agit de créer un label de traçabilité sociale et environnementale sur les services et les produits. (…)
L’idée est d’attribuer une pastille de couleur sur un produit, un jouet dans un premier temps. « L’octroi de cette pastille garantira que le produit a été fabriqué en respectant les normes internationales du code du travail, ainsi que les normes environnementales internationales » (…). Pour bénéficier du label, les marques devront avoir accepté une vérification sur place de la garantie qu’elles prétendent apporter. « Les marques sont de plus en plus soucieuses de leur image (…). Elles y viendront forcément. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de jouets fabriqués dans de mauvaises conditions, mais au moins l’acheteur saura à quoi s’en tenir. » »
Responsabiliser les marques, responsabiliser les consommateurs : certes, voilà d’excellentes choses, mais, au-delà, ne faut-il pas repenser l’économie et dépasser les simples présupposés de la société de consommation, en privilégiant la qualité plutôt que la seule quantité ? En somme, limiter la marchandisation du monde, celle-là même qui ouvre la voie à tous les excès et à toutes les exploitations…
Pour l’heure, n’omettons pas de faire ce qui peut facilement être fait. Les jouets sont destinés principalement aux enfants, mais ce sont les adultes qui les achètent : choisir des jouets peut aussi être un acte civique, et il peut servir à ne plus cautionner l’exploitation outrancière des populations (et des enfants, parfois) des pays émergents.
Pour que les jouets que nous offrons soient des cadeaux pour ceux qui les reçoivent comme pour ceux qui les fabriquent…
14:52 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jouets, chine, consommation, noël, exploitation, condition ouvrière.